THEME 5: Egalisation des conditions et Démocratie Alexis de Tocqueville (1805-1859) : Né à Paris, il est issu d’une famille de très ancienne noblesse normande. Licencié en droit, il est nommé en 1827 juge-auditeur à Versailles (où son père est préfet). En 1830 il voyage aux États-Unis. Officiellement il part étudier les institutions pénitentiaires mais en réalité, il veut étudier la démocratie à « l’état pur » dans un pays sans traditions aristocratiques. « J’avoue que dans l’Amérique j’ai vu plus que l’Amérique, j’y ai cherché une image de la démocratie elle-même ». Le premier volume de son célèbre ouvrage, De la Démocratie en Amérique est publié en 1835. Après avoir été élu député en 1839, il publie en 1840 le deuxième volume de La Démocratie. Tocqueville est élu un an plus tard à l'Académie française. Il participe à la rédaction de la constitution de 1848 puis devient ministre des affaires étrangères du prince Louis-Napoléon, président de la République. Tocqueville est animé par une passion : la liberté. Il rêve d'une société où la liberté serait donnée à tout citoyen. Par ailleurs, il constate la progression de l'égalité des conditions. Toute son œuvre est donc une méditation dominée par ces deux mots. Comment faire triompher la liberté et comment assurer la cohésion d'une société fondée sur l'égalité? L'égalité ne se conçoit pas sans la liberté car l'homme ne saurait être libre s'il est soumis à un autre homme. I – L’analyse de Tocqueville. A - L’égalisation des conditions est le fondement de la Démocratie. 1°) une définition sociale de la Démocratie. La démocratie est un état de la société plus qu’un système politique ou un mode de gouvernement. Cet état social est marqué par la disparition des ordres héréditaires, l’uniformisation des modes de vie et l’essor de la mobilité sociale, bref marqué par l’égalité des conditions. A l’aide du 1er paragraphe et passage souligné Doc1p82, complétez : L’………………………………est le mouvement qui transforme les sociétés en faisant progresser ce principe d'égalité des conditions dans l'ensemble des domaines sociaux (« empire……………………………….………… ………………………….. … »). L'égalisation des conditions est un mouvement qui transforme toutes les relations sociales (celles de la famille au même titre que les relations économiques). « Il crée ………………………….. ……………………………………………………………………………………………………………… » Il est donc logique qu’elle affecte également les relations politiques. Dans ce domaine la société démocratique se traduit par l'existence d'un gouvernement élu par les citoyens. Dans celui des mentalités, la société démocratique est caractérisée par un état d’esprit nouveau : les individus se pensent égaux, refusent les privilèges et sont réticents à accepter qu'un autre ait une situation supérieure à la leur. La recherche de l'égalité est donc un phénomène sans fin. Ainsi, pour Tocqueville, il existe un mouvement « inéluctable et spontané » vers l’égalité des conditions qui est un fait providentiel (donc universel et durable, qu’on ne peut empêcher). Ce mouvement résulte avant tout de la passion des hommes pour l’égalité : « Les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la ………..…..... mais ils ont pour l'…………… une passion insatiable, éternelle, invincible ». L'égalité renferme en soi un mécanisme qui est le ressort même des sociétés démocratiques : plus l'égalité progresse, plus les inégalités deviennent insupportables, et par conséquent la lutte contre les inégalités se poursuit et entraîne le progrès continu de l'égalité. Telle est la loi qu'a formulée Tocqueville et qu'il nous faut donc appeler «loi de Tocqueville» qu'il a lui-même formulée ainsi : «le désir d'égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l'égalité est plus grande». Résumé: Passion pour …………… égalisation des ……..………. …..……........ (comme état social) 2°) La démocratie est caractérisée par l’égalité des conditions. L'égalité des conditions est un principe qui stipule que tous les individus sont juridiquement égaux, qu'il n'existe plus de hiérarchie sociale rigide et donc que la position sociale d’un individu n’est plus assignée par sa naissance. Illustration avec l’Amérique : « les américains sont nés égaux avant de le devenir » Doc2p82q1 : q2 : 1 Une société démocratique est donc une société égalitaire dans laquelle il n'existe plus de distinctions héréditaires entre les individus et dont toutes les positions sociales sont ouvertes à tous ( :……………….………….) La société démocratique s’oppose à la société aristocratique organisée en ordres en principe fermés. Il existe 3 dimensions dans l’égalisation des conditions : égalité des droits politiques et civiques : chaque individu a le droit de voter, jouit des libertés publiques, abolition des privilèges, égalité devant la loi. égalité des …………….. : chacun peut accéder aux positions sociales que lui permettent ses talents méritocratie et mobilité sociale. Mais aussi diffusion d’un bien-être matériel et uniformisation des conditions matérielles et modes de vie. égalité des relations sociales ou de considération : les individus se considèrent égaux d’où un respect mutuel, norme qui règne dans les mœurs. Le maître respecte son serviteur et celui-ci ne l’est qu’à travers un contrat, pendant la durée de son travail ; égalité de dignité, d’estime sociale. « Naturellement ils ne sont point inférieurs l'un à l'autre, ils ne le deviennent momentanément que par l'effet du contrat. Dans les limites de ce contrat, l'un est le serviteur et l'autre le maître; en dehors ce sont deux citoyens, deux hommes. » N.B. : L’égalité des conditions ne signifie pas égalité des situations économiques. La société démocratique n’est pas incompatible avec l’existence des riches et des pauvres. Mais ceux-ci sont peu nombreux du fait de l’égalisation des conditions, ils ne constituent pas des classes sociales. On observe donc une réduction du nombre des très riches et de celui des très pauvres. Entre ces deux extrêmes en voie de réduction se développe une « multitude innombrable d’hommes presque pareils ». Il n’existe pas une « race de …………. » ni une « race de ………..», donc il n’y a pas d’hérédité sociale, la mobilité sociale est fréquente (en Amérique). Les riches ne le sont pas longtemps (ruinés) ni les pauvres. « Un américain prend, quitte, reprend dix états dans sa vie, il change sans cesse de domicile et forme continuellement de nouvelles entreprises. » Enfin l’égalité des conditions et l’essor d’une classe moyenne atténuent les conflits : « adoucissement des mœurs ». 3°) L’égalité des conditions favorise l’individualisme. Doc5p84 Alors que sous l'Ancien Régime, seuls quelques privilégiés pouvaient choisir la vie qu’ils entendaient mener, en démocratie, l'augmentation des ressources de la classe moyenne permet à un nombre croissant d'individus de disposer d'une autonomie : individus qui « se figurent volontiers que leur destinée toute entière est entre leurs mains »… L’individualisme naît donc de la démocratie qui assure une égalité des chances. Tocqueville qualifie d'individualisme ce sentiment « réfléchi et paisible » qui fait de chaque individu un centre de décision autonome B - Les limites et risques menaçant la démocratie. 1°) Individualisme et désintérêt pour la chose publique. Complétez à l’aide du Doc4p83 Tocqueville distingue individualisme et égoïsme : L'égoïsme est ……………………………………… ………………………..L'individualisme est un sentiment ………………………………………………. …mais qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart de sa famille et ses amis; de telle sorte que, après s'être ainsi créé une petite société à son usage il abandonne volontiers la grande société à elle-même. « L'égoïsme naît d'un instinct aveugle; l'individualisme procède d'un jugement erroné plutôt que d'un sentiment dépravé(…) L'égoïsme dessèche le germe de toutes les vertus, l'individualisme ne tarit d’abord que la source des vertus publiques ; mais, à la longue, il attaque et détruit toutes les autres et va enfin s'absorber dans l'égoïsme. » « Vertus publiques » ex : intérêt pour la vie publique, l’action politique (vote) … Autrement dit, l’individualisme se transforme à terme en …………………., or il est lié à l’égalité des conditions : « chaque classe venant à se rapprocher des autres et à s'y mêler, ses membres deviennent indifférents et comme étrangers entre eux. » 2 Donc avec la démocratie, on doit s’attendre à un retrait de l’individu sur ses affaires privées, l’individu est isolé et devient apathique, il est indifférent et ne participe plus à la vie publique (cf. abstentionnisme, recul des syndicats…). Les individus laissent alors le champ politique libre aux ambitions despotiques. Ils peuvent tomber sous le règne d’un tyran (cf. au 20ème siècle : République de Weimar qui s’abandonne aux mains fermes d’Hitler…) et sont prêts à s’en remettre à un Etat tout puissant et disposant d’une légitimité absolue que confère la démocratie. Il s’agit d’« un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux » Cela signifie que l’Etat tient en tutelle l’individu, prend en charge sa vie quotidienne, il multiplie les réglementations tatillonnes, c’est le « despotisme doux », le « despotisme démocratique » de la dictature bureaucratique, le despotisme administratif d’un Etat centralisateur et omnipotent (cf. critique de l’Etat-providence par les libéraux). Les individus se satisfont d’un pouvoir fort pourvu qu’il préserve l’égalité et empêche certains d’entre eux de s’élever au dessus des autres. « Les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté... mais ils ont pour l'égalité une passion insatiable, éternelle, invincible. Ils veulent l'égalité dans la liberté et s'ils ne peuvent l'obtenir, ils la veulent encore dans l'esclavage. » Ex : Prémonition de la montée des totalitarismes au 20 ème siècle. Totalitarisme stalinien au nom d’un régime sans inégalités … lien possible avec la critique de la vidéo surveillance en Angleterre (« big brother »). 2°) Tyrannie de la majorité et conformisme. Doc7p85 q1 : Avec la progression de l’égalisation des conditions et de la démocratie, l’individu est de plus en plus porté à croire « la masse », l’opinion publique. La similitude entre les individus « leur donne une confiance presque illimitée dans le jugement du public». Le public impose ses croyances « et les fait pénétrer dans les âmes par une sorte de pression immense de l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun ». Le despotisme démocratique est donc aussi en germe dans l’omnipotence de la majorité tyrannie de la majorité : «Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs. Suis-je en contradiction avec moi-même?». Ce règne de la majorité peut être tyrannique et étouffer l'indépendance des individus et par conséquent se retourner contre la démocratie : Tyrannie au niveau politique : La société démocratique cherchant l’intérêt du plus grand nombre peut nier les droits ou intérêt des minorités. C’est le problème de la domination et l’oppression des minorités. Ex. postérieurs: Maccarthysme et « chasse aux sorcières » aux Etats Unis 1950ies. Oppression des fumeurs ? Tyrannie « morale et intellectuelle » : l’égalité des conditions conduit à la crainte de la différence, à son refus. Toute différence est considérée comme une inégalité. Donc l’égalité des conditions conduit au conformisme (cf. tyrannie de l'american way of life), celui-ci entraîne un recul de l’esprit critique : idée selon laquelle la majorité a toujours raison s’impose (cf. « pensée unique » aujourd’hui : la mondialisation, le libéralisme ou la flexibilité sont incontournables). L’égalité des conditions est facteur de « moyennisation », elle entraîne de l’autocensure : tyrannie de l’opinion publique. Ex. actuels : Opposants à la 2ème guerre en Irak aux Etats Unis considérés comme des traîtres envers la patrie. Oppression des homosexuels (de moins en moins vraie) qui réclament la reconnaissance de leurs droits à la différence, le droit de se marier… Enfin il existe un troisième risque pour la démocratie, le risque de démagogie consistant à flatter l’électorat pour obtenir ses suffrages. 3 II – Actualité et prolongements contemporains de l’analyse de Tocqueville Il s’agit de pistes de réflexion permettant de préparer la question3 de l’épreuve. A – La thèse de l’égalisation des conditions est-elle validée ? Cf E.O. Stratification sociale et inégalités 1°) arguments validant la thèse de l’égalisation des conditions : voir thème inégalités E.O. ex : courbe de Kuznets, évolution du rapport interdécile etc. Ce graphique confirme-t-il la thèse de l’égalisation des conditions ? La « moyennisation » de la société chez Henri ………….. (1927-2003) : Ce sociologue Français, montre que la population française a tendance à se regrouper en deux vastes ………………….. de plus en plus proches : « ……………… centrale » et « ……………… populaire ». Cette représentation d’une société hiérarchisée en « toupie » est beaucoup moins inégalitaire qu’une société hiérarchisée en « pyramide » où les couches défavorisées sont majoritaires. Les niveaux et modes de vie tendent à se rapprocher et s’uniformiser. Il montre l’essor de la classe moyenne (prévue par Tocqueville) qui n’est plus une classe sociale mais une constellation car elle regroupe des individus qui ne constituent pas un ensemble homogène, soudé et capable de se mobiliser. Au sein de ces constellations la mobilité sociale est facilitée. 4 2°) arguments réfutant la thèse de l’égalisation des conditions : A l’image de la « montgolfière » symbole des trente glorieuses, A.Lipietz substitue celle de « la société en ……………… » et parle de « déchirure sociale » et de nouvelles polarisations. Quelles peuvent en être les explications ? Remarque : Tocqueville a lui même nuancé sa pensée après son voyage en Angleterre et Irlande en 1835 où il découvre un véritable paupérisme ( : état permanent de pauvreté, d'indigence dans une partie de la société). Il parle alors du monde industriel comme « monstre social », « anomalie qui pourrait ramener les hommes vers l’aristocratie ». autre piste d’actualisation : l’égalité des chances progresse-t-elle ? (Cf. l’exemple de l’école). Voir E.O. concernant la mobilité sociale et l’égalité des chances. Travail à la maison : faire un rapide résumé (idée à utiliser : massification, démocratisation…). B – repli sur la sphère privée et désintérêt pour la chose publique sontils une réalité? 1°) l’exemple de l’abstentionnisme : Ce document confirme-t-il la thèse de Tocqueville quant à l’évolution de la démocratie ? (Rappelez vous aussi quels sont les deux candidats à la Présidence qui sont passés au second tour en 2002) 2004 2007 2008 2009 57 39,5 54,3 16,2 33,4 59,5 doc10 p 86. Q1 et 2 : Quelles sont les catégories sociales qui s’abstiennent le plus et pourquoi ? Q3 : pourquoi Daniel Gaxie parle de « cens caché », quelles sont les conséquences de cet abstentionnisme massif et inégal sur la démocratie? 5 Le désintérêt pour la chose publique à relativiser : L’abstention peut être aussi une forme d’expression de son mécontentement ce qui contredit la thèse d’un citoyen apathique et détaché de la politique. Les manifestations de 2010 contre la réforme des retraites, de 2008 contre la réforme Darcos (de la classe de 2nde), du printemps 2006 contre le CPE ou les émeutes des banlieues de novembre 2005 sont aussi des formes d’expression et d’engagement. Donc le recul de la participation électorale serait, en partie au moins, compensé par le développement d’autres formes d’engagement (voir thème conflits et action collective : boycott, défense d’intérêts plus ciblés, Ex : AC : agir contre le chômage, les enfants de Don Quichotte, les Nouveaux Mouvements Sociaux comme les écologistes, mouvement gay, féministes …). 2°) les effets de la professionnalisation de la représentation politique : Tocqueville pensait que dans la démocratie, l’individu s’en remet à un Etat tutélaire. Et effectivement, les citoyens délèguent la gestion des affaires publiques à leurs représentants élus ou à de hauts fonctionnaires parfois qualifiés de technocrates. C’est à dire………………………………………… ……………………………………………………………………………….. Représentation politique: Cherchez sa définition p93 Or ils sont souvent issues de grandes écoles (……………………………) où sont sous représentées les couches populaires et moyennes… Cette professionnalisation est à l’origine d’une fracture entre le peuple et ses dirigeants. Ils peuvent être perçu comme inefficaces, recherchant leur intérêt personnel et motivés uniquement par leur carrière (ex : réélection…) voire même corrompu (vision du « tous pourris ») qui explique un « déficit démocratique » et sans doute une partie de l’abstentionnisme. Les partis seraient devenus des organisations bureaucratiques gérés par des permanents. C – tyrannie de la majorité et conformisme sont-ils une réalité ? Ici c’est l’importance croissante de l’opinion publique médiatisée qui est en jeu. une opinion publique construite ? Pierre Bourdieu critique les sondages notamment d’opinion doc13p88. q2 et q3 : relevez les trois postulats (hypothèses) des sondages selon Bourdieu et leur critique : C’est à partir de ce 3ème postulat que l’on peut comprendre pourquoi Bourdieu dit que « l’opinion publique n’existe pas » car … les sondages d’opinion ont transformé la vie politique : Avant que la pratique des sondages se développe, les élus étaient les seuls habilités à se faire les portes paroles des électeurs, l’élection leur donnant cette légitimité de relais de l’opinion publique. Mais les instituts de sondages sont devenus des acteurs majeurs du jeu politique, ils sont de plus en plus utilisés par les media (notamment par les journalistes ou l’opposition politique aux gouvernants) pour représenter la « volonté populaire », l’opinion publique. Dès lors il existe un risque de « gouvernement d’opinion » et de démagogie c’est à dire … 6 « l’empire souverain de l’opinion publique » dont parlait Tocqueville est-il vérifié ? Finalement l’opinion publique est-elle vraiment celle que la majorité impose? On peut utiliser l’exemple des deux guerres contre l’Irak. Lors de la première (1990-1991 après l’invasion du Koweït par l’Irak de S.Hussein), CNN utilise le vocabulaire officiel des « spin doctors » : conseillers en communication politique, spécialistes de relations publiques et de marketing politique. On parle de « frappes chirurgicales », de « dommages collatéraux ». Puis lors de la deuxième guerre en Irak (2003), on parle « d’axe du mal », « d’armes de destruction massives » …etc. En France, on peut prendre l'exemple de Nicolas Sarkozy, qui a bénéficié de l'habileté de plusieurs spin doctors, notamment Thierry Saussez ou encore Henri Guaino à partir de la campagne présidentielle 2006-2007. Qu’en déduisez-vous ? Ouverture : que pensez-vous de la « peoplisation* » de la vie politique ? *Médiatisation de la vie privée des hommes et femmes politique, et utilisation à des fins médiatiques de l'image de personnalités célèbres par des hommes politiques (ex : Doc Gynéco, J.Halliday ou David Douillet , soutiens de la candidature de N.Sarkozy en 2007) Programme officiel : On retiendra de Tocqueville que l’avènement des sociétés démocratiques n’est pas qu’un phénomène politique : c’est une transformation qui concerne aussi et surtout la société civile. Le processus fondamental est l’égalisation des conditions dont le principe s’oppose à l’organisation juridique (ordres ou castes) des sociétés d’Ancien régime. On retiendra que l’homogénéisation comme l’avancée vers l’égalité ne sont que des tendances dont l’appréhension empirique n’est possible qu’à long terme. Les corollaires de cette égalisation sont une mobilité sociale croissante et une réduction des écarts entre catégories sociales “extrêmes “. Le risque est alors celui de l’indifférence aux affaires publiques. Comme par ailleurs, les individus se trouvent dotés de statuts proches, il peut devenir très difficile de résister à la tyrannie de la majorité. L’actualité des analyses de Tocqueville et ses prolongements contemporains seront étudiés en s’interrogeant sur la montée de l’abstentionnisme, l’importance croissante de l’opinion publique médiatisée dans le processus démocratique, la professionnalisation de la représentation politique, la tendance au repli sur la sphère privée. 7