L’objet de notre papier est d’analyser la structure des échanges intra-firme en présence de
barrières tarifaires et non tarifaires et compte tenu de l’existence d’un différentiel de fiscalité
entre pays. Notre analyse s’appuie sur une extension du modèle initialement proposé par
Madan [2000], modèle dans lequel des échanges verticaux et horizontaux peuvent
simultanément exister. Toutefois, la structure que nous proposons ici présente des différences
substantielles par rapport à l’approche de Madan puisque nous modifions plusieurs
hypothèses de base et élargissons le champs d’analyse. Tout d’abord, nous souhaitons
appréhender au mieux l’ensemble des pressions concurrentielles qui s’exerce sur les FMNs.
Pour ce faire, nous considérons que le produit final est vendu non seulement à l’étranger mais
aussi sur le marché domestique de la maison mère. De ce point de vue, nous nous situons dans
la lignée des travaux de Horst [1971] et de Bécuwe et alii [1998]. Ensuite, nous supposons
que les fonctions de production du bien final sont de type Cobb-Douglas à plusieurs inputs
dans les deux pays, en l’occurrence deux biens intermédiaires et un seul facteur de
production. Madan utilise pour sa part des fonctions de production à facteurs
complémentaires. En comparant les résultats obtenus dans les deux analyses, nous pouvons
apprécier le degré de robustesse de l’équilibre d’échanges intra-firme verticaux et horizontaux
au regard du degré de substitution des facteurs de production. De plus, selon la même
démarche, nous considérons que les technologies utilisées sont différentes entre les deux
unités de production, les transferts de savoir et de savoir-faire entre maison mère et filiale
étant supposés ici imparfaits. Par ailleurs, notre analyse des effets de la fiscalité sur la nature
verticale et/ou horizontale des échanges intra-firme est plus générale. En effet, nous
envisageons les deux cas de figure possibles pour le différentiel d’imposition sur les bénéfices
entre pays. Nous considérons tout d’abord la situation où le taux d’imposition est le plus
faible dans le pays d’origine de la FMN, le seul cas retenu par Madan. Nous portons ensuite
notre attention sur la portée de l’attractivité fiscale du pays d’accueil. Enfin, de cette analyse,
nous déduisons le caractère substituable ou complémentaire des échanges intra-firme et de la
production à l’étranger.
La première section de cet article s’attache à préciser les hypothèses du modèle. Dans une
seconde section, nous établissons les conditions d’existence d’un équilibre de commerce
intra-firme vertical et horizontal compte tenu de la présence d’une protection tarifaire et non
tarifaire, de différences de pressions fiscales qui s’exercent entre les deux pays où la FMN est
implantée, de fonctions de productions à facteurs partiellement substituables et de
technologies de production différentes entre maison mère et filiale. La troisième section est
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