La tenue vestimentaire lors des soins - CClin Sud-Est

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HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
LA TENUE VESTIMENTAIRE DE TRAVAIL est à définir
par chaque établissement en fonction du type
de soins pratiqués.
Il faut néanmoins insister particulièrement sur
la tenue vestimentaire lors de soins de proximité
(toilette, changes, lavements, pansement, certains
actes de rééducation). La tenue professionnelle doit
permettre d'éviter la contamination du personnel
par des liquides biologiques (1) ; de plus, elle ne
doit pas constituer un vecteur de micro-organismes
entre les patients. Il faut donc prévoir une tenue
spécifique pour tous les soins contaminants et
s’abstenir de porter lors de ces activités, des vête-
ments personnels type gilet ou passe-couloirs.
La tenue de protection comportant tablier plas-
tique de protection et gants à usage unique peut
être recommandée pour les soins de tous les
patients dépendants en institution. Le port systé-
matique de cette tenue appropriée pour tous les
soins septiques et contaminants, que le patient
soit ou non infecté ou colonisé, peut contribuer
de façon très significative à améliorer le niveau
de base des soins dans un établissement. Le port
de cette tenue dans un temps limité permet de ma-
térialiser les gestes à risque devant maintenir un
niveau élevé de vigilance des soignants vis à vis
de l’hygiène.
Sa présentation sous forme d'un kit comprenant
un tablier, une à deux paires de gants en fonction
des soins, le tout placé dans un sac plastique pou-
vant servir ultérieurement de sac à déchets peut
contribuer à la rationalisation de l'utilisation de ces
éléments. Le caractère à usage unique d’élimination
facile permet d’individualiser les soins de façon
rigoureuse y compris lorsque le patient dépendant
retourne à domicile.
2.3
La tenue vestimentaire lors
des soins
LES BONNES PRATIQUES DHYGIENE
DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
Des cheveux attachés
et relevés
Pas de bijoux
ni montre
Avant-bras nus
et dégagés
Chaussures silencieuses
réservées au lieu de travail
faciles à nettoyer
Tablier plastique à
usage unique
332 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
LA TENUE VESTIMENTAIRE LORS DES SOINS
Le tablier plastique à usage unique
Le port du tablier plastique à usage unique lors
de certains soins de proximité répond aux objec-
tifs de protection des patients et du personnel (2).
Son utilisation est nécessaire lors des soins ris-
quant d’occasionner des souillures par des li-
quides biologiques au niveau de la tenue vesti-
mentaire de base : toilettes, changes, certains
pansements, certains actes de rééducation, entre-
tien du matériel. Le port systématique de cette pro-
tection permet de garder une tenue de base propre
pour les activités telles que distribution des repas,
écriture sur les dossiers, accueil des familles.
Outre son caractère bien enveloppant et suffisam-
ment long, ce tablier de protection doit répondre aux exi-
gences suivantes : imperméabilité, usage unique
(patient unique), facilité d'utilisation, coût modéré.
Les gants à usage unique
Le port des gants s’intègre dans la politique
globale d’hygiène des mains.
Le port de gants à usage unique non stériles limite
l'exposition du personnel aux liquides biologiques
(3,4), et diminue le risque fécal très présent dans les
établissements pour personnes âgées dépendantes.
Le port des gants est indiqué chaque fois qu'il y a
risque de contact avec des liquides biologiques,
avec des muqueuses ou de la peau lésée (4).
Dans tous les cas, les gants sont à patient
unique et parfois à soin unique.
La gestuelle des mains gantées joue un rôle
important dans l’hygiène générale des lieux de
soins (4). L’usage des gants doit être strictement
limité aux soins ; de nombreux soignants se sen-
tent protégés dès lors qu’ils ont mis des gants et
passent des soins à d’autres tâches sans les en-
lever. Ce comportement peut remettre en cause
toute la politique d’hygiène d’un service en contri-
buant à la contamination de l’environnement.
Il existe plusieurs sortes de gants non stériles à
usage unique (Tableau VI). Les gants en latex ne
doivent pas être privilégiés car l’allergie au latex
semble en augmentation chez le personnel soignant
et toucherait 3 à 7 % du personnel de santé (5).
La résistance au déchirement et à la traction ainsi
que l’étanchéité des gants sont garanties par les
normes NF-EN 455-1 et 455-2 ; le test d’étanchéité
aux liquides permet d’éliminer l’existence de mi-
crotrous. Il n’existe pas à l’heure actuelle de test
normalisé permettant d’évaluer l’imperméabilité
des gants vis à vis des micro-organismes. Tous les
modèles de gants existant sur le marché ne ré-
pondent pas aux normes ; les établissements ont
néanmoins intérêt à choisir des modèles conformes
aux normes (6) pour protéger efficacement le per-
sonnel lors des gestes à risque.
Bibliographie
1 - Décret n°94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection des
travailleurs contre les risques résultant de leur exposition
à des agents biologiques.
2 - VANDERVEIKEN F, LESOIL MJ. Soins septiques et tabliers
de protection. Bull Inform Hyg Hospit 19, XVI, 2, 5-7.
3 - Circulaire DGS/DM n°23 du 3 août 1989, relative à la pré-
vention de la transmission du virus de l’immunodéficience
humaine chez les personnels de santé.
4 - GARNER JS. Guideline for isolation precautions inhos-
pitals. Infect Control Hospit Epidemiol 1996, 17: 53 - 80.
5 - DESCHAMPS F, LAVAUD F. La profession, facteur de risque
important de l’hypersensibilité au latex. Presse Méd 1994,
23, 21: 997.
6 - PILLIERE F, ABITEBOUL D, BALTY I. Les gants médicaux :
des protections individuelles à mieux connaître. Tech-
niques Soins 1996, 12: 38-41.
Tableau VI - Les
différents types de
gants de soins non
stériles à usage
unique.
Gants en polychlorure
de vinyle
- blanc laiteux,
- légèrement transparent,
- ambidextre.
3 tailles.
- soins plus prolongés
- soins nécessitant des gestes
précis :
toilette, ponction veineuse,
lavement…
quelques dizaines de centimes.
Gants en polyéthylène
- large,
- transparent très fin,
- ambidextre.
2 tailles.
- soins de courte durée,
- soins ne demandant pas de
précision :
installation et vidange des
bassins, analyse d’urines par
bandelette, ablation de panse-
ment souillé, manipulation
d’un appareil dentaire.
quelques centimes.
Aspect
Taille
Indications
Coût
L’utilisation
du tablier à usage unique
il est nécessaire seulement pour les contacts
contaminants : toilette, change, voire aide au
lever...
le port du tablier est limité aux lieux mêmes des
soins : chambre, salle de bains, salle de panse-
ment,
après utilisation, plier extérieur contre extérieur
pour enfermer les salissures et l'éliminer en res-
pectant le tri des déchets.
OPTIMISER
L’utilisation
des gants à usage unique
adapter le type des gants à la nature des actes,
ils ne sont pas nécessaires en l'absence de
contact avec des liquides biologiques : pose des
draps propres,
la protection conférée par les gants n’est jamais
absolue : un lavage des mains après avoir quitté
les gants est nécessaire,
le port des gants est limité au lieu même des
soins : chambre, salle de bains, salle de panse-
ment : ne pas toucher l'environnement (poignée
de porte, barre de lit, bouton électrique, télé-
phone, sonnette...) avec les gants souillés,
après utilisation, les enlever en les retournant et
les éliminer en respectant le tri des déchets.
OPTIMISER
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HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
AFNOR
Association Française de Normalisation.
Association ayant pour mission de coordonner
les programmes de normalisation en France et d’en-
courager la diffusion et l’application des normes.
antisepsie
Opération au résultat momentané permettant,
au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur
tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-orga-
nismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des
objectifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NF T 72 101).
antiseptique
Selon AFNOR NF T 72 101, un antiseptique est
un produit ou un procédé utilisé pour l’antisepsie
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé sont sélectifs, cela doit être précisé. Ainsi, un
antiseptique ayant une action limitée aux champi-
gnons est un antiseptique à action fongicide.
bactéricide
Produit ou procédé ayant la propriété de tuer les
bactéries dans des conditions définies (AFNOR,
Comité Européen de Normalisation).
bactériostatique
Produit ou procédé ayant la propriété d’inhiber
momentanément les bactéries dans des conditions
définies (AFNOR).
biocontamination
Contamination d’une surface (biologique ou
inerte) ou d’un fluide par des micro-organismes vé-
hiculés par l’air (contamination aéroportée ou aé-
robiocontamination), par des êtres vivants (la conta-
mination par contact avec les mains en est la
modalité majeure) ou par les objets. (Association
pour la Prévention et l’Étude de la Contamination)
biofilm
Ensemble de micro-organismes et de leurs sé-
crétions macromoléculaires qui sont présents sur la
surface d’un matériau (Association pour la Préven-
tion et l’Étude de la Contamination).
bionettoyage
Procédé de nettoyage, applicable dans une zone
à risques, destiné à réduire momentanément la bio-
contamination d’une surface. Il est obtenu par la
combinaison appropriée d’un nettoyage, d’une éva-
cuation des produits utilisés et des salissures à éli-
miner, de l’application d’un désinfectant.
cas acquis
Le caractère acquis d’une bactérie multirésis-
tante peut être affirmé si un dépistage systéma-
tique à l’entrée dans un service a été réalisé et si
celui-ci est négatif. La découverte d’une telle bac-
térie au cours du séjour plus de 48 à 72 heures
après l’admission chez un patient antérieurement
négatif laisse présumer que la bactérie a été ac-
quise par transmission au cours du séjour.
cas importé
Le caractère importé depuis un autre établisse-
ment d’une bactérie multirésistante peut être af-
firmé si un dépistage systématique à l’entrée du
patient dans le service a été réalisé et si celui-ci est
positif. La découverte d’une telle bactérie chez un
patient moins de 48 à 72 heures après l’admission
laisse présumer que la bactérie a été transmise an-
térieurement par rapport au séjour actuel.
colonisation (colonisé)
Présence d’une bactérie dans un site qui en est
normalement exempt, mais cette bactérie n’est
responsable d’aucun symptôme local ou général
d’infection ; exemple : présence d’une bactériurie
isolée à Staphylococcus aureus dans les urines sans
aucun signe d’infection urinaire.
Lexique
365
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
désinfectant
Produit ou procédé utilisé pour la désinfection,
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé est sélectif, ceci doit être précisé. Ainsi, un
désinfectant ayant une action limitée aux champi-
gnons est désigné par : désinfectant à action fon-
gicide (AFNOR NFT 72 101).
désinfection
Opération au résultat momentané permettant
d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou
d’inactiver les virus indésirables portés par des mi-
lieux inertes contaminés, en fonction des objec-
tifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NFT 72 101). L’usage du
terme « désinfection » en synonyme de « dé-
contamination » est prohibé.
Terme générique désignant toute action à visée
antimicrobienne, quel que soit le niveau de ré-
sultat, et utilisant un produit pouvant justifier
in
vitro
des propriétés autorisant à le qualifier de
désinfectant ou d’antiseptique. Il devrait logi-
quement toujours être accompagné d’un qualifi-
catif et l’on devrait ainsi parler de :
désinfection des dispositifs médicaux (= du
matériel médical)
désinfection des sols,
désinfection des surfaces par voie aérienne,
et même désinfection des mains ou d’une plaie
(Société Française d’Hygiène Hospitalière et
Comité Européen de Normalisation).
Élimination dirigée de germes destinée à empê-
cher la transmission de certains micro-organismes
indésirables, en altérant leur structure ou leur
métabolisme indépendamment de leur état phy-
siologique (CEN)
nettoyage
Opération d’élimination des salissures (particu-
laires, biologiques, liquide,...) avec un procédé fai-
sant appel dans des proportions variables les unes
par rapport aux autres, aux facteurs suivants : action
chimique, action mécanique, temps d’action de ces
deux paramètres et température.
nettoyage-désinfectant
Produit présentant la double propriété de déter-
gence et de désinfection (Société Française d’Hy-
giène Hospitalière).
porteur (portage)
Présence d’une bactérie dans un site où sa pré-
sence est habituelle sans qu’elle soit responsable
d’infection ; exemple : présence de Staphylococ-
cus aureus dans les narines ou dans d’entérobac-
téries dans les selles.
précautions standard
Ensemble des précautions d’hygiène qui s’ap-
pliquent à tout patient sans tenir compte de l’exis-
tence d’une éventuelle infection. Ces précautions
intègrent la protection du personnel vis à vis des li-
quides biologiques, la prévention des accidents
d’exposition au sang et les bonnes pratiques d’hy-
giène visant à limiter la transmission des micro-or-
ganismes hospitaliers lors des soins. Les précau-
tions standard concernent l’hygiène des mains, les
techniques de soins, le nettoyage et la désinfec-
tion du matériel de soins, l’entretien des locaux ,
de la vaisselle et du linge, la prévention des acci-
dents d’exposition aux liquides biologiques dont le
sang. L’application des précautions standard est in-
dispensable à l’efficacité d’une politique de contrôle
des infections nosocomiales.
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