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facteurs déterminant l’ampleur de la concurrence et l’innovation significatives dans une
industrie, dans un marché ou même dans une économie nationale. Ce modèle se fonde sur
l’hypothèse que la concurrence et l’innovation significatives nécessitent non seulement la
présence d’un nombre raisonnable de fournisseurs, mais aussi de la pertinence des
renseignements, des comportements, des décisions et des interactions entre les consommateurs et
les vendeurs, ainsi que de stratégies mises en place par les gouvernements et les entreprises en
vue d’assurer que le consommateur est en mesure de prendre des décisions éclairées en matière
d’achats.
Regard sur l’économie comportementale
Au cours des 20 dernières années, les universitaires des domaines de l’économie, de la
psychologie, de la sociologie et de la théorie des jeux ont mené des recherches empiriques et
expérimentales sur la façon dont les consommateurs prennent des décisions dans les marchés et
perçoivent ces marchés. Parmi les principaux participants à cette démarche, notons Daniel
Kahneman (lauréat du prix Nobel de l’économie en 2002), Amos Tversky, Richard Thaler, Cass
Sunstein, Colin Camerer, Joshua Gans, Simona Botti, Sheena S. Iyengar, Marianne Bertrand,
Chris Wilson et Catherine Waddams-Price (voir les travaux de chacune de ces personnes dans les
références bibliographiques).
Cette recherche est importante du fait qu’elle a contribué de façon significative aux hypothèses
conventionnelles entourant le comportement du consommateur et celui des autres intervenants du
marché, remettant ces hypothèses en question dans bien des cas. Elle arrive à la conclusion que
dans les faits, le comportement de tous les intervenants du marché, y compris les
consommateurs, les entreprises et les décideurs et organismes de réglementation
gouvernementaux, découle de la rationalité limitée avec laquelle ils fonctionnent. La rationalité
limitée s’oppose à ce qu’il convient d’appeler la rationalité optimale : le consommateur qui, par
exemple, étudie à fond les données techniques des produits disponibles et envisage toutes les
possibilités avant de faire son choix. Or, étant donné les contraintes réelles de nature temporelle,
informative, informatique et cognitive, le consommateur impose des limites à son évaluation
rationnelle.
Le consommateur, au moyen d’heuristique et de règles de jugement, en vient ainsi à plonger
dans des habitudes coutumières et routinières de consommation. Force est d’admettre que la
rationalité limitée est rationnelle. Le consommateur pourra reconnaître qu’il prendra une décision
plus éclairée au sujet d’un matériel d’amplification du son s’il acquiert des connaissances en
électronique et en acoustique, mais déterminer que le coût d’acquisition de ces connaissances ne
soutient pas les avantages potentiels. Or, parallèlement, la rationalité limitée peut conduire à des
biais du comportement révélateurs et un nombre important de consommateurs risquent, par
conséquent, de commettre des erreurs qui donneraient lieu à des pratiques anticoncurrentielles de
la part des intervenants du marché du côté de l’offre.
Et voilà qu’une question se pose soudain: les forces du marché et les connaissances acquises du
consommateur peuvent-elles permettre de corriger ces erreurs? Dans certains cas, assurément;
mais le plus souvent, il en résulte des effets négatifs, importants et durables, sur les décisions et
les résultats qui touchent le marché, et sur le rendement des entreprises et de l’économie. Autre