La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 5 - octobre 2006
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Dossier thématique
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Les 20 dernières années ont confi rmé la place du traite-
ment conservateur pour certains cancers à cellules rénales,
non seulement pour des indications de nécessité mais
aussi pour des indications de principe. La néphrectomie par-
tielle, initialement proposée en alternative à la néphrectomie
totale pour des raisons de conservation néphronique et de
risque de bilatéralité du cancer, fait partie des standards (1).
Cependant, la néphrectomie totale avec ou sans surrénalecto-
mie reste “recommandée pour les tumeurs rénales ne répon-
dant pas aux indications de la chirurgie conservatrice et chez
certains patients métastatiques” (1). La néphrectomie partielle
a permis l’apparition de nouveaux traitements conservateurs
par des agents physiques percutanés et transcutanés.
Avant toute néphrectomie totale, une évaluation de la fonction
rénale est indispensable par une recherche des facteurs de risque
d’insuffi sance rénale (âge, tension artérielle, diabète, athérome),
un calcul de la clairance de la créatinine par la formule de Cock-
croft-Gault et une recherche de protéinurie des 24 heures (2).
En cas d’insuffi sance rénale chronique (2), une consultation
spécialisée est nécessaire, et un traitement conservateur doit
être discuté.
Le but de cet article est de faire une mise au point des indi-
cations techniques et des résultats des diff érents traitements
conservateurs du cancer à cellules rénales.
NÉPHRECTOMIE PARTIELLE : LE STANDARD
Les objectifs de la néphrectomie partielle sont de préserver
la fonction rénale, d’éviter une néphrectomie totale pour une
pathologie bénigne et de prendre en compte le risque de cancer
bilatéral (3). Les indications de néphrectomie partielle élective
sont devenues consensuelles : tumeur rénale de moins de 4 cm
et de localisation corticale exophytique (1).
La technique chirurgicale de référence de la néphrectomie
partielle est la chirurgie ouverte, classiquement par lombo-
tomie extrapéritonéale et contrôle pédiculaire. Le clampage
pédiculaire n’est pas systématique, en particulier pour les petites
tumeurs corticales ou les tumeurs polaires. En cas de clampage
pédiculaire de plus de 30 mn, une réfrigération rénale de surface
est recommandée. La technique de résection est une tumorec-
tomie par wedge resection. L’hémostase parenchymateuse peut
être faite par suture ou avec des agents hémostatiques. Il est
impératif de contrôler les marges chirurgicales par un examen
macroscopique méticuleux. Il n’y a pas de place pour un examen
histologique extemporané.
La néphrectomie partielle peut aussi être réalisée par lapa-
roscopie. Il s’agit d’une technique faisable, mais en cours de
maturation et d’évaluation, car elle n’est, de nos jours, toujours
pas standard. Elle peut se discuter pour les très petites tumeurs
exophytiques.
Pour les tumeurs de moins de 4 cm, la morbidité de la néphrec-
tomie partielle ouverte est comparable à celle de la néphrectomie
totale. En revanche, la morbidité de la néphrectomie partielle,
essentiellement hémorragique et urinaire, augmente avec la taille
tumorale, la multifocalité tumorale et la localisation centrale
de la tumeur.
Les résultats carcinologiques de la néphrectomie partielle pour
les cancers de moins de 4 cm sont équivalents à ceux de la
néphrectomie totale, avec des taux de survie à 5, 10 et 15 ans
Traitements conservateurs du cancer du rein
Conservative treatments of renal cell carcinoma
IP É. Lechevallier*
* Service d’urologie, hôpital Salvator, Marseille.
RÉSUMÉ
La néphrectomie partielle est le traitement conservateur
standard des tumeurs du rein de moins de 4 cm. La voie lapa-
roscopique et les indications pour les tumeurs de plus de 4 cm
sont en cours d’évaluation, de même que les techniques abla-
tives. La cryoablation et la radiofréquence sont les techniques
les plus avancées. Les traitements ablatifs restent réservés
à des cas sélectionnés dans le cadre de protocoles d’essais
cliniques. Leur faible morbidité et leurs résultats initiaux
encourageants en font des techniques prometteuses.
Mots-clés : Rein - Cancer - Néphrectomie - Cryoablation -
Radiofréquence.
SUMMARY. Partial nephrectomy is the standard treatment of
solid renal masses of less than 4 cm. Laparoscopic surgery and
indications for tumors over 4 cm are under evaluation. Ablative
surgery is growing. Renal cryoablation and radiofrequency
ablation are the more evaluated procedures. Ablative treatments
are indicated for selected cases in clinical trials. Because of the
weak morbidity and favourable initial results, renal ablative
treatments are very attractive.
Keywords: Kidney - Cancer - Surgery - Ablation.