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candidats avaient certaine latitude quant au temps employé puisque les correcteurs ont accepté
« Quelle qu’ait pu être… / Quelle que puisse avoir été… / Quelle que puisse être… / Quelle que pût
être… / Quelle qu’ait été… / Quelle que fût… / Quelle que soit la raison de son silence ». Enfin, le
passage …so mag das daran gelegen haben, daß…, dans lequel la conjonction dass est corrélée au
pronom daran, correspond à une construction usuelle, et il ne nous semblait donc pas non plus
constituer un piège. Mais le nombre important de fautes commises sur les structures citées – et aussi,
dans une moindre mesure, sur les autres structures complexes que recelait le texte (groupes
conjonctionnels introduits par bis, soviel, weil, als, wenn, dass, so dass…, groupes relatifs, groupes
infinitifs) – nous incite à rappeler quelques points essentiels. D’une part, il convient de s’entraîner très
régulièrement à l’épreuve de version et ce faisant de se confronter aux mécanismes de la langue
allemande. D’autre part, durant l’épreuve elle-même, il est indispensable de prendre le temps de lire
plusieurs fois le texte avec attention afin de se l’approprier, et ce notamment en analysant ses
structures : seul ce travail préparatoire permet d’éviter les contresens et les erreurs de syntaxe, autant
de fautes lourdement sanctionnées. Enfin, l’exercice tel qu’il est conçu, c’est-à-dire celui d’une
traduction fidèle au texte original, exige de respecter la syntaxe de la langue de départ (notamment la
hiérarchie des propositions et leurs articulations logiques) autant que faire se peut, c’est-à-dire dans la
mesure où la syntaxe de la langue d’arrivée le permet. Et il est nécessaire, pour contrôler cette fidélité
au texte original, mais aussi pour s’assurer de la correction syntaxique, de la cohérence et de la qualité
stylistique de sa traduction, de relire celle-ci plusieurs fois à la fin de l’épreuve.
Autre difficulté « classique » de la version allemande, la traduction du discours indirect a
pourtant constitué un écueil pour bien des candidats. Certains, dans la première phrase, ont rattaché les
compléments temporels (Schon zu Beginn seines Studiums… und später während seiner ersten Pariser
Zeit) au verbe introducteur sagte, ce qui était un grave contresens puisque ces compléments se
rapportent au procès décrit par la forme verbale habe aufgesucht. Par ailleurs, il convenait de traduire
cette forme de subjonctif I par un indicatif plus-que-parfait marquant l’antériorité par rapport au verbe
introducteur français (« Dès le début de ses études, disait / dit Austerlitz, et par la suite pendant la
première période où il avait vécu à Paris, il s’était rendu… »). Rappelons que la langue française ne
possède pas de mode spécifique pour marquer le discours indirect tel le subjonctif I en allemand, et
qu’à la différence de la langue allemande elle exige une concordance des temps avec le verbe
introducteur. La présence d’une forme au subjonctif I passé dans la première phrase aurait pu au reste
servir d’indice pour la traduction de la phrase suivante, car celle-ci comporte également une forme de
subjonctif I passé, l’auxiliaire sei étant associé au participe II geraten : nombreux sont les candidats
qui n’ont pas su rapprocher les deux termes. Une fois la forme identifiée, il fallait rendre l’antériorité
par rapport au moment de l’énonciation du discours et donc – si l’on pensait à traduire nicht selten,
placé en première position, par la mise en relief « il n’était pas rare que » – employer un subjonctif
passé : « Il n’était pas rare… qu’il ait sombré / ait été pris / ait été entraîné… ».
On le voit, la maîtrise des modes et des temps, aussi bien en allemand qu’en français, constitue
un autre aspect important que permettait d’évaluer ce texte. Il s’agit tout d’abord de savoir
identifier les formes présentes dans le texte allemand. Ainsi est-il nécessaire de pouvoir reconnaître,
tout comme les formes de subjonctif I déjà évoquées, une forme de subjonctif II comme
wäre… gewesen (Freilich wäre es nun an mir gewesen…), qui exprime ici un fait irréalisé et devait
donc être traduite par une forme de conditionnel passé: « aurait été » ou « eût été ». Quant à
l’identification des temps, on s’accordera à considérer comme une grave lacune le fait d’ignorer, par
exemple, qu’une forme verbale aussi courante que ich weiß est au présent. D’autres fautes ressortissent
peut-être moins à des lacunes qu’à un manque de rigueur, comme ces confusions fréquemment
relevées entre formes de parfait et de plus-que-parfait : les verbes gemacht hat et habe geschrieben ont
assez souvent été traduits par des formes au plus-que-parfait, tandis qu’inversement la forme war
geblieben a souvent été traduite par un passé composé. Faut-il rappeler que de telles erreurs non
seulement trahissent le texte original mais nuisent à la cohérence de la traduction ? Pour les mêmes
raisons, il convient de respecter l’alternance entre formes de prétérit et de parfait, qui de manière
générale correspondent à deux perspectives différentes. C’est bien ce qu’illustre, dans le texte, la
phrase Soviel ich weiß, habe ich von München aus noch ein paarmal an Austerlitz geschrieben, eine
Antwort auf diese Briefe jedoch nie erhalten, entweder, so dachte ich damals, weil Austerlitz irgendwo
unterwegs war, oder, so denke ich heute, weil er es vermied, nach Deutschland zu schreiben : le
parfait (et il fallait voir tout d’abord que l’auxiliaire habe était en facteur commun aux participes
geschrieben et erhalten) est employé ici pour marquer le discours et s’associe au présent pour traduire
le regard que porte le narrateur sur le passé au moment de l’énonciation, alors que le prétérit est le
Concours d'entrée - Rapport 2006 3