La contention en psychiatrie Définition: La contention • Selon le Larousse: « Procédé thérapeutique permettant d’immobiliser un membre, de comprimer des tissus ou de protéger un malade agité » • Selon Desharens et Lahanque: « Utilisation de tous moyens, méthodes, matériel ou vêtement qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou d’une partie du corps, dans le but d’obtenir la sécurité d’un patient (ou de son entourage) qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté. »(DESARZENS A, LAHANQUE I, du 28 février 2011, les moyens d’isolement ou de contention ) • Selon Palazzolo: « Toutes sortes de procédures pour limiter l’autonomie des mouvements corporels du patient » (Jérôme Palazzolo, Contention : état des lieux, p 31) • En médecine, la contention désigne tout dispositif médical ou procédé destiné à immobiliser l'intégralité ou une partie du corps . • La contention d’un patient se définit comme la limitation de son autonomie et de ses mouvements au moyen d’un procédé mécanique. C’est à la fois une réponse et une prévention de ses conduites dangereuses. La contention ne limite pas les contacts relationnels du patient. Cette mesure est vécue comme l’héritière d’une psychiatrie asilaire. Mais au-delà des controverses, la contention reste encore une nécessité thérapeutique dans certaines situations d’urgence et de dangerosité. Les indications: • Maitrise ou prévention de l’agitation sévère ou de la violence • Mesure prophylactique d’intervention afin de diminuer les stimulis extérieurs chez un patient psychotique • prévention d'un risque de rupture thérapeutique alors que l'état de santé impose des soins et que les autres moyens disponibles ne sont pas efficaces, ne sont pas suffisants ou ne sont pas appropriés. • à la demande du patient • La pose de contention doit répondre à deux intérêts : assurer la sécurité du patient et/ou de son entourage lorsqu'il existe un danger pour le patient ou son entourage. Cependant, hormis le cas de l'urgence, il n'appartient pas à l'infirmier de prendre la décision de poser des contentions à un patient Les contre indications • Les contre-indications sont l'utilisation de la contention comme punition, répression, ou dans une recherche de confort du service aux dépens du patient. • Les contre-indications somatiques regroupent les pathologies cardiaques, respiratoires, circulatoires, ou traumatiques incompatibles avec le maintien dans la position contenue. Les complications • Complication du décubitus • Accidents thrombo emboliques (TVP / embolies pulmonaires) • Complications respiratoire: encombrement bronchique, atélectasies • Decompensation cardio circulatoire (trouble du rythme par ex) • Complications urinaires et digestives (stase urinaire +/- globe urinaire, stase stercorale, fécalome • Lésions cutanées (escarres) • Complications ostéo articulaires • Déshydratation • Douleur • etc Le cadre légal Aujourd’hui, la contention dans les hôpitaux est régie par la loi: n° 90-527 du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions d’hospitalisation. La contention tout comme l’isolement est une décision médicale qui doit être prescrite. La prescription doit être nominative, horodaté, justifiée et signée par un Medecin. Cadre légal IDE (CSP) • Les articles du CSP en rapport avec la contentions sont: • Art R 4311-2: «les soins infirmiers, préventifs, curatifs, ou palliatifs (…) ont pour objet • 1: De protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique et mentale des personnes ou l'autonomie de leurs fonctions vitales physiques et psychiques en vue de favoriser leur maintien, leur insertion ou leur réinsertion dans leur cadre de vie familial ou social (…) • Art R 4311-5 relatif au rôle propre: • 42: observation et surveillance des troubles du comportement • Art R 4311-6 relatif à la santé mentale: • 3 : surveillance des personnes en chambre d’isolement • 4: Surveillance et évaluation des engagements thérapeutiques qui associent le médecin, l’infirmier ou l’infirmière et la patient. Cadre légal IDE (CSP) • Art R 4311-7: L'infirmier ou l'infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d'une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d'un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin : • 42:Entretien individuel et utilisation au sein d'une équipe pluridisciplinaire de techniques de médiation à visée thérapeutique ou psychothérapique • 43° Mise en oeuvre des engagements thérapeutiques qui associent le médecin, l'infirmier ou l'infirmière et le patient, et des protocoles d'isolement. • Art R 4311- 14: En l'absence d'un médecin, l'infirmier ou l'infirmière est habilité, après avoir reconnu une situation comme relevant de l'urgence ou de la détresse psychologique, à mettre en oeuvre des protocoles de soins d'urgence, préalablement écrits, datés et signés par le médecin responsable. Dans ce cas, l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes conservatoires nécessaires jusqu'à l'intervention d'un médecin. Ces actes doivent obligatoirement faire l'objet de sa part d'un compte rendu écrit, daté, signé, remis au médecin et annexé au dossier du patient. En cas d'urgence et en dehors de la mise en oeuvre du protocole, l'infirmier ou l'infirmière décide des gestes à pratiquer en attendant que puisse intervenir un médecin. Il prend toutes mesures en son pouvoir afin de diriger la personne vers la structure de soins la plus appropriée à son état. Surveillances • La surveillance d’un patient contenu doit être programmée, écrite, précise et régulière. Elle est établie au regard des risques liés à la contention physique et aux besoins du patient. • De manière générale, sont surveillés les constantes cliniques ainsi que l’état de conscience, l’hydratation, l’élimination, l’alimentation • Une réévaluation quotidienne en équipe de l’indication de mise sous contention est indispensable. Important • La contention ne doit être utilisée qu’en dernier recours • Jamais à titre punitif et toujours préciser la raison de la mise en contention • Veiller à ce que la prescription soit faite et réévaluée toutes les 24h • Réaliser les surveillances IDE et les tracer ! • Si problème somatique avéré en référer d’urgence au médecin généraliste et au psychiatre • Assurer un contact régulier avec le patient et toujours être au minimum 2 soignants • Accompagner le patient dans la réalisations des AVQ sous contentions • Toujours respecter la dignité du patient Important • La mise contention n’est pas un geste anodin, elle engendre des sentiments de frustrations, de culpabilités, elle met en jeu les affects des soignants ! Il ne faut pas le garder pour soi, il est important d’en discuter en équipe quand une situation est difficile à vivre. Sources • • • • Recommandations ANAES (HAS) sur la contention Loi du 4 mars 2002 Protocoles contention et mise en isolement du service AMJ http://psychiatriinfirmiere.free.fr/