Les premiers poètes ivoiriens comme Bernard Dadié, Charles Nokan, Anoma Kanié, Eugène Dervain étaient délibérément dans la mouvance de la Négritude ; mais sans adhésion ni affinité particulière à Senghor ou Césaire, bien que ce dernier marqua son empreinte sur les poèmes de Zadi Zaourou et Souleymane Koly. (…). Mais il n’y avait pas de “maître” tout puissant sur lequel se modeler, et pas de grand poète parmi les premiers nationaux. (…) On peut essayer d’en rechercher les causes. (…) tout d’abord une absence ! Celle d’un Président-Poète comme Senghor qui, au Sénégal, pesa de tout son poids sur plusieurs générations de jeunes écrivains. (…) Une autre contrainte qui pesait ailleurs (Sénégal, Cameroun, Benin, Congo français et belge) fut la langue française. Tous les pays cités étaient nettement plus “alphabétisés” et donc mieux francisés que la Côte d’Ivoire. (…) la poésie tout de même, c’était d’abord ce qu’on avait appris à l’école, et qu’on avait aimé, Victor Hugo, Lamartine, ou La Fontaine. (…) Ce qui semblait une lacune au départ fut-il au contraire un avantage ? Une absence de modèle est une absence de contrainte ! Et donc une porte ouverte… La première rupture se fit avec la Négritude qui, à son tour, imposa d’autres critères (…) S’appuyant sur une expérience du professeur Zadi (…) nos jeunes écrivains prétextaient de ces “griots ivoiriens” (…), pour lancer un genre littéraire qui, s’inspirait d’un verbe parlé plutôt qu’écrit, et accueillant les formes de la poésie des langues du pays. Cela donnait, en français, des choses très différentes des Senghor-Césaire, et même des David Diop, Bernard Dadié. (Lilyan Kesteloot) Marie-Clémence ADOM est enseignant chercheur, Maître de Conférences de poésie (histoire littéraire et poétique) au département de lettres modernes de l’université Félix Houphouët Boigny. Après une thèse de 3e cycle sur l’ histoire de la poésie ivoirienne écrite, soutenue en 1995, elle a aussi soutenu en, 2012 une thèse d’Etat sur le Zouglou, un genre musico-poétique né de la néo urbanité ivoirienne. Cet ouvrage est le premier d’une trilogie qui ambitionne de rendre compte des itinéraires de la poésie ivoirienne, en fixant des repères en proposant un panorama, le plus vaste possible, de cette poésie riche, vivace, vivante... ISBN : 978-2-343-04542-9 20,50 e 628 Poètes des cinq continents (re) connaître les poètes de l’écriture : des origines à 1975 Marie-Clémence ADOM Anthologie de la poésie ivoirienne Anthologie de la poésie ivoirienne Poètes des cinq continents 628 Marie-Clémence ADOM Anthologie de la poésie ivoirienne Tome 1 (re) connaître les poètes de l’écriture : des origines à 1975 Préface de Lilyan Kesteloot