
1. À  l'aide  de  vos  connaissances  et  du  document,  vous  préciserez  ce  qu'entend  Alexis  de  Tocqueville  par  « égalité  des 
conditions ». (8 points) Rappel de méthode : introduction à l’on dit pourquoi Tocqueville se pose cette question ; définition des 
termes principaux ; puis explication à partir du cours et de l’utilisation de citations.  
Tout  au  long de  sa  vie,  Tocqueville  (1805-1859)  observe  les  bouleversements  de  régime  politique  en  France  (Empire  napoléonien, 
Restauration et valse des Rois sur le trône) liés au choc de la Révolution Française. En partant en 1831 aux Etats-Unis d'Amérique, il peut 
alors observer un pays où le choc de la Révolution d’Indépendance a stabilisé les institutions, les Etats-Unis d'Amérique. Tocqueville a 
alors pensé à établir une comparaison entre la situation française et la situation étasunienne et a cherché à comprendre les caractéristiques 
des sociétés démocratiques. Il résuma ses différentes conclusions dans son œuvre principale, De la démocratie en Amérique (1835-1840).  
Selon  Tocqueville,  plus  qu’une  forme  d’organisation  politique,  la  démocratie  est  avant  tout  un  état  d’esprit  social,  un  « charme 
particulier », qui s’impose progressivement et que Tocqueville appelle l’égalisation des conditions. L’égalisation des conditions désigne le 
mouvement ou processus social proprement démocratique par lequel l’égalité des conditions est de plus en plus atteinte et désirée par les 
citoyens.  
L’égalité des conditions recouvre alors trois réalités distinctes. Premièrement, l’égalité des conditions signifie l’égalité des droits : dans 
une démocratie, tous les citoyens sont soumis aux mêmes règles juridiques. C’est ainsi que, depuis la Révolution Française et l’abolition 
des privilèges, le « roturier » comme le « noble » sont soumis aux mêmes règles juridiques. De la même manière, le fils aîné a les mêmes 
droits d’héritage que le puîné suite à l’introduction du Code Civil Napoléonien.  
Cette égalité des droits permet alors d’atteindre l’égalité des chances : les positions sociales sont ouvertes à tous en fonction de leur mérite 
et indépendamment de leur origine sociale. Avec les règles démocratiques, notamment par la fin de l’hérédité sociale des positions et par 
le partage égal des héritages, chacun doit reconstituer par ses propres moyens sa position sociale et sa fortune. Contrairement aux sociétés 
aristocratiques où la stratification sociale se reproduit à l’identique, il y a désormais une grande mobilité sociale intergénérationnelle. 
C’est ce qu’on constate Tocqueville en indiquant que, dans une société démocratique, le roturier « monte » l’échelle sociale tandis que le 
noble la « descend ».  
L’égalité des droits et l’égalité des chances conduit alors à obtenir une égalité de considération. Dans une société démocratique, chaque 
citoyen se représente comme l’égal d’un autre même si la position économique et sociale est différente. Ceci signifie que l’échelle sociale 
dont parle Tocqueville disparaît progressivement des esprits. Il n’y a plus de « maîtres » et de « serviteurs », il n’y a que des « citoyens », 
des « hommes des âges démocratiques » pour lesquels « l’égalité constitue le caractère distinctif de l’époque où ils vivent ».  
 
2. Expliquez la phrase soulignée dans le document. (6 points) Rappel de méthode : reformulation de la phrase en une affirmation ; 
explication de cette affirmation à partir des notions et des mécanismes vus en cours et de l’utilisation de citations ; illustration à 
partir de l’utilisation de citations et d’autres exemples.  
Dans cette phrase, Tocqueville affirme que les sociétés démocratiques sont caractérisées par une mobilité sociale verticale descendante 
pour les plus favorisés et une mobilité sociale verticale ascendante pour les plus défavorisés conduisant progressivement les différentes 
classes sociales à ne former plus qu’une grande classe moyenne où tous « vont se toucher ».  
En  effet,  pour  Tocqueville,  une  société  démocratique  se  caractérise  par  une  croissance  de  l’égalité  des  chances.  Si  les  chances  de 
promotion sociale deviennent égales, les plus favorisés ont autant de chances que les moins favorisés d’obtenir n’importe quelle position 
sociale.  Comparativement  aux  époques  non  démocratiques,  cela  signifie  que  les  plus  favorisés ont  des  chances  plus importantes  de 
descendre dans la hiérarchie sociale qu’auparavant ; et inversement pour les moins favorisés. C’est bien pour cela que Tocqueville pense 
que « le noble aura baissé dans l’échelle sociale, le roturier s’y sera élevé ».  
Dans le même temps, les individus les plus favorisés doivent leur position à leur trajectoire sociale plutôt qu’à leur origine sociale ; de 
même pour les moins favorisés. Par conséquent, les patrimoines accumulés par les parents ne se transfèrent plus aussi simplement aux 
enfants dans une société démocratique que dans une société non démocratique. Les modes de vie des plus favorisés ont tendance à se 
rapprocher des modes de vie des moins favorisés, de même que leurs attitudes. C’est à ce titre qu’on peut considérer qu’une société 
démocratique conduit à un phénomène de moyennisation.  
 
3. La mobilité sociale dans la France contemporaine confirme-t-elle la vision d'A. de Tocqueville ? (6 points) Rappel de méthode : 
explication de la pertinence de l’exemple en rappelant d’abord les thèses vues dans les questions 1 et 2 et de l’utilisation de citations.  
Selon  Tocqueville,  une  société  démocratique  se  caractérise  par  l’égalisation  des  conditions  (croissance  de  l’égalité  des  droits,  de 
considération et des chances) ce qui conduit à une croissance de la mobilité sociale et à un phénomène de moyennisation. La dernière 
enquête FQP réalisée par l’INSEE en 2003 permet de vérifier partiellement les conclusions de Tocqueville.  
En premier lieu, on constate qu’il existe bien un phénomène de mobilité sociale dans la société démocratique française. Par exemple, sur 
100 fils d’ouvriers âgés de 40 à 59 ans en 2003, 2 sont devenus agriculteurs, 10 sont devenus employés, 10 sont devenus cadres et environ 
25 sont devenus membres des professions intermédiaires. Sur 100 fils d’employés âgés de 40 à 59 ans en 2003, 80 ne sont pas devenus 
employés.  
Ensuite, cette mobilité sociale s’accompagne partiellement d’un phénomène de moyennisation. Il est possible de dire que la catégorie 
sociale la plus « moyenne » de la société française est celle des professions intermédiaires : ces professions ne sont ni au sommet de la 
hiérarchie sociale ni à sa base tant  en matière de niveau de diplôme, de salaire moyen et de reconnaissance sociale. Or, les chances 
d’accéder à cette position sociale sont à peu près identiques selon l’origine sociale. Par exemple, environ 25% des fils de cadres âgés de 
40 à 59 ans en 2003 sont devenus membres des professions intermédiaires, comme environ 30% des fils de membres des professions 
intermédiaires, 20% des fils d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise, 20% des fils d’ouvriers et 25% des fils d’employés.  
Enfin, on peut cependant regretter qu’il subsiste de fortes inégalités des chances dans la société française, contrairement aux prédictions 
de Tocqueville. La position sociale des enfants est régulièrement proche de celle des parents. Par exemple, sur 100 fils de cadres âgés de 
40 à 59 ans en 2003, 55 environ sont eux-mêmes devenus cadres tandis que seulement 10 sont devenus ouvriers. A l’opposé, sur 100 fils 
d’ouvriers, environ 50 sont devenus eux-mêmes ouvriers et 10% sont devenus cadres.