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L'action efficace des PNN repose sur des propriétés intrinsèques à la cellule :
• aptitude à la reconnaissance de messages venant de l'extérieur,
• déplacement spontané et orienté (chimiotactisme),
• possibilité de faire pénétrer à l'intérieur de son cytoplasme une partie de l'environnement (phagocytose),
• activation métabolique conduisant à la production et à l'utilisation d'agent susceptible de tuer des organismes
vivants (production de radicaux actifs de l'oxygène),
• pouvoir de dégradation du matériel tué.
Ces différentes propriétés intrinsèques ne peuvent se manifester pleinement en l'absence d'autres facteurs
impliqués, eux aussi, dans la défense, facteurs sériques tels les immunoglobulines, certaines fractions du
complément, la tuftsine, certaines cytokines produites par d'autres cellules qui sont le support de la réponse
immunitaire (lymphocytes et monocytes-macrophages), facteurs de croissance (G-CSF et GM-CSF).
Dans la cinétique des événements visant à débarrasser l'organisme des agents pathogènes qui ont réussi à
franchir les barrières anatomiques (revêtement cutané et muqueux), les PNN sont les premiers éléments cellulaires à
intervenir, les lymphocytes n'ayant pas à prendre physiquement part à la défense vis-à-vis de ce type de bactéries,
les monocytes n'intervenant que secondairement pour accomplir, dans cette situation, leur rôle d'agents de
nettoyage et de réparation tissulaire (cicatrisation).
En résumé, de façon schématique et imagée, les PNN assurent la défense anti-bactérienne grâce à leur
rapidité d'intervention (aptitude migratoire) et leur voracité (phagocytose et microbicidie).
L'arrivée rapide des PNN sur un site tissulaire envahi par des bactéries est donc essentielle pour empêcher la
prolifération bactérienne et, de ce fait, l'expression d'une infection. De façon pratique, chez un individu normal, il y a
en permanence sur la peau ou les muqueuses des zones qui sont le siège d'une petite réaction inflammatoire sans
évolution purulente ; ces zones expriment le combat victorieux mené par les PNN contre quelque envahisseur dont
on ne connaîtra jamais la nature. En l'absence de PNN, ces mêmes zones seraient devenues le siège d'une infection.
Mais si l'inoculum bactérien est d'emblée important, le rapport initial bactéries/PNN est en faveur des premières et
une infection apparaît cliniquement, l'issue peut encore être spontanément favorable (guérison spontanée d'un
point de folliculite, par exemple) ou son extension peut nécessiter une aide extérieure (antibiotiques) dont le rôle est
alors de remettre le rapport bactéries proliférantes/PNN en faveur de ces derniers.
Ces notions expriment parfaitement le fait que la révélation clinique d'une infection dépend d'une
compétition entre le pouvoir prolifératif des bactéries et le pouvoir d'accumulation des PNN sur le lieu d'inoculation.
Il s'agit d'une véritable course contre la montre. Cette notion est illustrée par des données expérimentales qui
montrent que l'absence de PNN dans un tissu pendant une durée aussi brève que 2 à 4 heures accroît l'infectiosité
d'un inoculum bactérien d'un facteur 105. Ces données expérimentales sont corroborées par les observations
cliniques qui suggèrent une association entre susceptibilité à l'infection et déficit de la réponse chimiotactique des
PNN ches les malades présentant des infections récidivantes sévères.
D'une façon générale, chez un patient porteur d'une anomalie fonctionnelle de ses PNN, quelle qu'en soit la
nature et le mécanisme, les manifestations infectieuses sont très similaires à celles qui surviennent dans les
situations de neutropénie. Ces infections ont tendance à durer longtemps, à mal répondre aux antibiotiques, et à
récidiver. Elles peuvent dues à un large spectre de micro-organismes, où le Staph. aureus domine nettement, mais on
retrouve aussi des bactéries gram-négatives, des champignons tout autant que Staph. epidermidis. Ces infections
touchent le plus souvent les tissus mous (peau, poumons, foie et rein). Les abcès cutanés ou sous-cutanés sont
fréquents, accompagnés d'adénomégalies ou même d'adénites purulentes. Les pneumopathies infectieuses sont
elles aussi fréquentes ; on peut voir des abcès profonds, mais les septicémies sont au contraire rares.
Les infections liées aux déficits fonctionnels des PNN diffèrent quelque peu de celles qui sont secondaires à
d'autres perturbations des systèmes de défense : différentes de celles liées aux agranulocytoses où les lésions sont
de type nécrotique, c'est à dire sans production de pus en raison de l'absence totale de PNN, différentes de celles des
hypogammaglobulinémies où les germes en cause sont plus souvent Streptococcus pneumoniae, Hemophilus
influenzae et les Streptocoques du groupe A. Dans ce cas, les septicémies et les méningites récidivantes sont
fréquentes, alors qu'elles sont rares ches les patients porteurs d'un déficit fonctionnel des PNN.
Chimiotactisme des PNN