1 Morphologie 1 29/09/2010 Cours 3 Ce document a été rédigé à partir de notes prises durant les cours. Il ne remplace pas le cours du professeur ni vos propres notes. Envoyez vos remarques à : [email protected] La linguistique consiste à étudier le langage à travers les langues. Nous souhaitons appréhender la morphologie qui est un domaine de la linguistique. Dans le cadre des langues indoeuropéennes, comment la morphologie fait la différence entre un morphème et un mot ? La morphologie présente des spécificités. Existe-t-il des méthodes spécifiques qui permettent d’étudier notre sujet ? La démarche suivie par la morphologie est structuraliste (méthodologie). Il y a de nombreuses caractérisations de la linguistique (voir cours 2) qui s’inscrivent toutes dans une dualité. On adopte une approche de type structuraliste (opp. comparative). L’apport majeur du structuralisme est la dichotomie qui permet de ne plus prendre un fait comme un élément isolé mais en relation avec d’autres éléments (axe syntagmatique, axe paradigmatique). Quand on travaille sur les langues, on regarde : 1. les sons 2. la syntaxe (relation entre les éléments du syntagme ou l’organisation des mots (les constituants-les groupes) dans une phrase La morphologie (morpho- et -logie) consiste à décrire la structure interne des mots et étude des règles qui régissent cette structure. C’est la description des règles régissant la structure interne des mots et de celles qui régissent la combinaison des syntagmes en phrases. La question est de savoir comment peuton mettre en évidence la structure interne d’un mot ? Pour répondre à cette question, on fera référence au Chap. 6 du livre Problèmes de Linguistique Générale I, d’É. Benveniste. On peut définir un lemme (item lexical) comme l'unité autonome constituante du lexique d'une langue. C'est une suite de caractères formant une unité sémantique et pouvant constituer une entrée de dictionnaire. Dans le vocabulaire courant, on parlera plus souvent de mot, notion qui, cependant, manque de clarté. On construit des énoncés avec des lemmes, les lemmes sont faits de morphèmes. Les lemmes sont constitués de phonèmes assemblés en morphèmes. On définira également le lexème comme le morphème lexical d’un lemme, c'est-à-dire une unité de sens et de son qui n'est pas fonctionnelle ou dérivationnelle. Le lexème renvoie à une notion abstraite ou concrète indépendante de la situation de communication. C'est un synonyme de radical 2 dans la plupart des cas. Un même lexème est présent dans toutes les formes d'un même terme fléchissable : aimer, aime, ai aimé, aimions ou aimât sont des formes différentes d'un même lexème aim-, qui est ici un radical. On parle dans ce cas d'un lexème lié : il n'existe pas de forme libre du lexème aim- : chacune est obligatoirement composée d'un radical et d'un morphème. ex : Différenciation entre lexème et morphème Soient les mots suivants "chantons", "chantant", "chanteur". Ces 3 mots partagent le lexème "chant", ils sont différenciés par les morphèmes : -"ons" : marque la 1ère personne du pluriel de la conjugaison (nous) -"ant" : marque le participe présent -"eur" : marque la personne qui réalise l'action de chanter (suffixe -eur/-euse : chanteur/chanteuse) Les 3 mots de notre exemple ont en commun le sens contenu dans le lexème "chant". On part donc de cet élément avant de spécifier le sens de chacun en identifiant des formes verbales (pour désigner l'action de chanter) ou des suffixes (pour désigner la personne qui réalise l'action). Le sens étant essentiellement contenu dans le lexème, le problème est donc de disposer d'un outil sémantique permettant de le traiter. Le morphème de son côté apporte "seulement" des précisions de sens par rapport au lexème. En tant que locuteur d’une langue, stocke-t-on des lexèmes ? Chaque langue a sa façon d’entrer les unités lexicales dans le dictionnaire. Par exemple, on n’ira pas cherche le mot en anglais sings dans le dictionnaire. Ceci s’explique par le fait qu’il y a des paradigmes dans les langues. Ainsi, sur la forme ou la structure d’un mot, on est obligé de revenir sur la combinatoire de ce mot ou sa façon d’être lié à un autre élément. Par exemple, en latin, on entre dans le dictionnaire la 1ère personne du singulier d’un verbe et non pas l’infinitif comme il est le cas dans un dictionnaire de la langue française. La raison en est qu’il est important de donner les bases des paradigmes d’un verbe qui vont changer selon le mode, la personne, etc. On peut, pour notre part, essayer de voir ce que cela donne dans d’autres langues, autrement essayer de voir quels sont les paramètres qui vont influer sur les verbes. Lorsqu’on utilise le terme mot (image transcrite pour ceux qui savent), il y a une ambiguïté. À quelle forme de graphie correspond-t-elle ? Pour arriver à faire une comparaison entre des mots, il faut aller dans une analyse plus détaillée c'est-à-dire au niveau minimal ou celui du morphème (École de Prague ?). 3 La résonnance nasale [-on] est un phonème qui est une marque de la morphologie : on l’appelle un morphe qui peut prendre une (des) valeur(s). Par exemple, [-ons] marque le pluriel. On manipule le morphe ou la matière morphologique. Le morphe est un élément phonique à valeur significative et qui ne peut être analysé en éléments phoniques significatifs plus petits. C’est la forme apparente d'un ou de plusieurs morphèmes. Par exemple, dans calculateur, on peut distinguer deux morphes, calcul- et le suffixe -ateur. Ces deux morphes sont aussi des morphèmes, car ils ont une certaine indépendance dans la langue. En revanche, on peut avoir un seul morphe pour deux morphèmes, ou deux morphes pour un seul morphème : • • dans chevaux, on comprend bien qu'il y a deux unités abstraites, ou deux morphèmes, cheval + pluriel. à l'inverse, il y a constitue un seul morphème : dans il y a, il n'a pas de sens en soi, c'est le groupe il y a qui est sémantiquement pertinent. Mais ce groupe est composé de trois morphes, qu'on retrouve ailleurs : il, y et a. Quel chemin doit-on faire pour aller du mot au morphème et du morphème au mot ?