340 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
LINFECTION URINAIRE RESTE LA PREMIERE CAUSE d’in-
fections chez la personne âgée (1). La pré-
sence de bactéries dans les urines représente
un risque individuel (risque d’infection urinaire
éventuellement bactériémique) et un risque col-
lectif car elle constitue un réservoir microbien (en
particulier de bactéries multirésistantes aux anti-
biotiques) pouvant donner lieu à une transmission
lors des soins urinaires.
La prévention repose à la fois sur des mesures
spécifiques (mode de drainage des urines adapté,
asepsie lors du sondage) et sur des mesures gé-
nérales (hydratation suffisante, lutte contre la stase
vésicale). De plus, l’absence de prescription systé-
matique d’antibiotiques en cas de bactériurie asymp-
tomatique contribue à maintenir une écologie mi-
crobienne préservée.
Choisir la méthode la plus adaptée
pour le drainage des urines
La prise en charge d’un patient âgé comprend
toujours l’évaluation de sa continence urinaire ;
cette évaluation, associée à un bilan urologique per-
met de choisir la méthode de drainage urinaire la
plus adaptée : accompagnement aux toilettes à es-
paces réguliers, étui pénien, changes à usage
unique, sondage à demeure, sondages itératifs. La
mise en place d’une sonde urinaire à demeure ne
doit pas être la méthode systématiquement retenue
en première intention.
Les indications de la mise en place d’une sonde
à demeure doivent demeurer ciblées (2) :
patient présentant une rétention urinaire ne
répondant pas à la rééducation vésicale, non
accessible à un traitement médical ou chirur-
gical et pour laquelle un autre mode de drai-
nage urinaire (étui pénien, changes à usage
unique ou sondage itératif) s’avère impossible,
incontinence urinaire aggravant des plaies
(escarres, plaie opératoire),
soins de fin de vie où les changes et mobilisa-
tions sont pénibles et douloureux pour le
patient.
Recommandations générale sur
l’hygiène des soins urinaires
La perte d’autonomie plus ou moins importante
de la personne âgée amène le personnel à prodiguer
des soins urinaires de façon très fréquente qu’il
s’agisse des changes, de la vidange des poches à
urines, de la réalisation des bandelettes urinaires
ou d’un prélèvement d’urines. La manipulation des
urines souvent infectées (comprenant alors 100 000
à 10 millions de bactéries par millilitre d’urines) est
un geste à haut risque pour la transmission ma-
nuportée et la contamination de l’environne-
ment (3)
Des précautions générales s’imposent lorsque
des soins urinaires sont prodigués (4).
Observer une hygiène rigoureuse des mains
(lavage des mains) et de la tenue vestimentaire
(gants et parfois tablier de protection).
Limiter les souillures de l’environnement avec
les urines ; si celle-ci s’est produite, absorber
avec un textile à usage unique, puis réaliser un
nettoyage-désinfectant de la surface en cause.
Désinfecter soigneusement le matériel ou les
surfaces en contact avec les urines : urinoir, bas-
sin, verre à prélèvement, cantine, rebord des sa-
nitaires ou du vidoir.
Recommandations pour la pose
d’une sonde urinaire à demeure
Une sonde vésicale à demeure est un risque po-
tentiel important d'infection nosocomiale. Sa pose
nécessite le respect de règles strictes (4).
Le sondage urinaire ne doit être pratiqué que
lorsqu'il est indispensable, et la sonde retirée
dès qu'elle n'a plus sa raison d'être. La néces-
sité de maintien de la sonde doit donc être ré-
gulièrement réévaluée par l’équipe médico-soi-
gnante.
Procéder avec une asepsie rigoureuse : lavage
antiseptique des mains, tenue propre, calot,
masque, gants stériles.
2.7
Les soins urinaires
LES BONNES PRATIQUES DHYGIENE
DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
341
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
LES SOINS URINAIRES
L’antisepsie* du méat s’effectue en 4 temps :
nettoyage (toilette génitale large), rinçage, sé-
chage, antisepsie.
Lubrifier la sonde avec une huile stérile non mi-
nérale (utiliser par exemple de l’huile de goménol)
Avant de procéder à l’introduction de la sonde,
adapter stérilement la sonde sur le dispositif
de drainage ; à partir de ce moment, sonde et
sac collecteur ne doivent plus être désadaptés ;
cette solidarisation constitue le drainage clos
Gonfler le ballonnet à l'aide d’eau stérile en am-
poule.
Recommandations
pour les soins au patient porteur
d’une sonde urinaire à demeure
Observer une hygiène rigoureuse des mains
avant et après les soins de sonde.
Respecter strictement le drainage clos en vi-
dangeant la poche par le robinet spécifique dans
une cantine individuelle.
Effectuer une toilette génitale et anale soigneuse
avec un savon neutre.
Fixer la sonde.
Suspendre la poche à urine de façon à ce qu’elle
se trouve à un niveau plus bas que la vessie.
Le port d’une sonde urinaire ne contre indique
pas la douche.
Surveiller l’intégrité du système de drainage et
l’absence d’obstacle à l’écoulement des urines.
Ne pas laisser la poche en contact avec le sol y
compris lors des mobilisations du patient.
Pour la réalisation de prélèvement d'urines, utiliser
le site de ponction après l’avoir désinfecté avec
un produit alcoolique ; le ponctionner avec du
matériel stérile et de façon aseptique.
Le changement de sonde ne doit pas être sys-
tématique ; il est indiqué en cas de problème
mécanique (fuite, mauvais écoulement).
Veiller à une hydratation suffisante du patient
sauf contre-indication médicale : il convient donc
de programmer et noter les boissons.
Certaines mesures ne sont d’aucune utilité pour
la prévention des infections urinaires sur sonde :
lavage de vessie systématique à titre préventif,
prescription d’antibiotiques de façon systéma-
tique, toilette antiseptique du méat urinaire.
Recommandations
pour le sondage itératif
Le sondage itératif est utilisé en phase de ré-
éducation de l’incontinence urinaire. La répétition
des sondages peut accroître le risque d’infection.
Outre les mesures générales décrites ci-dessus,
on peut recommander d’utiliser pour chaque nou-
veau sondage des dispositifs stériles à usage unique
et prêts à l’emploi pour diminuer les manipulations.
Recommandations pour les soins
au patient porteur d’un étui pénien
Chez l’homme, ce dispositif est souvent bien
adapté pour la prise en charge de l’incontinence ; le
risque d’infection urinaire est à surveiller (5) en par-
ticulier s’il existe un résidu postmictionnel ou si le
port de l’étui pénien est permanent sur une longue
durée.
Changer l’étui pénien tous les jours.
Effectuer tous les jours une toilette soigneuse
permettant le dépistage des complications lo-
cales de ce dispositif : ulcération, macération,
surinfection (mycose), phimosis.
Recommandations
pour les soins au patient porteur
de changes à usage unique
Ces protections n’annulent pas le risque d’in-
fection urinaire mais contribuent à le minimiser (5,
6). Leur utilisation doit s’accompagner des mesures
suivantes :
Une fréquence de change suffisante, y compris
lorsqu’on utilise des couches à haut pouvoir d’ab-
sorption : 4 à 6 fois par jour en fonction du niveau
de risque d’escarre calculé pour le patient.
Une toilette cutanée et muqueuse réalisée à
chaque change pour éliminer toute trace d’urine
et éviter la macération en milieu humide et riche
en bactéries.
Bibliographie
1 - WARREN JW. Catheter associated bacteriuria in long-
term care facilities. Infect Control Hospit Epidemiol 1994,
15: 557-562.
2 - OUSLANDER JG, SCHNELLE JF. Assesment, treatment
and managementof urinry incontinence in the nursin-
ghome. In Rubenstein LZ, Wiedland D, eds. Improving
care in the nursing home. Newbury Park, CA : Sage Pu-
blications, 1993, 131-159.
3 - SANDERSON PJ, ALSHAFI KM. Environnemental conta-
mination by organisms causing urinary tract infection.
J. Hosp. Infect 1995, 29: 301-303.
4 - Cent recommandations pour la surveillance et la pré-
vention des infections nosocomiales. Bull.Epidém.Hebd.
1992, numéro spécial. (document en cours de révision
en 1997).
5 - ZIMAKOFF J, STICKLER DJ, PONTOPPIDAN B,
et al
. Bladder
management and urinary tract infections in danish hospi-
tals, nursing homes, and home care : a national preva-
lence study. Infect Control Hospit Epidemiol 1996, 17:
215-221.
6 - NORDQVIST P, EKELUND P, EDOUARD,
et al
. Catheter-free
geriatric care. Routines and consequence for clinical in-
fection, care and economy. J Hosp Infect 1984, 5: 298-304.
364 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
AFNOR
Association Française de Normalisation.
Association ayant pour mission de coordonner
les programmes de normalisation en France et d’en-
courager la diffusion et l’application des normes.
antisepsie
Opération au résultat momentané permettant,
au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur
tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-orga-
nismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des
objectifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NF T 72 101).
antiseptique
Selon AFNOR NF T 72 101, un antiseptique est
un produit ou un procédé utilisé pour l’antisepsie
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé sont sélectifs, cela doit être précisé. Ainsi, un
antiseptique ayant une action limitée aux champi-
gnons est un antiseptique à action fongicide.
bactéricide
Produit ou procédé ayant la propriété de tuer les
bactéries dans des conditions définies (AFNOR,
Comité Européen de Normalisation).
bactériostatique
Produit ou procédé ayant la propriété d’inhiber
momentanément les bactéries dans des conditions
définies (AFNOR).
biocontamination
Contamination d’une surface (biologique ou
inerte) ou d’un fluide par des micro-organismes vé-
hiculés par l’air (contamination aéroportée ou aé-
robiocontamination), par des êtres vivants (la conta-
mination par contact avec les mains en est la
modalité majeure) ou par les objets. (Association
pour la Prévention et l’Étude de la Contamination)
biofilm
Ensemble de micro-organismes et de leurs sé-
crétions macromoléculaires qui sont présents sur la
surface d’un matériau (Association pour la Préven-
tion et l’Étude de la Contamination).
bionettoyage
Procédé de nettoyage, applicable dans une zone
à risques, destiné à réduire momentanément la bio-
contamination d’une surface. Il est obtenu par la
combinaison appropriée d’un nettoyage, d’une éva-
cuation des produits utilisés et des salissures à éli-
miner, de l’application d’un désinfectant.
cas acquis
Le caractère acquis d’une bactérie multirésis-
tante peut être affirmé si un dépistage systéma-
tique à l’entrée dans un service a été réalisé et si
celui-ci est négatif. La découverte d’une telle bac-
térie au cours du séjour plus de 48 à 72 heures
après l’admission chez un patient antérieurement
négatif laisse présumer que la bactérie a été ac-
quise par transmission au cours du séjour.
cas importé
Le caractère importé depuis un autre établisse-
ment d’une bactérie multirésistante peut être af-
firmé si un dépistage systématique à l’entrée du
patient dans le service a été réalisé et si celui-ci est
positif. La découverte d’une telle bactérie chez un
patient moins de 48 à 72 heures après l’admission
laisse présumer que la bactérie a été transmise an-
térieurement par rapport au séjour actuel.
colonisation (colonisé)
Présence d’une bactérie dans un site qui en est
normalement exempt, mais cette bactérie n’est
responsable d’aucun symptôme local ou général
d’infection ; exemple : présence d’une bactériurie
isolée à Staphylococcus aureus dans les urines sans
aucun signe d’infection urinaire.
Lexique
365
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
désinfectant
Produit ou procédé utilisé pour la désinfection,
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé est sélectif, ceci doit être précisé. Ainsi, un
désinfectant ayant une action limitée aux champi-
gnons est désigné par : désinfectant à action fon-
gicide (AFNOR NFT 72 101).
désinfection
Opération au résultat momentané permettant
d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou
d’inactiver les virus indésirables portés par des mi-
lieux inertes contaminés, en fonction des objec-
tifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NFT 72 101). L’usage du
terme « désinfection » en synonyme de « dé-
contamination » est prohibé.
Terme générique désignant toute action à visée
antimicrobienne, quel que soit le niveau de ré-
sultat, et utilisant un produit pouvant justifier
in
vitro
des propriétés autorisant à le qualifier de
désinfectant ou d’antiseptique. Il devrait logi-
quement toujours être accompagné d’un qualifi-
catif et l’on devrait ainsi parler de :
désinfection des dispositifs médicaux (= du
matériel médical)
désinfection des sols,
désinfection des surfaces par voie aérienne,
et même désinfection des mains ou d’une plaie
(Société Française d’Hygiène Hospitalière et
Comité Européen de Normalisation).
Élimination dirigée de germes destinée à empê-
cher la transmission de certains micro-organismes
indésirables, en altérant leur structure ou leur
métabolisme indépendamment de leur état phy-
siologique (CEN)
nettoyage
Opération d’élimination des salissures (particu-
laires, biologiques, liquide,...) avec un procédé fai-
sant appel dans des proportions variables les unes
par rapport aux autres, aux facteurs suivants : action
chimique, action mécanique, temps d’action de ces
deux paramètres et température.
nettoyage-désinfectant
Produit présentant la double propriété de déter-
gence et de désinfection (Société Française d’Hy-
giène Hospitalière).
porteur (portage)
Présence d’une bactérie dans un site où sa pré-
sence est habituelle sans qu’elle soit responsable
d’infection ; exemple : présence de Staphylococ-
cus aureus dans les narines ou dans d’entérobac-
téries dans les selles.
précautions standard
Ensemble des précautions d’hygiène qui s’ap-
pliquent à tout patient sans tenir compte de l’exis-
tence d’une éventuelle infection. Ces précautions
intègrent la protection du personnel vis à vis des li-
quides biologiques, la prévention des accidents
d’exposition au sang et les bonnes pratiques d’hy-
giène visant à limiter la transmission des micro-or-
ganismes hospitaliers lors des soins. Les précau-
tions standard concernent l’hygiène des mains, les
techniques de soins, le nettoyage et la désinfec-
tion du matériel de soins, l’entretien des locaux ,
de la vaisselle et du linge, la prévention des acci-
dents d’exposition aux liquides biologiques dont le
sang. L’application des précautions standard est in-
dispensable à l’efficacité d’une politique de contrôle
des infections nosocomiales.
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