La contribution de l’industrie du médicament à la réindustrialisation du territoire
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Mais ce potentiel paraît menacé sur deux fronts : par l’évolution du modèle économique
de l’industrie du médicament et par l’effritement régulier de la compétitivité de l’industrie
française du médicament. Ces deux menaces fragilisent l’industrie du médicament à
l’heure où celle-ci est confrontée à des mutations profondes du secteur de la santé.
Dans ce rapport, nous explorons dans quelle mesure la croissance de la production de
l’industrie pharmaceutique entraîne dans son sillage la production d’autres secteurs in-
dustriels. Nous identifions quel est le positionnement de l’industrie pharmaceutique au
sein du tissu productif français. Nous analysons de quelle manière ce positionnement
évolue dans le temps.
Notre analyse est donc dynamique. Elle permet d’apporter des éléments de réponse à
plusieurs questions. Les effets d’impulsion transmis par l’industrie pharmaceutique ont-
ils tendance à s’accroître, signe d’une densification des relations interindustrielles exercée
par une branche donnée et donc d’une capacité croissante à dynamiser son environne-
ment technique et économique ? Quels sont les secteurs dont l’activité est la plus stimu-
lée par la production de l’industrie pharmaceutique ? Que reflètent ces effets
d’entraînement ? Quels enjeux de politique industrielle impliquent-ils ? Ces questions
sont autant d’enjeux d’une politique de filière et d’attractivité des industries de solutions
de santé.
Les principales conclusions de cette analyse sont les suivantes :
•L’industrie pharmaceutique détient en 2012 une place forte dans l’économie
française. En termes d’activité et d’emploi, le poids de l’industrie pharmaceutique
dans l’industrie manufacturière est plus élevé en France que dans les principaux
pays européens. A titre d’exemple, le poids du chiffre d’affaires réalisé par l’indus-
trie pharmaceutique dans le chiffre d’affaires total de l’industrie manufacturière est
près de deux fois plus élevé en France qu’en Allemagne. L’industrie pharmaceu-
tique présente aussi un niveau de qualification moyen supérieur à celui observé
dans l’ensemble de l’économie. Cette structure de l’emploi spécifique a pour co-
rollaire une productivité apparente du travail plus élevée dans l’industrie pharma-
ceutique que dans l’ensemble de l‘économie. De même, l’intensité capitalistique
(définie par le rapport entre les immobilisations corporelles et les effectifs) est plus
élevée dans l’industrie pharmaceutique que dans l’industrie manufacturière. Enfin
l’industrie pharmaceutique dispose de capacités financières relativement plus im-
portantes pour soutenir un cycle d’investissement.
•Mais cette place historiquement forte de l’industrie pharmaceutique en France
connaît une érosion récente. La part de l’industrie pharmaceutique dans la pro-
duction industrielle totale se stabilise depuis le milieu des années 2000. Elle connaît
même un léger recul à partir de 2010. Ce recul s’explique notamment par la baisse
du prix de sa production par rapport à celui de l’ensemble de l’industrie (-4,6 %
par an de 2005 à 2011). Ce mouvement reflète vraisemblablement la montée en