Les urgences neurologiquesBAILLOT 2012

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Les urgences neurologiques
Dr Pierre-Alexandre Baillot
Service de neurologie – hôpital Bon Secours à Metz
Chef de clinique – faculté de médecine de Nancy
Pour tout patient
« neurologique »…
Commencer par faire :
une glycémie capillaire !!!
Les méningites et méningo-encéphalites
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Les méningites et méningo-encéphalites
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À évoquer devant toute céphalée fébrile
À évoquer devant toute confusion fébrile
Mesures de protection : isolement respiratoire
signes de focalisation (déficit moteur, troubles phasiques…) :
scanner cérébral avant la ponction lombaire le plus vite possible
Si imagerie avant PL : faire biologie usuelle avec hémocultures et
injecter une dose d’antibiotique avant de partir en imagerie
PL :
Cyto-bactério-chimie : augmentation des cellules du LCR? (normale
inférieure à 5),examen direct et mise en culture, PCR bactériennes,
virales, augmentation de la protéinorachie? (normale inférieure à
0.5g/l), hypoglycorachie ? (si < glycémie capillaire/2), élévation des
lactates?
Principales étiologies : virus épidémiques saisonniers, HSV, VZV,
méningocoque, pneumocoque, listeria
• Les PCR sont très spécifiques et de plus en plus sensibles
• Pourquoi demander une PCR entérovirus ? → première cause
de méningite virale
• Méningite à listeria : pas toujours d’installation sub-aiguë car dans
1/3 des cas installation sur – de 24h, le tableau de
rhombencéphalite (atteinte des paires crâniennes) ne concerne que
-10% des patients
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Lactates LCR :
Si < 3.2 mmol/l : méningite virale
PCT sérique :
Si < 0.2ng/ml : méningite virale (Se, Sp de 100%)
Ni le scanner cérébral ni la
ponction lombaire ne sauveront le
patient …
Les accidents vasculaires cérébraux
• 80% ischémiques, 20% hématomes : aucun critère clinique fiable
pour les différentier
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130 000 AVC par an en France
1ère cause de handicap non traumatique
2ème cause de démence
3ème cause de décès
Tout déficit neurologique d’installation brutale
est un AVC jusqu’à preuve du contraire
• hémiplégie, hémiparésie, troubles sensitifs, troubles phasiques
(d’expression et/ou de compréhension), amputation du champ
visuel, cécité brutale, vertige
Quelles sont les atteintes visuelles
pouvant être en rapport avec un AVC ?
Filière THROMBOLYSE : toujours passer par le centre 15
sauf pour un patient dans l’enceinte d’un établissement
avec UNV
Le patient se présente au SAU
• Conduite à tenir :
• avertir un urgentiste
sénior immédiatement
• Allonger le patient, lever
interdit
• Neurologue de garde
contacté par le médecin
urgentiste
• Conduire le patient en
imagerie SANS délai
QCM
• Quelles sont les affirmations exactes ?
• 1/ le délai maximal de réalisation de la thrombolyse IV
est de 3h
• 2/ le délai maximal de réalisation de la thrombolyse IV
est de 4h30
• 3/ le délai maximal de réalisation d’une thrombolyse IA
est de 6h pour un accident de circulation antérieure
• 4/ le délai maximal de réalisation d’une thrombolyse IA
est de 12h pour un accident de fosse postérieure
QCM
• Quelles sont les affirmations exactes ?
Le traitement par thrombolyse ne peut pas être effectué chez :
• 1/ des patients de plus de 80 ans
• 2/ des patients traités par un antiagrégant (kardégic, plavix)
• 3/ des patients traités par un anticoagulant (previscan, coumadine,
sintrom)
• 4/ des patients ayant une TA > 185/110
La thrombolyse IV
• Principe : injecter un médicament fibrinolytique (ACTILYSE) en IV
pour tenter de dissoudre le caillot
• Dose totale : 0.9 mg/kg avec dose max. de 90 mg
• Bolus 10% de la dose totale sur 1 min puis les 90% restant sur 1
heure en SE
• Plus l’injection est précoce plus la probabilité de recanalisation est
élevée et le pronostic meilleur
céphalées
• Les urgences des urgences :
• L’hémorragie méningée :
toute céphalée intense, brutale, « en coup de
tonnerre » est une hémorragie méningée jusqu’à
preuve du contraire
• Thrombophlébite cérébrale
• Méningite aiguë
coma
Principales étiologies des comas :
3 cadres étiologiques
• Neurologiques : causes vasculaires (imagerie),
infectieuses (fièvre, sd inflammatoire) dont paludisme si voyage
sous les tropiques, tumeur (imagerie), épilepsie, post-traumatique
• Toxiques : alcool, opiacés, CO, organophosphorés, lithium,
benzodiazépines, barbituriques, tricycliques
• → toxiques et stupéfiants urinaires, alcoolémie, GDS avec
carboxyhémoglobinémie (autres examens en fonction du contexte)
• Métaboliques : hypoglycémie, troubles ioniques,
insuffisances rénale, hépatique, respiratoire, endocrinienne (ISA),
carences vitaminiques
• → glycémie capillaire (à faire en 1er), biologie usuelle, GDS
artériel
État de mal épileptique
• Protéger le patient:
• PLS, liberté des voies aériennes supérieures, oxygène au masque
• Pose d’une VVP
• Rechercher une étiologie:
• Glycémie capillaire
• Antécédents, traumatisme crânien (plaie cuir chevelu…), fièvre,
déficit neurologique (scanner cérébral), troubles métaboliques et
toxiques (biologie usuelle…)
• Traiter les crises (cf planche suivante)
• Traiter la (les) causes des crises
• Par exemple : évacuer un hématome sous dural ….
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Traiter les crises:
1/ benzodiazépine
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2/ benzodiazépine et
antiépileptique de 2 ème ligne :
gardenal (surveiller la respiration)
ou prodilantin (patient scopé,
troubles du rythme)
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3/ prodilantin si gardénal donné en
2/ ET inversement gardénal si
prodilantin donné en 2/
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4/ nesdonal chez un patient
intubé
Rivotril ou valium
↓
Rivotril ou valium ET gardenal ou
prodilantin
↓
Autre médicament de 2ème ligne
que celui utilisé juste avant (si
pas de CI)
↓
nesdonal
La myasthénie
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Maladie de la jonction neuromusculaire
Étiologie auto-immune
Signes évocateurs : Fatigabilité musculaire, diplopie, ptosis, dysphonie,
troubles de la déglutition…
Signes intermittents
Aggravation des symptômes au cours de la journée
Crise myasthénique :
Urgence vitale par atteinte respiratoire
Diagnostic différentiel : crise cholinergique → myosis, hypersalivation,
hypersécrétion bronchique, douleurs abdominales, diarrhée…
• Traitement : échanges plasmatiques, immunoglobulines, symptomatique,
d’un facteur déclenchant (ex: une infection), arrêter un médicament contreindiqué
PENSER A LA MYASTHENIE DEVANT UNE DETRESSE RESPIRATOIRE
SANS ETIOLOGIE EVIDENTE
Le syndrome de Guillain-Barré
• Maladie aiguë inflammatoire entraînant une
démyélinisation segmentaire et focale des racines et
des nerfs
• Peut être un motif de difficultés à la marche chez un
patient jeune…
• Déficit moteur et sensitif, progression ascendante
• Atteinte bilatérale
• Gravité : atteinte respiratoire et troubles de déglutition
• Évolution en 3 phases :
Le syndrome de Guillain-Barré
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Diagnostic :
PL : rechercher une dissociation albumino-cytologique
(↑ des protéines, sans ↑ des cellules)
EMG
• Surveillance : respiration +++ (attention une bonne
saturation ne doit pas rassurer !), risques de
dysautonomie, attention au risque de fausses routes !
• Traitement : immunoglobulines, échanges
plasmatiques, prévention des complications (fausses
routes, thrombo-emboliques, infectieuses)
Cas clinique 1
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Patiente de 22 ans, opticienne, consulte au SAU
Céphalées
Fièvre et vomissements
Pas de signe de focalisation, pas de syndrome méningé
Scanner cérébral : sans particularité
Diagnostic : syndrome grippal, retour à domicile
Consulte à nouveau au SAU 48 h après
Pas de déficit, pas de raideur de nuque
Ralentissement idéo-moteur
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Conduite à tenir ? Hypothèse(s) diagnostique(s) ?
Biologie usuelle (dont NF-plaq, TP, TCA, fibrinogène)
PL : cyto-bactério-chimie, examen direct, cultures
En fonction de l’examen cyto-bacterio-chimique : PCR entérovirus, PCR virus HSV1
et HSV2, PCR listeria
IRM encéphalique (pas en urgence)
EEG (sa normalité ne doit pas faire écarter le diagnostic d’encéphalite herpétique)
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Quelles sont les règles à appliquer lors
de la réalisation d’une PL ?
• Respect des règles d’asepsie
• S’assurer avant de la ponction de l’absence de prise
d’anticoagulants, geste contre-indiqué si INR > 1.5
• prudence si patient sous plavix (pas une contreindication absolue) ou association d’anti-agrégants
• vérifier plaquettes et hémostase
• Prélever au moins 6 tubes de 12 – 15 gouttes chacun
• hyperhydratation dans les 48 heures qui suivent la
ponction, boissons riches en caféine
Quelles sont les règles à appliquer lors
de la réalisation d’une PL ?
• Utiliser des aiguilles “atraumatiques” pour
réduire le risque de syndrome post-PL
Revenons à notre patiente…
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Résultats de la ponction lombaire :
Protéinorachie : 1.4g/l
Glycorachie normale (fonction de la glycémie capillaire)
34 leucocytes/mm3
312 hématies/mm3
Examen direct négatif
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Conduite à tenir ?
Débuter un traitement par aciclovir dans l’hypothèse d’une méningoencéphalite herpétique : 10 (à 15) mg/kg X 3 par jour pendant 14 j
Débuter une antibiothérapie en complément jusqu’à réception des cultures
et PCR
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La PCR HSV2 reviendra positive…
IRM encéphalique, séquences
FLAIR et T2*
• Patiente mise sous aciclovir délivré en intra-veineux pendant 2
semaines. Vous êtes affecté en tant qu’IDE dans le service de
neurologie où est hospitalisée la patiente.
• Quels doivent être LES paramètres essentiels de votre
surveillance ?
• Bilan entrée / sortie, surveiller hydratation : risque majeur
d’insuffisance rénale aiguë → 2 litres de salé isotonique/jour,
encourager la patiente à s’hydrater, éviter autres médicaments
néphrotoxiques, surveillance rapprochée de la fonction rénale et du
ionogramme
• fièvre
• Vigilance, orientation, déficit ?
Cas clinique 2
• Patient de 54 ans, tabagisme à 35 PA
• Présente en début d’après-midi des céphalées orbitaires gauches
très intenses et qui sont arrivées « d’un coup » pour reprendre les
propos de son épouse…
• Automédication par paracétamol
• Un épisode de vomissements dans la soirée
• Le lendemain matin, son épouse est réveillée car il présente des
mouvements tonico-cloniques et des troubles de vigilance
• Sortie SMUR
• À l’arrivée des secours à domicile : troubles phasiques, hémiplégie
droite, hémodynamique normale, pas de signe de détresse
respiratoire
• Transfert en imagerie à Bon Secours
• En radiologie : troubles phasiques mixtes, hémiparésie droite
Une céphalée intense, d’installation brutale est une
hémorragie méningée jusqu’à preuve du contraire
Cas clinique 3
• Patiente de 70 ans
• Tabagisme 30 PA
• Vertige rotatoire au réveil, malaise avec perte de
connaissance
• Au SAU : glasgow 8, hémiplégie gauche
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Diagnostic ? Conduite à tenir ?
1ère hypothèse : AVC du tronc basilaire
Contacter le neurologue de garde
Sécuriser la patiente, scope, VVP, oxygène, PLS
Le neurologue de garde demande à l’examiner
sans délai en radiologie…
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Vous êtes IDE et travaillez ce jour là aux UNV. Vous vous rendez dans le
service d’imagerie avec le neurologue. Ce dernier l’examine et définit le
score NIHSS.
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Quelle est à ce stade (en règle générale) votre conduite à tenir ?
Faire une glycémie capillaire
Prélèvement biologique comportant NF-plaq, TP, TCA, fibrinogène,
ionogramme, fonction rénale, CRP
pose d’une VVP (si pas déjà fait…)
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Une imagerie est réalisée :
IRM : examen plus précis que le scanner, mais plus long, prudence si
troubles de vigilance, vomissements, risque d’agitation, CI = PM
Scanner : rapide, de plus en plus informatif (scanner de perfusion),
attention à l’allergie à l’iode
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Diagnostic : occlusion du tronc basilaire, infarctus en cours de constitution
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CAT ?
Thrombolyse intra-veineuse
Hospitalisation dans le secteur d’UNV
Peser la patiente (définir la dose de thrombolytique)
Faire un ECG
Prise des paramètres : TA aux 2 bras (dissection ?), FC, T°C, saturation
Récupérer taux de plaquettes, bilan d’hémostase (min)
Vérifier absence de contre-indication à la thrombolyse IV
Probabilité de recanalisation faible dans les occlusions du tronc basilaire :
transfert médicalisé au CHU pour thrombectomie en complément de la
thrombolyse IV (artériographie, en neuroradiologie) le plus vite possible !
Cas clinique 4
• Patient de 75 ans
• Antécédent d’ACFA, dyslipidémie, HTA, diabète
• traitement : préviscan, tahor, lasilix, insuline en 2
injections/j
• Retrouvé dans sa cuisine : somnolent, hémiplégie droite,
mutique
• TA : 185/80, FC : 95/min
• Glycémie capillaire : 2.5 g/l
• Température : 39°C
• Saturation : 95% en air ambiant
Amené directement en imagerie…
Que va-t-il falloir obtenir rapidement ?
Conduite à tenir ?
• Mise en sécurité :
• PLS, à jeun, pose d’une VVP en prélevant biologie usuelle dont
plaquettes, TP, TCA, fibrinogène et INR
• Récupérer le plus rapidement possible l’INR :
Si INR > 1.5 : PPSB + vitamine K en iv
↓
Contrôler INR ½ heure après
↓
Si INR > 1.5 : refaire une dose de PPSB
• Débuter un traitement anti-hypertenseur à la SE : maintenir une TAS
< 160
• Traitement antipyrétique (rechercher et traiter une cause à la fièvre)
• Optimiser chiffres glycémiques
• Surveillance du déficit, vigilance, pupilles, glasgow
• Surveillance diurèse, attention mictions par regorgement, bladder
scan, pose SU
• Étiologie(s) de l’hématome intraparenchymateux ?
• Hématome profond, + 50 ans, ATCD d’HTA : l’HTA !!!
• Favorisé par prise d’AVK (surtout si surdosage)
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