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Faut-il légaliser l'euthanasie ?
le médecin à reprendre une communication.
Le malade, dans cette demande d'euthanasie, ne demande pas au médecin de l'aider à mourir, mais demande au
médecin de l'aider à vivre le temps qui lui reste. Accepter l'euthanasie, c'est refuser d'écouter la vraie demande du
malade. Le médecin et la confiance
La relation médecin-malade est une relation qui repose fondamentalement sur la confiance. On remet sa santé et sa
vie entre les mains du médecin, sûr qu'il fera tout son possible pour obtenir la guérison ou, au moins, pour prolonger
la vie dans les meilleures conditions. On accepte bien volontiers la perfusion ou les comprimés prescrits sans
pouvoir toujours parfaitement comprendre l'intérêt et le rôle de chaque médicament, sûr que l'on ne risque rien.
Que va devenir l'image du médecin, de l'infirmière, si l'on sait que ce médecin peut utiliser sa science non pas pour
soigner mais pour tuer ? Accepter l'euthanasie, c'est détruire la confiance absolue que l'on est en droit d'avoir en son
médecin.
La demande d'euthanasie traduit toujours un échec de la médecine. La vraie réponse passe par une remise en
cause fondamentale : que n'avons-nous pas fait pour aider le malade ? Pourquoi chez lui un tel désespoir ?
Pouvons-nous être absolument, catégoriquement, définitivement sûrs que nous n'aurions pas pu mieux faire, et qu'il
n'est pas encore temps de mieux faire ? Sommes-nous absolument certains que, si nous ne pouvons pas y arriver
par nos propres moyens, une autre équipe qui serait mieux formée aux soins palliatifs, ou qui aurait simplement un
meilleur contact avec le malade, ne pourrait pas nous remplacer avantageusement ? Dans ce cas il est urgent de
transférer le malade dans un autre service.
L'euthanasie est la solution de facilité
On évite de se poser des questions, et on semble régler le " problème " avec " humanité "L'euthanasie légalisée,
c'est l'euthanasie obligatoire ! Le malade, quand son aspect physique se dégrade, lorsqu'il devient dépendant des
autres pour des actes simples de la vie quotidienne, lorsque les soins ne respectent plus ou respectent mal sa
pudeur, risque de ressentir une gêne vis à vis des autres. Il se sent une charge pour l'aide soignante qui doit changer
les draps plusieurs fois par jour, une charge pour l'infirmière qu'il faut appeler parce que l'on a mal, que l'on respire
mal, que l'on est anxieux, une charge pour le conjoint, les enfants qui se sentent obligés de venir chaque jour.
Que va-t-il ressentir si de nombreux malades dans son état ou même mieux portants demandent à être "
euthanasiés " afin de soulager l'entourage ?
Que va-t-on penser de ce malade qui se singularise en tenant tellement à la vie malgré son état de déchéance, qui
impose tant de contraintes à son entourage ? Quel égoïsme ! Quel sans-gêne !
L'euthanasie légalisée s'imposera progressivement à tous par une forte pression sociale. Il sera de très mauvais goût
de la refuser pour soi-même.L'euthanasie imposée par l'économie ?
Un malade " euthanasié " coûte moins cher qu'un malade en vie qui réclame des soins. Supposons un système
d'assurance maladie pensant trop à la rentabilité. Il est évident que la promotion de l'euthanasie devient une priorité
économique absolue. Les deux tiers de ce que nous coûtons pour notre santé sont dépensés au cours de la dernière
année de la vie. Si l'on supprime tout ou partie de cette dernière année, que d'économies !
Cette logique finira par s'imposer
Prenons un exemple : parmi les critères d'évaluation d'un service hospitalier, la durée moyenne de séjour. Entre
deux services, dirigés l'un par un médecin qui euthanasie ses malades, l'autre par un médecin qui s'attache à donner
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