1/5
Leçon 12 H 6 : La Première Guerre mondiale, l’expérience
combattante dans une guerre totale et la SDN.
De 1914 à 1918, va se dérouler la Première Guerre mondiale. Comme tout conflit, cette dernière va opposer de
nombreux combattants. Mais, la durée de ce conflit et l’implication de toutes les forces des Etats belligérants vont
modifier la vie des participants à ce conflit.
En quoi la Première Guerre mondiale marque-t-elle une rupture dans l’expérience combattante par rapport aux
précédents conflits ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi consiste la vie des soldats au cours de la Première Guerre mondiale.
Puis, dans une seconde partie, nous expliquerons en quoi cette vie est conditionnée par le caractère total du conflit.
I. Une guerre d’une violence sans précédent.
La Première guerre mondiale se caractérise par une ampleur inédite et par une violence extrême des combats face
auxquelles les soldats ont fait face tant bien que mal.
A. Une guerre à l’ampleur inédite.
La Première Guerre mondiale est déclenchée par l’assassinat, le 28 juin 1914, de l’archiduc François Ferdinand,
héritier du trône d’Autriche-Hongrie. Cet assassinat sert de prétexte à l’Autriche-Hongrie pour écraser un voisin gênant,
la Serbie, après s’être assuré du soutien du l’Allemagne. Au début du mois d’août 1914, les principaux pays européens,
pris dans l’engrenage des réseaux d’alliance (Triple Alliance contre Triple Entente), entrent successivement en guerre. Si
aucun ne veut une guerre aussi générale (espérant que le système d’alliance ne tiendra pas), personne ne veut non plus
l’éviter (tensions nationalistes, rivalités économique et industrielle, question de la maîtrise des mers…). Les
gouvernements, soutenus par leur opinion publique, se sont enfermés dans une logique de guerre sans mesurer l’ampleur
qu’allait prendre le conflit. En 1914, La vision de la guerre est encore celle du XIXe siècle : de grandes offensives vont
mettre fin à la guerre en peu de temps, les équipements sont majoritairement ceux des siècles précédents (en France, il n’y
a pas de casques et les uniformes sont bleus et rouges).
Il est nécessaire pour les Allemands de vaincre rapidement sur le front ouest car ils craignent, à tort, davantage l’armée
russe (peur du nombre de Russes). Aussi, l’Allemagne applique-t-elle le Plan Schlieffen qui nécessite l’invasion de la
Belgique neutre malgré le risque d’entrée en guerre d’une Grande-Bretagne qui voudrait éviter la guerre. De leur côté, les
Français sont obsédés par la libération de l’Alsace et pensent pouvoir envahir l’Allemagne en passant par le Rhin
considéré comme la frontière la moins bien protégée. Les Français sont surpris par l’offensive allemande : l’armée est
coupée en deux mais les Allemands hésitent à attaquer Paris pourtant à seulement 70 km. Gallieni lance la contre-attaque
sous le commandement de Joffre, la bataille de la Marne, du 5 au 9 septembre, stoppe la progression allemande. Les deux
armées tentent alors de se déborder mutuellement dans une « course à la mer » qui s’arrête sur les rivages de la mer du
Nord. La guerre devient alors une guerre de position.
Les deux camps tentent ensuite d’ouvrir de nouveaux fronts : Dardanelles, soutien de la révolte arabe contre les Turcs,
entrée en guerre de l’Italie… La guerre s’étend au monde par la mobilisation des colonies puis par l’entrée en guerre des
Etats-Unis. Bien que les Américains soient essentiellement isolationnistes et que les Allemands aient tout fait pour
l’éviter, le télégramme Zimmermann, ministre des affaires étrangères et va-t-en guerre, qui propose aux Mexicains une
alliance contre les Etats-Unis ainsi que les nombreuses attaques de navires américains conduisent les Etats-Unis à entrer
en guerre en avril 1917.
L’implication progressive d’un nombre croissant de nations et donc de soldats renforce le caractère meurtrier du
conflit.
B. Une guerre particulièrement éprouvante.
Aucun conflit n’a auparavant tué autant en si peu de temps. De 1914 à 1918, ce sont 10 millions de personnes qui ont
été tuées. En moyenne, chaque jour, 900 Français, plus de 1 300 Allemands et 1 450 Russes ont été tués. Parmi les morts,
se trouvent des « disparus » et des corps impossibles à identifier. Le nombre des blessés est immense : environ 20
millions. Parmi eux, 8 millions d’invalides et d’infirmes dont les gazés et les blessés de la face, les « gueules cassées ».
Jamais, dans les conflits précédents, les soldats n’avaient été aussi vulnérables. Les combats sont des Orages d’acier,
d’après le titre du récit d’Ernst Jüger écrit en 1920. Les bombardements d’artillerie occasionnent environ 70% des
blessures. Les éclats d’obus tuent, mutilent ou défigurent. Sous le feu des canons, des mitrailleuses, des mortiers, on se
terre au fond des tranchées ou dans les trous d’obus. On s’enferre dans les réseaux de barbelés du no man’s land.
Impossible alors de se présenter le corps droit et dressé face au feu comme jadis. Responsables de souffrances intenses,
les gaz, utilisés pour la première fois en 1915, horrifient, même s’ils n’ont tué que 1% des hommes.
Dés 1915, les soldats se font face dans les tranchées (2 m de profondeur), parfois à portée de voix de l’ennemi (moins
de 100 m.). La vie y est très éprouvante : les soldats doivent affronter la vue insoutenable des morts, des débris humains et
des blessés mais aussi la chaleur, le froid, la boue, les parasites (rats qui mangent tout, poux…), les difficultés de
2/5
ravitaillement, l’épuisement et l’éloignement des êtres chers. Ces conditions de vie favorisent le développement d’un
monde à part qui se manifeste par l’usage d’un vocabulaire et de tenues vestimentaires spécifiques. Les soldats s’occupent
comme ils peuvent… guettent, se reposent, se cherchent des poux, enterrent les morts, attendent la soupe, la relève, les
lettres… Ils ne passent que quelques mois en première ligne, et il y a une relève : la guerre est rythmée par les montées en
première ligne et les repos à l’arrière. Dans les périodes de combats, ils sont relevés le plus souvent possible (au bout
d’une semaine dans le meilleur des cas). Les tranchées de deuxièmes lignes et les cantonnements de l’arrière permettent
de se reposer : les soldats peuvent se divertir et attendre les lettres de leurs familles (« Nous sommes devenus des
machines à attendre »). A ces souffrances physiques, s’ajoutent des troubles psychiques pendant et après le conflit :
comme l’obusite qui se manifeste par des cauchemars, des tremblements ou le mutisme…
La Première Guerre mondiale marque une rupture avec les conflits précédents par sa violence. Face à celle-ci
comment les combattants ont-ils pu tenir ?
C. Comment expliquer l’endurance des combattants ?
A la déclaration de guerre, la plupart des mobilisés ne savent pas vraiment pourquoi ils se battent. Ils pensent que la
guerre sera courte et sont convaincus de leur bon droit. La plupart des soldats a le sentiment de mener une guerre
défensive pour sauver le sol de la « mère-patrie » dans le contexte d’unions sacrées politiques, de défendre la civilisation
contre la barbarie, de protéger la paix universelle, mais aussi leur famille. Les paysans français, notamment ceux du Nord
et de l’Est, qui nourrissent le gros de l’infanterie française se battent ainsi autant pour le sol de la patrie que pour le sol de
leurs villages et de leurs terroirs. Ces motivations sont encouragées par une intense propagande qui diabolise l’ennemi en
propageant les pires rumeurs et par un profond sentiment nationaliste. En France, est ainsi mis en avant l’objectif de
récupérer l’Alsace. Les historiens parlent de consentement à la guerre. Cependant, l’enthousiasme reste limité, il s’agit
plus de résignation. De plus, devant la réalité et la brutalité des combats, l’endurance des fantassins (en grande majorité
des paysans) semble provenir d’autres sources de motivations, marquées par la contrainte.
Les soldats sont obligés de faire leur « devoir patriotique » sous peine de lourdes sanctions en cas de refus du combat.
Pour aider, de l’alcool est distribué avant les assauts. Le refus de participer à l’assaut est passible d’une mort immédiate.
Sur les 40 000 mutins français de 1917 : 3 247 sont jugés, 554 condamnés à mort mais seulement 49 seront exécutés. Il
s’agit avant tout de faire un exemple. Les soldats accomplissent aussi un « devoir moral » de solidarité vis-à-vis de leurs
camarades. Les soldats forment des groupes, selon leurs origines et leurs affinités, ils ont leurs codes, leurs souvenirs, une
certaine autonomie (souvent des groupes de 3 à 6). Ils ont concrètement l’idée qu’ils défendent ou qu’ils vengent un
camarade. Généralement anonyme, donnée à distance par des artilleurs, la mort est aussi donnée de près lors des « coups
de main » des « nettoyeurs de tranchées », faits rarement avoués et narrés par les combattants. Les soldats subissent au
quotidien les atrocités des combats, le contact permanent avec la mort ou la blessure de leurs camarades. La vie humaine
perd de son sens, la destruction de masse est banalisée. Le droit de la guerre est bafoué ; les conventions de Genève
(1864) et de La Haye (1907) ne sont pas respectées. Selon certains historiens comme George Mossé, les soldats auraient
subi une « brutalisation » ou un « ensauvagement ». Confrontés à une violence intense et dans un contexte de levée de
l’interdit de tuer, certains soldats ont pris parfois plaisir à combattre. Ils livrent alors de leur expérience du front pendant
et après le conflit, une vision héroïsée, mythifiée de la guerre, vécue comme une expérience virile régénératrice dont les
idéologies totalitaires ont pu se réclamer. Cependant, cette vision est nuancée par d’autres historiens qui parlent plus
volontiers d’une « deshumanisation ». Après la guerre, dans la plupart des pays européens, les populations sont animées
par un profond sentiment pacifiste qui se manifeste, par exemple, par la construction de monuments aux morts ou
l’instauration du 11 novembre.
Les combattants de la Première Guerre mondiale ont faire face à un conflit d’une ampleur et d’une intensité
nouvelle. Pour réussir à combattre, ils ont été poussés à la fois par une « culture de guerre » et par la pression mise sur
eux. Ces éléments font de la Première Guerre mondiale une rupture avec les guerres précédentes. A quoi est due cette
rupture ?
II. Un nouveau type de guerre ?
La Première Guerre mondiale est la première « guerre totale » ce qui a des conséquences sur l’expérience des
combattants et sur celles des civils.
A. La première « guerre totale »...
L’expression de « guerre totale », utilisée dès le conflit, renvoie au fait que l’installation imprévue de la guerre dans la
longue durée a mobilisé de manière inédite, profondément et avec intensité les sociétés belligérantes, Etats et
gouvernements, activités industrielles mais aussi les civils sur quasiment l’ensemble de la planète.
Sur le front, ce sont 70 millions de soldats qui ont combattu entre 1914 et 1918. Les métropoles font appel
massivement à leurs colonies. Ainsi, la France a mobilisé 500 000 soldats coloniaux et le Royaume-Uni a recruté 1
million de volontaires dans ses colonies. La puissance militaire est déterminée par la puissance économique de l’Etat et
donc par sa capacité à mobiliser toutes les forces situées à l’arrière du front.
3/5
Les Etats mettent en place des économies de guerre : ils organisent les réquisitions et le rationnement pour répondre
aux besoins de l’armée, ils dirigent la production des armes (plus d’un milliard d’obus tirés entre 1914 et 1918). La
nécessité du financement du conflit pousse les Etats à recourir à des emprunts de guerre auprès de la population ou
d’autres Etats ou bien à l’émission massive de monnaie. Pour maintenir la mobilisation de leurs populations, les
belligérants imposent une forte censure et organisent la propagande
La mobilisation économique rend le travail de plus en plus harassant, en particulier avec l’allongement des journées de
travail. La présence au front et la perte d’êtres chers n’a éparg aucune famille soumise à l’angoisse, à la mort et au
deuil, en plus du rationnement et des privations. L’arrière a aussi partagé avec les combattants, les représentations du
temps d’une guerre perçue comme un sacrifice nécessaire pour la patrie, la civilisation, la paix ou le sol natal. Le départ
massif des hommes à la guerre a obligé à mobiliser les femmes aux champs, dans les transports et les usines d’armement.
En 1914, les femmes représentent 20% de la main-d’œuvre allemande (1,4 million). En 1918, elles en représentent 35%
(1,8 millions). En France, en 1918, elles forment 25% de la main-d’œuvre. Elles accèdent ainsi à des métiers jusque
réservés aux hommes et à des salaires assez élevés (motiver, éviter les grèves).
Pour la première fois, pour obtenir la victoire, les belligérants doivent prendre le dessus non pas seulement
militairement mais par la mobilisation de l’ensemble des forces disponibles sur leur territoire. Le passage à une « guerre
totale » modifie totalement le rôle des soldats dans la guerre.
B. transforme l’expérience combattante.
Contrairement aux prévisions des états-majors, la guerre est une guerre de position en raison du blocage des
belligérants, aux forces plus ou moins équivalentes en hommes et en matériel, sur le front principal, le front Ouest, qui
court de la mer du Nord à la frontière suisse. Les armées se font face, souvent très proches, les offensives ont pour but de
percer les fronts. La tactique est toujours la même : l’artillerie doit saigner les défenses et permettre d’obtenir la
supériorité numéraire. L’assaut de l’infanterie doit permettre de percer le front et donc de reprendre la guerre de
mouvement. Mais, les tentatives de percée du front et de reprise de la guerre de mouvement, extrêmement meurtrières, se
soldent pour chaque camp par des pertes immenses. Le refus intransigeant des décideurs militaires et politiques de reculer
accroît en outre l’hécatombe. Les offensives de Champagne et d’Artois de 1915 provoquent la mort de 350 000 hommes
pour 4 kilomètres gagnés. La bataille de la Somme en 1916 conduit à la mort de 1,2 million de soldats pour moins de 10
km de gain ; le premier jour de cette offensive 20 000 Britanniques sont morts. La même année, la bataille de Verdun
provoque la mort de 300 000 Français et de 250 000 Allemands sans réel changement de ligne de front.
Sur le plan technologique et industriel, la guerre de tranchées met en œuvre une puissance de feu plus perfectionnée et
plus dévastatrice que dans les conflits précédents. Les systèmes industriels performants des belligérants permettent ainsi
la production massive et standardisée d’armements redoutables : canons qui envoient des obus à plusieurs kilomètres ;
fusils à répétition, mitrailleuses qui envoient 600 projectiles par minute ou encore chars et avions qui sont des armes
nouvelles. A Verdun, ce sont 1 200 pièces d’artillerie allemandes qui sont concentrées, 30 millions d’obus qui seront tirés,
6 obus au m². Pour la bataille de la Somme, 1 500 pièces anglaises sont rassemblées et qui vont faire feu pendant une
semaine. En effet, il faut environ 440 obus pour tuer un homme.
Le passage à une « guerre totale » conduit à la mobilisation d’effectifs nombreux et à des « batailles de matériel »
dont la combinaison explique les pertes immenses. Les civils vont aussi voir leur rôle évoluer.
C. Les civils à l’épreuve des violences.
La séparation entre combattants et civils s’estompe pendant cette guerre. Les civils deviennent un objectif militaire
comme les autres qu’il faut donc détruire. Des violences ont été infligées aux civils. Certes, elles sont circonscrites
géographiquement et inférieures à la masse des victimes combattantes (40% des victimes). Des massacres, des viols, des
déportations de populations civiles accompagnent néanmoins la progression des armées allemandes en Belgique, au
Luxembourg, dans le nord de la France en 1914. Entre octobre 1916 et février 1917, 61 000 Belges sont déportés en
Allemagne pour y travailler mais la majorité des travailleurs sont réquisitionnés sur place dans les territoires occupés et
soumis au travail forcé.
Des milliers de civils meurent dans les premiers bombardements urbains qui touchent des villes à proximité du front,
victimes des canons à longue portée et des premières escadrilles aériennes. Les attaques sur Paris ont provoqué 256 morts
et 628 blessés par canon ainsi que 267 morts et 602 blessés par avions. Londres a perdu 1 500 habitants par
bombardement aérien. La guerre sous-marine « à outrance » a causé la mort de milliers de marins et de passagers (7 mai
1915, Lusitania 1 200 morts) sans parler des privations imposées aux populations par le blocus (500 000 civils meurent de
faim). Pour y faire face, les Allemands développent des ersatz, des produits de remplacement de moindre qualité, pour
remplacer ceux devenus inaccessibles.
Enfin, la Grande Guerre comporte aussi des violences contre des peuples entiers. Des Juifs et des Allemands ont été
expulsés hors de Russie. Surtout, dans l’empire ottoman, les Arméniens qui avaient déjà subi des violences à la fin du
XIXe siècle vont connaître le premier génocide de l’histoire. En 1915, le pouvoir ottoman, considérant que les Arméniens
chrétiens orthodoxes pactisent avec l’ennemi russe, décide de s’en débarrasser. Les élites sont arrêtées et mises à mort.
Des centaines de milliers d’Arméniens sont assassinés, noyés ou déportés vers les déserts du sud au cours de marches
forcées où meurent les plus faibles. Ceux qui résistent sont abandonnés dans le désert ou dans des camps sans moyens de
4/5
survie. Ce sont entre 650 000 et 1,5 million de personnes qui seront mortes sur près de 2 millions d’Arméniens. Il s’agit
bien d’un génocide car il s’agit d’une extermination pensée, programmée, organisée, d’un groupe national, ethnique,
racial ou religieux. Cependant, à l’époque, il n’est pas considéré ainsi car la définition juridique d’un génocide ne date
que de l’après Seconde Guerre mondiale.
Le caractère total du premier conflit mondial va accentuer la violence commune à toutes les guerres et aggraver
l’impact de celle-ci sur les civils. Compte tenu de cette violence nouvelle, se développe un mouvement pacifiste incarné
par la Société des Nations.
III. La SDN, un projet pour assurer la paix.
Imaginée avant la fin de la Première Guerre mondiale, la Sociédes Nations est organisée après celle-ci. Si ces
ambitions sont plus que louables, leur mise en œuvre s’avère complexe.
A. Genèse et fondation de la SDN.
Dès le 8 janvier 1918, le président des Etats-Unis W. Wilson fait connaître, au Congrès des Etats-Unis, ses « quatorze
points », un ensemble de principes redéfinissant les fondements des relations internationales dans le but d’assurer une
paix durable. Outre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la réduction des armements, Wilson, dans son 14e
point, entend créer une « une association globale de nations […] formée par des engagements spécifiques garantissant une
indépendance politique et une intégrité territoriale mutuelle identique à tous les pays grands ou petits. », capable donc de
garantir les conditions de la « paix du monde » par la négociation. En effet, Wilson considère que c’est la diplomatie
secrète qui a causé la Première Guerre mondiale.
Les « 14 points » servent de base aux conférences de paix réunies à Paris en 1919-1920 et vont inspirer les traités
élaborés entre les Etats vainqueurs de la guerre (Royaume-Uni, Etats-Unis, France, Italie) et imposés aux Etats vaincus
qui sont, d’ailleurs, absents des discussions. Les traités de paix redessinent une nouvelle carte de l’Europe en prenant en
compte les nationalités par la création de nouveaux Etats, ce qui est conforme au droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes. En application des volontés de Wilson, le traité de Versailles conduit à la création, le 10 janvier 1920, de la
Société des Nations qui doit garantir la sécurité collective au monde. La SDN compte alors 41 membres.
La SDN naît de la volonté du président américain d’assurer la paix dans le monde. Comment l’ONU fait-elle son
apparition ?
B. Organisation et principes de base de la SDN.
La Société des Nations est implantée à Genève, en raison de la neutralité de la Suisse. Elle dispose de plusieurs
institutions dont les plus importantes sont l’Assemblée général, le Conseil et le Secrétariat.
l’Assemblée générale réunit les représentants des Etats membres pour débattre des questions relatives à la
paix dans le monde ainsi que l’admission de nouveaux membres. Elle contrôle également le budget de
l’organisation ;
le Conseil est composé de 4 membres permanents, à savoir le Royaume-Uni, la France, l’Italie, le Japon,
rejoints par l'Allemagne en 1926, ainsi que de 9 membres non-permanents. Le conseil a les mêmes droits que
l’Assemblée. Il s’occupe aussi de différentes tâches dans lesquelles l’assemblée n’a qu’un pouvoir limité
(mandats, minorités, etc.) ;
le Secrétariat est l’auxiliaire de l’assemblée. Il est dirigé par un secrétaire général qui contrôle plusieurs
sections ainsi que le personnel (670 personnes venant de 51 pays en 1930) ;
A ces trois institutions principales, s’ajoutent une Cour permanente internationale de justice, basée à la Haye, et des
agences spécialisées comme l’organisation de la sante, l’organisation internationale du travail, la commissions des
mandats ou la commission des réfugiés.
Fidèle au pacifisme de Wilson, la SDN encourage ses membres à ne plus recourir à la guerre, à réduire leurs
armements et leur impose de trancher les conflits en recourant à l’arbitrage de l’Assemblée ou à l’autorité de la cour
permanente de justice de La Haye. L’article 16 du Pacte prévoit qu’en cas d’agression, tous les membres de la SDN
devront prendre contre l’agresseur des sanctions morales, économiques et financières, voire aider militairement l’agressé.
La SDN met donc en place une garantie réciproque de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de ses membres. L’idée
de juger les criminels de guerre est émise mais jamais mise en pratique.
C. La SDN, de l’espoir à l’échec.
La SDN parvient à régler de nombreuses crises internationales. Elle fait organiser des plébiscites pour satisfaire les
aspirations des populations dans les zones frontalières contestées (îles Åland entre la Suède et la Finlande, Haute-Silésie
entre l’Allemagne et la Pologne, Sarre…). L’Allemagne est admise dans la SDN en 1926 à la suite des accords signés par
les ministres des Affaires étrangères français (A. Briand) et allemand (G. Stresemann), adhésion interprétée comme une
garantie de paix. Ces succès font croire que « l’esprit de Genève va triompher » comme l’indique la signature du pacte
Briand-Kellog de 1928 rendant la guerre illégale.
5/5
Toutefois, la SDN apparaît affaiblie dès sa création. Les Etats-Unis, première puissance mondiale, n’en font pas partie
en raison du refus du Sénat américain de ratifier le traité de Versailles. L’Allemagne y hostile car la SDN fait partie du
Traité de Versailles qui écrase le pays à la fin de la guerre. Elle montre donc rapidement son impuissance. Dépourvue de
force armée, elle dépend des grandes puissances, attachées au pacifisme ou à l’esprit de revanche, pour faire appliquer ses
résolutions. Dans les années 30, elle se heurte à l’isolationnisme des Etats-Unis, au révisionnisme de l’Allemagne nazie
et au bellicisme de l’Italie et du Japon. La SDN ne peut prévenir ni empêcher la conquête japonaise du nord de la Chine
(1931-1933), l’invasion italienne de l’Ethiopie (1935-1936) ou la remilitarisation de la Rhénanie par l’Allemagne nazie
(1936). Le cas de l’Ethiopie est significatif des contradictions de la SDN. Dès 1935, des sanctions sont votées contre
l’Italie mais elles ne sont pas appliquées car la France et la Grande-Bretagne sont contre. Finalement, ces sanctions sont
levées dès 1936.
Ces trois Etats quittent la SDN au cours des années 1930. La faiblesse de l’Organisation est l’une des causes de la
Seconde Guerre mondiale. Benito Mussolini déclare à ce sujet : « la Société de nations est très efficace quand les
moineaux crient, mais plus du tout quand les aigles attaquent ». La SDN met fin à ses sessions en 1939 et est dissoute en
1946.
Au cours de la Première Guerre mondiale, les soldats affrontent une violence extrême qui laissera des traces dans les
chairs et dans les esprits. Pour combattre, malgré cette violence, les militaires s’appuient sur de nombreuses sources de
motivation. L’intensité nouvelle que revêt cette Première Guerre mondiale s’explique par la mobilisation de toutes les
forces de tous les Etats impliqués dans la guerre : il s’agit de la première guerre totale de l’histoire. Ce caractère total
entraîne une aggravation de la situation des soldats et un changement de celle des civils. En réaction, la SDN est fondée.
Face à des conflits de faible ampleur, la SDN réussit à assurer la paix mais, dès que des conflits prennent une plus forte
ampleur, elle est incapable d’y faire face.
20 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, éclate un nouveau conflit mondial. Cette Seconde Guerre
mondiale suivra-t-elle le même schéma ou présentera-t-elle des différences ?
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !