6 juillet 2006
Conclusion de Christian Lajoux, Président du Leem
L'année 2005 est encore marquée par les tendances satisfaisantes des années précédentes.
Mais elle annonce la tendance à la récession de l'année 2006, manifestée au 1er semestre.
L'industrie pharmaceutique en France est confrontée à deux réalités :
- les restructurations internationales puissantes : tassement de la croissance dans tous
les pays développés : États-Unis, Europe, Japon soit 80 % du marché mondial,
même s'il faut se féliciter de la forte croissance des PVD ; moindre productivité
apparente de la recherche, exigences accrues face aux risques, renforcement des
contraintes financières des systèmes de santé,
- la politique du médicament en France, plus accentuée encore que dans les pays
voisins et concurrents : Allemagne, Italie, Espagne ont des taux de croissance 2006
actuels compris entre 4 % et 6 %, quand le taux prévisible français est voisin de 1 %
(contre 6 à 7 % ces deux dernières années).
Cet environnement international et cette brutalité de l'inflexion en France vont peser sur les
investissements et l'emploi, les chiffres 2005 et 2006 le préfigurent ; la France est
particulièrement vulnérable alors qu'elle est fortement productrice et employeur en Europe.
Cette situation est d'autant plus regrettable que le médicament reste un des biens fortement
créateur de valeur, sociale et pas seulement économique, pour lequel la France dispose
d'atouts indiscutés.
Dans ce contexte, l'industrie pharmaceutique s’adresse de façon publique à l'État qui tient
une part des décisions : le médicament est un bien administré dans ses recherches, ses
productions et tous les aspects de sa commercialisation (prix, publicité, pharmacovigilance),
accès au marché. L'État, en 2004, a fait le choix de conserver la gouvernance de la politique
du médicament et de ne pas considérer ce dernier comme une simple dépense gérée par les
caisses.
Aujourd’hui, plus que jamais, l'industrie a un besoin de lisibilité de l'ambition poursuivie par
l'État sur la présence de la France dans le progrès thérapeutique.
Sa politique de santé publique continue-t-elle de reposer sur un accès à l'innovation ?
Sa politique industrielle inscrit-elle la France comme pays acteur du progrès thérapeutique
ou comme comptoir de ventes ?
Les capacités de recherche et de production sont liées à une volonté politique plus large que
l'approche comptable de court terme. Au demeurant, l'industrie ne conteste pas toute
participation à un effort de maîtrise des dépenses, mais cela ne peut tenir lieu de politique du
médicament pour l’avenir.