l’insuffisance de la fonction de barrière est responsable de
pertes excessives en eau, électrolytes et calories, nécessi-
tant un environnement adapté en température et hygromé-
trie (incubateurs). Une revue des problèmes posés par
l’immaturité de la peau du nouveau-né a été publiée
récemment [2]. Si le nouveau-né à terme n’a pas besoin
d’incubateur, il convient néanmoins de considérer sa peau
comme fragile vis-à-vis de toutes les agressions. Cette
fragilité concerne notamment les risques de pénétration
de micro-organismes, et aussi de toute substance appli-
quée sur la peau.
On retiendra en effet que tout produit appliqué sur la
peau est susceptible de pénétration, que ce soit du fait de
l’immaturité de la barrière, de lésions cutanées (dermato-
ses, plaies, adhésifs) ou de conditions particulières (occlu-
sion des couches). Les effets systémiques liés à la pénétra-
tion transdermique sont augmentés du fait du rapport
surface/poids, beaucoup plus élevé chez le nouveau-né
qu’ultérieurement, et de l’immaturité des mécanismes
d’élimination.
L’aspect de la peau à la naissance
L’aspect de la peau à la naissance dépend de condi-
tions générales (anémie, polyglobulie, ictère), ainsi que de
la maturité du nouveau-né [3].
Chez le nouveau-né à terme, la peau est rosée, opa-
que ; au toucher, elle est sèche, douce, veloutée ; elle
desquame parfois finement. Tous ces signes indiquent que
la kératinisation s’effectue complètement. Le lanugo, du-
vet qui recouvre le corps plus tôt au cours de la vie
intra-utérine, est très peu abondant.
Le vernix caseosa est une structure lipidique blanc
grisâtre qui recouvre la peau du fœtus in utero. Sécrété par
l’épiderme et les glandes sébacées, le vernix caseosa
protège la peau dans le liquide amniotique ; il devient
inutile en milieu aérien.
Les soins de peau à la naissance
Les soins de peau, chez le nouveau-né comme ulté-
rieurement, ont pour objet de maintenir le tégument pro-
pre, de le préserver des infections. Ils doivent être dénués
de toxicité. Il serait souhaitable que des recommandations
« officielles » soient disponibles, au niveau national et
international, pour guider les professionnels et les parents,
les aider à abandonner sans regret les pratiques tradition-
nelles et à apprécier correctement les sollicitations publi-
citaires. Ce n’est pas encore le cas, mais il est possible de
formuler des conseils exprimant un consensus profession-
nel.
La toilette des nouveau-nés
Il est avisé de baigner les nouveau-nés une fois par
jour, dans une eau propre à 37 °C. Avec des mains égale-
ment propres, on les nettoie doucement en utilisant un
tensio-actif doux (pain de toilette à base de détergent
synthétique doux et non de savon, liquide nettoyant éva-
lué pour sa douceur), et on les rince, également à la main.
On les essuie en tamponnant doucement, sans frotter,
avec un linge doux.
L’application d’un corps gras sur la peau des prématu-
rés a probablement un effet bénéfique sur l’état de la peau,
la maturation de la barrière et le risque infectieux [4], bien
que ce ne soit pas réellement prouvé [5]. Ces considéra-
tions s’appliquent probablement aux nouveau-nés à
terme. Cependant, ici la pratique de l’hydratation cutanée
systématique n’est pas médicalement justifiée. Elle doit en
tout cas éviter tout produit potentiellement toxique, irri-
tant ou allergisant, et s’accompagner d’une surveillance
dépistant d’éventuelles infections.
La peau d’un nourrisson à terme est souvent sèche et
on peut observer au niveau des plis de fines fissures, plus
rarement de véritables crevasses. Ici l’application d’un
hydratant neutre est utile et habituellement suffisante.
Les soins du cordon
Les soins du cordon ont pour but d’éviter les infections
qui, en milieu non médicalisé, sont fréquentes et graves. Il
convient donc de conseiller, plutôt que les pratiques tra-
ditionnelles non scientifiquement justifiées, l’application
d’un antiseptique atoxique. La chlorhexidine en solution
aqueuse à 0,5 % peut être recommandée. Il n’existe ce-
pendant pas de preuve formelle du bien-fondé de cette
pratique, dans la mesure où les infections sont rares dans
le contexte des maternités occidentales [6]. L’antisepsie
du moignon de cordon, diminuant l’infection et l’inflam-
mation, retarde sa chute, ce qui est en pratique sans
conséquence.
Les soins de siège
Dès la naissance, on peut prendre des habitudes cor-
rectes de soins du siège, de façon à éviter les érythèmes
fessiers, conséquence de l’irritation cutanée due au
contact avec les urines et les selles.
Les enfants doivent être changés aussi souvent que
nécessaire pour que les urines et selles ne restent pas en
contact avec la peau. Les changes en cellulose à usage
unique sont efficaces, bien tolérés et ont fait diminuer
considérablement la fréquence des érythèmes fessiers.
Chaque change comporte une toilette douce selon les
principes énoncés plus haut. L’application d’une crème à
visée protectrice semble facultative.
Les dermatoses néonatales bénignes
transitoires
Il convient de parler de « non-maladies » pour ces
affections d’évolution rapidement régressive. Le diagnos-
mt pédiatrie, vol. 8, n° 5-6, septembre-décembre 2005 349
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