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la prévalence plus importante de la séronégativité EBV et du risque inhérent de
primo-infection après transplantation. Trois facteurs paraissent incriminés dans le
développement des formes graves de primo-infection EBV après transplantation:
l’administration de lymphoglobulines, les épisodes de rejet aigu et la co-infection par
le virus CMV (17).
Il est maintenant bien démontré que le virus d’Epstein-Barr joue un rôle majeur
dans l’oncogénèse. In vitro, EBV est capable de transformer des lymphocytes B
donnant naissance à des lignées immortalisées dénommées lignées de cellules
lymphoblastoïdes (LCL). Chez l’homme, il est incriminé dans le développement de
proliférations lymphoïdes malignes comme le lymphome de Burkitt et épithéliales
comme le carcinome indifférencié du naso-pharynx. Le génome de l’EBV a été
mis en évidence dans ces tumeurs (18), associé à des anomalies cytogénétiques
(translocations 8-14) dans le lymphome de Burkitt. Le rôle de l’EBV dans la
lymphomagénèse a été suspecté tout d’abord sur des observations sérologiques
puis démontré par des techniques d’immunouorescence et d’hybridation in situ.
Les techniques sérologiques montrent classiquement un prol de primo-infection
chez les sujets séronégatifs (apparition d’IgM anti-VCA, augmentation du taux d’IgG
anti-VCA, absence d’anti-EBNA) ou de réactivation chez les patients séropositifs
(absence d’IgM anti-VCA, majoration du taux d’IgG anti-VCA et préexistence des
IgG anti-EBNA). Mais chez les patients transplantés, les réponses sérologiques ont
tendance à sous-estimer l’activité EBV (19). La détection d’IgG et d’IgM anti-ZEBRA
semble une voie de recherche intéressante pour le suivi sérologique des patients
à risque (20). L’étude du gène Bam HI WYH codant pour la protéine EBNA2A qui
intervient dans l’immortalisation des lymphocytes B, a permis d’identier deux types
d’EBV: EBV1 et EBV2. In vitro, EBV1 transforme plus facilement les lymphocytes
B qu’EBV2 (19). L’EBV1 est retrouvé de façon exclusive chez les patients ayant
développé un LPT contre 79% dans la population générale.
Expérimentalement, l’EBV infecte et transforme les lymphocytes B humains en se
xant sur la membrane cellulaire par interaction entre la glycoprotéine d’enveloppe
virale gp 350/220 et la molécule CD21. Il provoque alors deux types d’infection
cellulaire: (i) une infection réplicative ou cycle lytique au cours de laquelle le génome
viral est linéaire, des particules virales sont produites et libérées induisant la mort
cellulaire; (ii) une infection non productive ou phase de latence dans laquelle le
génome est circulaire (forme épisomale). Pendant cette phase de latence, seul un
nombre limité de gènes est exprimé. Ces gènes codent pour 6 protéines nucléaires:
EBNA 1, 2, 3A, 3B, 3C, et LP et trois protéines de membrane: LMP 1, 2A et 2B.
LMP1 et EBNA2 semblent être les médiateurs essentiels de la prolifération et de
l’immortalisation des lymphocytes B (21). Une délétion de la protéine LMP1 dans les
cellules lymphoïdes dérivées du receveur serait peut-être un facteur déterminant
du développement de ces LPT. Quelle que soit la forme de latence, des « Epstein
Barr early RNAs » (EBERs), sont exprimés, permettant la détection de l’EBV par