infections nosocomiales, la fré-
quence des chutes et des escarres et
même la satisfaction des patients.
Mais ces données ne sont disponibles
que sous une forme anonymisée au
niveau des hôpitaux ou extrêmement
lacunaire.
LE DIAGNOSTIC
Ce classement a été effectué pour la
première fois en 2012 et nous le réité-
rons cette année. Initialement scep-
tiques sur la démarche, la plupart des
hôpitaux romands ont fini par s’y ral-
lier, parfois avec enthousiasme. «Nous
nous réjouissons de voir ces chiffres
publiés régulièrement, note Anne-
Françoise Roud, directrice médicale de
l’Hôpital neuchâtelois. Le cumul de ces
données sur plusieurs années les rend
de plus en plus intéressantes, car elles
deviennent significatives statistique-
ment.» Nicolas Troillet, chef du service
des maladies infectieuses et directeur
de l’Institut central à l’Hôpital du
Valais, pense même que la publication
de ces résultats agit comme un
aiguillon: «Elle augmente la motiva-
tion pour améliorer la qualité et sti-
mule le changement à l’intérieur des
institutions.»
Les résultats obtenus par L’Hebdo
montrent de grandes variations entre
hôpitaux. Une partie de ces différences
est due aux particularismes des éta-
blissements: les hôpitaux périphé-
riques ont par exemple tendance à
soigner davantage de patients âgés,
alors que les centres universitaires
reçoivent les cas les plus graves.
«Les indicateurs de qualité publiés par
l’OFSP sont ajustés pour tenir compte
des différences d’âge et de sexe parmi
les patients soignés dans les différents
hôpitaux, mais cela ne suffit pas», note
Pierre Chopard, responsable du service
qualité des soins aux HUG. Ils ne
prennent pas en compte d’autres fac-
teurs qui pourraient mener à une plus
grande mortalité, comme la gravité des
cas, l’existence d’autres maladies chez
le patient ou la présence d’un service
oncologique ou de soins palliatifs dans
l’hôpital.
On peut néanmoins en tirer quelques
constats. Le taux de mortalité pour
l’infarctus du myocarde est moins
élevé dans les petits hôpitaux (moins
de 6000 cas par an) que dans les
grands. Les hôpitaux de la Tour
(Genève), de la Broye (Estavayer-le-
Lac) et de la Providence (Neuchâtel)
s’en sortent particulièrement bien.
Globalement, la Suisse enregistre de
bons résultats pour ce type d’affection:
le taux de mortalité y est moitié moins
élevé qu’en Allemagne et il ne cesse de
baisser. En 2010, il a atteint 5,8% sur
l’ensemble du pays, contre 6,7% en
2009. Outre-Rhin, il s’élevait à 10%.
Mauvais élèves. Le pays s’en sort
moins bien en revanche pour les
attaques cérébrales, où il enregistre un
taux de mortalité de 11,6% sur le plan
national, contre 9,6% en Allemagne.
L’Hôpital du Chablais (patients valai-
sans) et de la Providence se distinguent
par une mortalité excédant 15%. A
l’Ensemble hospitalier de La Côte,
celle-ci atteint même 45,5% pour les
cas avec une hémorragie intracéré-
brale. La faute à une prise en charge
trop morcelée de cette maladie en
Suisse. La mise en place d’unités spé-
cialisées devrait cependant y remédier.
Pour ce qui est des pneumonies, la
Suisse se trouve en bonne posture, avec
un taux de mortalité de 5,1%, contre
10,1% en Allemagne. Mais certains
établissements réalisent de mauvais
résultats: le taux de mortalité a
dépassé 8% en 2010 à l’Hôpital de la
Broye (Estavayer-le-Lac), au Centre
hospitalier de Bienne et à la Clinique
de Genolier.
Cas extrêmes, les bronchopneumo-
pathies chroniques obstructives ont
engendré un taux de mortalité de
73,9% à l’Hôpital de la Riviera.
Quant aux deux derniers cas examines,
les hernies et les remplacements de
l’articulation de la hanche, ce sont des
interventions qui tuent peu. Le moindre
décès peut donc avoir des effets dras-
tiques sur les résultats d’un établisse-
ment. L’Hôpital fribourgeois, l’Hôpital
du Valais, l’Inselspital de Berne, l’Hôpital
universitaire de Zurich ou le Centre hos-
pitalier de Bienne en ont fait les frais en
2010 pour les hernies.
«Ce résultat correspond à deux décès
sur 240 patients opérés, explique Ber-
nard Vermeulen, directeur médical de
46∑HÔPITAUX HÔPITAUX∑47
Mieux coMprendre
Mieux coMprendre
Infarctus du myocarde, plus de 19 ans
Nombre de cas par établissement (2009 et 2010) 2009 2010
2009120101
1 Inselspital (BE) 1973 1000 973 0,8 0,9
2 Universitätsspital Basel (BS) 1509 723 786 1,2 1
3 CHUV (VD) 1294 607 687 0,7 0,9
4 Universitätsspital Zürich (ZH) 1056 526 530 1,1 1,3
5
HUG (GE) 987 501 486 0,8 1,1
6
Centre hospitalier du centre du Valais (VS)
809 362 447 1,1 1,1
7 HFR Fribourg (FR) 808 368 440 0,6 0,9
8 Hôpital neuchâtelois (NE) 558 286 272 0,7 0,8
9 Spitalzentrum Biel (BE) 378 151 227 1,3 1,5
10
Etablissements hospitaliers du Nord vaudois (VD)
369 174 195 1 0,4
11 Hôpital de la Riviera (VD) 269 123 146 0,9 0,6
12 Hôpital du Jura (JU) 241 107 134 0,9 0,9
13 Spitalzentrum Oberwallis (VS) 200 99 101 1,2 1
14 Ensemble hospitalier de La Côte (VD) 185 65 120 0,9 0,5
15 Hôpital de la Tour (GE)167 87 80 0,6 0,3
16 Hôpital du Chablais (VS) 149 66 83 0,6 0,5
17
Groupement hospitalier de l’Ouest lémanique (
GHOL)
(VD) 136 58 78 0,9 0,7
18 Hôpital du Chablais (VD) 107 45 62 1,2 0,3
19 HIB Payerne (VD) 99 44 55 1,1 1,2
20 Hôpital du Jura bernois (BE) 86 40 46 0,9 0,6
21 HIB Estavayer-le-Lac (FR) 47 20 27 0,7 0
22 Hôpital de La Providence (NE) 33 17 16 2 0
23 Clinique Cecil (VD) 29 10 19 0 0,8
24 Clinique de La Source (VD) <20 <10 <10 — —
25 Clinique de Genolier (VD) <20 <10 <10 — —
26 Clinique Bois-Cerf SA (VD) <20 < 10 <10 — —
27 Hôpital du Pays-d’Enhaut (VD) <20 10 <10 1,1 —
28 Clinique Générale Beaulieu (GE) <10 0 <10 — —
29 Hôpital Jules Daler (FR) <10 < 10 0 — —
30 Clinique de Joli -Mont (GE) <10 0 <10 — —
31 Clinique de Montchoisi (VD) <10 0 <10 — —
Le taux de mortalité est moins élevé
dans les hôpitaux de taille moyenne
1 Indicateur SMR relatif
au taux de mortalité
Au-dessus de la moyenne
nationale Moyenne
suisse
Au-dessous de la moyenne
nationale
l’Hôpital fribourgeois. L’un avait
87 ans et a fait un accident vasculaire
cérébral sans lien avec son opération
de la hernie; l’autre avait 92 ans et la
hernie était déjà nécrotique au
moment de son arrivée aux urgences.»
L’Hôpital du Valais souligne pour sa
part que «les chiffres qui sautent aux
yeux», comme l’indice standardisé de
mortalité (SMR) de 3,7 qu’il a obtenu
pour les hernies en 2010, est là aussi
dû à un unique décès.
Résultats faussés. Le faible nombre de
cas enregistrés par certains établisse-
ments fausse aussi les résultats, juge
Anne-Françoise Roud, de l’Hôpital
neuchâtelois. «Les taux de mortalité
apparaissent souvent bien plus
impressionnants qu’ils ne le sont
lorsque le collectif de base est peu
nombreux», dit-elle. Son
établissement l’a subi
dans le cadre des
implantations de pro-
thèse de la hanche, où il
obtient un SMR de 7,9
en 2009 et de 7,3 en
2010. «Ces chiffres ren-
voient à un petit nombre
de patients, relève-t-elle.
De plus, les cas compli-
qués de l’Hôpital de la
Providence voisin abou-
tissent chez nous.»
Mais le hasard et la
mauvaise chance n’ex-
pliquent pas tout. Les
cliniques spécialisées
chirurgicales, qui pra-
tiquent le remplacement
électif de l’articulation de la hanche de
façon routinière et dans un grand
nombre de cas, se signalent par un
indice de mortalité très bas, à l’image
de la Clinique de la Colline à Genève
(464 cas en 2009 et 2010 et aucun
décès), de la Clinique de Valère à Sion
(405 cas et aucun décès) ou de la Cli-
nique Sainte-Anne à Fribourg (357 cas
et aucun décès).
Confrontés à ces résultats, la dizaine
d’établissements que nous avons fait
réagir se montrent presque tous
satisfaits des scores obtenus. Daniel
Walch, directeur du Groupement
hospitalier de l’Ouest lémanique,
Le taux
de mortalité
est le moins élevé
pour les infarctus
du myocarde
dans les petits
hôpitaux
(moins de 6000
hospitalisations
par an), mais
les différences
entre
établissements
sont importantes.
COMMENT LIRE
LES TABLEAUX
Interprétation
des indicateurs
Les tableaux réalisés par L’Hebdo sur la base de
l’étude de l’OFSP présentent deux entrées bien
distinctes: le nombre de cas traités et le taux de
mortalité, pour 2009 et 2010. Le classement éta-
bli ici se base sur le nombre de cas cumulés du-
rant ces deux années et ne concerne que les 10%
de décès qui auraient pu être évités. Le nombre de
cas pris en charge par les établissements hospi-
taliers donne des informations précieuses sur
l’expérience de l’établissement pour un traite-
ment déterminé. L’OFSP cite, à titre d’exemple, le
cas des remplacements de l’articulation de la
hanche, une opération à faible risque, où le taux
de mortalité atteint 0% dans les établissements
qui en pratiquent plus de 500 par an, mais 0,4%
dans ceux qui en font moins de 50 par an. A noter
encore que l’office a exclu les cas avec des mala-
dies concomitantes qui pourraient fausser les
résultats.
Quant au deuxième indicateur, le SMR, il est re-
latif au taux de mortalité (voir l’encadré ci-des-
sous). Initialement appliqué à 30 groupes de
maladies, nous avons choisi de nous concentrer
plus particulièrement sur cinq maladies qui
comprennent un nombre important de cas par
année (infarctus, attaque cérébrale, pneumo-
nie, hernie et remplacement de la hanche). √
COMMENT EST CALCULÉ
L’INDICE STANDARDISÉ
DE MORTALITÉ (SMR)
Pondération avec l’âge
et le sexe des patients
L’indice standardisé de mortalité (SMR) représente
le rapport entre le nombre de décès survenus dans
un hôpital particulier et le nombre de décès atten-
dus au niveau suisse dans un échantillon présen-
tant les mêmes caractéristiques d’âge et de sexe.
Un SMR supérieur à 1 signifie que le taux de mor-
talité dépasse la moyenne helvétique, et inverse-
ment.
A noter que si le nombre de cas est faible,
il se peut que les indicateurs soient influencés
par des cas individuels, perdant ainsi de leur
pertinence.√
SUTTERSTOCK
L’Hebdo 16 mai 2013 16 mai 2013 L’Hebdo
C M Y K C M Y K