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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005
forts encore ; des prises, des crises, des entrées,
des sorties, des connecteurs… Un écran, des cla-
viers, des roulettes, des chariots, une souris… Ne
manque plus que le raton laveur, et le Grand
Jacques n’aurait pas renié cet inventaire !
Àquand l’appareil simple, ergonomique, trans-
portable ? À l’heure du tout petit, du microsco-
pique, au royaume de la miniaturisation, du wifi,
du Bluetooth, du sans fil, du portable, pourquoi
supportons-nous encore ces affreuses machines
vert-de-gris antédiluviennes, tentaculaires, véri-
tables mille-pattes informatiques ? Et si, au
moins, cela permettait d’être plus précis, plus
performant, plus savant ! Que nenni ! Pas d’in-
telligence embarquée, pas de système expert,
pas de dépistage automatique d’artefact, pas
d’autocorrection des paramètres d’analyse. Un
vulgaire ordinateur de tous les jours pour le prix
d’une salle des machines ! Que nous apportent
en réalité ces machines d’aujourd’hui par rap-
port à nos machines d’antan ? Rien… On ne
mesure toujours que des pressions, et les unités
et les calculs (simplissimes) sont toujours les
mêmes. On peut certes archiver, exporter et
générer un rapport, mais cela est bien un mini-
mum ! Nous avons même perdu la compacité (et
la robustesse) de certains dinosaures qui nous
ont rendu les mêmes services. Alors, à l’heure où
l’ergonomie est reine au travail, à la maison, en
voiture, plaidons pour une vraie valeur ajoutée
à nos matériels.
É
CONOMIQUE
...
L’exploration urodynamique n’est ni écono-
mique pour le patient, ni rentable pour le méde-
cin. En attendant l’application tarifaire de la nou-
velle nomenclature, il faut bien constater que le
prix de revient d’un examen est extrêmement
important depuis la généralisation du tout-
usage unique. De plus, certaines populations
induisent une modification de la pratique, aug-
mentant le temps et souvent la complexité de
l’examen (neurologiques, personnes âgées,
enfants). Le peu de rentabilité pousse nombre
de praticiens à arrêter ce type d’activité et par-
fois, ce qui est pire, à la sous-traiter à un per-
sonnel paramédical pas toujours performant.
Coût des consommables, prix des automates de
mesure, temps mobilisé, codification peu “allé-
chante” sont autant de freins. Pourtant, les
besoins sont créés, les recommandations
médico-économiques (ANAES) et scientifiques
existent…
N
ON INVASIF
...
Certainement pas ! Le risque d’infection urinaire
n’est pas négligeable (cf. revue de presse dans
ce même numéro), avec même la possibilité de
pyélonéphrite, de septicémie et, chez l’homme,
d’urétroprostatite. Les urétrorragies, les bles-
sures urétrales existent, tout comme les bles-
sures psychologiques. Une exploration urody-
namique n’est jamais anodine, jamais neutre. La
position, la nudité… La pénétration des sondes
dans des orifices si personnels… Le corps sou-
mis, consentant, parfois humilié… Ce corps tou-
jours nu, cru. L’acceptation n’exclut pas la
pudeur, l’abandon la crainte, le consentement,
la honte. Il ne faut jamais banaliser cet examen.
S
ENSIBLE ET SPÉCIFIQUE
…
L’exploration urodynamique ne permet pas de
tout résoudre, de tout comprendre, de tout espé-
rer. Elle ne permet pas toujours de mieux soigner.
Mise en évidence du ou des facteurs physiopa-
thologiques d’un trouble sphinctérien donné,
recherche d’un élément étiopathogénique,
dépistage des facteurs de risque, évaluation du
pronostic, détermination du retentissement sont
les buts avoués de cet examen. Mais quelle est
sa réelle sensibilité ? Les réponses ne sont que
parcellaires, et encore, dans certaines popula-
tions bien ciblées (incontinence urinaire à l’ef-
fort de la femme, hyperactivité vésicale du
patient neurologique, syndrome obstructif de
l’homme). Qui pourra à tous coups trancher
devant une dysurie entre une cause vésicale ou
sphinctérienne, entre le strié et le lisse, entre le
neurologique et l’obstrué, entre le psychogène
et l’organique, entre le iatrogène et le vieillisse-
ment détrusorien ? Qui pourra jurer de la néces-
sité des autosondages, d’une désactivation phar-
macologique de la vessie, de l’opportunité d’une
chirurgie ? L’urodynamique rend humble. L’uro-
dynamique redonne noblesse et préséance à la
clinique. L’urodynamique nous fait revivre, doc-
teurs. Et c’est bien l’un de ses grands mérites.
A
ISÉÀINTERPRÉTER
,
NON OPÉRATEUR
-
DÉPENDANT
...
D’artefacts en interprétations, d’équivoques en
certitudes, d’analyses en découvertes, de doutes
en certitudes, telle une rivière oubliée, les
arcanes du diagnostic urodynamique se perdent
en méandres confus… Quelques fils d’Ariane mal
éditorial
DR