Université Pierre et Marie Curie 2013-2014
Probabilités élémentaires - LM345 Feuille 4 (semaine du 7 au 11 octobre 2012)
Variables aléatoires discrètes : loi et espérance.
1. Espérance et probabilité Soit (Ω,F,P)un espace probabilisé. Soit A∈ F un
événement, justifier que E[A] = P(A)
2. On effectue des lancers successifs et indépendants d’une pièce qui tombe sur pile
avec probabilité pet sur face avec probabilité 1p.
a) Décrire le modèle probabiliste utilisé pour modéliser cette situation.
b) On appelle T1le numéro du premier lancer où l’on obtient pile. Déterminer la loi de
T1.
c) Pour tout i1, on appelle Tile numéro du lancer où l’on obtient pile pour la i-ième
fois. Déterminer la loi de Tipour tout i1.
Solution de l’exercice 2.
a) On considére une suite de variables indépendantes (Xi)
i=1 de meme loi, variables de
Bernouilli de paramètre p.Xireprésente le lancer numéro i, sachant que si Xi= 1 c’est
que le résultat du lancer est pile.
b) Soit k1un entier. On a clairement {T1=k}={X1= 0, X2= 0, . . . , Xk1=
0, Xk= 1}. Ainsi P(T1=k) = (1 p)k1p. Autrement dit, T1suit une loi géométrique de
paramètre 1p.
c) Voir l’exercice 7 de la feuille 2.
3. Dans une population de noiseaux, on en capture mque l’on bague puis que l’on
relâche. Un peu plus tard, on en capture à nouveau m.
a) Soit k∈ {0, . . . , n}. Quelle est la probabilité que parmi les moiseaux capturés, k
soient bagués ?
b) Pour quelle valeur de kla probabilité calculée ci-dessus est-elle maximale ?
Solution de l’exercice 3.
a) Sans tenir compte de l’ordre de capture, il y a Cm
nmanières de capturer les m
oiseaux, que l’on suppose équiprobables. Capturer manimaux dont kbagués revient à en
capturer kparmi les mbagués (Ck
mpossibilités) et mkparmi les nmnon bagués
(Cmk
nmpossibilités, en supposant mknm, autrement dit k2mn, car sinon la
probabilité est nulle), le nombre de manières de la faire est donc :
Ck
mCmk
nm=m!(nm)!
k!(mk)!2(n2m+k)!.
1
Et la probabilité correspondante vaut :
P(n, m, k) = Ck
mCmk
nm
Cm
n
=m!2(nm)!2
n!k!(mk)!2(n2m+k)!.
b) Si kest tel que max(0,2mn)k < m, on obtient, en mettant le dénominateur
sous forme canonique (en la variable k) :
P(n, m, k + 1)
P(n, m, k)=(mk)2
(k+ 1)(n2m+k+ 1) =(mk)2
(n/2+1(mk))2(n/2m)2.
Ce ratio est décroissant en k. Pour k=m1(dernière valeur), le numérateur vaut 1et
donc le ratio est strictement inférieur à 1.P(n, m, k)est donc croissant en kjusqu’à un
certain max(0,2mn)k0m2, et ensuite décroissant pour kk0(voire décroissant
depuis le début si k0= max(0,2mn)). Il reste à déterminer k0qui va réaliser le maximum
de la probabilité. D’après la formule précédente, on a :
P(n, m, k + 1)
P(n, m, k)>1(mk)2<(n/2+1(mk))2(n/2m)2.
En développant, cela se simplifie en :
P(n, m, k + 1) > P (n, m, k)(n+ 2)k < m2+ 2mn1.
Ainsi P(n, m, k)est maximal pour
k=k0:= 1 + m2+ 2mn1
n+ 2 =(m+ 1)2
n+ 2 .
Si (m+1)2
n+2 est entier, la valeur maximale est réalisée aussi atteinte pour k01, sinon elle
n’est atteinte que pour k0. On n’est pas surpris de constater que la valeur de kmaximisant
P(n, m, k)est telle que la proportion d’oiseaux bagués k/m capturés la seconde fois est
très proche de celle dans la population m/n.
4. Soit Xune variable aléatoire à valeurs dans N. Pour tout n0, on note pn=
P(X=n)et on suppose pn>0. Soit λ > 0un réel. Montrer que les deux assertions
suivantes sont équivalentes.
1. La variable aléatoire Xsuit la loi de Poisson de paramètre λ.
2. Pour tout n1, on a pn
pn1
=λ
n.
Solution de l’exercice 4. La première assertion s’écrit aussi nN,pn= exp(λ)λn
n!.
Il est clair que cela entraine la seconde assertion.
Supposons maintenant la seconde assertion vraie. Par récurrence sur n, on obtient
immédiatement
pn=p0
λn
n!.
2
Il reste à déterminer p0. Grâce à la formule précédente, l’égalité PnNpn= 1 s’écrit
p0PnN
λn
n!= 1, ou encore p0exp(λ) = 1. D’où le résultat.
5. Soient α, β ]0,1[ deux réels. Pour tout (i, j)N2, on pose pi,j =αβ(1α)i(1β)j.
a) Montrer qu’en posant P({(i, j)}) = pij pour tout (i, j)N2, on définit une mesure
de probabilités sur N2muni de la tribu P(N2).
Pour tout (i, j)N2, on pose X((i, j)) = iet Y((i, j)) = j.
b) Déterminer la loi de Xet la loi de Y.
c) Calculer P(X < Y ),P(X=Y)et P(X > Y ).
Solution de l’exercice 5.
a) Il s’agit de vérifier que (i, j)N2,pi,j 0et P(i,j)N2pi,j = 1. La positivité des
pi,j est évidente d’après leur définition. En utilisant PiNxi= 1/(1 x)pour x= 1 α
et x= 1 β, on obtient :
X
(i,j)N2
pi,j =X
iNX
jN
αβ(1 α)i(1 β)j=X
iN
α(1 α)i= 1.
b) Soit kN. En utilisant encore PjNβ(1 β)j= 1, on obtient :
P(X=k) = X
(i,j)N2
pi,j {k}(i) = X
jN
pk,j =α(1 α)k.
Ainsi, Xsuit une loi géométrique de paramètre 1α. De même, P(Y=k) = β(1 β)k,
autrement dit Ysuit une loi géométrique de paramètre 1β.
c)
P(X < Y ) = X
(i,j)N2
i<j
pi,j =
X
i=0
X
j=i+1
pi,j .
Comme pour tout iN,P
j=i+1 β(1 β)j= (1 β)i+1, cela donne
P(X < Y ) =
X
i=0
α(1 α)i(1 β)i+1 =
X
i=0
α(1 β) ((1 α)(1 β))i
=α(1 β)
1(1 α)(1 β)=ααβ
α+βαβ .
De même (en échangeant les rôles de Xet Y, donc de αet β), on obtient
P(X > Y ) = βαβ
α+βαβ .
3
On peut calculer P(X=Y)directement en sommant les pi,i, ou alors on peut utiliser le
fait que les parties {X=Y},{X < Y }et {X > Y }forment une partition de N2et les
résultats précédents :
P(X=Y)=1P(X > Y )P(X < Y ) = α+βαβ (βαβ)(ααβ)
α+βαβ =αβ
α+βαβ .
6. Soit Xune variable aléatoire à valeurs dans Nadmettant une espérance E[X].
Montrer qu’on a l’égalité
E[X] = X
n1
P(Xn).
Solution de l’exercice 6. On a
E[X] = X
n1
nP(X=n)
=X
n1
n(P(Xn)P(Xn+ 1))
= lim
N+N
X
n=1
nP(Xn)
N
X
n=1
nP (Xn+ 1)
= lim
N+N
X
n=1
nP(Xn)
N+1
X
n=2
(n1)P(Xn)
= lim
N+P(X1) (N+ 1)P(XN+ 1) +
N+1
X
n=2
P(Xn)
= lim
N+(N+ 1)P(XN+ 1) +
N+1
X
n=1
P(Xn)
=X
n1
P(Xn).
Le fait que (N+ 1)P(XN+ 1) soit de limite nulle découle de la convergence de la série
PnP(X=n).En effet NP[XN] = E[N11XN]E[X11XN] = P
i=NiP[X=i].
7. Soient X, Y : (Ω,F,P)Rdeux variables à valeurs dans N. Montrer de deux
façons différentes que
X
n0
nP(X=n) + X
n0
nP(Y=n) = X
n0
nP(X+Y=n).
4
Solution de l’exercice 7. Le membre de gauche est E(X) +E(Y)et le membre de droite
est E(X+Y). Par linéarité de l’espérance, ils sont donc égaux.
Donnons une deuxième démonstration de cette égalité. Calculons le membre de droite.
On trouve
X
n0
nP(X+Y=n) = X
n0
n
X
k=0
nP(X=ket Y=nk)
=X
n0X
k0
{kn}nP(X=ket Y=nk)
=X
k0X
n0
{kn}nP(X=ket Y=nk)
=X
k0X
nk
nP(X=ket Y=nk)
=X
k0X
l0
(k+l)P(X=ket Y=l)
=X
k0
kX
l0
P(X=ket Y=l) + X
l0
lX
k0
P(X=ket Y=l).
Dans le premier terme de la dernière ligne, pour tout k0, la somme sur lest la somme
des probabilités d’événements deux à deux disjoints dont la réunion vaut {X=k}. De
même, dans le deuxième terme, pour tout l0, la somme sur kest la somme des
probabilités d’événements deux à deux disjoints dont la réunion vaut {Y=l}. Ainsi, on
trouve X
n0
nP(X+Y=n) = X
k0
kP(X=k) + X
l0
lP(Y=l),
ce qui, au nom des indices près, est la formule voulue.
8. Fonction génératrice Soit (Ω,F,P)un espace de probabilités. Soit X: Ω R
une variable aléatoire telle que X(Ω) N.
a) Montrer que pour tout réel s[0,1], la fonction sXest une variable aléatoire
intégrable. On rappelle que par convention, 00= 1.
On appelle fonction génératrice de Xla fonction
GX: [0,1] R
s7−E[sX].
b) Montrer que GXest une fonction positive croissante. Calculer ses valeurs en 0et en
1.
c) Calculer la fonction GXlorsque Xsuit l’une des lois suivantes :
(i) Bernoulli de paramètre p[0,1],
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