Actes du Forum vendredi 2 juin 2006 Avignon L’action culturelle en milieu hospitalier, maison de retraite et établissement spécialisé Pourquoi organiser des rencontres sur l’action culturelle dans des milieux qui ne sont pas à priori faits pour accueillir de la culture en leur sein ? Cette rencontre avait pour objectifs de sensibiliser le personnel soignant, les élus et l’ensemble des professionnels concernés, permettre une meilleure connaissance des collaborations et des projets artistiques développés au sein des établissements de soin. En effet, les interventions artistiques en milieu hospitalier, en établissement de soin, en centres spécialisés concernent des publics de fait marginalisés dans leur accès à la culture. De nombreuses initiatives sont portées par des artistes souvent très mobilisés face à ces publics. Les établissements de soin restent attentifs à la dimension humaine qui s’organise autour du patient, de la personne accueillie. Intervenants Pascal Billon Compagnie Mises en scène Intervenant au service hématologie de l’hôpital d’Avignon et de Montfavet Pierre Bolla Association Phonambule et Formateur au CFMI Aix-en-Provence Philippe Bouteloup Directeur - Association Musique et Santé Docteur Gérard Fortier Médecin chef de services de pédiatrie Hôpital d’Avignon Françoise Hamel Psychomotricienne au CAMSP d’Avignon et Intervenante en Néonatalogie Cette réflexion ne pouvait avoir lieu sans poser au préalable la valeur maintes fois défendue et communément partagée, que la culture est affaire de tous, qu’elle est un droit inscrit dans les droits de l’homme et que son accès est et doit être possible en toutes circonstances et à tout moment de la vie. Céline Hequet Intervenante Association Musique et Santé C’est à la recherche de cette valeur commune que nous étions invités au travers de ce forum. Pascale Parouti Chargée de mission secteur social addm 48 Simone Muller Fédération des ateliers artistiques et de médiation créatrice Centre Hospitalier de Montfavet Odile Avezard et Bruno Huet Intervenants musique et clowns Hôpital d’Avignon unité mère enfant et CAMSP Modérateurs Lyliane Dos Santos Directrice - addm Vaucluse Michel Laurent Vice président - Creai paca corse Rapporteur Alain Arrivets Directeur - Aprova Coordination des ateliers Anne-laure Ouhayoun Nathalie Bégue L’addm tient à remercier tout particulièrement les partenaires du programme Equal Via2s ainsi que Marie-José Mas, Valérie Canillas, Frédéric Olive, Émmanuelle Laquit, Élisabeth Sendyk et le Cabinet Accedo. Actes du Forum vendredi 2 juin 2006 à l’hôpital Henri Duffaut Avignon Organisé par l’addm Vaucluse L’action culturelle en milieu hospitalier, maison de retraite et établissement spécialisé Discours d’ouverture p.2 Michel Tamisier Président de la commission culture du Conseil général de Vaucluse, Président de l’addm 84 André Castelli Vice-Président du Conseil général de Vaucluse, Président de la commission action sociale du Conseil général de Vaucluse M. Laperche Directeur adjoint, Hôpital Henri Duffaut - Avignon Glossaire ADAPEI Association Départementale des Amis et Parents de Personnes Handicapées ARH Agence régionale de l’hospitalisation CAMSP Centre d’Action Médico-Sociale Précoce CAT Centre d’aide par le travail CFMI Centre de Formation des Musiciens Intervenants CREAHM Créativité et Handicap Mental CREAI Centre Régional pour l’Enfance et l’Adolescence Inadaptées DRAC Direction régionale des affaires culturelles SAVS Service d’accompagnement à la Vie Sociale VIA2S Vaucluse Inn Art en Scène Solidaire Michel Laurent Vice-président, Creai paca corse Patricia Value-Lynch Chargée de mission, Direction régionale des affaires culturelles paca Lyliane Dos Santos Directrice, addm 84 Atelier 1 p.7 Quand deux mondes se rencontrent : la culture et la santé, “droit à la santé”, “droit à la qualité”, mais aussi “droit à la culture”. Atelier 2 p.17 L’établissement spécialisé peut-il être un lieu de développement culturel ? Quels liens et quels partenariats peuvent être développés avec les institutions et les établissements culturels ? Synthèse Annuaire Février 2007 Rédaction Marie Godfrin design saluces.com photo de couverture Association Phonambule addm Vaucluse 51, rue des Fourbisseurs - 84000 Avignon Code APE 913E - SIRET 34992954700017 p.24 p.26 Discours d’ouverture Michel Tamisier Président de la commission des affaires culturelles du Conseil général de Vaucluse, Président de l’addm 84 Pierre Lieutaghi : Ethnobotaniste, Conseiller scientifique des Jardins de Salagon Je dois excuser M. Claude Haut notre président, M. Dutreil, Directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation et M. Bredel, Directeur des affaires culturelles en région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui n’ont pu être à nos côtés aujourd’hui . Chargé de la culture au Conseil général et Président de l’addm 84, je souhaite saluer ce qui vise à faire se rencontrer deux mondes : la culture et la santé. Nous pouvons nous interroger sur le fait d’organiser des rencontres sur l’action culturelle dans des milieux qui, a priori, ne sont pas faits pour cela. Personnellement, je suis un ardent défenseur de porter la culture ailleurs d’où l’on a l’habitude de l’entendre ou de l’écouter. J’ai animé durant longtemps une association qui s’était donnée pour but de promouvoir le livre et nous prenions grand soin d’aller porter le livre non pas dans les bibliothèques où l’on a l’habitude de le voir mais par exemple dans une jardinerie si nous invitions Pierre Lieutaghi*, ou dans un restaurant parce que c’est une façon de rencontrer un nouveau public. Les interventions artistiques en milieu hospitalier, en établissement de soins ou en centre spécialisé concernent des publics qui, par malchance, sont provisoirement marginalisés et n’ont pas de ce fait accès à la culture. De nombreuses initiatives sont portées par des artistes mobilisés, impliqués auprès de ces publics qu’ils souhaitent accompagner dans les moments difficiles qu’ils traversent en essayant aussi de distraire, d’amuser. Les établissements de soins, nous le savons tous, sont très attentifs à la dimension humaine qui s’organise autour du patient, de la personne accueillie. Cette réflexion ne pourrait avoir lieu sans poser au préalable la valeur maintes fois défendue et communément partagée, je l’espère, que la culture est l’affaire de tous. Les événements que nous vivons de temps en temps dans notre pays nous font comprendre à quel point il serait important de mettre d’avantage encore l’accent là-dessus. Nous le savons, la culture est un droit inscrit dans la déclaration des droits de l’homme et son accès doit être possible pour tous et en toutes circonstances. C’est bien là l’objet de cette recherche de la valeur commune que nous sommes invités à trouver aujourd’hui. Ce forum a pour objectif de sensibiliser le personnel soignant, les élus et l’ensemble des professionnels concernés à une meilleure connaissance des collaborations et des projets artistiques développés au sein des établissements hospitaliers ou spécialisés. Je souhaite que nous puissions œuvrer entre ces deux mondes santé et culture, créer des ponts et veiller au développement des collaborations à venir. Me tournant vers les artistes, les musiciens, les intervenants, les enseignants, les infirmiers, les éducateurs, les animateurs, les médecins, je veux inviter tout ce monde à dessiner les formes de nos futures collaborations. Je suis persuadé que nous arriverons à bâtir des passerelles qui nous permettrons de mieux nous connaître. Je remercie Lyliane Dos Santos pour son implication dans cette initiative pleine de générosité et d’humanité pour des publics à qui vous redonnez peut-être l’envie de sourire. Je tiens à remercier M. Laperche, Directeur adjoint de l’hôpital d’Avignon, de nous accueillir au sein de cet établissement pour cette rencontre. .2 André Castelli Vice-Président du Conseil général de Vaucluse et Président de la commission action sociale du Conseil général de Vaucluse En étant partenaire de ce forum sur « l’action culturelle en établissement spécialisé », le Conseil général de Vaucluse a souhaité souligner sa volonté de s’inscrire dans les problématiques de l’action culturelle en établissement de soins en aidant, construisant et apportant des réponses. En effet, les questionnements avancés dans ce forum viennent confirmer que la Collectivité départementale est reconnue et concernée. Je suis retraité de l’hôpital psychiatrique de Montfavet depuis moins de deux ans et j’ai oeuvré durant dix ans dans un des ateliers artistiques de médiation culturelle de la fédération, l’atelier “papier de soie”. Mon expérience en la matière m’a permis de découvrir une véritable richesse au sein de ces établissements de soin qui, parfois à l’encontre de tous, construisent des rapports d’exclusion. Ce rapport d’exclusion souvent mal perçu et mal appréhendé existe sous des formes diverses. Il y a là une responsabilité des politiques publiques engagées pour essayer de sortir de ce fait. Les forums sont des moments de partage qui nous invitent à réfléchir à la manière dont nous construisons ces espaces de dialogue et de débat, pour les transformer en espaces de production de sens et permettre d’accompagner une politique sociale vers des décisions. Nous nous interrogeons sur la manière dont on peut inscrire dans nos démarches budgétaires, la reconnaissance des actions culturelles dans le projet global des établissements. Aujourd’hui, la seule façon de produire des projets d’action culturelle est de les fonder dès le départ au sein de l’établissement. Ces questions sont préoccupantes et l’arrêt du CREAHM (Créativité Handicap Mental) accompagné dès sa création, nous invite à porter un regard sur l’équilibrage du projet en l’inscrivant dans une politique publique. Nous essayons de reconstruire ce projet dans un service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) qui aurait pour fonction d’accompagner un certain nombre de personnes hébergées dans des établissements décentralisés du département. Quelques questions demeurent mais qui en l’absence de réponse immédiate méritent d’être débattues. Quelle évaluation peut-on faire des projets culturels développés au sein des établissements de soin ? Comment les inscrire comme étant de même nature que la distribution du médicament parce qu’ils contribuent à la reconstruction et au développement des personnes ? Quelles conditions réunir pour ramener la dimension nécessairement publique et collective des projets ? Je citais en exemple précédemment le projet de la fédération des ateliers artistiques de médiation culturelle, projet situé dans une politique sanitaire mais qui a su instaurer la création d’une fédération inscrivant des pratiques artistiques dans le protocole de rapport aux patients et aux usagers. Tout cela nous renvoie à la question de la professionnalisation des artistes qui mènent ces interventions, au même titre que le personnel soignant. Comment mutualise-t-on l’emploi d’un intervenant artistique sur plusieurs établissements pour que son intervention, dans le cadre d’un protocole global d’intervention, soit reconnue dans le tableau des effectifs des établissements de soin ? Le département de Vaucluse s’enrichit aujourd’hui de nombre de projets en direction des personnes handicapées. Nous sommes dans un passage important où nous avons sûrement la chance de pouvoir structurer dans nos politiques ce type d’intervention. On ne pourra s’extraire de l’application de la loi du 11 février 2005 simplement en mettant en place des projets non aboutis. Il nous faut donner du sens au développement des projets, en faire des combats citoyens et politiques. M. François Laperche Directeur adjoint de l’hôpital d’Avignon Je représente le Docteur Decoucut, Directeur du centre hospitalier d’Avignon, et le Docteur Olivier, Président du Comité national d’éthique, tous deux retenus en réunion de bureau exécutif. Mon propos va être simplement de compléter ce qui vient d’être dit et de mesurer le pas que nous franchissons aujourd’hui grâce à cette initiative remarquable. Un pas que nous avons commencé à amorcer grâce aux médecins dans la démarche culturelle. Nous avons à l’hôpital trois piliers de notre action culturelle et c’est autour de ces trois associations qui ciblent les patients qu’une dynamique culturelle, depuis plusieurs années, se fait. Les blouses blanches d’abord soignent, les blouses bleues que je représente aident au soin et assurent une logistique, et le font avec professionnalisme mais jamais avec prétention. Notre démarche par rapport à la culture est d’être modeste, c’est avant tout d’être à l’écoute de ceux qui veulent bien s’associer, nous associer à une démarche qui désormais dans les hôpitaux devient sinon habituelle, du moins reconnue. Mes pensées vont d’abord aux malades, c’est évident, et vont à vous aujourd’hui. Notre salle de conférence abrite pour la première fois une telle initiative et je pense, comme l’a dit M. Tamisier, qu’il y en aura certainement d’autres. À l’hôpital Henri Duffaut, la dynamique, toute modeste, a permis par exemple que les personnels de l’hôpital concentrés et pressés par l’activité thérapeutique (et il le faut) réussissent tout de même à constituer une chorale qui participe aux actions culturelles. Nous voyons bien la relation qu’il peut y avoir entre la maladie sous sa forme la plus grave et le moment qu’offrent les artistes. Notre hall, qui n’est surtout pas une panacée pour l’acoustique, abrite le 1er décembre, une action consacrée au fléau du sida. Grâce à l’activité de tous ceux qui sont ici, cette intervention est devenue un moment où l’on oublie. Le visiteur passe, il voit des comédiens, il entend de la musique, il reçoit un message. Les patients ne peuvent pas tous descendre, mais certains, écoutent et se souviennent et les personnels soignants y sont associés. Nous avons en cette journée la concrétisation d’une démarche ambitieuse qui doit cependant rester modeste, et c’est le rôle que les médecins, la direction et les personnels soignants, tiennent dans cette affaire. Michel Laurent Vice-Président du CREAI paca Corse, Conseiller au cabinet de Claude Haut au Conseil général de Vaucluse sur la question du handicap Le CREAI est le centre régional d’étude sur les adaptations et les inadaptations, les lettres du sigle ne correspondent plus à la réalité. Les évolutions philosophiques, sociales, culturelles, législatives et réglementaires et les connaissances dans le champ du handicap ont nécessairement induit une évolution des missions. Le CREAI est le centre régional d’études et de recherches pour tout ce qui relève de l’aide et de la technicité pour l’accession à la citoyenneté de toute personne en situation de handicap. La loi du 11 février 2005 affirme l’égalité des droits de la personne handicapée par l’âge, la maladie ou tout autre situation qui peut impliquer une forme “d’enfermement”. “Droit”, ce mot repris par le Président Tamisier, nous nous devons de le répéter sans cesse, de veiller à une mise en pratique authentique. Ce n’est pas “il ou elle aurait droit” ou “ils devraient avoir droit”, c’est “ils ont droit”. Toutes ces personnes, personnes handicapées, personnes en situation précaire, personnes en situation difficile pour quantité de raisons, ont des droits. Nous devons faire en sorte que cette égalité des droits puisse s’accomplir pleinement. Je suis convaincu que lorsque l’égalité des droits se traduit par l’accessibilité à la culture, le droit d’appartenance au champ culturel, acteur, spectateur, auditeur, nous aurons beaucoup avancé dans l’accessibilité à la citoyenneté pleine et entière. .4 J’étais il y a encore six mois, Inspecteur d’académie, Directeur des services départementaux de l’éducation nationale de ce département, j’avais à gérer toutes les écoles et établissements scolaires. J’avais, entre autres missions, celles d’assurer la scolarisation des élèves handicapés, de permettre la scolarisation à domicile des enfants malades par le service d’action auprès des enfants malades à domicile géré par l’association départementale des pupilles de l’enseignement public dont j‘assume la présidence. Ne serait-il pas intéressant d’imaginer également des interventions culturelles à domicile auprès des élèves et des personnes empêchés ? Écoutant le Président et le Directeur de l’établissement hospitalier évoquer ces points, je m’interroge sur l’intérêt d’une mise en relation des professionnels ordinaires de l’école, des praticiens hospitaliers, des institutionnels pour des analyses de pratiques, des réflexions partagées, pour connaître ne serait-ce en un premier temps que quantitativement les besoins. Patricia Value-Lynch Chargée de mission culture à l’hôpital, handicap, justice et emplois-jeunes à la Direction régional des affaires culturelles paca Je suis ravie d’être avec vous aujourd’hui pour aborder ce thème de la culture à l’hôpital. En effet une des missions du Ministère de la culture est de rendre les arts et la culture accessibles à tous les publics, y compris aux personnes momentanément empêchées. Parmi ces publics empêchés on retrouve les personnes hospitalisées mais également les personnes handicapées qui ne peuvent accéder librement aux activités culturelles auxquelles chacun à droit. Comme le rappelaient tout à l’heure M. Tamisier et M. le Directeur du Creai, l’accès à la culture est un droit pour tous. À ce titre ma mission au sein de la DRAC est d’aider au montage des projets, d’encourager les partenariats entre les établissements hospitaliers auxquels vous appartenez et les équipements culturels de proximité, et de participer financièrement à des actions. Toutes les disciplines artistiques peuvent être envisagées. Pour cette mission je travaille en partenariat avec l’Agence Régionale de l’Hospitalisation (ARH) dans le cadre d’une convention “Culture à l’hôpital”. Pour re-situer ce partenariat dans son contexte, il faut rappeler que la “culture” à l’hôpital existe depuis fort longtemps. Elle a été formalisée par une convention nationale signée le 4 mai 1999 par Mme Trautmann, Ministre de la Culture et M. Kouchner, Secrétaire d’Etat à la Santé. Les deux ministères souhaitaient mettre en place une politique culturelle à la fois structurée et dynamique. Cette convention incitait au développement d’activités culturelles dans les milieux hospitaliers, mais encourageait aussi le développement des bibliothèques dans les établissements et la création de poste de responsable culturel hospitalier. La convention prévoyait également la mutualisation des moyens et des projets entre les hôpitaux, encourageant les jumelages entre les institutions culturelles de proximité et les établissements hospitaliers. Pour ce faire, elle incitait le rapprochement des DRAC et des ARH dans les régions pour mettre en œuvre cette politique et c’est ainsi que notre partenariat avec l’ARH de Marseille a été mis en place dès l’année 2000. Ce rapprochement DRAC/ARH a permis de développer et promouvoir la culture à l’hôpital sur le territoire régional. Une première convention a été signée le 31 mai 2001, puis une convention d’objectif sur trois ans a été signée le 28 juillet 2003. Elles permettent aujourd’hui de soutenir des projets culturels dans les établissements de santé en mutualisant nos moyens financiers et en encourageant les jumelages avec les équipements culturels. Lorsque je parle d’équipements culturels, je pense bien sûr aux addm puisque c’est celle du Vaucluse qui organise cette rencontre aujourd’hui mais aussi aux compagnies de théâtres, aux scènes nationales, aux bibliothèques, aux musées, aux centres d’art, aux conservatoires de musique... à tous les équipements culturels de la ville. Dans le cadre de notre partenariat DRAC/ARH, nous avons mis en place un comité de pilotage qui examine une fois par an les projets culturels déposés pour le 30 décembre par le binôme, équipement hospitalier/ équipement culturel. En 2006, le comité a examiné 54 projets culturels répartis sur 31 hôpitaux de la région. Ces établissements couvrent les six départements de Paca, avec une forte concentration de projets sur les départements des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse, du Var et des Alpes-Maritimes. Cependant on a pu constater cette année la candidature d’établissements plus isolés des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. La commission a retenu 30 projets répartis sur 28 hôpitaux, dont le centre hospitalier Henri Duffaut qui nous reçoit aujourd’hui. Nos deux administrations ont affecté cette année pour le dispositif “Culture à l’hôpital”, un budget de 220 000 euros pour financer cette trentaine de projets. Il faut noter que malgré les difficultés financières rencontrées en 2006 nous avons pu augmenter les moyens qui étaient de 209 000 euros en 2005. Lyliane Dos Santos Directrice de l’addm de Vaucluse Cette journée est l’occasion d’échanger autour des questions qui nous tiennent à cœur et je souhaiterais en guise d’introduction préciser pourquoi nous avons pris, addm Vaucluse, l’initiative de cette journée. Elle trouve sa place dans le cadre du projet Vaucluse Inn Art en Scène Solidaire - VIA2S, qui est un projet conçu au titre du programme d’initiative communautaire EQUAL, co-financé par le Fonds Social Européen (FSE), le Conseil général de Vaucluse et le Conseil régional PACA. L’objectif de ce programme est de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’inégalité dans la sphère du travail et de l’emploi. Le projet VIA2S implique plusieurs partenaires qui pilotent le projet aux côtés du Conseil général de Vaucluse : ANPE spectacle, Activ Conseil, Scène nationale de Cavaillon, Icart et addm. Les actions de ce projet visent à créer les conditions de maintien, de sauvegarde et de professionnalisation des emplois dans le secteur culturel. L’addm s’est engagée dans la qualification de l’emploi culturel, notamment en direction des enseignants des écoles de musiques en formation continue et en validation pour acquis de l’expérience, cela constitue une activité qu’elle développe dans le cadre de ce projet. L’autre activité concerne la ressource, la circulation de l’information et la mise en réseau d’acteurs impliqués dans le secteur culturel. C’est dans ce cadre que nous organisons ce forum en rapport aux actions mises en place en direction des publics dit “empêchés”. Le terme “empêchés” est affreux, mais nous aurons peutêtre l’occasion de trouver un autre terme. Empêchés de quoi ? En tout cas pour ce qui nous réunit aujourd’hui, empêchés par l’accès à la culture. Nous souhaitons par la même nous situer dans une réflexion plus large et c’est notre rôle de réunir, de fédérer une réflexion collective dans cette action culturelle toute particulière. Equal VIA2S nous permet aussi d’explorer la nécessité d’expérimenter et de réfléchir à des questions, si ce n’est nouvelles, en tout cas qui méritent d’être encore développées et enrichies. Ces actes seront diffusés auprès de l’ensemble des structures concernées par cette journée que nous avons invitées : les hôpitaux, les maisons de retraite, les associations en charge du handicap, les établissements spécialisés qui ont en charge le soin ainsi que les structures culturelles. L’objectif de cette journée est de mettre en commun une réflexion, de valoriser les actions des uns et des autres mais surtout des personnes qui ont l’ambition de contribuer à un meilleur dialogue partenarial entre deux mondes qui se connaissent mal, le monde de la culture et le monde du soin. .6 Atelier 1 Quand deux mondes se rencontrent : la culture et la santé, “droit à la santé”, “droit à la qualité”, mais aussi “droit à la culture”. Quelle est la place de l’action culturelle dans un espace qui est essentiellement conçu dans sa mission première comme un espace de soin ? S’agit-il pour l’action culturelle de s’adapter au soin ou le contraire ? La place de l’action culturelle est-elle dans le temps libre du soin ? Jusqu’où et de quelle manière le médical est-il prêt à soutenir une action culturelle en son sein ? Le médical ne faitil appel au culturel que lorsqu’il n’y a “rien d’autres à faire”, quand il est en panne d’actions ? L’artiste est-il un passeur entre “le dedans et le dehors” ? Est-il prêt et préparé à aborder ces publics spécifiques ? Comment la relation s’effectue avec le corps soignant ? Que peut attendre l’artiste intervenant dans un lieu qui n’est pas un lieu de reconnaissance artistique ? Questions abordées : 1. Quel est le sens de l’intervention artistique en milieu hospitalier, quel est l’intérêt pour les malades et les personnels soignants ? 2. Quelle est la place du projet artistique au sein de l’hôpital ? 3. Quelles compétences spécifiques des artistes ou des professionnels de la culture ces interventions mobilisentelles ? Quelles sont les conditions de professionnalisation d’un projet culturel ? Le cadre de ces interventions définit-il un nouveau métier ? Doit-on construire une offre de formation qui s’adresse au personnel soignant avec comme objectif de lui donner la possibilité d’avoir un autre accès aux malades que par le soin ? Ou doit-on avoir un référent (un médiateur culturel ?) entre l’établissement de soin, le monde culturel et l’institution, qui fort d’un ensemble de compétences spécifiques se distinguerait d’autres agents de développement culturel ? Pascal Billon Cie Mises en scène Nous avons débuté ce programme d’interventions artistiques à l’hôpital en 1997, à une époque où rien n’existait... Depuis la direction jusqu’au comédien, personne ne pouvait imaginer intervenir de cette façon dans un hôpital, encore moins dans un service hémato-oncologie. Il n’existait alors aucune convention. Ce programme devait durer un mois seulement, dans le cadre d’une action qui s’appelait «Bruissement du festival». À la fin du mois, il nous est apparu évident que nous ne pouvions pas nous arrêter et nous avons compris très vite que, pour que les comédiens, les danseurs et les musiciens aient leur place dans un service, il ne fallait pas mêler les compétences professionnelles. En termes de mission, il s’agissait pour nous d’aller faire notre boulot de comédien, de danseur et de musicien, sans restriction et sans que le personnel soignant vienne nous dire ce que nous devions faire, car c’est notre travail. InverseIl ne fallait pas nous permettre ment, il est clair que nous ne pouvons de commencer parce qu’on ne pas être psychologue ou aide-soignant peut plus s’arrêter même si tous les corps de métiers sont rassemblés au même étage d’un même service... Dès que tout cela a été clair, nous nous sommes tous mis à fonctionner sans flou : par exemple, nous avons un protocole d’entrée dans le service qui nous permet de connaître le prénom des patients, leur situation. Pour nous, c’est important de savoir si la personne est dans le coma ou si elle est en attente de diagnostic. De la même manière, nous transmettons au personnel soignant les informations que nous détenons sur un patient ou sur sa famille car son comportement à l’égard des blouses blanches et à ceux qui n’en portent pas est souvent différent. Il est très important que, dans nos interventions, nous ayons éliminé l’aspect compassionnel des choses. D’abord parce que toutes les compétences professionnelles sont réunies autour du patient, ensuite parce que notre travail est d’arriver avec une proposition originale : nous ne considérons pas le patient comme étant un patient, ni les familles comme étant des familles, ni les chambres comme étant des chambres Par exemple, lors d’une ou même un placard comme étant un improvisation sur le thème placard. Il est tout à fait possible pour de la gare TGV, un comédien nous d’habiter un placard ou de jouer entrait dans les chambres une scène dans la salle de bains. Toupour contrôler les billets. Très tes les propositions sont ouvertes. Mais curieusement, le patient disait nous ne pouvons le faire qu’à partir du « je suis désolé, je n’ai pas mon moment où nous avons les protocoles billet d’habitude je l’ai tout le d’entrée, c’est-à-dire la transmission temps mais là je n’ai pas mon avec le personnel soignant. Ce qui nous billet » et la bascule de dire intéresse, c’est de pouvoir détourner les « Il ne faut pas de billet pour choses, les objets, les situations face à être à l’hôpital quand même, des personnes qui ne se résument pas à non ? ». leur seule condition de “malade”. Cette bascule (de la réalitée à l’imaginaire), nous l’expliquons par le fait que justement les patients sont, par la force des choses, présents à l’hôpital à cause du problème de santé qu’ils rencontrent, donc tout tourne autour de leur état de malade. Nous, nous sollicitons la partie non malade de cette personne pour la faire émerger (pendant un moment simplement). Nous n’avons pas plus d’ambition que de considérer cette personne autrement que par rapport à sa maladie. En ce sens, le partenariat avec le personnel soignant est fondamental. Au début, en 1997, nous avons Effectivement il y a le patient, rencontré quelques difficultés car le le personnel soignant et personnel soignant et les patients pardes couloirs qui mènent aux tagent parfois des relations fusionnelchambres. Tout cela est vrai, les. En hématologie, certains patients mais notre travail consiste séjournent dans le service avant d’y déjustement à reculer les céder, il y a donc des liens qui se créent. évidences, à créer et à inventer Jusque-là notre place n’existait pas et il d’autres lieux, d’autres a fallu la créer. espaces, d’autres situations grâce à nos capacités artistiques. .8 Lyliane Dos Santos addm 84 Pouvez-vous nous préciser le volume d’activité que cela représente puisque vous intervenez dans de nombreux services, auprès de patients très différents ? D’ailleurs il est question de patients et non pas de publics. Vous travaillez beaucoup sur la relation, avec le personnel soignant, avec le patient, sa famille et tout son environnement particulier : le couloir, les murs.... Tout ce qui fait décor d’une certaine façon. Pascal Billon Je coordonne cette action au sein de la compagnie Mises en scène et la question étrange que je me suis toujours posée, c’est pourquoi aller faire le comédien à l’hôpital ? Pourquoi y a-t-il autant de personnes à vouloir travailler en hôpital ? Parce que, sur le plan artistique, il y a beaucoup à apprendre et beaucoup d’enjeux aussi. Comment réussir à embarquer Il faut donc aller chercher toutes les des gens dans une proposition ressources en soi pour arriver à pousartistique dans un cadre aussi ser les murs... Tout ce que l’on apprend mal fichu pour le théâtre que à l’hôpital, on le ramène sur scène et les murs d’une chambre ? inversement. Pour les publics qui sont enfermés par la force des choses, à l’hôpital comme en prison, notre rôle est de leur ramener la ville. L’hôpital, avec son grand «H», fait peur. Il y a des tensions considérables à l’intérieur. Il y a une situation d’enjeux très forte qui peut même aller jusqu’au péril du patient. Toutes ces tensions nous paraissent extrêmement lisibles et visibles et nous essayons, dans la mesure du possible, d’apporter une bulle de l’extérieur pour faire tomber ces tensions. Il y a une tension dans la situation même des personnes hospitalisées et notre présence permet peut-être à cette tension de s’exprimer par le rire ou par les pleurs. Une fois qu’elle s’est exprimée, nous avons l’impression que la chambre va mieux. Cie Mises en scène Lyliane Dos Santos addm 84 Pierre Bolla Phonambule L’association Phonambule, représentée par Pierre Bolla et Fanette Fernique, propose une autre forme d’intervention, musicale donc différente des interventions de la compagnie Mises en Scène mais qui concerne néanmoins des publics communs. Pour citer Pascal Billon, en fin de compte c’est toujours de la bascule dont il est question. Nous intervenons dans cinq hôpitaux varois en pédiatrie, néonatologie, chirurgie infantile, CAMSP et gérontologie, et nous nous posons la même question : à quel moment la rencontre va-t-elle se faire ? Pour y arriver, il faut faire un travail incroyable en amont. Pour un musicien, il faut qu’il maîtrise parfaitement son répertoire. Ce qui induit une grande exigence de répétition avant toutes ses interventions. Il faut être capable, à partir d’une chanson que nous avons beaucoup travaillée, de varier à l’infini, de savoir l’arrêter, la reprendre, l’étirer, la jouer par rapport à une atmosphère de tristesse ou de joie. Ce travail en amont est important mais, lorsqu’on frappe à la porte du patient, il faut tout oublier. C’est tout le paradoxe : nous ne devons pas rester encombrés par notre travail d’analyse préalable car quand nous rentrons, il s’agit d’une rencontre d’être à être et, si nous avons suffisamment travaillé, la situation va nous guider dans notre intervention et notre musique va pouvoir s’adapter. Il se passe quelque chose qui fait que les gens sortent de leur fixation à la souffrance. À ce moment-là, il y a vraiment un regain de vitalité, un regain d’espoir et c’est dans ce sens-là que nous pouvons dire que la musique est partenaire du soin. Philippe Bouteloup Musique et Santé « Le fond même de l’action est la démarche artistique, cet itinéraire partagé mais non imposé » A. Arrivets photo : le jardin d’alice .10 Notre intervention, à Nice, était un peu différente car il s’agissait d’une résidence d’artistes, sur un temps de quinze jours, avec deux musiciens : l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau et le chanteur Steeve Waring. L’idée était de travailler avec des adolescents car nous ne pouvons pas imaginer l’adolescence sans musique. Or l’hôpital n’est pas un monde silencieux, justement. Aujourd’hui, les études montrent que le temps de la parole adressée au malade est d’environ 120 secondes par jour, c’est dire si la “solitude” du patient hospitalisé est grande... C’est-à-dire cette coupure d’avec sa “symphonie domestique”, comme dit Roland Barthes, son environnement sonore habituel : la voix des siens, les bruits de la maison, de la rue, tous ces bruits qui le rassurent. Dans L’Éloge de la lenteur, Pierre Manseau écrit : «La culture n’est pas un luxe, un divertissement comme on l’a souvent répété mais une tâche pour être soi-même et pour que les autres deviennent eux-mêmes». Or nous savons combien l’hôpital est un lieu de rupture d’avec son environnement, les siens, l’école, un lieu de rupture permanent dans le temps et dans l’espace. Une des mille et une bonnes idées de faire de la musique est cette idée de rencontre, de faire ensemble. Grâce au jumelage entre la Cité de la musique et l’hôpital de Nice, nous avons pu inviter ces deux artistes. L’idée était de faire un travail d’écriture autour de la chanson et du blues, forme suffisamment ouverte au niveau de l’écriture pour laisser la place à la créativité. La résidence a permis de faire entrer la musique à l’hôpital du matin jusqu’au soir grâce à la disponibilité totale des musiciens et la collaboration de l’institutrice du service. C’était un pari un peu fou : « on ne sait pas ce qui va se passer...», «les textes seront-ils audibles ?», «est-ce qu’il y aura des patients ?». Le risque est toujours là car la rencontre n’a rien d’obligatoire et chacun est libre de venir ou non à l’atelier. L’hôpital est peut-être le seul endroit où l’on peut dire «non», «non, je n’ai pas envie de faire de la musique» et cet espace de liberté est fondamental pour le patient. Nous avons décidé de recueillir des textes, d’écrire en commun. Notre seule ambition était d’enregistrer les créations sur un cd pour que chacun reparte avec un exemplaire. Puis, au fil du projet, nous sommes allés jusqu’au concert à l’hôpital l’Archet où nous avons offert aux malades une vraie scène, une vraie sonorisation, de vrais éclairages. Tous les partenaires ont tenu à ce que cela soit un «vrai» concert. Un jour, un enfant nous a dit : «c’est bien avec vous car c’est de la musique en vrai». Ça voudrait dire qu’il y a de la fausse musique... Cette fois, c’était quelqu’un qui leur parlait, qui jouait pour eux mais qui pouvait jouer aussi avec eux. Lorsque nous parlons d’échange ce n’est pas seulement pour offrir, ce n’est pas seulement de la générosité, le musicien vient aussi pour prendre des choses. Les musiciens ont juste été là comme révélateur car tout était écrit par les adolescents. Une des chansons écrite par un adolescent a inspiré le dernier album de Jean-Jacques Milteau, “Fragile”, c’est dire combien cette rencontre n’est jamais anodine ni pour les adolescents ni pour l’artiste qui L’espace de soin ne disparaît s’en nourrit et enrichit sa propre expépas. L’hôpital reste un lieu de soins et il ne faut pas l’oublier. rience de création, d’inspiration. JeanJacques Milteau s’est même posé la Nous n’avons pas de pouvoir question d’intégrer cette chanson dans thérapeutique, comme la son album mais pour des problèmes de médecine l’entend. Nous droits assez complexes, cela n’a pas pu sommes l’un des éléments de se faire. cette dimension du soin et les soins restent prioritaires. Ce qui est important dans les actions que nous menons, c’est le partenariat entre différents professionnels : nous construisons et nous réfléchissons ensemble à un projet cohérent et bénéfique pour le patient, quelque soit son âge. Ce projet est au service du patient, pour un mieux être, pour que finalement il puisse sortir de l’hôpital. Pascal Billon parlait des réunions de transmission, de tous ces travaux qui sont essentiels à la cohérence du projet. En effet, la musique à l’hôpital n’est ni une improvisation ni quelque chose d’éphémère, elle se travaille avec des équipes et avec des lieux. Il faut élaborer avec l’équipe, proposer, échanger, se battre parfois pour revendiquer des choses, des espaces, des temps. Il faut en permanence s’accorder au vrai sens du terme, et musical et humain, parce que l’hôpital est un monde très incertain. Ellinor Kling Association Galipette Avez-vous des connaissances sur les maladies des enfants en dépit du secret médical qui vous interdit de communiquer sur la maladie dont ils souffrent ? Pascal Billon Cie Mises en scène Certaines informations sont capitales. Nous n’avons pas besoin de détails sur leur dossier médical, mais un minimum est souhaitable pour réussir à adapter notre intervention. Qu’est-ce que cela implique ? Que les comédiens signent un contrat stipulant la confidentialité des informations transmises par l’équipe médicale, et le respect des règles d’hygiène. Cela va même plus loin car nous n’avons pas le droit de créer de lien en dehors de l’hôpital avec les personnes que nous avons croisées au sein de l’hôpital. Inversement, quand nous croisons à l’hôpital quelqu’un que l’on connaît mais dont nous ignorions tout de sa pathologie... Nous sommes liés aux mêmes règles d’hygiène et de confidentialité que les personnels soignants, et c’est capital. Si vous faites un impair, vous perdez toute crédibilité au niveau du service. Philippe Bouteloup Musique et Santé « L’hôpital est un lieu public où l’on partage son intimité » A. Arrivets Docteur G. Fortier Centre hospitalier d’Avignon En tant qu’intervenant extérieur, le code de santé publique nous oblige au secret médical. Le secret médical est toujours très complexe, car il est ce que l’équipe va partager avec nous, ce que vous allez partager avec le patient, ce que le patient va vous confier, ce que vous allez confier de ce que le patient vous a dit à l’équipe. Vous rentrez dans l’intimité, et dans le grand paradoxe de l’hôpital : lieu public et, en même temps, lieu privé, intime. Il est donc difficile de trouver une règle, mais une chose est claire : quand vous sortez de l’hôpital, tout ce que vous avez vu ou entendu doit rester dans votre tête. Il est extrêmement fondamental de respecter cette dimension du secret : de quoi avons-nous réellement besoin pour bien faire notre travail ? De la confiance. Elle ne peut exister entre vous et le patient, entre le patient et l’équipe, que si cette dimension du secret existe. Dans la médecine, nous sommes dans la vie quotidienne, donc dans la philosophie puisque la philosophie c’est la vie quotidienne. Chaque jour nous est rappelé le débat entre la nature et la culture. La nature, c’est-à-dire ce qui est donné à l’individu, ce avec quoi il arrive au monde et que les philosophes croyaient comme étant toujours la même chose, en fait la diversité fait que non. Et d’autre part la culture, c’est-à-dire ce que l’homme ajoute à la nature et ce qui est garant d’une grande diversité. La culture est en effet l’ensemble des manifestations sociales, religieuses, intellectuelles, artistiques, affectives... qui caractérise une société. Et plutôt que de “nature”, il vaudrait peut-être mieux parler de “condition” humaine. En ce qui nous concerne c’est la condition de ceux qui par le sort, par les circonstances, par diverses choses sont dans Peut-être que la culture le trouble, la maladie, la recherche permet de supporter la nature d’un mieux-être ou d’une vie qui soit parce ce que la seule chose supportable. La culture est très impordont on est sûr, c’est que nous tante dans tous ces aspects. L’accès à sommes mortels. la culture pour les enfants, mais aussi à tous les moments de la vie, est quelque chose de fondamental et l’équité de l’accès à la culture est quelque chose également de très important. Nous constatons très bien que l’hôpital n’est pas seulement l’hôpital, qu’il est aussi un marqueur social très fort car il y a, il est vrai, des catégories plus marquées que d’autres par certaines pathologies. Vous savez bien que la pauvreté et la précarité vont favoriser la tuberculose, vous savez bien que le fait de fumer va favoriser le cancer bronchique... Par conséquent l’hôpital est très marqué socialement. Dans l’hospitalisation en pédiatrie, le caractère social des raisons qui poussent à l’hospitalisation est parfois prédominant, parfois exclusif, mais il est de toute façon toujours très important. Donc n’importe qui n’est pas hospitalisé. Quelquefois nous sommes vraiment obligés de l’être, quels « L’artiste est un passeur entre le dedans et le dehors, sa présence est importante si l’on veut humaniser durablement l’hôpital...» que soient notre origine et notre mode de vie, mais il y a là certainement un observatoire social considérable. Ce qui est fait à l’hôpital dans la recherche d’une équité dans l’accès à la culture est très important. La culture, c’est le lien avec la vie. Anne Quéffelec disait « le jour où un orchestre, un pianiste, un violoniste viendra jouer quelque chose dans la salle de conférence et que les patients valides seront là, je crois que nous aurons bien avancé». Elle avait complètement raison. Quelle est la place de la culture par rapport au soin ? Il est bien évident que le premier rôle est de contribuer à l’humanisation. L’humanisation de l’hospitalisation, c’est quoi ? C’est plein de choses naturellement, c’est de bien accueillir les gens, de faire des séjours courts, d’avoir le sourire quand on soigne les gens, une institutrice pour que la scolarité ne soit pas interrompue, une éducatrice pour s’occuper des plus Il y a quantité de choses qui jeunes... contribuent à l’humanisation, et l’ouverture à la culture Qui doit s’adapter à l’autre ? Évidemest l’un de ces éléments ment, c’est l’action culturelle qui doit considérables d’abord s’adapter aux soins parce que le soin est quand même la priorité. Maintenant, les interactions sont tellement grandes que la discussion est ouverte. À partir du moment où le soin est fait, l’action culturelle peut très largement s’imbriquer avec lui. A. Arrivets Lyliane Dos Santos addm 84 Avez-vous constaté des répercussions, y compris auprès du personnel soignant, ou des améliorations notables ? Docteur G. Fortier Centre hospitalier d’Avignon Il n’y a pas si longtemps, les hôpitaux étaient des forteresses dans lesquelles même les familles avaient du mal à entrer. Bien heureusement tout ça est terminé. Les médecins sont peut-être ceux qui sont les plus difficiles à persuader parce que c’est la question du pouvoir qui se pose, non pas que les médecins soient assoiffés de pouvoir mais ils veulent au moins, parce qu’ils sont habitués à l’entretien particulier, aux colloques singuliers avec le patient et avec sa famille, qu’il y ait un Le personnel soignant doit suivi à ce qu’ils ont fait... s’adapter à l’entrée de la culture à l’hôpital comme elle Dans ce domaine, l’évolution a été aba dû s’adapter à l’entrée des solument considérable et la culture y familles. tient une bonne place. Lyliane Dos Santos addm 84 .12 L’idée que la culture s’oppose à la nature est une idée assez forte, en tout cas portée par le monde dont vous témoignez, et elle est aussi affaire d’éducation. Vous l’évoquiez au travers de l’ensemble des personnes qui doivent être associées, de l’espace des loisirs mais aussi de l’espace d’éducation. D’autre part, au travers des témoignages apportés par Philippe Bouteloup, nous voyons bien le travail tout particulier qui se noue avec le personnel soignant et qui est l’objet d’une association dès le départ du projet. Sans cela, est-ce que ça fonctionnerait ? Philippe Bouteloup Musique et Santé Dans les années 1985-86, quand la Fondation de France a lancé son fameux programme «humanisation des hôpitaux», on osait le mot. Puis au fil des années, c’est devenu «amélioration des conditions d’accueil des enfants» puisque c’était notamment un programme qui concernait la pédiatrie. La dimension d’humanisation a été mise de côté car elle sous-entendait qu’il n’y avait pas d’humain à l’hôpital alors que nous savons très bien que les équipes de soins ont un rôle important. Dans le développement de l’hôpital, la technique a peut-être effacé un peu cette dimension de soins relationnels que les infirmières revendiquent comme étant intégrée à la dimension du soin. Peut-être devons-nous nous interroger sur cette Est-ce un nouveau lieu de spectacle, dimension du soin relationnel d’exposition, de juxtaposition de talent, et réfléchir à ce que veut dire un lieu de reconnaissance artistique, intervenir à l’hôpital un nouveau créneau à la mode ou un nouveau créneau financier pour les intermittents qui souffrent de leur statut ? L’intervention de l’artiste ne peut être pérenne que s’il y a un véritable partenariat avec l’équipe de soin. Dès la conception et la réflexion du projet, nous devons nous poser ces questions : pourquoi, comment, avec qui, dans quels objectifs, ponctuels, durables ? Toutes ces questions qui font que chaque projet est singulier et que celui qui se fait en Avignon n’est pas forcément transposable tel quel à Nice et inversement. Cela signifie qu’il doit y avoir rencontre entre deux univers qui ont parfois du mal à se comprendre et qui ne parlent pas tout à fait de la même chose quand il s’agit de “thérapie” ou de “soins relationnels”. Les deux univers utilisent des codes, des mots qu’il faut transcoder pour se comprendre. L’organisation de l’hôpital est complexe, avec sa hiérarchie, les médecins, les paramédicaux, l’administration. Il y a des règles à respecter, des codes de déontologie, des codes d’éthique. Pour les médecins, le monde des artistes est aussi complexe. Cela veut dire qu’il faut beaucoup d’audace pour aller à la rencontre des équipes et élaborer quelque chose qui va devenir un projet commun. Il va y avoir négociation, discussion, et donc parteL’intervention des artistes ne nariat pour élaborer ce projet. peut être pérenne que s’il y a un véritable partenariat avec La dimension créative est aussi primorl’équipe de soin diale, ça veut dire professionnalisme, ça veut dire aussi inventer des formes. Lorsque nous sommes dans un service de néonatologie, il faut savoir inventer des modalités, des formes d’intervention adaptées au lieu, à l’acoustique, à la présence ou non des parents, aux chambres mère/enfant, à la disposition géographique. La créativité, c’est aussi avec le patient : nous sommes là pour lui et pour faire avec lui. Docteur G. Fortier Centre hospitalier d’Avignon Ce qui semble le plus difficile pour les artistes, c’est l’imagination et la nécessité de s’adapter. Il va de soi que vous ne vous adressez pas, fusse par la musique, de la même façon à un individu selon qu’il est nouveau-né ou âgé, qu’il a une infection mortelle ou non, selon qu’il séjourne trois mois ou quelques jours, qu’il souffre physiquement ou non. Pierre Bolla Phonambule On peut s’enfermer dans la musique, c’est-à-dire pour se protéger, comme il peut y avoir de la compassion à outrance qui nous fait perdre nos repères. Comme un funambule, il s’agit d’ajustement, d’où le nom de notre association Phonambule, parce qu’il y a ce fil conducteur qui fait que l’on n’est ni dans l’un, ni dans l’autre, qui fait que ça peut fonctionner et quelques fois ne pas fonctionner. Dans ce cas, le musicien doit savoir accueillir ce qui ne fonctionne pas. Lyliane Dos Santos addm 84 Rappelons la question évoquée tout à l’heure : est-ce que le médical ne fait pas appel au culturel ou à l’artistique quand il ne sait plus quoi faire ? Dans l’intervention des artistes, il y a un registre émotionnel dont il est difficile de se couper et, en même temps, peut être que le personnel médical est doté d’une plus grande carapace par rapport à ça... Docteur G. Fortier Centre hospitalier d’Avignon Lyliane Dos Santos addm 84 Le personnel médical est obligé d’avoir une carapace parce qu’il faut durer et, comme disait Goethe, “le génie c’est la durée”. Nous ne pouvons pas nous écrouler au bout de huit jours, il faut continuer. Par conséquent, il faut bien qu’il y ait une carapace car notre rôle est d’être à la fois technique et humain avec les gens. La situation de l’artiste est très difficile, et nous comprenons que quelques fois ça ne marche pas. Mais nous ne doutons pas que dans la majorité des cas, ça marche. L’artiste est-il préparé à cette rencontre, à travailler cette relation avec le patient ? Comment cette relation s’effectue-t-elle ? Bruno Huet Intervenant musique et clowns À l’hôpital Duffaut où nous intervenons avec Odile Avezard, il y a quatre services de pédiatrie, quatre planètes différentes : les grands enfants, les nourrissons, la chirurgie et la néonatologie. Cela représente quatre types d’interventions “quatre réanimations musicales différentes”. Nous intervenons auprès des couveuses, des berceaux où les enfants sont souvent seuls dans leur sommeil. Ce que nous leur apportons au niveau musical et au niveau voix est très ténu. Quand les parents sont là, les choses Lorsque nous chantons une sont différentes. Tout le travail passe chanson, nous ne faisons pas que chanter, nous la projetons peut-être par la maman, le papa. Nous avec autre chose, plus invisible. voyons que toutes les émotions vont vers le bébé, qu’il y a un courant très intéressant. Docteur G. Fortier En néonatologie, la question est que les mamans ne sont pas heureuses et c’est une donnée très importante. Elles sont blessées par la situation, elles sont inquiètes pour la santé de leur bébé, blessées d’avoir perdu le contact avec leur bébé puisqu’il a fallu le mettre en néonatalogie. Cette dimension est très importante dans l’appréciation que les artisLe bébé, dans les bras de tes doivent faire. sa mère, ne regarde pas Il y a par le regard une interaction extrêseulement sa mère ; il regarde mement forte. Si la mère est dépressive sa mère qui le regarde. même un simple ‘blues” quelque chose de grave va se passer entre la mère et son enfant. Les artistes sont face à cette situation et par la chanson (comme le faisaient les grand-mères qui berçaient leurs enfants) la relation se construit. Centre hospitalier d’Avignon Bruno Huet Intervenant musique et clowns .14 Effectivement, ce n’est pas pareil en néonatologie. En général, nous avons beaucoup de mal à faire chanter les parents. Nous avons l’impression que la pratique du chant s’est un peu perdue, que le chant est là mais qu’il faut le revivifier. Françoise Hamel Psychomotricienne, CAMSP Avignon Public infirmière en pédopsychiatrie Notre objectif n’est pas d’être seul, isolé, auprès de l’enfant ; notre objectif est qu’il y ait des interactions et des relations du côté des soignants et du côté des parents. La musique devient une enveloppe “contenante” pour le parent et son bébé. Les parents disent bien qu’ils sont dans une parenthèse par rapport à leur vie à l’extérieur. C’est un moment très fermé de leur vie et la musique peut être un élément d’ouverture de cette parenthèse. Il s’agit parfois de dédramatiser une situation par un mot ou une musique. Tout le monde peut le faire et là, la culture peut aider. Réapprendre à une maman à chantonner, à toucher son enfant : c’est quelque chose qui devrait être fait à la maternité dès le début. Lyliane Dos Santos addm 84 « La culture fait que la vie est plus supportable » Docteur Fortier Quand il y a rupture relationnelle, il faut donc faire appel à l’artistique pour recréer cette relation qui s’est perdue dans le lien intergénérationnel. C’est ce que vous soulignez. Est-ce que les personnes qui travaillent auprès de personnes âgées ont aussi ce sentiment d’absence relationnelle avec la famille ? Est-ce que la personne âgée isolée, recluse, ressent, elle aussi, la nécessité de recréer du lien en faisant appel à des personnes extérieures, des artistes ou des personnels soignants ? Lisa Junglas Conseillère conjugale et familiale, Vaucluse Alzheimer Chez les malades d’Alzheimer, la maladie s’accompagne souvent de la perte de parole et de la perte de lien familial. Il y a un vrai besoin de créativité car, quand ils participent à un atelier, ils peuvent retrouver une place dans la société et communiquer à travers des chants ou de l’art plastique. Ainsi la communication au sein de la famille peut se renouer. Nous sommes aussi là pour apprendre à la famille à communiquer autrement qu’avec les paroles, par le toucher par exemple. Céline Hequet Intervenante - Musique et santé Dans notre vie de tous les jours, nous sommes coupés de tous les aspects de la vie : la vieillesse, la maladie, la mort. Nous ne voyons plus la maladie qui est confinée à l’hôpital, nous ne voyons plus la vieillesse qui est en maison de retraite et nous sommes un peu démunis face à ça. Effectivement, quand nous, musiciens arrivons à l’hôpital, les patients nous disent : «on se sent seul, on a besoin que la ville vienne vers nous, que la culture vienne vers nous». Philippe Bouteloup Musique et Santé Didier Sicard, du Comité national d’éthique, parle de ce temps vide de l’hôpital. La semaine, à partir de 19 heures, les intervenants artistiques partent travailler ailleurs et commencent leur deuxième Le dimanche, l’hôpital se vide. journée, les bénévoles et les médecins C’est là que l’on comprend ce sont en moins grand nombre. que veut dire la solitude. Cela signifie vraiment l’isolement. Lyliane Dos Santos addm 84 Nous pouvions penser exactement l’inverse, que ce n’est plus un espace de soin mais un espace lié à la convivialité, un temps de présence du lien social, du lien familial qui retrouverait toute son amplitude. Pourtant vous dîtes le contraire. Philippe Bouteloup Musique et Santé C’est le fameux rassemblement de solitudes où tout le monde est là, on partage la même maladie, la même chambre, mais on ne connaît pas son voisin, on n’a pas forcément beaucoup de choses à se dire. Les malades peuvent se retrouver, partager, chanter, jouer pour ou jouer avec, et cela prend tout son sens. Que ce soit un enfant, une personne âgée ou un adulte, Les artistes, notamment les ce moment de solitude est absolument musiciens, apportent cette sordide. Il y a la télé, qui abrutit, redimension du “faire ensemble”. connaissent les adolescents, la lecture aussi avec le protocole d’accord “Culture, santé” qui valorise cette dimension de la bibliothèque, du prêt. La culture vivante, avec ce qu’elle a de complexe dans cette rencontre singulière, a son importance car tout se joue en direct. Lyliane Dos Santos addm 84 Fanette Fernique Phonambule Philippe Bouteloup Musique et Santé Lorsque nous parlons d’accès à la culture pour tous et à tous les moments de l’existence, quelle que soit la situation de l’individu, cela commence peut-être par avoir un espace qui permette à la culture de s’exprimer. Les universités en sont déjà dotées, alors, pourquoi pas les hôpitaux ? Il faudrait prévoir un espace spécifique qui redonnerait toute sa place à la culture. Il nous est déjà arrivé d’organiser des concerts dans les halls des hôpitaux et, même en passant de chambre en chambre et de service en service pour prévenir, nous avons rarement réussi à faire descendre les malades. Cela s’adresse plutôt aux visiteurs ou aux gens qui passent d’un service à l’autre et si, en plus, le concert a lieu le week-end, il n’y a plus personne car les malades qui le peuvent rentrent chez eux, voici un autre facteur à prendre en compte. C’est justement la question du début : qui s’adapte à qui ? Il y a des formes qui ne sont pas toujours adaptables. Dans certains cas, nous faisons le choix d’aller au chevet des malades, c’est ça qui est intéressant. Dans d’autres endroits ou selon certaines pathologies, c’est possible. C’est toute la complexité des lieux. Nous sommes bien dans la créativité des formes et des modalités d’intervention. Il faut inventer sans cesse des formes différentes, faire une mini pièce de théâtre, un mini concert de musique de chambre dans le sens double du terme, c’est-à-dire trouver des pièces, des instruments, jouer avec les objets, les détourner. Nous devons faire preuve d’inventivité pour nous adapter au lieu tout en gardant notre dimension artistique. .16 Atelier 2 L’établissement spécialisé peut-il être un lieu de développement culturel ? Quels liens et quels partenariats peuvent être développés avec les institutions et les établissements culturels ? Inscrire un développement culturel au sein de l’établissement de soin oblige au partenariat. Pour que l’action culturelle puisse se dérouler, une légitimité institutionnelle est indispensable. S’agit-il de réfléchir alors sur la construction d’un pont entre le monde du soin et le monde de la culture ? Ou s’agit-il de créer un espace autre (espace public) pour voir comment l’un et l’autre vont se nourrir ? Comment cela peut-il permettre de penser autrement le rapport au handicap, aux malades, à la vieillesse, aux «abîmés de la vie» dans notre société ? La notion de partenariat signifie un contrat explicite entre deux ou plusieurs parties qui se sont accordées sur des finalités et des objectifs. Elle implique de composer avec les ressources locales dont elle dispose sur un territoire, bibliothèques, écoles de musique, musées, spectacles. Ce qui suppose aussi de travailler à une réciprocité, on peut se rendre à l’école de musique mais un atelier peut aussi venir à nous ? Questions abordées : 1. Quel lien et quel partenariat peuvent se bâtir entre le monde du soin et le monde culturel ? 2. Quels dispositifs bâtir pour accroître le développement des partenariats ? Quelle structuration apporter (programme, dispositif, charte) ? 3. Y a-t-il construction d’un espace public ou reste-t-on dans l’espace confiné du privé ? Évaluer la pertinence du partenariat avec tels ou tels partenaires, mais aussi leur nature : politique, administrative, culturelle, médicale, scientifique. Prendre au sérieux la collaboration avec d’autres mondes qui ne sont pas que du médical et du culturel. Vis-à-vis du monde politique par exemple : comment se placet-on face à l’élu ? L’espace public construit par la collaboration soin / culture peut-il changer le regard que la société porte sur ses malades, peut-il inverser les représentations négatives habituellement véhiculées sur le handicap ? Michel Laurent Creai paca corse Après avoir beaucoup travaillé sur le fond au cours du premier atelier, nous essayerons de voir que ce fond doit reposer sur une certaine forme ou sur des formes pour deux raisons. La première est qu’il faut toujours essayer de théoriser ou de formaliser pour essayer de savoir où nous allons, comment nous y allons. La deuxième est qu’il faut faire en sorte qu’il y ait transmission, reproduction, expansion même, sans aller jusqu’à des contagions nosocomiales... Et que cela entre dans le champ de la permanence et de la durée. Nous avons cependant à gérer un certain nombre de contradictions, de paradoxes. Reconnaissons en effet que notre premier réflexe Comment la création peut être n’est pas de dire «je vais à l’hôpital», mais de dire «je vais au spectacle», ce à la fois “récréation” au sens qui traduit une envie, un désir. L’hôpiamusement, gaieté, joie, et en tal n’est jamais synonyme d’envie ou de même temps “re-création” au désir ordinaire. Il importe donc de voir sens de renaissance ? comment ce paradoxe peut se faire. Il apparaît que les termes de projet, de définition et d’objectif ont été prononcés à plusieurs reprises. Quels liens, quels partenaires et quels partenariats peuvent se bâtir entre le monde du soin et ce monde culturel ? Nous essayerons de voir s’il faut, pour asseoir ce partenariat, construire soit un échafaudage, soit des référents. Est-ce que nous devons faire un espace public ? Est-ce qu’il doit exister un espace public entre la culture et le soin ou est-ce que nous laissons ça à l’initiative privée ? Est-ce que cela relève de la confidentialité ou de la relation privée ? Pascal Billon En ce qui concerne Mises en scène, c’est la compagnie qui va à la guerre, pas l’hôpital. Le nerf de la guerre, c’est le budget. Historiquement, c’est ainsi que ça s’est construit : Mises en scène a 21 ans et l’habitude d’aller chercher l’argent là où il est, et même là où il n’est pas. L’hôpital étant sans expérience, dès le début nous nous sommes occupés du problème financier. Notre budget s’appuie sur le pacte ARH. Sur le plan régional, nous avons l’appui de la DRAC, du Conseil général et du Conseil régional qui nous Nous passons 95 % de notre financent depuis le départ, c’est-à-dire temps à l’hôpital à faire notre neuf ans. Mais nous sommes toujours travail et il ne nous reste en négociation, pas une seule fois nous plus que 5 % à consacrer à la avons pu nous dire «cette année, nous recherche de financements. allons développer notre action» car la question est toujours de trouver comment la pérenniser. Il existe également un cercle de partenaires privés qui sont affiliés à chaque action menée dans les régions : le laboratoire Aventis, une entreprise de fruits et légumes de la Drôme, l’entreprise de luminaires Blacher à Apt. Aujourd’hui nous n’avons ni les moyens, ni l’aptitude, ni les capacités de continuer à aller chercher de l’argent. Nous avons même imaginé, le cas échéant de confier ce travail à des écoles de commerce. Cie Mises en scène Michel Laurent Creai paca corse Interrogeons-nous sur les partenaires qui sont nécessaires et ceux qui sont déjà là : qui sont-ils ? Quel est leur rapport, autre que dans la construction du projet, avec le personnel de soin, les familles, les collectivités territoriales, les associations, les entreprises ? Céline Hequet Intervenante - Musique et santé .18 À Musique et santé, nous travaillons essentiellement autour de trois axes. L’intervention du musicien, qui se fait en partenariat avec les équipes car nous avons besoin d’elles pour entrer dans le service, être introduits auprès des patients et voir si notre projet peut s’intégrer dans les spécificités du service. En étant introduits par des gens référents et qui sont des repères pour les malades, nous sommes tout de suite mieux accueillis. Mais nous sommes des musiciens de scène ou des pédagogues et nous devons être formés par le personnel médical pour nous éclairer sur le lien que nous pouvons créer avec la musique, en fonction des pathologies ou des spécificités des services. Notre deuxième axe de travail est la formation du personnel hospitalier afin de prendre le relais en notre absence. Une fois que le personnel a vu ce que la musique pouvait apporter à leur pratique, comment il pouvait le réinvestir, s’approprier des outils au niveau du répertoire, réfléchir à leur environnement de travail. En néonatologie par exemple, nous pouvons repenser l’environnement sonore qui est extrêmement bruyant et réfléchir à améliorer la qualité du lieu. Le troisième et dernier axe est celui de l’évaluation des projets faits dans le cadre du service. Nous prolongeons ces réflexions avec l’équipe médicale pour voir de quelle manière nous pouvons mieux nous adapter au lieu. En service de néonatologie, une étude a été faite avec des prises de son en incubateur pour voir quels étaient les endroits les plus bruyants du service ou comment l’enfant pouvait percevoir son environnement sonore. Par exemple, si nous posons un crayon sur un incubateur, pour nous c’est un petit son, pour le bébé c’est un ouragan ! Michel Laurent Creai paca corse Nous sommes là dans l’explication du projet lui-même, ses détails et ses formes. Est-ce que nous pouvons penser, ensemble, à ce qu’appelle Henri Vallant «le couple donneur-receveur» ? Le donneur, c’est effectivement celui qui apporte, mais ce n’est pas seulement l‘artiste. Il y a aussi les soins, Pouvons-nous construire un l’environnement... Et le receveur, ce n’est protocole, une forme de projet- pas que le patient, c’est aussi la famille, type qui décrirait comment se la société dans son ensemble. Pouvonsdonner les meilleures chances nous illustrer, par un projet mis en place pour que tous les éléments avec les étapes et les différents éléments soient respectés ? du couple donneur-receveur, comment cette articulation fonctionne ? Pascale Parouti addm 48 Selon les différents secteurs où nous intervenons, maisons de retraite, hôpitaux et plus spécialement les hôpitaux psychiatriques, CAT ou milieu carcéral, nous ne procédons pas de la même façon même si nous travaillons toujours dans l’artistique. À titre d’exemple, nous avons aidé et accompagné la compagnie Théâtre de la Remise à Montpellier à trouver un lieu de résidence pour finaliser une création démarrée dans les CAT. Cette compagnie voulait travailler soit dans un hôpital soit à nouveau dans un CAT. C’est l’hôpital du centre François Toscayes en Lozère qui a répondu à leur demande. Après avoir rencontré l’association culturelle de l’établissement puis la directrice, un psychiatre a été nommé responsable de projet et les premières réunions ont pu avoir lieu. La compagnie, les ergothérapeutes, les psychiatres et nous en tant que structure culturelle responsable du projet étions présents. La résidence s’est déroulée sur quinze jours avec des ateliers, des répétitions Dans le cadre de notre mission publiques, une formation des personnels soignants, une présentation des ”scène conventionnée“, nous travaux de la compagnie et même des accueillons des artistes, extraits de la pièce dans les différentes soit en résidence soit en unités pour ceux qui ne pouvaient pas diffusion de spectacles, se déplacer. Le Théâtre de la Remise et nous leur proposons a fait son bilan ainsi que le personnel toujours de participer à ces soignant et la directrice de l’hôpital. Il actions ponctuelles dans les s’avère qu’aujourd’hui nous préparons établissements. Certains le un projet Culture à l’hôpital avec des veulent, d’autres non. actions qui se dérouleront tout au long de l’année prochaine. L’expérience a également abouti sur l’idée de créer un atelier de théâtre encadré par des infirmières. Michel Laurent Creai paca corse Votre démarche a donc été d’établir un diagnostic à partir d’un état des lieux ainsi que l’inventaire des ressources possibles, ce qui existe mais aussi ce que l’on peut demander à la fois en termes de partenaires, de moyens humains, techniques et budgétaires. La mise en place et la définition des objectifs poursuivis, puis leur déclinaison selon les projets qui s’adaptent. Un autre élément intéressant est la nécessité de la formation. Mais il reste deux points à approfondir : la communication et l’évaluation. Pascale Parouti addm 48 Pascal Billon Cie Mises en scène Michel Laurent Creai paca corse Par rapport à l’évaluation, nous avons voulu tourner un film sur la résidence, mais nous n’avons pas eu les autorisations car c’était un hôpital psychiatrique. Au niveau de la communication, nous distribuons en début de saison un petit fascicule intitulé «l’offre culturelle en milieu social» qui recense les artistes du département et les possibilités de travailler avec eux et avec l’ensemble des intervenants. Nous avons aussi un journal trimestriel diffusé dans les boîtes aux lettres présentant toutes nos actions, entre autres, sur le secteur social. Pour nous, la presse c’est un ami-ennemi. Nous avons besoin de la presse pour faire valoir notre action auprès de ceux qui pourraient nous soutenir financièrement mais, en même temps, la presse fait ce qu’elle veut... Les articles de presse nous ramènent un peu de notoriété et donc la possibilité d’avoir un peu plus d’argent pour développer nos actions. Il n’y a pas que la presse dans la communication. Il y a aussi le faire savoir, le savoir, et le savoir-faire, et faire savoir son savoirfaire. Les documents que l’addm Lozère et l’addm Vaucluse produisent en sont un exemple. Il y a aussi à communiquer auprès des institutionnels qui aiment savoir ce qui se produit, ce qu’ils ont soutenu et ce que devient ce qu’ils soutiennent. Ce n’est pas négligeable et ce n’est pas uniquement une question de financement futur, même si c’est important. Est-ce qu’il y a des démarches particulières à faire selon les partenaires ? Simone Muller Fédération des ateliers artistiques et de médiation créatrice Grâce à l’action du médecin chef de service, le Docteur Pandelon, pour qui la question artistique est au centre du soin, des ateliers de création artistique ont été mis en place : peinture-sculpture-modelage, écriture, théâtre, création vestimentaire, danse contemporaine, chant-chorale ainsi qu’un atelier photo qui ouvrira prochainement. Leur particularité est qu’ils fonctionnent avec des artistes vacataires. Ils sont ouverts à tous, aux personnes hospitalisées comme à celles qui ne le sont plus. En qualité d’infirmier, nous sommes à l’hôpital pour Aujourd’hui, les ateliers sont soigner, mais nous soignons aussi au réunis en fédération et sont travers de la création artistique et notre quasiment reconnus comme objectif est un objectif de création artistiun service à part entière de que. Depuis sa création en 1990, l’atelier l’hôpital. du Théâtre de l’autre scène donne des représentations chaque année durant le festival Off, l’atelier chantchorale organise des concerts et les publications de l’atelier d’écriture sont quasiment annuelles... Pour tous ces projets, nous allons à la pêche aux financements... Michel Laurent Creai paca corse Ce sont des ateliers ouverts à tous, malades et non-malades. Mais quel est l’intérêt pour les non-malades ? Jeanne-Marie Verhaegue infirmière en psychiatrie à Montfavet, intervenante dans les ateliers Michel Laurent Creai paca corse .20 Effectivement, les ateliers sont ouverts à tous mais ce sont avant tout des ateliers de soin. Ils s’adressent donc à toute personne qui vient en soin et le soin, aux ateliers, c’est la création. Lorsque nous parlons de vrai spectacle, c’est dans le sens de qualité. Nous ne publions pas pour dire de publier... Il y a une recherche de qualité. Les gens retrouvent un statut social à travers le statut d’artiste. Que la création artistique entre dans le projet thérapeutique en hôpital psychiatrique paraît encore moins intégré dans la conscience collective que s’il s’agit d’un hôpital lambda. En psychiatrie, les gens se disent que cela doit aider les patients à se reformuler, à se reformer tandis qu’ils ont du mal à considérer la place de l’artistique dans le soin apporté à un cancer, une leucémie. Êtes-vous en devoir de rechercher des arguments pour développer les partenariats dont vous avez besoin ? Pascal Billon Cie Mises en scène Michel Laurent Creai paca corse Pascal Billon Cie Mises en scène Pascale Parouti addm 48 Il n’y a pas d’étude faite de l’impact sur les patients. La guérison des malades ne fait pas partie de nos objectifs, d’ailleurs les conséquences de nos actions, nous n’en savons rien. Il faudrait des gens compétents pour l’analyser. Est-ce que cela fait du bien aux gens ? Oui, certainement, au moment où nous sommes avec eux. Si on arrive à capter l’attention d’un malade qui a une chimiothérapie, il y pensera peut-être moins après notre départ, mais on n’a pas enlevé la tumeur. Que l’objectif ne soit pas un objectif thérapeutique en disant «je viens soigner parce que je sais chanter ou parce que je sais faire du théâtre» est une évidence. Mais ce qui est moins évident à l’écoute de tous les témoignages, c’est de se dire qu’on a l’impression de sentir du positif dans l’ordre thérapeutique, même si ce n’est pas l’objectif. Il y a une dimension à ne pas oublier. Nous ne pensons pas tout à fait de la même façon que la personne hospitalisée, pas à la même vitesse ou en tout cas pas dans le même ordre, c’est certain. Nous avons fait un atelier danse avec des handicapés physiques. Nous leur avons proposé de sortir de leur fauteuil roulant : nous étions un par patient, nous avons travaillé la danse contact et créé des duos au sol. À la fin, au moment de l’évaluation, et en discutant avec les patients, les animateurs et les infirmières se sont rendus compte qu’ils pouvaient aller beaucoup plus loin que ce qu’ils pensaient pouvoir faire. Michel Laurent Creai paca corse C’est un principe pédagogique essentiel, même fondamental. Tout enseignant de classes primaires, secondaires, et même audelà le sait bien... Il y a un élément important à voir avant de discerner “espace public” ou “espace confiné, privé”, c’est la part du politique en la matière. Nous sommes convaincus que le monLes politiques publiques, de associatif est essentiel dans ce dosociales sont de plus en plus maine, et que le privé a un rôle à jouer : confiées aux collectivités alors, quelle part du politique, quels territoriales et de moins en échelons, quelles forces, quels rôles moins à l’État. peuvent se développer, et pas uniquement le rôle de celui qui met la main à la poche ? Ensuite, est-ce qu’il y a la possibilité d’un espace public ? Pascal Billon Cie Mises en scène Michel Laurent Creai paca corse Quand le programme “Lire à l’hôpital” a été lancé en 1997 par Philippe Douste-Blasy, il n’a pas eu le temps de l’appliquer faute de changement à l’Assemblée nationale. Puis il a fallu convaincre Catherine Trautmann, ensuite Catherine Tasca et enfin Jean-Jacques Aillagon. Comme quoi “le politique” oriente également les politiques culturelles dans les hôpitaux. Concernant les associations, il faudrait que la part des budgets privés soit plus forte car lorsque les politiques changent, les associations se retrouvent extrêmement fragilisées. Quand ce ne sont pas les effets de la décentralisation, ce sont les effets de transferts de compétences et de charges qui ont pour conséquence essentielle de mettre la responsabilité sur les collectivités territoriales. Particulièrement le Conseil régional pour la formation professionnelle et les lycées, le Conseil général pour les affaires sociales, les collèges et le handicap. Ce qui représente des enveloppes assez lourdes. Le rôle du politique est là tout à fait capital, d’où la nécessité d’avoir une action de communication fondée sur les réalisations qui existent pour dire « La dimension non lucrative paraît nécessaire à respecter tant les interventions de ce type s’inscrivent dans une dimension d’intérêt général, de mission de service public » A. Arrivets Ellinor Kling association Galipette «nous vous proposons ceci parce que ça vaut le coup, parce que les crédits que vous mettrez ne sont pas à pure perte». Nous sommes donc d’accord pour l’espace public tout en laissant un espace de droit au privé. Un espace qu’il sera nécessaire de cadrer car l’intention du privé n’est évidemment pas uniquement de développer la culture à l’hôpital, il y a d’autres choses derrière. Il faut que le patient et toutes les associations qui l’entourent aient leur mot à dire et que ce ne soit pas le privé qui décide de ceci ou de cela. Dans notre association, nous avons intégré des handicapés dans les cours pour tous. Ici, en France, les handicapés sont un peu mis de côté, on les voit très peu. Est-ce que quelqu’un fait un travail avec les handicapés dans les établissements ? Michel Laurent Creai paca corse En qualité de Vice-Président du CREAI et administrateur de l’association régionale pour l’intégration, le Conseil général de Vaucluse m’a demandé de suivre la mise en place de la maison départementale des handicapés. C’est dire si le handicap est une priorité plus que personnelle. Dans le département, beaucoup de choses se font et dans la région aussi. Au-delà du monde hospitalier, il existe des structures pour handicapés. Il serait intéressant de leur donner une plus grande visibilité. Françoise Hamel psychomotricienne, CAMSP Avignon À Avignon, il existe le Centre d’action médico-social précoce (CAMSP) qui accueille des enfants de la naissance à 6 ans ayant toutes sortes de handicap. Bruno Huet est intervenant. Financièrement, au départ, il s’agissait d’une action bénévole des musiciens, puis le Conseil général a attribué une subvention pendant deux ans, et enfin le budget a fait partie intégrante du budget du CAMSP, budget annexe de l’hôpital qui versait une subvention à l’école de musique. C’était là un partenariat intéressant. Étant associatif, la moitié était payée par les parents, l’autre moitié par l’hôpital, les intervenants étaient donc rémunérés comme pour n’importe quelle intervention au sein de l’école. Dans les Alpes-Maritimes, une école de musique associative travaille avec des enfants du CAMSP Michel Laurent Creai paca corse Marie-Noël Brochier éducatrice spécialisée en ADAPEI Alain Bressand Musicien, association tamburo .22 Si la maison départementale des handicapés, dans tous les départements, se contente des tâches administratives et de l’administration des compensations, ce serait dommageable. Une maison départementale devrait avoir aussi un rôle d’incitation d’actions de ce genre, de recherches de ressources... Les actions culturelles dans les établissements spécialisés pour handicapés ou autres permettent d’apporter la culture dans les structures. Au centre de l’ADAPEI à Carpentras, nous avons été contactés par l’addm pour dresser un état des besoins sur le développement de la musique dans le centre de soins. Nous y avons répondu favorablement. Nous espérons pouvoir développer plus avant nos projets dans les années à venir avec l’aide de l’addm. Aux Iris, nous développons beaucoup d’actions culturelles avec l’intervention d’artistes extérieurs : une personne intermittente fait du théâtre et des ateliers artistiques sont assurés par les éducatrices et les éducateurs qui ont reçu une formation spécifique. Tout cela est financé par l’association. La question des financements évoqués tout à l’heure est importante. Avec la compagnie, nous travaillons beaucoup avec les écoles autour de spectacles jeune public et nous connaissons « Quelle est la part du politique ou quelle part le politique doit aujourd’hui jouer ? » A. Arrivets les mêmes difficultés. Nous ne savons pas toujours à qui nous adresser, l’éducation nationale qui n’a pas de budget, l’école qui court après trois sous ou le ministère de la Culture... Est-ce qu’il n’existe pas quelque chose comme «la musique à l’hôpital ou dans le milieu hospitalier» qui permettrait à chacun de verser son obole ? Lucia Carbone Professeur de danse, cie Subito Presto Michel Laurent Creai paca corse Public Intervenante artistique Notre question est simple : quelle est la place de la culture et de l’artiste dans la société ? Depuis trente ans, ma situation se détériore et c’est dramatique. Il n’y a aucune volonté de la part des politiques. Vraiment, c’est ridicule, ils n’ont aucune volonté de mettre en place des choses dans la durée, avec un travail de préparation à long terme. Le niveau d’intervention du politique n’est pas à négliger. Si vous avez effectivement une politique nationale, vous ne vous inscrivez pas dans la durée, c’est vrai. Nous avons eu un gouvernement qui avait mis en place une vraie politique culturelle avec l’éducation nationale puisque c’était à l’époque un même ministre qui avait essayé de développer les choses. Après les départs de ministre, les choses changent. Sur le plan local, nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a pas de volonté. Qu’il n’y ait pas de moyens pour le faire, c’est une autre question. Les Départements ont mis en place les addm ou d’autres structures... Ils consacrent une part de leur budget à la culture qui n’est pas de leur responsabilité directe, au risque de se faire critiquer par l’autre partie de l’assemblée. Nos voisins européens, la Belgique, la Suisse, l’Italie, et plus loin le Canada, sont extrêmement en avance concernant l’action culturelle à l’hôpital et ils doivent nous regarder comme de petits joueurs. Nous avons des leçons à prendre d’eux car les choses avancent plus vite chez eux. Philippe Bouteloup Nous nous plaignons tout le temps de l’administration, mais quand ça marche, il y a des choses que nous oublions de dire. Le plan de Philippe Douste-Blasy existe encore malgré tous les changements. Nous pouvons nous plaindre du manque de moyens, ils sont criants car nous faisons de plus en plus appel au privé, mais nous devons nous poser la question de l’intervention du privé dans un lieu public. Sur le plan européen, nous avons monté un projet avec des Italiens, des Anglais et des Irlandais grâce à “Culture 2000”. Sur ce protocole, nous sommes complètement originaux et largement en avance, ne serait-ce que par la signature. Sur les modalités d’intervention, nous sommes aussi très originaux avec le programme Ce sont les régimes fiscaux qui “Culture à l’hôpital”. Nous avons, au motivent les structures privées contraire, une exemplarité à défendre à donner de l’argent à des car ces échanges sont riches, et que associations parce qu’il y a, à la nous avons beaucoup à apprendre les clef, 60 % de réduction d’impôt uns des autres. Mais il ne faut pas non dans la limite de 5 pour 1000. plus se renfermer. Il y a véritablement un problème de moyens. N’oublions pas que le mécénat permet au secteur privé de bénéficier d’une réduction d’impôts. Musique et Santé Michel Laurent Creai paca corse L’objectif plus lointain qu’il nous faudra prolonger à une autre occasion, c’est d’essayer, sinon d’inverser, de faire évoluer les représentations que nous pouvons avoir sur le malade, la maladie, l’hôpital, la structure, le handicap, les handicapés... Mais aujourd’hui avons-nous déjà participé à la mutation de ces représentations ? Synthèse Dans un premier temps, les ateliers furent l’occasion de rappeler les actions conjointes du Ministère de la Culture et du Ministère de la Santé mises en œuvre afin de rendre accessibles à tous, les arts et la culture, y compris L’action culturelle à l’hôpital aux personnes hospitalisées, en état de a été cadrée par une souffrance ou handicapées. La culture convention nationale signée et la santé étant a priori deux milieux qui le 4 mai 1999 par Catherine n’étaient pas faits pour se rencontrer, le déTrautmann, Ministre de sir de porter la culture ailleurs, là où on ne la culture de l’époque, et l’attendait pas, et de créer des passerelles Bernard Kouchner, secrétaire entre les deux mondes a été à l’origine du d’État à la santé. rapprochement des deux ministères. La convention nationale souhaitait mettre en place une politique culturelle à la fois structurée et dynamique, insistait sur le développement des actions culturelles dans les milieux hospitaliers et prévoyait également le développement des bibliothèques. Elle souhaitait aussi encourager la création de poste de responsable culturel hospitalier. Enfin, elle prévoyait de mutualiser les moyens et les projets entre les hôpitaux, les jumelages entre les institutions culturelles et les établissements hospitaliers, et incitait au rapprochement dans les régions des DRAC et des ARH. Dans un second temps, Pascal Billon, Lyliane Dos Santos, Pierre Bolla et Philippe Bouteloup ont mis en exergue le besoin d’établir clairement les missions spécifiques aux personnels soignants et aux artistes pour que les projets puissent prendre vie et «fonctionner sans flou», pour que le respect des rôles dévolus à chacun permette l’exactitude et l’excellence de la «transmission». Certains artistes-intervenants bénéficient, par exemple, d’un «protocole d’entrée» concernant les patients afin qu’ils puissent les considérer autrement que par rapport à leur pathologie et dépasser le caractère compassionnel de leur présence. Tous les intervenants ont souligné l’importance de la qualité de cette transmission, la nécessité de cerner au plus près les objectifs des actions culturelles et la complémentarité de leurs rôles : les artistes sur leur condition de «passeur» entre le dehors et le dedans et le sens réel donné à leurs interventions, le personnel soignant sur un indispensable partenariat. Mais de quel partenariat s’agit-il ? Quelles en sont les modalités ? Quels acteurs sont amenés à se rencontrer dans chaque milieu ? Quels sont leurs objectifs et leurs moyens ? Quelle est la position du patient ? .24 Une fois décrites les spécificités des publics concernés (de la néonatologie à la gériatrie, de la personne handicapée à la personne internée en psychiatrie), une fois listées les contraintes des établissements hospitaliers, des maisons de retraite et des centres spécialisés, un temps fut accordé aux témoignages et aux expériences. Pascal Billon a rappelé les difficultés rencontrées lors de ses premières interventions en 1997 et souligné la relation du patient au lieu («l’hôpital qui fait peur») et à la famille (lien intime et seul lien avec le monde extérieur). Et évoqué justement les situations de tension au lieu et à la famille et la perte des liens intergénérationnels («l’artiste est là pour apporter une bulle de l’extérieur et faire tomber les tensions»). Pierre Bolla a insisté sur le temps de la rencontre («à quel moment la rencontre va-t-elle se faire ?») et le rôle de la musique dans ce processus : la musique permet tout à la fois de guider l’artiste et devient un véritable partenaire du soin. Philippe Bouteloup a, quant à lui, insisté sur la notion de résidence artistique dans un espace de soins qui induit une totale disponibilité des artistes et offre une grande liberté aux patients, l’action des artistes agissant L’art et la culture à l’hôpital comme un révélateur. seraient alors générateurs de liens entre les personnes Enfin, Lyliane Dos Santos a réaffirmé que (la mère et l’enfant, le patient l’idée de partenariat s’inscrivait pleineet sa famille) et vecteurs de ment dans la démarche des artistes, des communication pour vaincre structures culturelles et des hôpitaux qui l’isolement (“on se sent seul, œuvrent ensemble à «un projet cohérent, on a besoin que la ville vienne au bénéfice du patient». Qu’on le nomme vers nous, que la culture partenariat ou collaboration, l’engagevienne vers nous”). ment est commun à tous. Lyliane Dos Santos a également rappelé que l’action culturelle «n’avait pas de pouvoir thérapeutique comme la médecine l’entendait» mais qu’elle faisait partie «de cette dimension du soin». À cette dimension du soin vient s’ajouter celle du secret médical auquel Philippe Bouteloup a fait allusion en affirmant qu’il est extrêmement fondamental de le respecter, au même titre que la confiance qui s’établit entre l’artiste et le patient, entre le patient et l’équipe médicale et qui construit le lien. Tous ont dit avec force le respect éthique du malade et de sa maladie, la discrétion qui tient lieu de discours, la nécessaire confidentialité des informations transmises, la construction d’un relationnel fort et, de fait, les obligations respectives des personnes concernées (acteurs médicaux, sociaux et artistiques). Comment aller au-delà des partenariats existants, comment les développer, les pérenniser ? Quels rôles les collectivités publiques ont-elles à jouer dans la mise en œuvre des dispositifs et avec quels budgets ? Car l’accès à la culture pour tous a un coût et le manque de budget reste le nerf de la guerre comme le constate Pascal Billon. Les conventions existent, les pactes ARH également, mais chaque année les acteurs de la culture doivent renégocier la pérennité de leurs actions auprès des différents partenaires publics et privés. En effet, les collectivités locales comme les entreprises privées («il faut laisser un espace de droit au privé d’intervenir» explique Michel Laurent) sont aujourd’hui en prise directe avec le monde hospitalier qui ne peut, à lui seul, développer de nouveaux projets, tandis que les artistes n’ont «ni les moyens, ni les aptitudes, ni les capacités à aller chercher de l’argent». Un constat partagé par l’ensemble des intervenants artistiques présents. Le flottement des budgets n’est pas le seul écueil rencontré par les porteurs de projets qui, parfois, se sont heurtés à certaines résistances, la mise en place d’ateliers de création artistique pouvant être perçus comme des ateliers thérapeutiques alors qu’il s’agit, du point de vue de l’artiste, d’un acte de création à part entière... Si le droit à la culture, le droit à la qualité et le droit à la santé est un fait acquis aujourd’hui, son application ne va pas sans poser quelques problèmes photo : compagnie Lolycircus «La culture à l’hôpital n’est ni une improvisation ni quelque chose d’éphémère, elle se travaille avec des équipes et avec des lieux» A. Arrivets Quand tout est mis en œuvre pour que l’intervention artistique trouve sa place, quand tout fait lien avec le patient, l’artiste, le personnel soignant, la famille, vient alors le temps du bilan, de l’évaluation qualitative d’une part, de l’évaluation quantitative d’autre part comme aboutissement logique d’une démarche de projet. Si d’aucuns refusent l’évaluation des actions réalisées, inversement d’autres la réclament car les analyses et les réflexions sur les actions passées ouvrent la voie à des actions futures. D’un côté les artistes musiciens, comédiens, plasticiens ne perçoivent pas comment évaluer leur travail, de l’autre les collectivités publiques comme les établissements de soins souhaitent faire le point pour «montrer l’intérêt et l’importance que prend la place des artistes dans les hôpitaux». Évaluation ou non, l’intérêt du programme « Culture à l’hôpital » n’est plus à démontrer pour personne. Quant au système d’évaluation à adopter, le choix est difficile car, pour beaucoup, «il faudrait que cela soit fait par un organisme qui a les capacités de faire ça». Plus largement, André Castelli s’interroge sur les critères à utiliser pour dire que dans le protocole de prise en charge d’une personne apparaissent des pratiques qui ne sont ni le pansement, ni la piqûre, ni l’opération et qu’il existe autre chose qui participe de la reconstruction d’un être de manière solidaire et humaine... Enfin, comme le souligne le Docteur G. Fortier, dans ces «forteresses» que furent longtemps les hôpitaux, un long chemin a été parcouru et «l’évolution a été absolument considérable». Aujourd’hui, les forteresses sont tombées. Certes l’organisation de l’hôpital est complexe du fait de sa hiérarchie, de son administration, de ses codes de déontologie et d’éthique à respecter, mais l’association fonctionne entre l’espace de confidentialité qu’est l’hôpital et l’espace artistique qui l’humanise. Qu’il s’agisse de production musicale ou filmée, d’écriture Malgré l’incertitude qui pèse au-dessus ou de photographie, artistes des projets Culture à l’hôpital, l’ensemble et personnels soignants des partenaires - personnels médicaux, s’accordent pour mettre en artistes, associations, structures culturelavant que leur action est à la les, collectivités, entreprises, familles - est fois de l’ordre du sensible, du symbolique et de l’émotionnel. convaincu de devoir poursuivre leurs efforts, pérenniser leurs actions et avancer pour trouver des solutions financières, techniques, administratives. Pour consolider leurs liens relationnels fondamentaux et voir une nouvelle fois une personne malade danser sur son lit... Annuaire des institutions ADDM 84 Musique, danse, cirque en Vaucluse L’addm 84 assure une mission de développement de la musique, de la danse et des arts du cirque en Vaucluse. Bruno Huet et Odile Avezard (musiciens à l’hôpital) interviennent à l’hôpital Henri Duffaut (services pédiatrie et néonatologie). Au CAMSP, ils travaillent en direction des publics handicapées, des personnes âgées et hospitalisées (enfants et adultes). Projets d’interventions artistiques pour l’année 2007 au sein de CLIS, d’IME, de structures d’accueil d’urgence et de maisons de retraite (Stéphane Roux, Justine Desprez, Frédéric Giuliani). Partenaires : Drac Paca, Conseil général 84, Conseil régional PACA, Agence régional de l’hospitalisation, Camsp, Hôpital Henri Duffaut (Avignon), Equal Via2s. Nathalie Begue (Directrice adjointe – chargée des publics spécifiques) 51, rue des fourbisseurs 84000 Avignon tél. 04 90 86 11 62 [email protected] www.addm84.fr APROVA 84 information, formation, centre de ressources Association de promotion de la vie associative en Vaucluse, Aprova est un centre de ressources pour les associations Vauclusiennes. Son expérience et sa vocation permettent de couvrir l’ensemble des interrogations des responsables associatifs (création et fonctionnement de l’association, droit du travail, fiscalité...). Aprova propose ses services d’information et de formation pour les dirigeants et les salariés associatifs. Maison IV de chiffre 26 rue des Teinturiers 84000 Avignon tél. 04 90 86 87 07 fax 04 90 86 20 83 [email protected] www.aprova84.org CENTRE DE FORMATION DE MUSICIEN DE L’UNIVERSITE DE PROVENCE Aix-en-Provence Formation pour obtenir le diplôme Universitaire de Musicien Intervenant (DUMI). L’objectif du CFMI de l’Université de Provence est de donner à des musiciens une formation universitaire professionnalisante, à la fois musicale, pédagogique et générale, qui leur permettra de travailler dans le cadre de l’école élémentaire et pré-élémentaire en collaboration avec les enseignants, et en partenariat avec les diverses structures éducatives d’un territoire. Dans le cadre de la 2e année, le CFMI propose une option “musique en milieu hospitalier” associant en 45 heures cours théoriques et stages pratiques. Les objectifs sont de découvrir aux côtés de professionnels de l’intervention musicale en milieu hospitalier, de nouvelles formes d’approche et de relation avec l’enfant, de savoir se positionner face à des situations d’isolement ou de souffrance, de comprendre les relations entre le musicien, les patients, leur famille et le personnel hospitalier... CFMI - Centre de Formation de Musiciens Intervenants Université de Provence - 29, Avenue Robert Schuman - 13621 Aix en Provence cedex 01 tél. 04 42 95 32 40 fax 04 42 95 32 60 http://www.up.univ-mrs. fr/~wcfmi/ CENTRE HOSPITALIER HENRI DUFFAUT Établissement de soins de santé Au sein de ses services de pédiatrie grands enfants et de néonatologie à l’unité Mère et Enfant, le centre hospitalier accueille des interventions artistiques en musique, théâtre et arts plastiques. Mais également au sein de ses services d’onco-hématologie et de long séjour pour personnes âgées. Partenaires : addm 84, compagnie Mises en Scène, association Atelier des deux mondes. François Laperche (directeur adjoint) et Marielle Petit De Grandville (chargée de communication), 3050 rue Raoul Follereau, 84902 Avignon cedex 9 tél. 04 32 75 39 05 [email protected] www.ch-avignon.fr CONSEIL GÉNÉRAL DE VAUCLUSE Le pôle d’intervention sociale du Conseil général de Vaucluse participe à de nombreuses initiatives artistiques et culturelles développées dans les établissements hospitaliers et spécialisés, structures à caractères sociales. Pôle d’intervention sociale 6, bd limbert 84000 Avignon tél. 04 90 16 18 64 www.vaucluse.fr DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES PROVENCE-ALPESCOTE D’AZUR L’accès à la culture pour les personnes empêchées ou publics spécifiques constitue un axe fort du ministère de la culture et de la communication qui met en place des partenariats avec d’autres services de l’Etat. En PACA, la drac a établi des conventions de façon à favoriser la réalisation d’actions culturelles et artistiques. Avec le ministère de la santé et des affaires sociales : Pour les personnes en situation de handicap, l’action de la drac se déploie à la fois en faveur des pratiques culturelles et artistiques, mais concerne aussi l’accessibilité des lieux de diffusion, de pratique et d’enseignement artistiques. Pour les personnes hospitalisées, la drac s’est associée à l’agence régionale d’hospitalisation (ARH) dans le cadre d’une convention «culture à l’hôpital», pour favoriser l’accès à la culture au sein des établissements hospitaliers en relation avec des structures culturelles et artistiques. Patricia Value-lynch Chargée de mission pour les actions en faveur des publics spécifiques: culture à l’hôpital, handicap et justice 23, bld du Roi René 13617 Aix-en-Provence cedex tél. 04 42 16 14 06 fax 04 42 16 19 52 [email protected] http://www.culture.gouv.fr/paca/ AGENCE RÉGIONALE DE L’HOSPITALISATION 141, av. du Prado 13008 Marseille tél. 04 91 29 92 50 [email protected] Annuaire des associations et compagnies APRECA Atelier Public de Recherche et de Création Artistique Avignon Arts plastiques, théâtre Promouvoir et diffuser l’art contemporain : l’APRECA décline une palette d’actions, de formations et de modalités d’accompagnement d’artiste, depuis l’atelier de création pédagogique conduit par un artiste jusqu’aux expositions clefs en main, en passant par les rencontres publicartiste qui permettent de faire découvrir sa démarche, ses recherches et son univers artistique. En sa qualité d’organisme de formation, l’APRECA propose des formations professionnelles autour de la pratique artistique. Si les lieux d’interventions sont à visages multiples établissements scolaires, CPI, IME, maisons de retraite, hôpitaux, crèches, CLSH, MJC, centres sociaux, musées, ADVSEA, IMF -, les publics aussi : petite enfance, scolaires, adultes, adultes en parcours d’insertion, personnes âgées... Delphine Meucci-Bardet, 1 rue d’Estienne d’Orves, BP 246, 84010 Avignon cedex 1 tél. 04 90 87 30 11 [email protected] Agrément Jeunesse et Sport n° 84 – 194 N° organisme de formation : 93 84 02 782 84 ASSOCIATION GALIPETTE Mormoiron Cirque L’association Galipette initie le jeune public (à partir de 10 ans), les adolescents et les adultes (jusqu’à 70 ans) aux arts du cirque, aux sports et aux loisirs. Dans les écoles ou les centres de loisirs implantés en milieu rural, les interventions sont assurées par une personne titulaire du Brevet d’initiateur aux arts du cirque, formée en kinésithérapie et spécialisée dans le travail avec les personnes handicapées. Partenaires : association Badaboum (Vaison-laRomaine) et association Ska Barré (Apt). Mme Kling (intervenante), rue du Portail Vieux, 84570 Mormoiron tél. 04 90 61 89 92 Code APE : 92600 ASSOCIATION OH TERRA ! Avignon Arts décoratifs : céramique - poterie et modelage de l’argile Développer la créativité et favoriser l’ouverture culturelle et sociale : Oh Terra ! a choisi la pratique manuelle et plus particulièrement la poterie et le modelage de l’argile. L’association s’adresse aux personnes handicapées mentales, psychiques ou physiques, aux enfants comme aux adultes. Stéphanie Ayme (intervenante), 2 avenue de Bonaventure, 84000 Avignon tél. 04 90 82 32 85 [email protected] ou [email protected] ASSOCIATION TRISUNIC COMPAGNIE SUBITO PRESTO Rustrel Danse, théâtre, musique L’association Trisunic produit et diffuse les spectacles de la compagnie Subito Presto, mène des actions de sensibilisation au théâtre, à la musique et à la danse, encadre des formations danse (enseignement de la technique Alexander). Les publics concernés par l’ensemble de ces actions sont les jeunes enfants (crèches), les élèves des écoles primaires et des collèges, les enseignants, puéricultrices, infirmiers et éducateurs. Actuellement, Lucia Carbone intervient dans des crèches de Vaucluse et Catherine Vernerie dans le plan de formation à l’Institut de formation en soins infirmiers de Jury, à Metz. La compagnie a déjà réalisé des actions culturelles au CREHAM Provence auprès d’adultes handicapés mentaux et souhaiterait intervenir en milieu hospitalier. Partenaires : Conseil général de Vaucluse (compagnie conventionnée), Conseil régional, DRAC et Inspection académique pour des aides aux projets, addm 84 pour des projets pédagogiques, Communauté européenne pour des projets internationaux. Catherine Vernerie rue des Gens, 84400 Rustrel tél. 04 90 04 97 46 [email protected] www.subito-presto.com Agrément Jeunesse et Sport n° 99 – 55 N°organisme de formation : 93 84 02 133 84 COMPAGNIE CROCODILE Montfrin Musique, théâtre, arts du cirque Depuis douze ans, la compagnie Crocodile diversifie ses activités en direction de la petite enfance et du milieu hospitalier en organisant des spectacles (clown, musique, théâtre), des animations (musique à l’hôpital) et des stages (arts du cirque). Les lieux d’interventions sont multiples car la compagnie s’adresse au public enfant et tout public : écoles, C.E., villes, crèches, associations, hôpitaux, relais assistance maternelle, associations théâtre amateur, CAMSP, Espelido. Partenaires : CCAS, municipalités et communauté de communes (pour les spectacles éducatifs), addm 84 (pour les interventions en milieu hospitalier), CAMSP. Odile Avezard (animatrice, comédienne, chanteuse), 18 faubourg du Pont, 30490 Montfrin tél. 04 66 57 29 44 crocodilemoi @wanadoo.fr Licence de spectacle : 300809 Annuaire des associations et compagnies COMPAGNIE MOULINETTE COMPAGNIE TAMBURO La compagnie Moulinette enseigne les arts du cirque à l’école de cirque Isloise, crée des animations et des spectacles dans les structures scolaires, les établissements spécialisés (ARI Joncquières, ADAPEI Le Thor, IME Isle-sur-la-Sorgue), les associations sociales (Repères Avignon, La Cigalette Isle-sur-laSorgue), les MJC et les centres de loisirs. Son public ? Les enfants dès l’âge de 3 ans, les adolescents et les adultes. La compagnie souhaite intervenir en milieu hospitalier autour d’une formule “Cirque et musique” expérimentée précédemment en établissement spécialisé. Il s’agit d’un duo poétique et humoristique qui utilise les arts du cirque (un clown et un guitariste) et s’adapte au rythme et aux profils des patients concernés. La Compagnie Tamburo crée des spectacles de théâtre musical à destination du jeune public : petite enfance, enfance, adolescence, et propose des animations pédagogiques : percussions, conte, éveil musical. Les interventions ont lieu dans les crèches, les écoles, les hôpitaux, les théâtres, les médiathèques... Isle-sur-la-sorgue Arts du cirque, musique Partenaires : Ville de l’Isle-sur-la-Sorgue, Conseil général de Vaucluse, CCAS Isle-sur-la-Sorgue, Contrat Temps libre. Muriel Ducourneau (responsable de projets pédagogiques et artistiques), 3 rue Molière, 84800 L’Isle sur la Sorgue tél. 04 50 20 81 77 [email protected] Agrément Jeunesse et Sport et Éducation populaire en cours. Vedène Théâtre musical Partenaire : Conseil général de Vaucluse. Alain Bressand (directeur artistique), 1 clos du Roy, chemin des Contines, 84270 Vedène tél. 04 90 23 40 15 [email protected] http://theatre-enfants. com/tamburo Licence d’entrepreneur de spectacle : 2-135149 COULEUR DANSE Avignon Danse Dans ses cours de danse contemporaine comme dans ses ateliers de chorégraphie, Catherine Pruvost développe un langage chorégraphique basé sur la rencontre, le ressenti des danseurs dans leur relation à l’autre. Mais Couleur Danse, c’est aussi des stages pluridisciplinaires de danse contemporaine associée aux arts du cirque (clown) ou aux percussions corporelles et instrumentales. Couleur Danse collabore avec l’association Tôtout’arts (Villeneuve lez Avignon), FRL (Châteauneuf de Gadagne), le centre hospitalier Montfavet et le Pôle espoir gymnastique masculine (Avignon). Partenaires : association Rien ne va plus (cours conjoints sur les percussions et la danse argentine). .28 Catherine Pruvost (professeur, danseuse, chorégraphe), 28 rue Nationale, 84000 Avignon tél. 04 90 82 46 83 [email protected] FÉDÉRATION INTERSECTORIELLE DES ATELIERS DE PSYCHOTHÉRAPIE DE MÉDIATION CRÉATRICE, C.H. MONTFAVET Avignon La FIAPMC s’insère dans un lieu de soins pour proposer une pratique artistique aux personnes hospitalisées ou non, suivies ou non par une structure psychiatrique, débutante ou non. Au centre hospitalier de Montfavet, la FIAPMC organise des ateliers de création en danse contemporaine (“Émouvance”), en chant (“Il était une voix”), en écriture (“Papiers de soi”), en théâtre (“Théâtre de l’autre scène”), en peinture et sculpture (“Marie Laurencin”), en création vestimentaire (“Peau d’âme”) et en photo (“Lumière”). Les ateliers “Il était une voix” et “Émouvance” sont co-animés par des soignants et des artistes professionnels : Catherine Pruvost pour la danse et Rémy Ollivier pour la chorale. Au cours de ces différents ateliers, l’équipe encadre les participants dans leur cheminement artistique avec pour objectif de donner une représentation du travail abouti : spectacle de danse, concert, enregistrement CD... Patricia Scarpellini (cadre de santé), centre hospitalier de Montfavet, 84140 Montfavet tél. 04 90 03 91 87 patricia.scarpellini@ch-montfavet LA LOLY CIRCUS Beaumont de Pertuis Cirque Création et diffusion de spectacles de cirque, formation-loisirs pour enfants et adultes : telles sont les actions mises en place par La Loly Circus dans le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Bouches-du-Rhône auprès d’un public enfant (dès 4 ans), jeune, adulte, et handicapé (interventions ponctuelles). D’autres actions sont proposées en milieu rural. En 2008, La Loly Circus développera ses actions de formation-loisirs dans les IME, plus particulièrement dans le secteur du Luberon (84 et 04). Partenaires : addm 84, Conseil Régional Paca, Conseils Généraux du Vaucluse et des Alpesde-Haute-Provence Benjamin Gorlier (directeur), Leï Asbeben, 84120 Beaumont de Pertuis tél. 06 18 91 76 94 [email protected] www.lolycircus.com Agrément Jeunesse et Sport et Éducation populaire. LA VIE EN ROSES 84 Avignon Théâtre, lecture publique La Vie en Roses 84 regroupe les usagers en psychiatrie (patients et ex-patients) du Vaucluse, du nord des Bouchesdu-Rhône et de l’Est du Gard. Elle œuvre à lutter contre leur isolement, à “destigmatiser” la maladie psychique, à défendre les intérêts matériels et moraux des malades et à organiser des loisirs pour eux et leur environnement (familles, amis...). Au sein de l’association, la compagnie la Fenêtre ouverte organise depuis 2002 des représentations théâtrales et des lectures publiques dans toutes les salles de spectacles mises à disposition gratuitement par les hôpitaux, les cliniques, les collectivités locales et les municipalités. La Vie en Roses 84 espère créer en 2007 un groupe d’entraide mutuelle (GEM) afin de constituer de nouveaux ateliers artistiques en musicothérapie et en arts plastiques. Partenaires : Centre hospitalier Montfavet, clinique Bellerive (Villeneuve lez Avignon), compagnie La Fenêtre ouverte. Jean-Claude Montrongnon (président), 37 rue Gustave Eiffel, 84000 Avignon tél. 06 19 16 90 47 LE JARDIN D’ALICE Carpentras Théâtre, conte, lecture, musique, danse Cette association d’éducation populaire a plusieurs cordes à son arc : la création et la diffusion de spectacles pour le jeune public (de 6 mois à 3 ans, enfants et jeunes de 7 à 16 ans, handicapés mentaux), le développement des pratiques artistiques dans les structures d’accueil Petite Enfance, et enfin l’organisation de formations pour animateurs. Les structures Petite Enfance, les écoles maternelles, les centres culturels, APEI et les bibliothèques sont leur terrain d’action. Sylvie Prabel Quoirin (responsable de projets), 4 allée du Pirot, 84200 Carpentras tél. 04 90 67 03 35. Agrément d’éducation populaire : 99155. MUSIQUE ET SANTÉ PHONAMBULE L’association créée en 1998 œuvre pour la promotion et la diffusion de la musique vivante en milieu hospitalier et dans les structures d’accueil des personnes handicapées. Son champ d’intervention est large, depuis les interventions musicales en milieu de santé, les résidences artistiques, les formations professionnelles, l’organisation de séminaires et de colloques, jusqu’à la création du réseau européen “Musique en milieu hospitalier” en Irlande, en Grande-Bretagne, en Italie... Musique et santé s’est également engagée dans la formation avec deux programmes : L’enfant et la musique à l’hôpital ; Musique en gériatrie : lieu de mémoire, lieu de vie. Enfin, l’association intervient au Centre de formation des musiciens intervenants d’Aix-Marseille. Les actions conduites par Musique et Santé concernent un vaste public : enfant, adolescent, adulte, personne âgée, personnel médical, personnel paramédical et professionnel de la culturel. Dans le cadre du programme Musique à l’hôpital, Phonambule intervient principalement dans le Var auprès des enfants hospitalisés (pédiatrie, néonatologie, chirurgie infantile) et leurs parents, des enfants handicapés (CAMSP) et des personnes âgées en service de soin longue durée. Actions de formation, création culturelle et artistique en direction des personnes en difficulté dans les centres hospitaliers et les centres de soins et d’éducation spécialisée : les interventions de Phonambule se caractérisent par leur régularité et leur pérennité dans les lieux, les duos de musiciens homme/ femme (pour la pédiatrie) et le travail autour de l’écoute de l’autre (“l’accordage humain”). Phonambule mène des actions de formations intra-muros (hôpitaux, crèches, CFMI) mais prévoit en 2007 plusieurs cessions de formations “ouvertes” à d’autres publics. Paris Musique Partenaires : association SPARADRAP, associations départementales de diffusion et d’actions musicales, établissements de santé et institutions culturelles en région Ile de France et en province, Collaborations européennes : Royal Northern College of Music de Manchester et Manchester Metropolitan University. Philippe Bouteloup (directeur), 9 passage Saint Bernard, 75011 Paris tél. 01 55 28 81 00. www.musique-sante.org Association reconnue d’intérêt général. N°organisme de formation : 11 75 31 704 75 Rians Musique Partenaires : ARH, DRAC P rove n ce - A l p e s - C ô te d’Azur, Conseil général du Var, DDASS du Var, CAMSP de Draguignan, hôpitaux concernés par le programme Musique à l’hôpital (Fréjus - Saint Raphaël, Toulon, Hyères, Draguignan, La Seyne, Aix-en-Provence). Partenaires privés ponctuels : UGRR, Caisse d’Épargne Écureuil, domaines viticoles. Fanette Fernique (responsable administratif), 2 av. du Général de Gaulle, 83560 Rians tél. 04 94 80 34 63 [email protected] www.phonambule.net Licence d’entrepreneur du spectacle : 39683 Agrément formation Le Programme Equal VIA2S • Former et informer les acteurs de l’emploi et de l’insertion et de la création d’activités aux spécificités du secteur culturel • Mettre en cohérence les ressources, outils et structures du territoire en créant une fonction ressource “emploi culturel” • Imaginer des dispositifs d’insertion et d’accompagnement de parcours pour les professionnels du spectacle vivant • Initier, accompagner et expérimenter des projets de mutualisation innovants pour le territoire • Accompagner et optimiser la qualification des professionnels, notamment dans des démarches de VAE de bilan de compétences • Veiller à une égalité des chances identiques entre les hommes et les femmes Les partenaires du programme : ANPE Culture Spectacle - Activ Conseil - ICART - Scène nationale de Cavaillon - addm 84 Retrouvez plus d’informations sur le programme européen VIA2S sur : www.addm84.fr Cette publication est éditée par l’addm 84 - Association départementale de développement de la musique, de la danse et des arts du cirque en Vaucluse. L’addm assure une mission d’information et de ressources, de formation et de coordination. Elle est un partenaire privilégié de l’ensemble des acteurs de la vie culturelle : collectivités locales, associations, lieux de diffusion, artistes, professionnels, amateurs, pédagogues. Elle s’adresse à tous les publics et son action concerne tous les styles de musique, de danse et des arts du cirque. Elle favorise la mise en place d’actions en milieu scolaire, le développement de la pratique amateur, la structuration de l’enseignement de la musique, de la danse et des arts du cirque. Elle veille également à l’équilibre de l’offre artistique et culturelle du département. A ce titre, elle a une mission d’actions incitatives, de sensibilisation des publics et d’accompagnement des professionnels. L’addm Vaucluse est conventionnée par le Ministère de la culture et de la communication, le Conseil général de Vaucluse, le Programme Européen Equal. addm Vaucluse 51, rue des Fourbisseurs 84000 Avignon tél. 04 90 86 11 62 fax 04 90 85 86 59 [email protected] www.addm84.fr saluces.com Equal est un programme d’intérêt communautaire développé par le Fond Social Européen pour la période 2000-2008. Ce programme a pour objectif de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’inégalité dans la sphère du travail et de l’emploi. L’addm Vaucluse est partenaire d’un PIC Equal intitulé Vaucluse Inn Art en scènes solidaires – VIA2S - porté par le Conseil général de Vaucluse. Il bénéficie du soutien du Conseil régional PACA. L’objectif de VIA2S est de créer les conditions du maintien, de la sauvegarde, et de la professionnalisation des emplois du secteur culturel, et plus particulièrement du spectacle vivant. L’originalité de ce programme est qu’il permet de faire se rencontrer et de faire travailler ensemble des opérateurs du secteur culturel et du secteur de l’emploi et de l’accompagnement. Le programme Equal VIA2S est entré dans une phase de mise en œuvre des actions à partir de Septembre 2005 et pour une période de 3 ans. Les principaux objectifs de VIA2S :