L3S6 – SEG – HPE2 – r.foudi – Partie 2 : Introduction et Chapitres 5 à 9 : dissertation - Page 2 sur 11
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presque un siècle (voir le schéma annexe 1 de la dissertation). Lu de manière linéaire, ce mouvement
distingue l’amont, l’Ecole classique, et l’aval, l’Ecole marshallienne de Cambridge. Défini comme
« découverte », le marginalisme date de 1870-71, où a lieu la révolution marginaliste. En adoptant
les deux définitions, nous montrons dans une première partie le rôle de la période dite des
précurseurs, laquelle initie l’économie mathématique et promeut l’individualisme méthodologique
(I- Précurseurs). La seconde partie est consacrée à la révolution marginaliste proprement dite,
moment de la constitution de « l’Ecole marginaliste » par ses fondateurs (II-Fondements). La
propagation complexe des fondements par une filiation et une hétérodoxie, est l’objet de la troisième
partie (III-filiation et hétérodoxie). Nous serons ainsi en mesure de tirer en conclusion les
enseignements de cette lecture de l’Ecole marginaliste comme mouvement historique de la pensée
économique.
1- Précurseurs ou émergence de l’économie mathématique.
La révolution marginaliste de 1870 est précédée par trois phénomènes sans lesquels elle ne serait pas
connue comme telle :
- La promotion de l’analyse dynamique en mathématique
- Son utilisation par les précurseurs du marginalisme, lesquels écrivent tous avant 1870.
- Sa traduction en « économie mathématique »
L’un des résultats non généralisable à tous les précurseurs est l’élaboration d’une épistémologie:
l’individualisme méthodologique.
11- Le rôle des progrès mathématiques
Ce sont les progrès en mathématiques du « calcul différentiel » et plus généralement de la
« dynamique » qui, de Descartes (1637) à Weistrass (1815-1897) ont favorisé l’adoption du calcul à
la marge dès les précurseurs (dérivation, intégration de fonctions continues avant 1870). Si de
nombreux mathématiciens ont joué un rôle majeur (cf la présentation de A. Dahan-Dalmedico et J.
Peiffer), on retient particulièrement l’ « introductio in analysis infinitorum » d’Euler de 1748. Cette
influence de la mathématique ne doit pas faire oublier celle de la Statistique (I. Fisher, L. Von
Bortkiewicz par exemple), et surtout des probabilités, particulièrement au XIX
eme
siècle.
12- Les lois économiques et mathématiques de l’échange chez les précurseurs
L’analyse mathématique de l’échange, par le calcul à la marge, est en économie antérieure aux
précurseurs du marginalisme. L’utilité marginale était le concept essentiel pour des auteurs tels que :
Bernoulli, Bentham, Godwin, Lloyd, Longfield, Jennings. Il en est de même pour le concept de
« coût marginal » (Ricardo, Malthus). Ce sont toutefois les précurseurs, dont H Von Thünen,
Gossen, J.A Dupuit, qui définissent des lois économiques recourrant à ces concepts. La contribution
d’A.A Cournot, bien que située à la même époque, va au-delà et s’affirme comme la véritable
invention de l’économie mathématique.
Avec l’économiste Von Thünen (« L’Etat isolé » - 1824), la précision sémantique commence, et le
calcul différentiel, pour résoudre le problème de la maximisation, devient opérationnel. Cet ouvrage
énonce la loi de l’égalité des prix des facteurs de production et de leurs produits marginaux, c'est-
à-dire pour prendre l’exemple du facteur travail, le salaire est égal à la productivité marginale du
travail.
Dans son ouvrage de 1854, longtemps ignoré (« Exposition des lois de l’échange »), H. Gossen,
formule la loi de l’égalité des utilités marginales pondérées par les prix (ou loi de proportionnalité),
dans une analyse du comportement du consommateur.
La théorie de la valeur utilité devient ainsi une alternative mathématique à la théorie classique de la
valeur travail. Ce qu’elle ne pouvait être du temps de ses premières et anciennes formulations par
Condillac et Galiani au XVIII
eme
siècle (voire au XIII
eme
siècle chez Thomas d’Aquin) .
L’ingénieur économiste français, Jules Dupuit (1804-1866) dans ses nombreux travaux (mémoires,
articles etc..) applique ses capacités analytiques considérables à l'élaboration, dans le cadre de la
théorie de l'utilité, des fondements de la demande et des rapports entre l'utilité et la mesure du bien-