chacune des disciplines. L’Ecole Historique4 proposait ainsi une annexion de
l’Economie, avec ses méthodes, par l’Histoire, l’économiste se transformant
ainsi en historien de l’économie. Sa mission évolue dans le sens d’un travail
de collecte et d’analyse des données empiriques en vue d’en dégager des
conclusions et des modèles plus généraux. Face à de telles propositions, on
comprend la violence de la réaction autrichienne, C.Menger notamment,
pour qui la science économique a un tout autre statut et une toute autre
définition. On remarquera que cette opposition suscite toujours des
commentaires (Labrousse, 2002 ;.Nadeau, 2003) qui ne se bornent pas à
l’opposition traditionnelle stérile entre inductivisme et déductivisme5. Ces
apports s’inscrivent dans un débat plus général concernant les rapports
entre l’Economie et l’Histoire (Hodgson, 2001) et l’objet exact de la science
économique. Malgré la richesse de la littérature traitant de cette thématique,
il nous semble que certaines dimensions importantes du Methodenstreit
n’ont pas été suffisamment prises en compte. C’est le cas concernant la
position de Knut Wicksell. Cet auteur suédois va lui-aussi être marqué par le
contexte culturel de langue allemande, et la querelle des méthodes va jouer
un rôle essentiel dans le positionnement de toute l’école suédoise. Sa
position, cependant, reste souvent méconnue alors même que dans un
article de 1904, intitulé lors de sa traduction anglaise en 1958 Ends and
Means in Economics, Wicksell va être amené à soulever toute une série de
questionnements et répondre, par la même, au sujet qui nous intéresse. A
l’image de son œuvre, Wicksell se positionne de manière originale au sein de
ce débat, tant vis à vis de l’Ecole Historique que vis à vis de la tradition
autrichienne.
4 Il est communément admis de reconnaître 3 générations d’école historique : la vieille école historique qui
débute vers 1870 avec Hildebrand, Roscher et Knies ; la jeune école historique avec Schmoller, Kapp et Held ; et
la toute jeune école historique à la fin du 19ième siècle avec Spiethoff, Sombart et Weber.
5Labrousse A., 2002 : « La querelle des méthodes n’est donc en rien le théâtre d’un affrontement entre un
Menger, pur déductiviste, et un Schmoller sombrant dans un inductivisme naïf . Les deux auteurs s’accordent sur
l’idée d’une combinaison des deux modes de théorisation mais se séparent quant à la nature même de cette
combinaison ».
3