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conséquent, quand il n'y a pas suffisamment de personnel dans le service pour s'oc-
cuper des patients, ou qu'on manque de patience, on les attache.
Des phrases comme "arrêtez de courir (ou de crier ou de déranger) sinon on vous
attache" sont revenues fréquemment dans les rapports présentés par les partici-
pants au référendum. De plus, il semble que l'immobilisation de force est utilisée
comme moyen d'imposer une autorité et de sanctionner.
25% des participants au sondage de Bizchut ont mentionné qu'ils avaient été atta-
chés comme punition de leur comportement.
15% ont dit que c'était pour ne pas avoir obéi aux ordres d'un membre du personnel
et 10% pour avoir fait quelque chose de défendu.
Des patients ont déclaré : "ils m'ont attaché pour me punir et m'éduquer." et "Je leur
ai tenu tête alors ils m'ont attaché pour me donner une leçon !". Parmi le personnel
soignant, quelques-uns utilisent la contention parce qu'ils croient à sa valeur théra-
peutique. Cependant, ce concept est considéré comme anachronique, et la re-
cherche dans ce domaine démontre que la contention physique provoque justement
des réactions négatives dans la thérapie. Non seulement cela ne calme pas le pa-
tient mais cela augmente encore plus son agitation, affecte ses capacités relation-
nelles et sape le processus de rétablissement et de réadaptation.
Même lorsque l'acte de contention est exécuté légalement pour prévenir un risque,
le rapport montre que, dans de nombreux cas, la gravité de la situation ne le justifiait
pas ; pas plus que la violence verbale ou des dommages matériels. De même,
l'agressivité résulte le plus souvent d'une ambiance de "cocotte minute" dans le ser-
vice et il serait alors plus judicieux de temporiser sans faire usage de la force. Le
personnel ne reçoit aucune formation pour d'autres alternatives, et il n'y a pas assez
de main-d'œuvre et de temps pour les mettre en pratique. En vertu de ces faits, le
rapport fait valoir qu'en Israël, la contention de patients en psychiatrie – surtout
telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui – transgresse la loi et porte une atteinte
inestimable aux droits juridiques des malades.
De nombreuses voix dans le monde occidental, et plus récemment celles de profes-
sionnels en Israël, appellent à cesser la contention de force, aussi bien en raison
des préjudices et de son inhumanité, mais aussi en raison de son anachronisme. Le
rapport précise que, ces dernières vingt années, de nombreux pays occidentaux ont
mis en œuvre des initiatives afin de la supprimer ou du moins la réduire à un taux
négligeable.
Des pays dans le monde entier ont réduit leur pourcentage de plusieurs dizaines,
jusqu'à la suppression totale de cette pratique dans certaines régions.
Ils notent tous que réduire la contention de façon dramatique jusqu'à prati-
quement l'abolir est un objectif réalisable. En Israël aussi il y a des signes en-
courageants. La direction du Centre de santé mentale de Be'er Sheva a lancé un
projet indépendant pour diminuer les contentions. Au cours des années 2014-2015
on a pu noter une diminution de 70% du temps que durait la contention et près de
60% en moins de pratiquées.
La contention de patients n'est pas une nécessité fondamentale. C'est un outil
archaïque dont le but a toujours été, ni plus ni moins, de maîtriser des per-
sonnes. Pendant des années, on a enrobé cet acte de justifications d'ordre théra-
peutiques, d'arrangements divers législatifs et administratifs. La majorité du person-
nel médical n'attache pas par méchanceté ou par négligence ; les soignants ont
adopté ce procédé parce qu'il est perçu comme légitime et est facile à utiliser. C'est