procaryote dans lequel les savants, par commodité, essayent de définir des entités discontinues (genres,
espèces, souches, clades). Dans une toxi-infection alimentaire ou un événement de pollution, une
contamination à l’hôpital ou une défaillance industrielle, on recherche le germe en cause ; mais qu’on
s’entende bien, si l’on recherche des salmonelles (« suspicion de – ») et que l’échantillon prélevé
contient des staphylocoques, votre analyse aboutit à la réponse suivante : absence de salmonelles.
Vous devinez pourquoi risque et danger sont pris l’un pour l’autre en microbiologie.
La Microbiologie descriptive est née au 17e siècle (van Leeuwenhoek) comme l’astronomie (Galilée)
grâce à la maîtrise du polissage des lentilles. La Microbiologie empirique est née en même temps que
l’agriculture sédentaire et la Microbiologie savante commence avec les travaux de Louis Pasteur,
chimiste cristallographe, dans les années 1860. L’Écologie microbienne est née à la même époque avec
les travaux d’Ernst Haeckel sur le Cycle de la matière, l’Écologie et les arbres phylogénétiques de
parenté biosphérique.
La Microbiologie générale actuelle ne correspond pas exclusivement à l’étude de la vie des bactéries,
des moisissures et des levures. C’est aussi (et surtout) dans ses facettes appliquées au quotidien, se
glisser dans l’hygiène et la toilette, le lavage des mains et les antibactériens, les lessives et les couches
du bébé, le tout à l’égout et les stations d’épuration, le nettoyage de la maison et l’usage de l’eau de
javel, le repas avec le pain, le vin, la bière, le saucisson, les fromages, la choucroute et le yaourt, le
vinaigre et les conserves, les intoxications, faire bouillir l’eau potable pour le thé, les civets, les
confitures, le miel, les aliments du réfrigérateur, l’eau de vie, les matelotes et le jus de citron ; c’est aussi
se brosser les dents, le mercurochrome pour les petits bobos, l’eau oxygénée et le bleu de méthylène,
les pansements et les vaccinations, avoir la fièvre, soigner son angine, prendre ses antibiotiques, faire
une inhalation ou traiter son acné, tousser, éternuer, cracher et se moucher. C’est encore faire ses
analyses, trier ses déchets domestiques, faire son compost, donner un baiser, se protéger des maladies
sexuellement transmissibles avec un préservatif. C’est encore la nuit si l’on en croit les chrono-
biologistes. Avec du recul, c’est aussi l’agriculture, les biotechnologies, les énergies renouvelables et
l’environnement. Vous voyez que les microbiologistes ont du travail pour longtemps à chercher et
découvrir, former et informer.
Aujourd’hui, la Microbiologie moderne est partagée et débordée par la recherche anglo-saxonne. Et la
société française n’est pas prête à écouter ses résultats (génétique, OGM, biochimie, méthane,
biocarburants, brevets, cryptage).
J’avais le choix entre, d’une part, expliciter quelques événements de crises, la tête dans le guidon, et
juxtaposer des collisions tragiques entre les bactéries et les hommes pour vous impressionner (choisir
de vous décrire « quelques dents du peigne ») ou, d’autre part, prendre du recul, sortir la tête du
guidon, vous donner quelques clés pour comprendre comment peuvent se trouver réunies les
conditions d’un petit ou d’un grand drame et quel genre de jeu se joue entre les hommes et les
bactéries, et donc vous donner l’envie d’en savoir plus.
Pour simplifier le jeu en question, disons que les hommes détruisent des bactéries par milliards et que
les bactéries détruisent des hommes par millions ; dans cette partie de bras de fer, les hommes