Comportement des consommateurs dans un

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DIRECTION GÉNÉRALE DES POLITIQUES INTERNES
DÉPARTEMENT THÉMATIQUE A: POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET
SCIENTIFIQUES
MARCHÉ INTÉRIEUR ET PROTECTION DES CONSOMMATEURS
Comportement des consommateurs dans
un environnement numérique
ÉTUDE
Résumé
Cette étude analyse le comportement des consommateurs et les interactions
entre ceux-ci et les entreprises dans un environnement numérique. Elle étudie
dans quelle mesure les consommateurs peuvent tirer des avantages de
l’environnement numérique, et s’ils modifient leur comportement d’achat en
conséquence, et ce de quelle façon. L’étude relève un certain nombre d’obstacles
au commerce électronique («e-commerce») ainsi qu’un marché numérique
européen plus intégré et offre des recommandations politiques spécifiques.
IP/A/IMCO/ST/2010-08
PE 464.441
Août 2011
FR
Ce document a été demandé par la commission du marché intérieur et de la protection des
consommateurs du Parlement européen.
AUTEURS
M. Patrice Muller, London Economics (directeur de projet)
Mme Mette Damgaard, London Economics (gestionnaire de projet et auteure principale)
Mme Annabel Litchfield, London Economics
M. Mark Lewis, London Economics
Mme Julia Hörnle, Université Queen Mary de Londres
ADMINISTRATEUR RESPONSABLE
Mme Helle Carlsen Nielsen, Mme Elke Ballon et M. Mariusz Maciejewski
Département thématique des politiques économiques et scientifiques
Parlement européen
B-1047 Bruxelles
Courriel: [email protected]
VERSIONS LINGUISTIQUES
Original: EN
Synthèse: DE et FR
À PROPOS DE L’ÉDITEUR
Pour contacter le département thématique ou vous abonner à son bulletin d’information
mensuel, veuillez écrire à l’adresse suivante:
[email protected]
Manuscrit achevé en août 2011.
Bruxelles, © Parlement européen, 2011.
Le présent document est disponible sur l’internet à l’adresse suivante:
CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ
Les opinions exprimées dans le présent document relèvent de la seule responsabilité des
auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position officielle du Parlement européen.
Reproduction et traduction autorisées, sauf à des fins commerciales, moyennant mention
de la source, information préalable de l’éditeur et transmission d’un exemplaire à celui-ci.
Comportement des consommateurs dans un environnement numérique
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SYNTHÈSE
L’environnement numérique a altéré les interactions entre les consommateurs et les
entreprises, offert de nouvelles possibilités en facilitant l’accès aux informations et réduit
les frais de transaction. En outre, en facilitant les interactions entre les consommateurs et
les vendeurs à différents endroits, l’environnement numérique, et plus particulièrement le
commerce électronique («e-commerce»), est au cœur du développement du marché unique
européen. L’environnement numérique est également susceptible de présenter des
avantages économiques plus importants en termes d’innovation, de créativité et
d’enseignement accrus, d’accès instantané et illimité aux sources d’information et de
réduction des coûts environnementaux liés aux transactions.
Cette étude a pour objectif d’analyser le comportement des consommateurs européens
dans l’environnement digital sur la base d’un examen des informations et des données
existantes, et d’un exercice de consultation limité des parties intéressées. L’étude fournit
également des informations sur l’ampleur du commerce électronique en Europe et analyse
la façon dont les vendeurs ont ajusté leur comportement à l’environnement numérique.
Notions de base sur les consommateurs dans l’environnement
numérique
En 2009-2010, quarante pour cent des consommateurs européens ont acheté des biens ou
des services en ligne sur une période de 12 mois, contre 20 % en 2005, soit deux fois plus
qu’entre 2005 et 2010. Toutefois, cette croissance élevée a été principalement observée
dans les pays où le commerce électronique était déjà répandu en 2005 et les
consommateurs de l’Europe du Sud et de l’Est ont moins eu tendance à acheter des biens
ou des services en ligne.
Les achats effectués en ligne sont toujours essentiellement dirigés vers le marché intérieur
des consommateurs. En 2010, seuls 23 % des consommateurs en ligne ont effectués des
achats auprès d’un vendeur installé dans un autre État membre.
L’accès à l’internet est un élément moteur du commerce en ligne et il existe une importante
relation positive entre l’utilisation de l’internet dans un pays et la part de consommateurs
ayant réalisé des achats de biens et de services en ligne.
Le commerce électronique facilite les transactions de biens et de services matériels, mais
permet également un accès en ligne à des contenus et à des services numériques (biens
immatériels). Ces deux types de biens se chevauchent souvent, c’est le cas par exemple
des livres, des magazines ou des contenus littéraires, des CD et des contenus musicaux,
des DVD et des contenus cinématographiques, ainsi que des logiciels et jeux en ligne.
L’accès à des contenus et à des services numériques engendrent un grand nombre
d’avantages en raison du faible coût marginal de la distribution, de l’accès instantané et
illimité à l’internet et de la réduction des coûts environnementaux. L’ouverture de l’accès
aux informations et aux contenus pourrait également conduire à une créativité et une
innovation accrues.
En dépit de tous les avantages de l’environnement numérique et du commerce
électronique, l’internet a également facilité l’accès des consommateurs à des contenus
illégaux et a facilité la distribution pour les vendeurs. Les parties prenantes s’accordent à
dire qu’il existe d’évidents problèmes dans le cadre juridique actuel en matière de droits
d’auteurs qui limitent l’accès aux contenus et aux informations et peuvent aboutir à un
gonflement des prix. Il est probable que des modifications du cadre juridique améliorant
l’accès des consommateurs aux contenus et aux informations, à un prix raisonnable,
pourraient permettre de les dissuader d’utiliser et de diffuser des contenus illégaux.
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Département thématique A: Politiques économiques et scientifiques
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L’internet a conduit à l’émergence de «prosommateurs» (des individus agissant à la fois
comme des producteurs et des consommateurs). En comparaison avec le marché hors
ligne, l’environnement digital est bien plus attractif, permettant non seulement aux
consommateurs d’accéder à des contenus, des services et des produits de consommation,
mais également d’entrer sur le marché en tant que créateurs ou vendeurs de contenus, de
produits et des services par l’intermédiaire, par exemple, de You Tube, d’eBay ou d’autres
moyens, ce qui pourrait aboutir à l’innovation, à la créativité et à la responsabilisation des
consommateurs. Toutefois, les prosommateurs ne peuvent se développer pleinement dans
le contexte du cadre juridique actuel.
Comportement et inclinations naturelles du consommateur
Selon la théorie économique traditionnelle, les consommateurs sont des individus rationnels
qui cherchent et analysent systématiquement les informations sur le marché avant
d’effectuer un achat et obtenir réparation en cas de problèmes. Toutefois, l’obtention et
l’analyse des informations peuvent se révéler onéreuses, et il se peut dès lors que les
consommateurs rationnels ne se penchent pas sur la globalité du marché avant de prendre
une décision.
En outre, les données empiriques et les informations sur l’économie comportementale
suggèrent que le véritable comportement d’achat du consommateur peut être influencé par
de nombreuses inclinations naturelles pouvant résulter en un effort de recherche non
optimal, influencer leur analyse des informations et induire des mauvais choix. Tous ces
effets peuvent nuire aux consommateurs.
De plus, il est possible que les entreprises soient tentées d’exploiter ces inclinations
naturelles dans leur propre intérêt (par exemple en essayant d’encourager l’inertie, ou en
s’arrangeant pour que la procédure de plaintes ou de réparations semble coûteuse). Il se
peut dès lors que le niveau plus élevé de la concurrence sur le marché en ligne par rapport
au marché hors ligne ne soit pas nécessairement à l’avantage des consommateurs.
Comportement des entreprises dans l’environnement numérique
L’internet a ouvert de nouvelles opportunités aux entreprises pour atteindre les
consommateurs au moyen de nouvelles chaînes de publicité et canaux de vente et leur a
facilité la livraison de produits sur le marché, la gestion de la chaîne d’approvisionnement,
l’obtention de nouveaux clients et l’établissement de relations à long terme avec leurs
clients existants.
Bien qu’une croissance de la demande pour le commerce électronique ait été observée, elle
ne se reflète pas dans la présence accrue des entreprises européennes en ligne. Environ
14 % des entreprises européennes proposent des biens et des services en ligne, un
pourcentage relativement constant au cours des cinq dernières années. Cependant, il existe
des différences significatives entre les secteurs en ce qui concerne l’utilisation du commerce
électronique (44 % de prestataires de services d’hébergement et 6 % des entrepreneurs de
construction se servaient de l’internet pour offrir leurs services).
On observe des différences significatives entre les États de l’EU-27 en ce qui concerne
l’utilisation de l’internet en tant que canal de vente. Dans 8 États membres (CZ, IE, DE, LT,
NL, SE, DK et BE), plus de 20 % des entreprises utilisaient l’internet comme canal de vente
en 2010, contre moins de 10 % dans 11 autres États membres (BG, IT, LV, RO, CY, SK,
HU, PL, EL, EE, SI).
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Comportement des consommateurs dans un environnement numérique
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Le marché numérique est hautement compétitif, avec des entreprises situées dans
différents pays se livrant concurrence pour atteindre les mêmes clients, et un degré élevé
de transparence. En conséquence, il se peut que les entreprises connaissent une diminution
de leurs marges dans l’environnement numérique. Il existe cependant plusieurs exemples
d’entreprises qui se distinguent entre elles par l’intermédiaire dans la promotion de leur
marque, de stratégies publicitaires, et de réseaux sociaux et qui, par voie de conséquence,
continuent à faire des bénéfices au sein d’un environnement numérique très compétitif.
Par exemple, il apparaît que les entreprises ont la possibilité de faire payer un supplément
pour peu qu’elles rendent les achats plus conviviaux, notamment en facilitant la navigation
sur les sites web ou en apparaissant en tête des résultats des requêtes sur les moteurs de
recherches. Cependant, il apparaît également que les entreprises peuvent être en mesure
de faire payer un supplément en réintroduisant des frictions sur le marché, telles qu’une
réduction de la transparence des prix et des frictions en termes de recherches.
La transparence des prix peut être réduite, par exemple, lorsque les entreprises ne
dévoilent qu’une partie du prix à l’avance et ajoutent ensuite des frais supplémentaires tout
au long du processus d’achat (drip-pricing). L’encadrement des prix, les offres groupées,
les promotions (jusqu’à épuisement des stocks) et la fixation de prix dynamiques sont
d’autres exemples de frictions du marché.
Au début, tout le monde pensait que l’internet rendrait l’intermédiaire obsolète. Cependant,
alors que certains intermédiaires (par exemple les agents de voyage) ont pratiquement
disparu à cause de l’internet, on observe plus de «re-intermédiation» que de
«désintermédiation». Nombre de nouveaux intermédiaires fournissent des informations ou
offrent des plateformes rassemblant les vendeurs et les acheteurs.
Les entreprises sont confrontées à d’importants obstacles au commerce électronique. Par
exemple, les coûts du développement et de la maintenance d’un site web, le manque de
qualifications techniques et la crainte de la fraude semblent dissuader nombre
d’entreprises.
En raison des difficultés qu’il suppose, le commerce électronique transfrontalier soulève des
problèmes supplémentaires pour les entreprises, notamment les frais de livraison
supplémentaires, les opérations variables des marchés postaux, des systèmes de paiement
non normalisés, le traitement des plaintes après la vente et, plus important, les frais
associés à la mise en conformité avec une législation non harmonisée et fragmentée. En
conséquence, certains sites web ne facilitent pas le commerce transfrontalier. Des études
ont montré que les commandes transfrontalières réalisées en ligne échouent souvent car
les consommateurs ne peuvent pas s’inscrire sur les sites web, la livraison dans le pays de
destination est impossible, ou encore le paiement ne peut être effectué en raison du
manque de systèmes normalisés.
Il apparaît donc clairement que l’absence d’un cadre juridique approprié en matière de
droits d’auteur et de systèmes de paiement entrave le développement d’un marché unique
numérique servant de véritable plateforme électronique et qui permettrait l’accès illimité
aux informations et aux contenus pour un prix raisonnable.
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Département thématique A: Politiques économiques et scientifiques
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Comportement d’achat des consommateurs dans l’environnement
numérique
Accès aux informations
L’internet offre aux consommateurs un meilleur accès aux informations et aux vendeurs
que les autres canaux de vente. Il a été démontré que cette amélioration de l’accès aux
informations sur les produits, les services et les prix comporte des avantages pour les
consommateurs. Toutefois, certains consommateurs peuvent penser que les informations
sont trop abondantes.
Les sites web des fournisseurs et des fabricants, les comparateurs, les forums de discussion
et la publicité constituent tous des méthodes utilisées par les consommateurs pour repérer
les produits et les services souhaités, même si les moteurs de recherches jouent un rôle
essentiel dans le filtrage de l’important volume d’informations et la majeure partie des
consommateurs y ont recours dans leur procédure d’achat en ligne. Pour de nombreux
consommateurs, l’internet équivaut essentiellement à Google. Toutefois, il apparaît que les
consommateurs n’utilisent pas toutes les fonctionnalités des moteurs de recherches et des
outils de filtrage et ne tiennent compte que des sites web apparaissant en tête des
résultats de la recherche.
Évaluation et analyse des informations
Les sites de comparaison de prix et les conseils des autres consommateurs ainsi que des
amis sur les sites d’évaluation et les réseaux sociaux constituent également d’importantes
sources d’information. Alors que les sites de comparaison de prix ne sont pas toujours
considérés comme des sources d’information fiables, les conseils et les évaluations des
consommateurs sont jugés très fiables et influencent le véritable comportement des
consommateurs. Toutefois, il convient de mentionner que les classements et les évaluations
en ligne peuvent être manipulés par les vendeurs et leurs concurrents.
La question de savoir quelles informations sont fiables est particulièrement importante dans
l’environnement numérique, et les consommateurs estiment que le risque de fraude est
plus important en ligne qu’hors ligne. En conséquence, les marques ont un rôle de premier
plan à jouer dans l’environnement numérique. Les consommateurs en ligne se fient aux
marques réputées, qui semblent gagner des parts de marché.
La publicité constitue un moyen pour les entreprises d’asseoir la notoriété de leur marque.
La publicité en ligne peut également être utilisée pour générer des interactions et plus
d'achats directs et il a été démontré que cette publicité influence les consommateurs dans
leur recherche. Il y a lieu de penser que l’encadrement des informations peut avoir des
effets significatifs sur les choix des consommateurs. Cependant, leur confiance dans les
informations publicitaires est relativement basse, et certains consommateurs trouvent que
les publicités en ligne sont fastidieuses et nourrissent des inquiétudes concernant le respect
de la vie privée dans le contexte des annonces ciblées. Selon plusieurs études néanmoins,
la valeur des contenus libres déboursée pour les publicités dépasse de loin les coûts du
dérangement occasionnés aux consommateurs, ainsi que leurs inquiétudes sur le respect
de la vie privée.
Agir sur l’évaluation et l’analyse
Aux yeux des consommateurs, les principales motivations des achats en ligne sont la
facilité et les éventuelles économies qui peuvent être réalisées. En outre, les
consommateurs ont le sentiment d’être avantagés par le commerce électronique par le
biais de ses offres plus attractives et de sa plus grande variété de produits, certains
estimant qu’il s’agit là d’une expérience d’achat optimale. Cependant, une grande partie
des consommateurs préfère toujours effectuer ses achats hors ligne, ou estime que le
commerce en ligne leur est inutile et qu’il est uniquement axé autour de quelques produits.
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Comportement des consommateurs dans un environnement numérique
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Parmi les biens et les services achetés en ligne, ce sont les vêtements et les biens et
services liés aux voyages qui sont les plus courants. Les ordinateurs et les produits
électroniques sont les moins susceptibles d’être achetés en ligne, ce qui peut
éventuellement refléter la valeur élevée associée à ces produits.
Les consommateurs évoquent sans cesse les risques perçus associés à l’utilisation de
l’internet. Au sein de l’UE, 63 % des consommateurs estiment qu’il existe un risque
supplémentaire de fraude en ligne, tandis que 56 % pensent qu’il existe un risque que
d’autres utilisateurs aient accès à des informations personnelles. Cependant, il semble
exister des divergences entre les préférences exprimées par les consommateurs concernant
le respect de la vie privée et leur véritable comportement.
Les préoccupations concernant les risques liés au respect de la vie privée, la fraude, le
renvoi des produits et la qualité des biens et services peuvent constituer des obstacles au
commerce électronique pour les consommateurs, en particulier en ce qui concerne le
commerce électronique transfrontalier. Il apparaît également que parmi les consommateurs
n’ayant pas réalisé d’achat transfrontalier à distance, 62 % ont déclaré avoir été freinés par
la crainte de fraudes, 59 % ont exprimé des inquiétudes par rapport aux procédures en cas
de problème, et 49 % ont estimé que la livraison pouvait constituer un problème.
Quarante-quatre pour cent des consommateurs n’ont pas pris part au commerce
électronique transfrontalier en raison d’incertitudes concernant les droits des
consommateurs.
Réclamations et réparations
Les préoccupations liées aux réparations, aux réclamations et aux droits des
consommateurs sont plus prononcées en ce qui concerne les transactions transfrontalières
que nationales, et peuvent être dues au fait que la législation relative à la protection des
consommateurs et son application ne sont pas harmonisées. Les consommateurs peuvent
être désorientés et avoir des doutes quant aux conséquences des différences nationales en
matière de droits des consommateurs et de pratiques.
Lorsque les consommateurs effectuent des achats en ligne, ils peuvent avoir l’impression
que le type de problèmes encourus a changé par rapport à l’achat hors ligne. Plus
particulièrement, les problèmes liés au commerce électronique concernent la livraison ou la
qualité des produits et services. Toutefois, dans certains pays, l’arnaque en ligne est
également très répandue.
De l’avis des parties prenantes, la principale frustration des consommateurs concernant les
réclamations en ligne concerne le manque de communication avec les vendeurs en ligne.
Cependant, bien que les consommateurs pensent souvent que les problèmes liés aux
achats en ligne sont difficiles à résoudre, la majorité des consommateurs se disent
satisfaits des suites qui ont été données à leurs réclamations.
Service après-vente
Près des trois-quarts des vendeurs en ligne envoient au moins un courriel de service aprèsvente à leurs clients lorsqu’un achat a été effectué en ligne. La publicité après-vente peut
augmenter le sentiment de loyauté envers les sites web, surtout si le consommateur a opté
pour le service de courriel. Il a également été démontré que la garantie, les politiques
transparentes de renvois des produits et l’exécution des commandes augmentent les
chances pour les consommateurs de visiter à nouveau le site web du vendeur. Il apparaît
également que la loyauté diminue l’ampleur des efforts déployés dans la recherche lors des
achats ultérieurs.
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Département thématique A: Politiques économiques et scientifiques
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Recommandations
Notre évaluation et analyse comporte un certain nombre de conséquences au niveau
politique et donne lieu à plusieurs recommandations politiques spécifiques. Avant de mettre
en œuvre la moindre de ces recommandations, une étude d’impact complète sur leurs
conséquences directes et indirectes pour les consommateurs, les entreprises et les autres
parties prenantes devrait être réalisée afin de minimiser les éventuels effets non souhaités.
Par exemple, si les responsables politiques décidaient de supprimer les «cookies», il
faudrait tenir compte du fait que ce choix permettrait de résoudre la question du respect de
la vie privée, mais qu’il réduirait par ailleurs l’accès des utilisateurs à des contenus libres en
ligne puisque les publicités ciblées dépendent des «cookies» et constituent la principale
source de financement des contenus libres en ligne.
Afin d’encourager le développement du commerce électronique, et plus particulièrement du
commerce électronique transfrontalier, nous recommandons:
1) de réformer les dispositions concernant la propriété intellectuelle, et en particulier les
droits d’auteur, dans le but d’éliminer les insuffisances découlant de la fragmentation du
marché unique, ce qui peut être réalisé en harmonisant davantage la législation relative
aux droits d’auteur en vue de créer un marché européen unique du numérique;
2) d’améliorer l’accès licite aux contenus numériques afin de diminuer les incitations des
consommateurs à accéder à des contenus de manière illicite: par exemple, en
développant un système général de paiement pour les contenus diffusés en continu
basés sur l’utilisation effective (fondée sur le concept du «paiement à la demande», ou
paiement par clic), ou encore en basant le système sur la propriété plutôt que sur
l’utilisation effective, légalisant ainsi le transfert de contenus achetés de manière licite
entre différents équipements propriétés du consommateur;
3) de renforcer l’harmonisation du cadre juridique du commerce électronique afin de
réduire les coûts de mise en conformité pour les entreprises et d’asseoir la confiance
des consommateurs et des entreprises dans les transactions transfrontalières. Nous
recommandons en particulier:
a) de réduire l’ampleur au sein de l’UE de la fragmentation de la législation en matière
de droits des consommateurs, d’imposition, de publicité, de responsabilité au niveau
des produits, de garanties et sûretés ainsi que d’étiquetage des produits;
b) de mettre à jour la définition du «consommateur» dans le cadre de la législation en
matière de protection des consommateurs afin de rendre compte du fait que la
distinction entre les consommateurs et les entreprises est de moins en moins
évidente en ligne;
4) d’améliorer la sensibilisation des consommateurs au sujet de la protection dont ils
disposent actuellement afin de renforcer le niveau de confiance dans les transactions
nationales et transfrontalières. Bien que les consommateurs soient généralement
protégés par leur législation nationale en matière de protection des consommateurs, ils
peuvent être désorientés et avoir des doutes quant aux conséquences des différences
nationales en matière de droits des consommateurs et de pratiques;
5) de renforcer les procédures de règlement des conflits en mettant en place des systèmes
de règlement des litiges en ligne permettant le règlement extrajudiciaire à distance sur
une plateforme en ligne, ainsi que d’intégrer ces systèmes dans l’actuel réseau des
Centres européens de consommateurs;
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Comportement des consommateurs dans un environnement numérique
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6) d’améliorer le niveau de confiance à l’égard des vendeurs en ligne, par exemple en
établissant des labels de confiance (paneuropéens) réglementés pour les vendeurs en
ligne, de renforcer l’initiative «Trusted Shops» et d’augmenter la sensibilisation aux
initiatives à l’échelle européenne et nationale;
7) de renforcer le soutien apporté aux entreprises et aux personnes souhaitant développer
les compétences nécessaires à l’utilisation confidentielle de l’internet et contribuer
davantage au commerce électronique;
8) de réduire les obstacles pratiques au commerce électronique transfrontalier au sein de
l’UE, par exemple en adoptant une législation qui limite le pouvoir des entreprises à
refuser les commandes de l’étranger effectuées par des consommateurs européens au
moment de l’enregistrement, de l’envoi ou du paiement;
9) de limiter les risques de pratiques abusives dans la fixation des prix ayant des effets
négatifs sur le choix des consommateurs. Point essentiel, les restrictions devraient viser
à réduire les effets négatifs de l’ajout de frais additionnels (drip-pricing), par exemple
en réglementant le nombre de fenêtres dans lesquelles le consommateur doit cliquer
afin de déterminer le prix global, ou en appliquant des restrictions au montant de ces
frais (par exemple, les suppléments) qui ne sont pas annoncés à l’avance aux
consommateurs;
10) d’améliorer le niveau de confiance à l’égard des résultats générés par les moteurs de
recherches et les sites de comparaisons de prix:
a) soit en adoptant des règlements qui empêchent les fournisseurs de payer les
moteurs de recherches et les sites de comparaison de prix afin d’influencer l’ordre
des résultats de la recherche;
b) soit en garantissant que les utilisateurs sont informés par ces sites, de manière
claire et transparente, du fait que l’ordre des résultats de leur recherche a
éventuellement été influencé par des arrangements particuliers entre les sites et les
fournisseurs;
11) d’encourager et de renforcer les systèmes de paiement paneuropéens tels que l’espace
unique de paiements en euros (SEPA) dans le but de réduire les coûts de transaction et
en renforçant la confiance vis-à-vis des paiements en ligne. Nous constatons également
qu’il est encore trop tôt pour évaluer l’impact du SEPA, et qu’il faudrait peut-être mettre
en place d’autres initiatives pour garantir que les méthodes de paiement sont sécurisées
(et donc dignes de confiance) et largement diffusées auprès des consommateurs et des
vendeurs dans toute l’Europe;
12) d’encourager les initiatives visant à améliorer le fonctionnement des marchés postaux
nationaux de manière à obtenir un service de poste et de colis opérationnel, qui
constitue une infrastructure essentielle au commerce électronique. Certaines parties
prenantes ont rétorqué que les opérateurs postaux européens sont trop inefficaces et
qu’une livraison dans les délais serait trop onéreuse;
13) de garantir la fourniture d’orientations juridiques et techniques au niveau national dans
de nombreuses langues afin de réduire les frais de mise en conformité pour les
entreprises et d’aider ces dernières à franchir les barrières de la langue.
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