14H-16H : deuxième sujet
LA DÉMOCRATIE, "UNE NOUVELLE IDÉE
DE L'HUMANITÉ" SELON R. LEGROS
En m'appuyant notamment sur les travaux de Robert Legros, je montrerai, dans
cette seconde partie que, pour Tocqueville, la démocratie n'est pas d'abord, ni
même essentiellement, une forme de gouvernement mais une forme sociale
que l'on peut interpréter comme une révolution anthropologique dont je
m'attacherai à montrer les différents aspects. Pour ce faire, j'expliquerai
comment la démocratie, comprise comme processus multiséculaire encore en
cours, est bien une révolution, c'est-à-dire un renversement complet d'un ordre
donné, l'ordre aristocratique, qu'il faut lui aussi comprendre comme une forme
sociale. Au sens de Weber, aristocratie et démocratie, doivent être comprises
comme des idéaux-types. C'est donc à l'analyse comparée de ces idéaux-types
que je consacrerai ce second moment.
16H-18H : troisième sujet
L'INDIVIDUALISME
OU LE PROBLÈME DÉMOCRATIQUE
Dans ce dernier temps, je m'efforcerai de montrer pour quelles raisons le
concept d'individualisme est le concept nodal de la pensée de Tocqueville. En
effet, contrairement à une idée répandue, Tocqueville n'est pas un pourfendeur
de l'individualisme pour la simple et bonne raison que cette notion n'a pas dans
son propos une valeur normative mais une valeur descriptive. Quand il définit
les sociétés démocratiques comme des sociétés individualistes ce n'est pas en
moraliste mais en sociologue qu'il les envisage. Mais s'il est un fait,
l'individualisme est aussi une tendance explique Tocqueville. Et s'il est un fait
providentiel, il est une tendance maligne. Voilà pourquoi, il s'agit pour
Tocqueville, non de combattre l'individualisme mais d'endiguer ses
débordements, de corriger sa mauvaise pente. En ce sens on peut dire que,
dans la pensée de Tocqueville, l'individualisme est à proprement parler un
problème, non au sens scientifique d'une difficulté transitoire à résoudre, mais
au sens philosophique d'un fait complexe qu'il nous faut assumer dans la réalité
de nos existences. C'est dans cette perspective qu'il faut lire chez Tocqueville
son apologie de l'association comprise comme remède, non à l'individualisme
mais à sa mauvaise pente. Et j'essaierai de montrer que, ce faisant, Tocqueville
est sans doute l'auteur qui a formulé avec le plus de clarté le problème matriciel
des sociétés démocratiques que toutes les grandes doctrines politiques du
XIXème (Libéralisme, socialisme, anarchisme, nationalisme) ont essayé de
résoudre.
JOURNÉE D’ÉTUDE SUR TOCQUEVILLE (1805-1859)