
DÉFINITION ET PRÉVALENCE
D’UNE HTA RÉSISTANTE
Suivant les récentes recommandations de la SFHTA, une HTA résis-
tante est une HTA non contrôlée en consultation et confirmée par
une automesure ou MAPA malgré une stratégie thérapeutique com-
prenant des règles hygiéno-diététiques adaptées et une trithérapie
antihypertensive depuis au moins 4 semaines, à dose optimale, in-
cluant un diurétique. [3]
La prévalence de l’HTA résistante est très variable, selon la défi-
nition utilisée et la population étudiée. Comme le suggère l’étude
rétrospective de Hayek, [4] la prévalence passe de 30,9 %, si l’on
considère comme « résistants », les patients non contrôlés sous
une trithérapie ou contrôlés sous une quadrithérapie, à seulement
3,4 % si l’on prend comme définition, une HTA non contrôlée malgré
3 médicaments à dose maximale comprenant un diurétique. Il est
probable qu’en utilisant la définition récente de la SFHTA, cette pré-
valence soit encore beaucoup plus faible.
PRISE EN CHARGE PAR LE SPÉCIALISTE
Une fois le diagnostic d’HTA résistante établi, les recommandations
de l’ESH/ESC, du NICE, de l’AHA et la recommandation 2013 de la
SFHTA préconisent devant la découverte d’une HTA résistante :
de vérifier la prescription d’une trithérapie antihypertensive à
posologie optimale,
de s’assurer de la bonne observance des traitements,
de mesurer la PA en dehors du cabinet médical,
de demander un avis auprès d’un spécialiste de l’HTA afin de
rechercher une HTA secondaire et/ou proposer d’autres associations
de médicaments antihypertenseurs.
Si toute la première partie de l’algorithme décisionnel devrait être
effectué par le médecin généraliste, toutes les recommandations
conseillent de demander un avis auprès d’un spécialiste de l’HTA
une fois confirmé par une mesure effectuée en dehors du cabinet
médical le contrôle insuffisant de la pression artérielle malgré une
trithérapie à posologie optimale comprenant un diurétique sans pro-
blème d’observance (figures 1 et 2 page suivante).
L’étude HYPAR réalisée en Bretagne par l’Assurance Maladie chez les
patients présentant une HTA résistante a montré que le spécialiste
sollicité par les médecins généralistes était le cardiologue libéral. [5]
La première étape à effectuer par ce spécialiste en HTA est de confir-
mer que les premières étapes ont bien été réalisées par le médecin
généraliste :
1) Vérifier que la prescription comporte une trithérapie
antihypertensive à posologie optimale: s’il n’a pas été réali-
sé d’essai randomisé comparant différentes trithérapies pour le trai-
tement de l’HTA résistante, la SFHTA en décembre dernier (comme
le NICE britannique en 2011) [6,7] recommande que la trithérapie
comporte outre un diurétique thiazidique, un bloqueur du système
QUEL BILAN EFFECTUER
FACEÀUNEHTA RÉSISTANTE ?
T. Denolle, Dinard
PARTIE
1
EN 2008, LES DÉCÈS CARDIOVASCULAIRES REPRÉSENTAIENT EN FRANCE, 30 % DE L’ENSEMBLE DES DÉCÈS. Selon
le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé sur les facteurs de risque cardiovasculaire, l’HTA est responsable
de 18 % des décès dans les pays riches et de 45 % des décès cardiovasculaires. En France, on estime entre 12 et
14 millions, le nombre de patients traités pour HTA. [1] Néanmoins, environ 50 % des hypertendus traités ne sont
pas contrôlés, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas à l’objectif tensionnel. Cet objectif a été récemment fixé de la façon
suivante, dans la recommandation 2013 de la Société Française d’HTA (SFHTA) sur la prise en charge de l’HTA de
l’adulte: «
L’objectif tensionnel, y compris chez les diabétiques et les patients avec maladies rénales, est d’obtenir
une pression artérielle systolique comprise entre 130 et 139 mmHg et une pression artérielle diastolique inférieure
à 90 mmHg. Après 80 ans, l’objectif est une PAS< 150 mmHg
». [2] Définir une HTA non contrôlée comme résistante,
se justifie par l’augmentation de l’atteinte des organes cibles et du risque cardiovasculaire et rénal, observée chez
ces patients et la nécessité de leur proposer une prise en charge adaptée. La découverte d’une HTA résistante
s’accompagne en effet d’une probabilité augmentée de près de 50 % de présenter un AVC sur une période de
3,8 ans par rapport aux patients dont l’HTA est bien contrôlée. [3]
Le Cardiologue 381 – Avril 2015 V