que l'ouverture au monde fait disparaître, ce qui n'est bien sûr pas à l'avantage des personnes
ou entreprises en cause. Et l'on pourrait allonger et étoffer la liste.
Il reste que ces problèmes et difficultés pèsent moins dans la balance, voire beaucoup moins,
que les avantages que le monde retire de la globalisation. Ainsi, cette dernière peut contribuer
à accroître les inégalités, en ce sens que l'inégalité comparative et donc la pauvreté relative se
creusent à l'intérieur de certains pays ou entre certains pays ou groupes de pays, mais la pau-
vreté absolue est en recul presque partout, même dans la plus grande partie de l'Afrique sub-
saharienne. La tendance à une instabilité périodique des marchés financiers demande la mise
en place de méthodes et d'instruments de contrôle appropriés, comme un article précédent l'a
expliqué. Pour ce qui est des PVD, l'expérience concrète de la plupart des pays du sud-est
asiatique et de quelques autres montre à l'évidence que sortir du sous-développement passe
par l'accès de leurs exportations aux marchés des pays industrialisés, même si une protection
temporaire contre les importations peut y contribuer (argument des industries naissantes). A
l'inverse, les PVD qui continuent de stagner ou de croître trop faiblement sont presque sans
exception des pays économiquement fermés et/ou des pays qui n'ont pas su ou pu mettre en
place le cadre étatique, politique et juridique qui est la condition sine qua non de l'essor éco-
nomique – l'Etat et le marché se nourrissant l'un l'autre, comme un article dans cette série l'a
noté. Et si les pays industrialisés voulaient vraiment aider au développement de manière ef-
fective, la décision de loin la plus efficace qu'ils pourraient et devraient prendre serait d'ouvrir
enfin leurs marchés aux exportations de biens agricoles et textiles provenant des PVD, le pro-
tectionnisme qui continue de sévir dans ces domaines étant à proprement parler scandaleux.
Il ne peut donc y avoir aucun doute : le bilan global de la globalisation est positif, il faut être
aveugle ou de parti pris pour le nier. Mais alors, comment se fait-il que soient si nombreux
dans le monde ceux et celles qui le nient, souvent avec véhémence ? (Et le fait qu'ils soient si
nombreux, bruyants et actifs n'a bien sûr pas échappé à certains politiciens – voir les récentes
prises de position de MM. Jospin et Schröder sur les méfaits de la mondialisation en général
et sur la taxe Tobin en particulier, ou encore les "bruits sympathiques" que les démonstrations
de Seattle ont inspirés à M. Clinton). A mon avis, au moins trois facteurs principaux sont en
cause.
Il y a tout d'abord un gros déficit de connaissances, particulièrement en matière économique.
Qui, par exemple, sait vraiment – c'est-à-dire, qui a intériorisé la proposition fondamentale –
que les échanges internationaux sont un jeu non pas à somme nulle, mais à somme positive ?
Ou encore, considérez les dénonciations de la « recherche effrénée d'un profit maximum »,
comme si c’était un comportement à l’évidence antisocial et donc condamnable. Il y a pour-
tant plus de deux siècles qu’Adam Smith a montré de manière impressionniste – et presque
cinquante ans que Debreu et Arrow ont démontré de manière rigoureuse – que la maximisa-
tion du profit par des entreprises agissant dans un cadre décentralisé conduisait à des résultats
optimaux (pour autant, toutefois, qu’on soit en situation de concurrence, d’où l’importance
des politiques de concurrence et la nécessité de les coordonner internationalement). Bref, ils
sont nombreux ceux pour qui la "main invisible" d'Adam Smith reste vraiment … invisible.
L'économie politique n'est pas la plus simple des sciences sociales et il faut compter un cours
d'une année au moins pour en avoir un premier aperçu. Pas étonnant, dès lors, que les méca-
nismes économiques les plus fondamentaux soient si souvent ignorés, ou déformés et donc
décriés. En lieu et place, font florès les a priori, les clichés, les terribles simplifications et les
stéréotypes marxisants les plus éculés, du type "exploitation de l'homme par l'homme", "capi-
talisme sauvage" ou, trouvaille plus récente, "néo-libéralisme". Pour certains, a-t-on envie de
dire, l'appréhension de la réalité économique (et aussi politique, d'ailleurs) ne peut passer,
semble-t-il, que par des stéréotypes et ensembles flous se situant au niveau du cortex crocodi-