Controverses modernes dans le domaine monétaire Marc Lavoie, Université d’Ottawa Conférence à l’université d’été en histoire de la pensée économique Bergues, 2 au 7 septembre 2007 Résumé Les controverses modernes en théorie monétaire ressemblent aux controverses passées, notamment celles de la currency school et de la banking school. Les débats les plus importants concernent le dispositif opérationnel de la politique monétaire. La présentation débute avec les débats suscités par le rapport du Comité Radcliffe de 1959, qui reflétait le point de vue cambridgien et celui de la banque d’Angleterre, favorable à une conduite des politiques monétaires par les taux d’intérêt et rejetant des cibles quantitatives de masse monétaire. Suivront la réponse monétariste, qui deviendra le point de vue dominant, du moins dans le monde anglosaxon et que les banques centrales vont adopter à reculons, puis la riposte post-keynésienne des années 1970 avec son concept de monnaie endogène. Les économistes français proposeront leur propre compromis, avec leur concept d’économie d’endettement, et les anglo-saxons du courant dominant s’appuieront sur le compromis de Poole (1970), selon lequel l’abandon des cibles quantitatives, au profit de cibles de taux directeur, est justifié par une demande de monnaie plus volatile que les dépenses d’investissement. Le reste de la conférence portera sur une explication du renversement d’opinion auquel on assiste depuis une quinzaine d’années, la conduite de la politique monétaire se faisant par la fixation des taux d’intérêt, à la Wicksell, tandis que les indices de masse monétaire ne jouent plus aucun rôle. Cette explication n’a rien à voir avec celle de Poole. Elle repose sur les contraintes au jour le jour du système de paiements que supervise la banque centrale.