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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002
Que restera-t-il
de la rééducation périnéale ?
Résumé : 42 patients (âge moyen 64, sd
4,2) ayant une incontinence urinaire post-
prostatectomie pour cancer ont été rando-
misés. Le premier groupe (28 patients)
bénéficiait d’une rééducation classique
par biofeedback EMG (15 séances, 30 mn,
3 fois/semaine) avec un kinésithérapeute
rompu à cette technique, complétée par la
réalisation d’exercices d’autorééducation
d’entretien à domicile (50 à 100 par jour).
Le deuxième groupe (14 patients) recevait
uniquement des instructions d’autoréédu-
cation après un examen préalable qui
consistait à examiner digitalement le
sphincter anal et à montrer au patient la
contraction anale sans solliciter les abdo-
minaux. Dans ce groupe, les patients
devaient réaliser 100 contractions journa-
lières en 4 sessions de 25, avec une
contraction durant de 3 à 5 secondes avec
une période de relaxation de 6 à 10 secondes.
Ces exercices devaient être réalisés en
décubitus au début, puis en position
assise et debout en quelques semaines.
Tous les patients étaient évalués à 1, 2, 3
et 6 mois par questionnaire et pad test. Le
taux de continence à 6 mois était de 91 %
(pad test <1g) et de 95 % (moins d’une
garniture par jour) sans différence entre
les deux groupes.
Commentaires : la rééducation périnéale
est efficace pour améliorer très significati-
vement l’incontinence postprostatecto-
mie, seulement 4/42 patients dans cette
étude restant incontinents à J + 6 mois et
le taux de patients n’utilisant aucune gar-
niture atteignant 74 %. Il est cependant
très intéressant de noter que la simple ins-
truction verbale succédant à un examen
clinique avec démonstration des exercices
est aussi efficace que la rééducation clas-
sique auprès d’un thérapeute. Moins
chère, moins contraignante pour le
patient, aussi efficace... Alors, pourquoi ne
pas décliner cette très intéressante étude
dans les autres domaines de la rééduca-
tion périnéale (incontinence urinaire et
anale du post-partum, par exemple) ? G.A.
Floratos D, Sonke G, Rapidou C, Alivizaros G,
Deliveliotis C, Constantinides C, Theodorou C.
Biofeedback vs verbal feedback as learning tools for
pelvic muscle exercises in the early management of
urinary incontinence after radical prostatectomy.
Br J Urol International 2002 ; 89 : 714-9.
Enfin une utilité de la
sphinctérométrie dans les
troubles vésico-sphinctériens ?
Résumé : Clare Fowler et al. rapportent
une série de 66 femmes (âge moyen 33,1,
extrêmes 17-51) atteintes de rétention
complète ou incomplète d’urine chez qui
une analyse électromyographique du
sphincter urétral a été réalisée (66 cas) et
comparée à une mesure des pressions
urétrales en sphinctérométrie (59 cas) et
au volume du sphincter urétral par écho-
graphie transvaginale (47 cas). Deux
groupes étaient individualisés : le premier,
manifestement atteint de Clare Fowler
syndrome (avec anomalies EMG de type
rafales pseudo-myotoniques), et le
second, indemne de toute modification
EMG. Quarante femmes ont eu l’ensemble
des trois explorations (EMG, échographie,
sphinctérométrie). Il existe de manière
statistiquement significative une hyperto-
nie urétrale (103 ± 26 vs 76,7 ± 18,4 cm
H2O) chez les patientes avec anomalies
EMG (38/59) et une augmentation de
volume du sphincter en échographie (2,29
± 0,64 vs 1,62 ± 0,32 cm3[30/47]).
Commentaires : le Clare Fowler syndrome
est caractérisé par des troubles miction-
nels à type de rétention urinaire complète
ou incomplète chez la femme jeune aux
antécédents fréquents d’ovaires polykys-
tiques, succédant souvent à une chirurgie,
s’accompagnant d’anomalies EMG carac-
téristiques, à savoir des rafales pseudo-
myotoniques dans le sphincter strié uré-
tral (complex repetitive discharges,
decelarating bursts). Cette activité spon-
tanée déterminerait une impossibilité de
relaxation du sphincter. Les bilans neuro-
logique et urologique sont toujours néga-
tifs. Les autosondages sont le traitement
usuel, avec un signe souvent rapporté par
la patiente, à savoir une pénétration aisée
de la sonde, mais une difficulté à retirer le
cathéter comme freiné par un spasme
(grasping des Anglo-Saxons). La neuro-
modulation des racines sacrées a été pro-
posée car démontrée comme très efficace
pour restaurer les mictions. La physiopa-
thologie et l’étiopathogénie de ce syn-
drome restent bien obscures. Des modifi-
cations hormonales responsables d’une
altération des courants ioniques (sodium
ou chlore) des membranes musculaires
est évoquée par assimilation à ce qui a été
mis en évidence depuis quelques années
dans les myotonies et la paralysie pério-
dique où l’on trouve les mêmes types
d’anomalies EMG. L’activité continue
anormale du sphincter conduirait, outre
un défaut de relaxation responsable de la
rétention, à une hypertrophie de celui-ci.
Ainsi, devant une rétention d’urine chez la
femme, la constatation d’une franche
hypertonie urétrale doit conduire à la pra-
tique d’une électromyographie du sphinc-
ter strié urétral à la recherche d’activité
spontanée. Reste le problème non fran-
chement résolu de la variabilité, de la
méthodologie, de la reproductibilité et
des valeurs pathologiques de la pression
urétrale en sphinctérométrie. G.A.
Wiseman OJ, Swinn MJ, Brady CM, Fowler CJ.
Maximum urethral closure pressure and sphincter
volume in women with urinary retention.
J Urology 2002 ; 167 : 1348-52.
Après la canneberge,
le pamplemousse...
Résumé : les auteurs ont analysé l’effet
potentiellement lithogène de l’ingestion
de jus de pamplemousse. Après absorp-
tion de 3 fois 240 ml de jus de pample-
mousse par jour, il existe une augmenta-
tion statistiquement significative par
rapport à un groupe témoin de l’excrétion
moyenne d’oxalates et de citrate par 24
heures, alors qu’il n’existe pas de modifi-
cation de la diurèse, de la créatinine
excrétée, de l’oxalate de calcium et de
l’acide urique.
Commentaires : ainsi, expérimentale-
ment, la consommation de jus de pample-
mousse n’augmente pas le risque litho-
gène dans cette étude qui contredit une
étude épidémiologique (Curhan et al., Ann
Med Int, 1996). Continuons donc à
Revue de presse