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360 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
LES PRATIQUES DE SURVEILLANCE ET D’ÉVALUATION
LA MISE EN ŒUVRE D'UNE SURVEILLANCE épidémio-
logique permet d'établir une fréquence de
base des infections sous forme d’un taux, de
recenser les problèmes infectieux les plus fréquents
afin de décider de mesures de prévention adaptées
et de les évaluer (1).
Le choix des infections à surveiller dépend de
la situation de chaque établissement : soins de
suite, soins de longue durée, type de patients pris
en charge : patients grabataires, postopératoires
etc. Les définitions d’infections nosocomiales
utilisées pour la surveillance doivent spécifiques à
la gériatrie et standardisées. Il est donc recom-
mandé d’utiliser des définitions publiées, ayant fait
l’objet d’un consensus et d’une validation (2,3).
Chaque structure doit établir ses priorités et
adapter son système de surveillance ; il parait es-
sentiel qu’un nombre limité d'indicateurs régu-
lièrement suivis soit disponible. Une surveillance
épidémiologique minimum fait partie intégrante de
la politique de prévention des infections.
La surveillance épidémiologique peut cibler une
ou plusieurs des infections suivantes :
•infections urinaires, en particulier sur sonde,
•infections d'escarre,
•infections muqueuses,
•diarrhées infectieuses,
•nouveaux cas de colonisation, portage, ou in-
fection à bactéries multirésistantes : SAMR,
entérobactéries productrices de ßLSE,
Pseu-
domonas aeruginosa
multirésistant ; dans ce
cas, il peut être intéressant de différencier
les cas importés* d'autres établissements,
des cas acquis* dans l'établissement lui
même.
La surveillance épidémiologique englobe égale-
ment l’investigation des épidémies qui doit être
systématique, afin de recommander au plus tôt les
mesures adéquates de prévention et de comprendre
les situations en ayant permis le développement.
Une surveillance épidémiologique continue peut fa-
voriser le dépistage précoce des épidémies et ainsi
limiter le nombre de personnes atteintes.
Les points essentiels
pour effectuer une surveillance
◆La surveillance se faisant par le calcul d’un taux
d’infection, il faut toujours recueillir les données
permettant d'établir le numérateur et le déno-
minateur.
◆Le questionnaire doit comporter un nombre li-
mité d'items pour qu'une surveillance de rou-
tine soit possible donc efficace :
•renseignements concernant le patient : âge,
sexe, date entrée, service...
•renseignements concernant les facteurs de
risque : sonde urinaire ...
•renseignements concernant l'infection : siège,
micro-organisme, date de début...
◆L’enquête un jour donné (enquête de préva-
lence) est de réalisation assez facile ; l’indica-
teur rapporte le nombre de patients présents in-
fectés au nombre total de patients présents. Il
donne une vue globale du problème de l’infection
nosocomiale et permet de participer aux en-
quêtes nationales mais sa précision reste limitée
pour les établissements de petite taille et il n’est
pas toujours adapté au suivi d’un phénomène
au cours du temps.
Si ce système de surveillance est adopté, il est
recommandé de le compléter par une surveillance
en incidence d’une ou plusieurs types d’infection.
◆La surveillance de l'incidence des infections
nosocomiales exprime le nombre de nouveaux
cas d’infection par unité de temps ou rapportés
à l’exposition à un facteur de risque d’infection.
C’est une surveillance plus précise mais plus
lourde à mettre en œuvre, bien adaptée au suivi
d’un phénomène au cours du temps (4) ; on peut
ainsi disposer des indicateurs suivants sur des pé-
riodes de plusieurs semaines voire plusieurs
mois ou années (5) permettant d’évaluer une po-
litique de prévention :
•nombre d'infections d'escarre pour 1 000 jour-
nées d'hospitalisation,
•nombre d'infections urinaires sur sonde pour
100 journées de sondage,
4.1
La surveillance
épidémiologique