http://www.lafinancepourtous.com/Decryptages/Dossiers/Banque-centrale-europeenne/L-evolution-du-role-de-la-banque-centrale-europeenne
privés à raison de 60 milliards d'euros chaque mois entre mars 2015 et septembre 2016.
Dans la mesure où il porte sur le rachat d'obligations souveraines et privées sur le marché secondaire, il
n'y aura pas de financement monétaire des déficits budgétaires des Etats membres de la zone euro,
contrairement à ce qui s'est passé aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni où la Fed et la Banque d'Angleterre
avaient acheté les obligations du Trésor nouvellement émises dans le cadre de leurs programmes
d'assouplissement quantitatif.
La BCE a par ailleurs édicté des règles spécifiques pour son programme de rachats d'obligations. Ainsi, 80
% de ceux-ci seront réalisés par l'intermédiaire des Banques Centrales Nationales des pays de la zone
euro (la Banque de France pour la France) qui supporteront le risque de défaillance de l'émetteur national.
Seuls 20 % des rachats d'obligations seront effectués par la BCE elle-même.
Ceci implique qu'il n'y aura qu'une faible mutualisation des risques pris par la BCE sur les 1100 milliards
d'euros qu'elle prévoit d'injecter dans l'économie européenne.
Par ailleurs, le conseil des gouverneurs a établi des limites aux rachats d'obligations qui seront effectués.
Afin de limiter le montant de ses créances sur un même débiteur, et donc réduire son risque de
contrepartie, la BCE n'acquerra pas plus du tiers du total de la dette de chaque émetteur. En outre, la BCE
n'achètera pas plus du quart de chaque émission. La fixation de ces deux seuils lui permet de limiter
encore davantage son exposition au risque de défaillance d'un émetteur.
Enfin, les achats d'obligations seront réalisés au prorata de la détention du capital de la BCE par les BCN.
La Bundesbank et la Banque de France en détenant les pourcentage les plus élevés (respectivement 25,6
% et 20,1 %), les obligations des Etats allemands et français seront donc celles qui seront le plus
rachetées par la BCE. De fait, les obligations de la Grèce sont également éligibles a priori au programme
de la BCE.
Le programme d'assouplissement quantitatif annoncé a pour objectif de relancer l'inflation et les
anticipations d'inflation en zone euro. Le fait même qu'une quantité très importante de liquidités soit créée
par la Banque Centrale Européenne et injectée sur les marchés financiers est de nature à faire baisser la
valeur de l'euro. La baisse de la devise européenne sur les marchés des changes, entamée au second
semestre 2014, provenait au moins en partie de l'anticipation par les opérateurs sur ces marchés de
l'annonce d'un programme d'assouplissement quantitatif par la BCE.
La baisse de l'euro vis-à-vis de l'ensemble des autres grandes monnaies, et notamment du dollar, devrait
donc se poursuivre. Ceci sera favorable à la compétitivité des produits européens et aux exportations. La
baisse de l'euro permet aussi de renchérir les prix des produits importés et joue à ce titre un rôle important
dans la stratégie de la BCE pour relancer l'inflation dans la zone euro.
Un autre objectif recherché par la BCE est de fournir des liquidités aux banques européennes dans l'espoir
qu'elles l'utiliseront pour accorder des crédits aux entreprises et aux ménages.
Par ailleurs, on peut espérer que les investisseurs utiliseront les liquidités obtenues de la BCE pour acheter
les nouvelles émissions obligataires des pays du sud de la zone euro (Espagne, Portugal et peut être
Grèce) dont les taux d'intérêt sont plus attractifs que ceux des pays du nord (Allemagne, France,
Pays-Bas,...) et ainsi les orienter à la baisse.
Un rôle de contrôle et de supervision des banques européennes
Les politiques mises en œuvre au sein de l’Union européenne n’ont pas réussi à rétablir durablement la