MONDIALISATION ÉCONOMIQUE, GLOBALISATION FINANCIÈRE, INÉGALITÉS SOCIALES ET TRAVAIL Patrice Corriveau Publié dans Aspects sociologiques, vol. 7, no 1, juillet 2000, pp. 14-27 Jour après jour, les médias, les spécialistes et les experts de tous azimuts nous entretiennent sur les différentes facettes de la mondialisation. Mondialisation des marchés, mondialisation de l'économie, mondialisation financière, mondialisation communicationnelle, mondialisation culturelle sont autant de thèmes abordés par ces derniers. En effet, la mondialisation, en tant que phénomène planétaire et en pleine expansion, revêt plusieurs enjeux de taille ou, à tout le moins, soulève plusieurs interrogations. En ce qui nous concerne, notre propos s'intéressera plus particulièrement à la globalisation financière — terme que nous préciserons ultérieurement —, notamment en ce qui a trait à ses effets sur les inégalités sociales et le travail. conduira à analyser les différents processus de restructuration des entreprises. En outre, la recherche d'une flexibilité tant financière, technique, fonctionnelle que numérique, sera abordée. En lien avec cette restructuration des entreprises, nous examinerons les effets de celle-ci sur le marché du travail, notamment en matière de précarité de l'emploi. Finalement, dans un troisième temps, nous soulèverons certaines questions relatives aux inégalités socio-économiques. Plus particulièrement, notre attention se portera sur la question de l'exclusion du monde du travail. Le processus de marginalisation et la genèse d'une sous-culture de pauvreté seront alors soulevés. Dans le cadre de cet article, nous tenterons donc de présenter l'évolution de la stratification et des inégalités sociales dans les pays de la « triade ». Pour ce faire, dans un premier temps, nous examinerons le phénomène de la globalisation financière sur les marchés financiers internationaux. Cette analyse nous permettra de comprendre l'incidence des changements économiques mondiaux sur les États et les entreprises. Dans un deuxième temps, notre étude nous Avant d'examiner plus en détail les caractéristiques relatives à la globalisation des marchés financiers, nous croyons qu'il est pertinent de nuancer certains termes qui seront utilisés tout au long de cet article. L'utilisation du mot globalisation provient du terme anglais « global » qui signifie, d'une part, « être à l'échelle du globe » (mondialisation) et, d'autre part, qui expose la perspective stratégique d'un agent économique ou d'un acteur social précis. Cette termino- La globalisation financière 1 logie n'a de sens au niveau économique que si elle traduit la stratégie « du grand groupe oligopoleuse engagé dans la production manufacturière ou dans les principales activités de services d'adopter une approche et une conduite “globales” » (Chesnais, 1997 : 28). Dès lors, il est important, à notre avis, de faire une distinction entre globalisation et mondialisation. En effet, à l'instar de Bousquet (1998), nous croyons que la réalité économique actuelle nous permet de parler davantage de globalisation sans pour autant signifier que le phénomène soit à l'échelle mondiale, la globalisation des marchés se faisant surtout à l'intérieur de la Triade et de pays membres de l'OCDE (Organisation du Commerce et Développement Économique). En outre, nous considérons que même si les marchés sont désormais ouverts à l'échelle planétaire, la grande majorité des échanges commerciaux s'effectuent à l'intérieur des pays de la Triade. Par le fait même, ne serait-il pas plus pertinent de parler de « triadisation » plutôt que de mondialisation? Pour Chesnais (1997 : 25), « la concentration de tous les flux (échanges, Investissements directs à l'étranger (IDE), technologie) dans la “Triade” l'emporte sur toutes les autres tendances de la mondialisation ». Même si les marchés sont désormais ouverts à l’échelle planétaire, la grande majorité des échanges commerciaux s’effectuent à l’intérieur des pays de la triade, Par le fait même, ne serait-il pas plus pertinent de parler de « triadisation » plutôt que mondialisation? En effet, il semble évident que les pays membres de la Triade bénéfi- cient davantage des échanges commerciaux et financiers internationaux que leurs homologues du reste du monde. En outre, Chesnais (1997 : 266-267) présente des statistiques qui démontrent qu'en 1995, 75.7 % du commerce mondial provenait de la Triade. L'Amérique latine et le Mexique occupaient 4.6 % du marché tandis que les États africains ne comptaient que pour 2.1 % de tous les échanges commerciaux du globe. À cet égard, l'image d'un centre économique mondial (la Triade) entouré de plusieurs périphéries est, à notre avis, plus révélatrice de la réalité des échanges commerciaux mondiaux. En ce qui concerne la globalisation des marchés financiers proprement dit, examinons maintenant les facteurs qui ont conduit à son apogée dans la « mondialisation » du capital. Selon certains auteurs (Chesnais, 1997; O'Brien, 1992), la sphère financière de la globalisation du capital se trouve là où l'internationalisation est la plus avancée. Comme le fait remarquer Chesnais (1997 : 49), le rôle des marchés financiers est de plus en plus important : il va de la détermination des taux d'intérêt à long terme à celui du taux de change des monnaies. Bref, la globalisation financière a favorisé la création de nombreuses interdépendances entre les pays, notamment en ce qui a trait à la distribution des richesses et des revenus. « Le terme mondialisation financière désigne les interconnexions très étroites entre les systèmes monétaires et les marchés financiers nationaux, qui ont résulté des mesures de libéralisation et de déréglementation adopté d’abord par les États-Unis et le Royaume-Uni entre 1979 et 1982, puis en quelques années 2 par les autres principaux pays industrialisés » (Chesnais, 1997 : 49). Les trois éléments qui ont conduit à l'ouverture des marchés financiers mondiaux sont : la déréglementation et la libéralisation monétaire et financière; le décloisonnement interne et externe des marchés financiers nationaux (marchés des changes, des crédits, des actions et des obligations) et finalement, la « désintermédiation », c'est-à-dire le processus qui permet à différents types d'institutions financières non bancaires d'agir comme « bailleurs » de fonds. L'amalgame, voire ici l'interaction entre ces trois éléments, a favorisé l'émergence du pouvoir financier comme principal acteur de la mondialisation des capitaux. En outre, « l'évaluation de la Banque des règlements internationaux (BRI) estime que les valeurs monétaires qui changent de mains pendant une journée moyenne est de l'ordre 1.5 billions de dollars ». Pour le Groupe de Lisbonne (1995 : 77), de même que pour Petrella (1997 : 13), ces trois facteurs correspondent à une logique de libéralisation, de privatisation et de déréglementation des marchés. Pour certains, ce type de globalisation financière aurait favorisé l'émergence d'une économie hautement « spéculative » où l'argent devient une marchandise au même titre que les voitures ou les maisons. Selon Petrella (1997 : 18), « 10 % seulement de ces transactions (1.4 mille milliards de dollars américains) sont destinés à financer la création de nouvelles richesses. Le reste est de nature spéculative ». De plus, l'ouverture des étrangers a fait en sorte de créer une certaine dépendance financière entre les pays, dépendance relative à la position du pays dans l'économie mondiale. Selon Chesnais (1997), à l'intérieur même de l'économie mondiale, il existe une hiérarchie qui permet à certains pays, à certaines institutions, d'imposer leurs points de vue aux autres pays. Après la Seconde Guerre mondiale, le monde financier avait vu naître des institutions internationales telles que le FMI (Fond Monétaire International) et la Banque mondiale qui se présentaient alors comme indépendantes de l'influence des pays. Désormais, certains croient que ces instruments de contrôle économique servent davantage à imposer les idées du libéralisme aux pays plus faibles. Pour Martin et Schumann (1997 : 69), tout porte à croire que ces institutions promeuvent l'instauration d'un marché mondial en imposant à certains pays des règles à suivre dans leur gestion financière. Ils soulignent également qu'«à chaque fois que les puissants du FMI ont accordé des crédits au cours des dix dernières années, ils les ont assortis de l'obligation de rendre convertible la monnaie du pays concerné, et d'ouvrir celui-ci à la circulation internationale des capitaux ». L'ouverture des marchés a également contribué à augmenter la course à la compétitivité entre les pays. Comme nous le verrons ultérieurement, les pays se trouvent désormais dans l'obligation de créer des conditions propices à l'investissement, et ce, tant à l'investissement de portefeuille qu'à l'investissement direct. Les conséquences de la globalisation financière sur les États et les entreprises Comprenant désormais un peu mieux l'importance de la globalisation des marchés financiers dans la mondialisation des capitaux, examinons quelles sont les conséquences de ces nombreux 3 échanges financiers sur les États et les entreprises. Selon une certaine vision de la globalisation financière, la libéralisation des capitaux a permis à certains investisseurs institutionnels (Fonds mutuels, compagnies d'assurances), lesquels détiennent un grand nombre d'obligations qui financent la dette publique des États, de créer une certaine dépendance des pays à leur égard. « Plus les États sont dépendants du bon vouloir des investisseurs, plus les gouvernements doivent favoriser une minorité de toute façon privilégiée : celle des détenteurs de fortunes monétaires. Leurs préoccupations sont toujours les mêmes : inflation basse, valeur extérieure de leur monnaie stable et fiscalisation aussi basse que possible de leurs intérêts » (Martin et Schumann, 1997 : 85). Ainsi, pour favoriser l'investissement dans les titres publics, l'État doit favoriser et offrir aux investisseurs des taux d'intérêt réels positifs. Les États peuvent également jouer sur le niveau du taux de change de leur monnaie. Ils doivent donc se rendre attrayants pour les investisseurs étrangers en garantissant la sécurité de leurs placements et en offrant les meilleures conditions de rendement. Bref, selon l'idéologie néolibérale, l'État doit de plus en plus sacrifier sa souveraineté sur ses leviers financiers au profit de la compétitivité sur la scène mondiale de ses instruments monétaires et financiers. Selon l’idéologie néolibérale, l’État doit de plus en plus sacrifier sa souveraineté sur les leviers financiers aux profits de la compétitivité sur la scène mondiale de ses instruments monétaires et financiers. En ce qui concerne les effets de la globalisation financière sur les entreprises, ils furent sensiblement du même ordre : dépendance des dirigeants envers les investisseurs et concurrence internationale. Les entreprises se doivent de faire fructifier au maximum les investissements. « Le but demeure plus que jamais le profit, (...) En effet, dans le cadre de la mondialisation, le rendement financier des actifs est surveillé par les détenteurs de portefeuilles d'actions » (Chesnais, 1997 : 98). Pour ce faire, la mesure qui semble la plus susceptible d'être utilisée est la mise à pied du personnel, la réduction des effectifs et la diminution des coûts. À cet égard, les entreprises chercheront à s'implanter dans des pays qui leurs offrent les meilleures conditions d'implantation, c'est-àdire des pays où les coûts sociaux de l'entreprise seront minimaux et où la main-d’œuvre est qualifiée et abondante (Veltz, 1996 : 140-143). Dans ces pays, l'État a donc un rôle important à jouer face aux entreprises, particulièrement à l'égard des firmes multinationales (FMN). Les politiques étatiques doivent dès lors être attrayantes aux yeux des entreprises, car la production de la richesse « ne dépend plus du seul rendement des entreprises, de la technologie, de la main-d’œuvre et du capital local, mais également de la présence en territoire national d'entreprises intégrées à des réseaux mondiaux » (Groupe de Lisbonne, 1995 : 64). Les entreprises s'attendent également à ce que les gouvernements puissent les aider à différents niveaux : prise en charge des infrastructures, création de conditions favorables à l'investissement en recherche et développement, et surtout, mettre en œuvre des politiques et des lois du travail qui laissent aux entreprises une grande liberté d'action (idem : 129). Petrella (1997 : 4 12), quant à lui, souligne l'importance de l'offre technologique des gouvernements à l'égard des entreprises (système d'éducation de qualité en vue de former la ressource humaine nécessaire à ces entreprises). En retour, les entreprises assurent à l'État une position compétitive sur les marchés internationaux de même qu'une indépendance technologique qui est apte à produire de nouvelles richesses et ainsi à créer de l'emploi. Comme nous venons de le constater, bien qu'il existe une certaine interaction entre l'État et les entreprises, principalement les FMN, ces dernières ont toujours comme objectif premier de maximiser leur rendement. Pour ce faire, les entreprises, en plus de choisir des pays où les conditions d'implantation sont favorables, restructureront leur mode de fonctionnement. La multinationalisation de l'économie « consiste pour une entreprise à créer des capacités de production dans un autre pays à l'aide de filiales directes, d'acquisitions ou de formes diverses de coopération (commerciale, financière, technologique et industrielle) » (Groupe de Lisbonne, 1995 55). Les FMN fonctionnent désormais selon une logique d'expansion du marché en vue d'améliorer leur productivité (diminution des coûts de production et augmentation de la part du marché). Toujours selon le Groupe de Lisbonne (1995 : 71), les différentes raisons qui poussent les entreprises à collaborer et à se fusionner sont les suivantes : réduire et partager les coûts afférents à la recherche et au développement; accéder à une technologie complémentaire; obtenir le savoir et la technologie implicite du partenaire; raccourcir le cycle de vie des produits; partager les coûts de conception; accéder aux marchés internatio- naux; avoir accès à un bassin de personnel qualifié et à des avantages financiers. L'objectif visé par ces restructurations est sensiblement toujours le même : l'augmentation de la flexibilité de l'entreprise et la réduction des coûts (Veltz, 1996 : chap. 7). Pour majorer la productivité et diminuer les coûts, les groupes ne connaissent plus qu'une seule stratégie : la rationalisation. Celle-ci signifie le « Downsizing » (réduction des effectifs de main-d'œuvre), l'« outsourcing » (délocalisation) et le « re-engineering » (réorganisation) (Martin et Schumann, 1997 : 155). Ainsi, pour augmenter sa flexibilité, l'entreprise n'hésitera pas à avoir recours à la sous-traitance (resserrement des coûts), à fonctionner selon le modèle cellulaire. Le modèle cellulaire consiste à décomposer les activités de l'entreprise en unités élémentaires. Reich (1993 : chap. 6) souligne à cet égard que l'image de la grande firme est de plus en plus une façade derrière laquelle il y a une panoplie de groupes et de sous-groupes décentralisés qui passent sans cesse des accords avec des unités de production tout aussi diffuses, et ce, à travers le monde. Le modèle pyramidal de la grande entreprise n'existe plus et est remplacé par un ensemble de réseaux où la bureaucratie n'a plus sa place, celle-ci étant substituée par des centres de décision stratégiques réduits à leur plus simple expression. Pour majorer la productivité et diminuer les coûts, les groupes ne connaissent plus qu’une seule stratégie : la rationalisation. En résumé, nous soutenons que cette quête de flexibilité et de rentabilité des entreprises correspond à ce que Mer5 cure (1996) désigne comme étant l'impartition flexible. « Par impartition flexible nous désignons un modèle d'entreprise marqué, d'une part, par l'essor de pratiques d'externalisation du travail, soit l'impartition, spécialement celles qui ont trait aux nouvelles formes de sous-traitance et, d'autre part, par une dynamique de quête de flexibilité tous azimuts, particulièrement au chapitre des flexibilités financière, technique, fonctionnelle et numérique. » La question de la précarité de l'emploi et des inégalités sociales La globalisation semble donc avoir considérablement bouleversé le monde du travail. En effet, les entreprises sont de plus en plus caractérisées par un nouveau modèle de développement, celui de l'impartition flexible. Dans cette quête de flexibilité et de rentabilité, de plus en plus d'entreprises offrent désormais des emplois à temps partiel, des emplois contractuels, des emplois dans leurs entreprises de sous-traitances. Pour certains, cette situation a considérablement modifié la donne du marché du travail et s'est avérée lourde de conséquences pour les travailleurs : précarité de l'emploi, faible revenu, chômage. Dans cette section sur le travail, nous nous attarderons à faire la démonstration de cette réalité nouvelle. Toutefois, avant d'aller plus loin, nous exposerons brièvement quelques-uns des facteurs qui ont pu occasionner la précarité nouvelle de l'emploi. Les raisons qui pourraient être à la base de l'insécurité des emplois dans le marché du travail ne semblent pas faire l'unanimité. Pour certains, dont Myles et al. (1993), la restructuration et la diminution de la taille des entreprises seraient la cause première du chômage et des bas salaires. Pour d'autres (Reich, 1993), la diminution des salaires serait principalement attribuable au déplacement de la production vers les pays à plus faibles salaires. Reich considère en effet que les pays développés conservent les emplois les plus qualifiés (ceux de « manipulateurs de symboles ») alors que les emplois non-qualifiés, ceux de la « production courante » ont tendance à être relocalisés sous le coup de la concurrence des pays à faibles salaires. Thurow (1996) abonde dans le même sens en mentionnant que la facilité du transport et des communications modernes a fait en sorte de déplacer l'utilisation d'une main-d’œuvre non-qualifiée vers des pays en voie de développement. Dans cette quête de flexibilité et de rentabilité, de plus en plus d’entreprises offrent désormais des emplois à temps partiel, des emplois contractuels, des emplois dans leurs entreprises de sous-traitances. Par le fait même, les employés routiniers dans la production ont dû se tourner vers les emplois dans le secteur des services. Tremblay (1994) démontre que l'un des facteurs ayant contribué à l'augmentation de la précarité de l'emploi, particulièrement en Amérique du Nord, est justement la montée des emplois de service, ce type d'emploi étant, règle générale, moins rémunérateur et moins stable que les emplois du secteur de la production des biens. L'augmentation drastique de l'offre de main-d'œuvre dans le secteur des services, suite aux licenciements dans le secteur de la pro6 duction, aurait ainsi occasionné une diminution des salaires en raison de l'intense compétition entre les individus (Reich, 1993). Les femmes et les jeunes seraient, entre tous, ceux qui souffrent le plus de la précarité d'emploi, étant donné qu'ils sont davantage tributaires de ce type d'emploi. Myles et al. (1993) soulignent à cet égard que « Canadian wage and earnings distribution were polarizing but not for the reasons we had expected. Polarization was taking place between generations, not between industry or occupational sectors (...) rather than a new class structure, post-industrialism appears to bringing about a new life-course ». Krugman (1995 : 62-63) affirme pour sa part que ce sont les changements technologiques, et non le commerce international, qui sont à la base des modifications dans le monde du travail, et ce, parce qu'ils réduisent la demande de la main-d’œuvre la moins qualifiée dans toutes les sphères de l'économie. Ceci semble concorder avec l'argumentation de Thurow (1996 : 176) lorsqu'il affirme « when skilled labor is released because of rising imports, skilled workers simply bump down the job distribution, knocking those with lesser skills out of their best jobs. The lowest paid in each skill class moves down to take what had been the best-paid jobs in the skill class below them ». Bourdieu (1998 : 41) soutient pour sa part que la concurrence des travailleurs européens provient de l'intégration du marché intra-européen. Il rapporte que « 70 % des échanges économiques des nations européennes s'établissent avec d'autres pays européens ». Ainsi, la concurrence interne favorise ce que l'auteur nomme le « social bumping», c'està-dire qu'il y aurait bien une égalisation des salaires entre les pays mais une égalisation vers le bas. Dans cette optique, les pays pauvres imposeraient la route à suivre au pays les mieux nantis par l'entremise de la compétition internationale. Dès lors, les pays les plus riches doivent se délester des acquis sociaux pour redevenir compétitifs aux yeux des multinationales. Pour Harrison (1997 : 197), la précarité et la flexibilité sont étroitement reliées. Il croit en effet que les opportunités d'emploi d'aujourd'hui sont le résultat de la règle de la flexibilité régissant désormais le marché du travail. Tremblay (1994 : 624) distingue quatre types de flexibilité : la flexibilité des coûts de la main-d’œuvre (salaires et avantages sociaux); la flexibilité du temps de travail; la flexibilité des statuts d'emplois (travail temporaire, occasionnel, pigiste, etc.); et la flexibilité technicoorganisationnelle (formation professionnelle, recyclage, mobilité des travailleurs, etc.). Mentionnons que la précarité de l'emploi ne dépendrait pas uniquement de la durée d'un emploi, mais aussi de la stabilité du statut de cet emploi. Selon cette logique, la précarité peut être définie comme « un emploi dont la durée dans le temps est incertaine ou limitée, ou encore dont le statut n'est pas défini ou ne donne aucun droit (à des avantages sociaux, des régimes de retraite, ou au simple maintien de l'emploi) » (Tremblay, 1994 : 628). Maints problèmes sont en effet associés à la précarité de l'emploi : l'absence de sécurité du revenu, des salaires moindres, la carence d'avantages sociaux 7 et de régime de retraite, l'absence de représentation syndicale et, finalement, un accès réduit à la formation et aux promotions. L'ensemble de ces conséquences est également susceptible de créer des problèmes d'ordre personnel et familial. En outre, « différentes études menées en Europe, aux États-Unis et au Canada ont établi des liens entre le chômage et des problèmes sociaux accrus, notamment diverses maladies et des problèmes de stress, de dépression, de criminalité et de délinquance ». Maints problèmes sont en effet associés à la précarité de l’emploi : l’absence de sécurité du revenu, des salaires moindres, la carence d’avantages sociaux et de régime de retraite, l’absence de représentation syndicale et, finalement, un accès réduit à la formation et aux promotions. Toutefois, bien que la situation présentée précédemment puisse paraître tragique, elle se doit d'être nuancée. Selon Beach et Slotsve (1996), même si le marché économique actuel est créateur d'inégalités, la polarisation entre les diverses tranches de revenu n'a pas augmenté. À cet effet, Wolfson et al. (1998) démontrent que malgré une augmentation de l'inégalité des revenus d'emploi, la polarisation, c'est-à-dire la diminution de la proportion des revenus moyens, soit la classe moyenne, ne s'est pas avérée en termes de revenus disponibles. Ceci s'explique par la redistribution des gains après les paiements de transfert de l'État aux individus et grâce à la progressivité de l'imposition du revenu. Beach et Slotsve (1996) ajoutent même que les gens qui ne sont plus comptabilisés dans la classe moyenne le sont désormais dans une large mesure dans le quintile supérieur des revenus. Les statistiques démontrent également que la population à faible revenu diminue aussi (26.1 % en 1972 contre 25.2 % en 1992). De plus, les statistiques tendent à démontrer que le salaire, en dollars constants, est plus élevé en 1992 qu'en 1972, quoique celuici ait connu une tendance à la stagnation depuis le début des années 1980. Comme nous l'avons vu précédemment, pour Myles et al. (1993), les écarts de salaire sont davantage le fait des groupes d'âge. À cet effet, Beach et Slotsve (1996) démontrent que la tranche d'âge de 25-34 ans a vu son salaire diminuer de 17.5 % entre 1980 et 1991. En ce qui concerne les familles canadiennes, nous remarquons que leur situation en général s'est améliorée après la redistribution par l'État. « It would appear that the pooling of multiple individual income to make up family total income has the effect of dampening the degree of polarization and its year-to-year fluctuation. The increased equalizing effect of the progressive income tax is shown» (Beach et Slotsve, 1996). En ce qui concerne les différences entre les ÉtatsUnis et le Canada, leurs résultats tendent à démontrer que les inégalités de revenus disponibles sont moins considérables au Canada qu'aux États-Unis (Idem : 18). Ils constatent que, bien que l'économie américaine croît à un rythme supérieur à celle du Canada, le système de redistribution des gains aux Canada a permis aux Canadiens de jouir d'un pouvoir d'achat plus grand que leurs voisins du sud (Wolfson et al., 1998 : 4). Bref, nous pourrions résumer la situation en disant que les États-Unis sont une société plus riche économiquement que le Canada mais qu'en revanche, les inégalités sociales sont moindres au Canada. Toutefois, comme le font remarquer Wolfson et al. 8 (1998 : 25), « bien que l'inégalité dans les gains aux États-Unis se soit accrue entre 1985 et 1995 (...) la polarisation des gains aux États-Unis a régressé au cours de cette même période. Autrement dit, le pourcentage de salariés de la classe moyenne a augmenté aux États-Unis au cours des dix dernières années ». Par contre, la situation économique des gens les plus pauvres aux États-Unis s'est considérablement détériorée, alors que pour les Canadiens, la situation a été inversée. Il y aurait eu une diminution du taux de pauvreté au Canada, un moins grand nombre de Canadiens se retrouvant sous le seuil de la pauvreté (selon l'indice de Statistique Canada). Toutefois, malgré ces statistiques encourageantes, un fait demeure : certains problèmes sociaux peuvent découler de la précarité de l'emploi, particulièrement en ce qui a trait aux inégalités sociales. Les problèmes de l'exclusion Dans cette dernière partie, nous examinerons ce que peut être l'incidence de la précarité de l'emploi sur les inégalités sociales. En outre, nous porterons une attention particulière aux phénomènes de la pauvreté et de l'exclusion sociale. En effet, dans une société comme la nôtre, où le travail détient une place de choix dans nos valeurs collectives, il importe de s'attarder aux effets néfastes qui peuvent découler de l'exclusion du monde du travail. L'une des premières conséquences que nous pouvons attribuer à la perte d'emploi et au chômage demeure la pauvreté. En effet, pour Strobel (1996), « l'intégration rapide des économies nationales dans la compétition mondiale, les restructurations industrielles de gran- de ampleur et la précarisation croissante de la condition salariale se sont accompagnées de la montée d'un chômage structurel (...). Par le fait même, de nouvelles formes de pauvreté et de marginalisation sont ainsi apparues ». Paugam (1996) considère que la pauvreté, la marginalisation et l'exclusion dépendent grandement du contexte social. Selon lui, les normes spécifiques relatives au bienêtre varient énormément d'une collectivité, d'une communauté à une autre. En guise d'exemple, il mentionne les pays du sud de l'Europe pour qui la pauvreté sera davantage perçue comme un état permanent et reproductible alors que dans les pays les plus développés, la pauvreté sera, dans une plus large mesure, associée à une chute ou à une malédiction. Un chômeur ne subira pas les mêmes pressions sociales s’il vit aux ÉtatsUnis ou dans le sud de l’Italie par exemple. Aux États-Unis, le sansemploi risque davantage d’être exclu de la société. En suivant cette logique, il est permis de croire qu'au niveau individuel, il en ira de même. Un chômeur ne subira pas les mêmes pressions sociales s'il vit aux États-Unis ou dans le sud de l'Italie par exemple. Aux États-Unis, le sansemploi risque davantage d'être exclu de la société. Ce type de stigmatisation semble en effet être plus présent dans les pays fortement capitalistes. « Les sociologues des sociétés méditerranéennes soulignent souvent que les pauvres de leurs pays restent plus intégrés au système social que les pauvres des pays du Nord » (Paugam, 1996). L'appartenance à un réseau familial joue ici un rôle important. Ainsi, Paugam (1996) distingue 9 trois types de pauvreté. La pauvreté intégrée, où le pauvre conserve ses rapports sociaux; la pauvreté marginalisée, c'està-dire celle ou l'individu est pris en charge par l'État-providence et stigmatisé comme une personne « abusant » des prestations sociales et finalement, la pauvreté disqualifiante, où l'individu relégué malgré lui hors du monde du travail se retrouve dépendant des institutions sociales et en vient à se considérer lui-même comme étant « inutile à la société ». Selon Paugam (1996), ce type de pauvreté se distingue de la pauvreté marginale en ce sens qu'elle génère la peur généralisée de se retrouver disqualifié, inutile à la société. Comme il le souligne d'ailleurs, « non seulement l'appareil productif les rejette et leur statut ne peut être, de ce fait, que dégradé, mais leur présence nombreuse affecte le système social dans sa totalité ». « l’underclass reflète les préoccupations pérennes des élites à l’égard des couches déshéritées qui échappent aux disciplines officielles : tracer une ligne de démarcation entre pauvres méritants et déméritants» Dès lors, il est important de distinguer pauvreté et exclusion. Comme l'a démontré Paugam (1996), la pauvreté n'entraîne pas nécessairement un individu vers l'exclusion. Castel (1995) relève bien la nuance entre exclusion et pauvreté. Pour lui, l'exclusion consiste à « plaquer une qualification purement négative qui nomme le manque, sans dire en quoi il consiste, ni d'où il provient ». En fait, Castel (1995) considère l'exclusion comme « une condition spécifique qui repose sur des règlements, mobilise des appareils spécialisés et s'accomplit à travers des rituels ». Par le fait même, nous devons percevoir derrière l'exclusion un procédé officiel telle la discrimination à l'endroit d'un groupe d'individus. À cet égard, il considère l'exclusion comme un statut social stigmatisant imposé à l'individu et recommande la prudence dans l'utilisation du terme. En ce qui concerne la pauvreté, elle serait le résultat, non pas d'une discrimination formelle mais plutôt d'une marginalisation occasionnée tant par la déliquescence des liens sociaux que la relégation hors du marché du travail. Par le fait même, selon Castel (1992a), il est plus prudent d'utiliser le terme « désaffiliation » pour désigner le processus qui mène à la pauvreté et à la destruction du lien social (exclusion). Il souligne à ce sujet que les gens les plus susceptibles d'être exclus sont ceux dont le niveau d'intégration est le plus faible dans le domaine du travail et dans la vie sociale. Ce raisonnement va de pair avec celui de Paugam (1996) lorsque celui-ci relativise le concept de pauvreté. Pour Castel, la « nouvelle pauvreté », celle qui risque de conduire à l'exclusion, correspondrait à la pauvreté disqualifiant de Paugam, c'est-à-dire qu'elle limiterait à la fois l'intégration au travail et l'intégration au monde social. Pour illustrer ce phénomène de l'exclusion sociale, « l'underclass » étatsunienne semble être un exemple de choix. En effet, l'attribution de cette étiquette à un groupe d'individus illustre bien le problème de l'exclusion sociale formelle telle que définie par Paugam (1996) et Castel (1992). Comme le souligne d'ailleurs Herpin (1993 : 424), « l'underclass urbaine constitue un groupe social très homogène » qui présente des traits d'une classe sociale. Ces individus, concentrés dans un territoire où 10 l'isolement social et la pauvreté sont importants, risquent d'être stigmatisés, de subir la discrimination des employeurs et ainsi, d'être confinés à demeurer exclus du monde du travail. Bref, « l'underclass » « reflète les préoccupations pérennes des élites à l'égard des couches déshéritées qui échappent aux disciplines officielles : tracer une ligne de démarcation entre pauvres méritants et déméritant, détecter et prévenir tout effet pervers des dispositifs de protection sociale, identifier et contenir les éléments “incurables” de la population assistée, enfin minorer le fardeau financier et administratif que celle-ci impose au pays » (Wacquant, 1996). Conclusion tenté de défendre l'idée selon laquelle une mondialisation financière exagérée peut être source d'inégalités sociales, voire même d'exclusion. Notre analyse nous a permis de croire que la mondialisation serait davantage l'apanage des pays membres de la Triade. À cet effet, nous croyons que l'utilisation de la terminologie « triadisation » des marchés est plus exacte que celle de la mondialisation. La libéralisation, la privatisation et la déréglementation des marchés comptent parmi les facteurs qui auraient contribué à l'explosion de cette globalisation financière. Celle-ci aurait à son tour eu des répercussions sur l'Étatprovidence et les entreprises. En outre, nous avons constaté que l'État tend de plus en plus à s'éclipser du domaine économique tout en jouant un rôle prépondérant à l'égard des entreprises en mettant sur pied des conditions favorables à l'implantation des multinationales. En ce qui a trait aux entreprises, la globalisation a fait en sorte de créer une certaine dépendance des entrepreneurs à l'égard des investisseurs. La recherche du profit maximal est désormais devenue le leitmotiv de plusieurs entreprises. Pour y arriver, elles ont cherché à augmenter leur flexibilité et à réduire les coûts d'exploitation. Réduction des effectifs, délocalisation, réorganisation semblent désormais être les mots d'ordre de beaucoup d'entreprises. C'est dans ce contexte que la notion d'impartition flexible fut abordée. Le présent article, bien qu'il ait négligé de nombreux aspects ayant trait à la globalisation, s'est voulu une tentative en vue de tracer un portrait d'ensemble du phénomène de la globalisation financière et de ses effets, tant au niveau de l'économie, des États, des entreprises que des individus. Nous avons en effet Nous avons aussi considéré les conséquences de la globalisation financière sur le sort des travailleurs : précarité de l'emploi, manque de couverture sociale, faible revenu, chômage. En outre, nous nous sommes intéressés aux inégalités sociales, à la pauvreté et à l'exclusion sociale. Des nuances ont été Toutefois, tous ces sociologues considèrent que « l'underclass » n'est rien d'autre qu'un stéréotype, fruit de l'imaginaire collectif. En ce qui concerne la pauvreté, elle serait le résultat, non pas d’une discrimination formelle mais plutôt d’une marginalisation occasionnée tant par la déliquescence des liens sociaux que la relégation hors marché du travail. 11 apportées au sens de ces deux derniers termes. D'une part, nous avons défini la pauvreté comme un processus pouvant conduire à l'exclusion et, d'autre part, l'exclusion a été conçue en tant que le résultat d'une désaffiliation, tant au niveau du travail qu'au niveau social. La relativité du concept de pauvreté a donc été soulevée. Au cours de notre réflexion, certaines questions entourant la « mondialisation » nous sont apparues, notamment en ce qui a trait à la « mondialisation » communicationnelle. Comme nous l'avons vu précédemment pour la globalisation financière, plusieurs considèrent qu'il est préférable de parler non plus de mondialisation, mais plutôt d'une « triadisation » des marchés financiers. En outre, l'image d'un centre névralgique (la triade) qui étend de plus en plus ses tentacules en périphérie (Afrique, Amérique du Sud, etc.) nous a été proposée. Toutefois, avec l'arrivée d'Internet et la commercialisation de l'inforoute — avec un taux de croissance exponentiel évalué à plus de 1 700 % en 1994 pour le World Wide Web — peut-on prévoir l'inauguration d'un vrai marché mondial? Les statistiques se référant à l’utilisation de l’Internet indiquent clairement la disparité croissante entre les pays du Nord et ceux du Sud À cet effet, Mattelart (1996 : 11) nous explique que pour certains, la commercialisation de l'inforoute favorise, et favorisera davantage dans un avenir rapproché, la propagation d'une nouvelle idéologie néolibérale justifiant la primauté des impératifs du marché mondial. L'une des caractéristiques majeures de cette nouvelle idéologie serait d'imposer une logique universelle de consommation aux sociétés ainsi reliées avec des produits et des réseaux. L'information et le monde des communications deviendraient l'instrument privilégié du marché grâce à la diffusion mondiale d'une culture de masse. Internet, à titre de nouveau médium de communication et d'échange, offrirait à ses usagers des opportunités variées en matière d'échanges commerciaux et économiques. Selon Torrès, les capitaux engouffrés dans le cyberespace se chiffrent par dizaines de milliards de dollars (1996 : 22). D'ailleurs, selon certaines estimations, en 1996, près du quart des sites Internet auraient été à « saveur » commerciale (Schiller, 1996 : 27). Bref, plusieurs semblent considérer qu'Internet permettra la création d'un « vrai » marché mondial. Toutefois, cette vision idyllique du producteur-consommateur est confrontée à une image moins idyllique de la cyberéconomie. Ainsi, Mattelart (1996 : 14) voit dans « la mondialisation des économies et des systèmes de communication (...) la création de nouvelles disparités entre les divers pays ou régions, et entre les divers groupes sociaux, en d'autres termes, source de nouvelles exclusions ». Les statistiques se référant à l'utilisation de l'Internet indiquent clairement la disparité croissante entre les pays du Nord et ceux du Sud. En Afrique, par exemple, seulement douze des cinquante-quatre nations sont branchées au Net. Cette disparité existe aussi en fonction des classes sociales. L'utilisation régulière d'un ordinateur serait l'apanage des familles aisées (65 % des usagers), c'est-à-dire celles dont le revenu dépasse les 75 000 dollars annuellement. Quant aux familles améri12 caines dont le revenu annuel oscille aux environs de 34 000 dollars, elles ne sont que 20 % à 30 % à se servir de l'informatique. De plus, parmi tous les propriétaires d'ordinateurs, seulement 8 % étaient, en 1996, branchés à Internet (Schiller, 1996 : 26). Cette inégalité des chances en ce qui à trait à l'utilisation de l'Internet favoriserait donc, selon certains, la diffusion d'une culture plus homogène, mais pour une partie seulement de la population mondiale. Cette culture serait celle du capitalisme, de la consommation de masse. Petrella (1996 : 56) considère à cet effet que la société de l'information « conforte le véritable objectif du capitalisme contemporain, à savoir la création de l'espace marchand mondial unique, entièrement laissé au libre jeu des forces privées du marché ». la Triade. Ne devons-nous pas nous questionner dès aujourd'hui sur les conséquences possibles inhérentes à « l'imposition » d'une culture de consommation de masse sur les pays et les classes défavorisés? Ne doit-on pas voir là une source nouvelle d'inégalités sociales? Patrice Corriveau, Troisième cycle, Sociologie, Université Laval Dès lors, à l'instar de Torrès (1996 : 60), on peut se demander si l'inforoute n'est en fait que le reflet de nos sociétés inégalitaires? La « mondialisation » communicationnelle sera-t-elle une nouvelle source d'inégalités sociales? À cet égard, doit-on considérer cette « mondialisation » comme un outil privilégié de la « triadisation » financière? À cet effet, faut-il désormais parler d'une « triadisation » des technologies communicationnelles et non d'une mondialisation? Certains s'objecteront sans doute en disant que la mondialisation de l'Internet commence peu à peu à s'étendre sur l'ensemble des pays du globe et que, d'ici peu, tous auront l'opportunité de se brancher au réseau mondial. À cela nous serions enclins à émettre une mise en garde concernant les conséquences qui résulteront peut-être d'une mondialisation pleine et entière des réseaux de communication — particulièrement Internet — à l'ensemble des périphéries de 13 BIBLIOGRAPHIE BEACH, C. et SLOVE, G. (1996). Are we Becoming Two Societies? Income Polarization and the Myth of the Declining Middle Class in Canada. Toronto, C.D.Howe Institute. GROUPE DE LISBONNE (1995). Limites à la compétitivité. Vers un nouveau contrat mondial. Montréal, Boréal: 52-96 et 120-137. BOURDIEU, P. (1998). Contre-feux. Propos pour servir à la résistance contre l'invasion néo-libérale. Paris, Liber-Raisons d'agir. CASTEL, R. (1992a). « De l'exclusion comme état à la vulnérabilité comme processus », dans Justice sociale et inégalités, sous la direction de Affichard, J. et De Foucauld, J.-B. Paris, Éditions Esprit. CASTEL, R. (1992b). « De l'indigence à l'exclusion, la désaffiliation. 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