SURVEILLANCE ET SOINS POST-ANESTHESIQUES : Recommandations de la SSAR : Edition 2002 Introduction : Tous les patients ayant subi une procédure chirurgicale, diagnostique, ou thérapeutique sous anesthésie générale, sous sédation (y compris monitored anesthesia care : MAC), ou anesthésie locorégionale, peuvent présente des complications liées aux effets résiduels des médicaments administrés, à l’acte chirurgical pratiqué, ainsi qu’aux co-morbidités préexistantes. La SSAR recommande de ce fait une surveillance adaptée. La surveillance et les soins post-anesthésiques demeurent entièrement sous la responsabilité du médecin anesthésiste qui participe, en collaboration avec d’autre spécialités, à la prise en charge périopératoire du patient. Les présentes recommandations ont pour but d’assurer une prise en charge postanesthésique garantissant la sécurité des patients, et de permettre l’établissement de critères précis nécessaires à la surveillance du patient. Durée de la surveillance post-anesthésique : La durée de la surveillance post-anesthésique reste variable mais comprend au minimum la stabilisation voire la normalisation des fonctions vitales du patient (c’està-dire, état de conscience adéquate, récupération des réflexes du maintien des voies aériennes, états circulatoire et respiratoire stables), la récupération d’effets résiduels indésirables des agents anesthésiques, ainsi que le contrôle du confort et de l’analgésie postopératoire. La SSAR recommande à chaque centre de définir des critères précis par écrit permettant de mettre fin à la surveillance post-anesthésique spécifique. Surveillance et Soins : Le patient est soumis à une surveillance constante et adaptée à son état. Cette surveillance concerne au minimum : • état de conscience et douleur; • oxygénation et respiration; • circulation, accès vasculaires, perte sanguine, diurèse; • température; • zone opératoire (pansement et drains); • autre surveillance spécifique décidée par le médecin anesthésiste et/ou chirurgien, et a pour but d’assurer la récupération, le maintien, puis la normalisation des fonctions vitales. Les standards minimaux de surveillance appliqués à chaque patient sont basés sur les normes et les recommandations de la SSAR et comprennent au minimum : une pulse oxymétrie et la fréquence cardiaque. En outre, tous les médicaments nécessaires à la phase de réveil et à une réanimation cardio-pulmonaire doivent être à disposition. Informations et documentation : Une transmission verbale est effectuée entre les personnes (médecins ou infirmier/ères) amenant le patient et celles qui l’accueillent. Elle concerne principalement les actes anesthésiques et chirurgicaux, diagnostiques ou thérapeutiques effectués, les informations pertinentes concernant le patient (comorbidités, médicaments), ainsi que la désignation du médecin anesthésiste responsable du patient pendant cette surveillance. Cette transmission inclut le dossier médical du patient ainsi que tous les documents apportant des informations sur les actes effectués (protocole d’anesthésie, feuille d’ordre postopératoire, etc …). La surveillance effectuée sera dûment reportée et comprend au minimum • l’heure du début, de la fin, et la durée de la surveillance, • les valeurs des signes vitaux, • l’évolution de l’état du patient lors de sa surveillance, ainsi que la survenue de problèmes ou complications intercurrentes, • les médicaments et solutés administrés, • les noms de l’équipe médicale et infirmière responsables. Structure et ressources proposés pour une surveillance post-anesthésique : 1. Etant donné l’importance de la surveillance post-anesthésique, la SSAR propose, en particulier pour des raisons ergonomiques, l’utilisation d’une salle de surveillance post-anesthésique spécifique (ou salle de réveil). Cette salle devrait être localisée aussi près que possible des blocs opératoires afin de faciliter la gestion du flux des patients et de limiter la durée d transport du patient. 2. Le nombre de lits ou emplacements doit être adapté au type d’activités chirurgicales principales effectuées (la chirurgie ambulatoire notamment peut exiger un plus grand nombre d’emplacements en raison de la succession rapide d’actes très courts) ainsi qu’au nombre de salles d’opération, afin de garantir à chaque patient une durée de surveillance adéquate pour remplir les critère de fin de surveillance. (ordre de grandeur : 1.2 à 1.5 emplacements/site de travail anesthésique) 3. Personnel médical et infirmier : • le personnel infirmier surveille le patient sous la direction d’un médecinanesthésiste; il est entraîné à reconnaître l’atteinte d’une fonction vitale et à prendre les mesures nécessaires en attendant l’arrivée du médecin; • La présence d’au moins 2 infirmiers (ères) est fortement recommandée s’il y a plus de 3 patients présents simultanément; • le médecin responsable du patient est désigné nommément et un médecinanesthésiste doit pouvoir être atteint dans un délai raisonnable. 4. Le matériel de base requis pour chaque lit/emplacement comprend : • Monitorage standard selon les normes et recommandations de la SSAR; • Equipement suffisant en prise d’oxygène, prises d’air, systèmes d’aspiration (vide), prises électriques. 5. Le matériel de base nécessaire pour chaque structure de surveillance postanesthésique comprend : matériel nécessaire au traitement des urgences cardiorespiratoires (Défibrillateur, matériel de ventilation, médicaments d’urgence, etc …) 6. Mise en place d’un système de contrôle de qualité, comprenant au minimum un registre des complications et incidents survenants lors du séjours du patient. Conclusions : La surveillance et les soins post-anesthésiques sont un facteur essentiel pour garantir la sécurité des patients anesthésiés. Cette surveillance post-anesthésique spécifique demeure sous la responsabilité du médecin anesthésiste, qui collabore avec d’autres spécialités à la prise en charge périopératoire globale du patient. La SSAR recommande que chaque centre développe des critères, standards et directives locales pour la prise en charge post-anesthésique des patients en se basant sur le présent document pour les exigences minimales requises. La SSAR propose l’utilisation d’une salle de surveillance post-anesthésique spécifique adaptée (salle de réveil). Membres du groupe de travail : M. Wintsch; A. Zollinger; T. Schnider ; R. Diah ; C. Heim ; E. Van Gessel Les présentes recommandations de la SSAR ont été approuvées en Assemblée générale du 16 novembre 2002. Elles remplacent toutes les versions antérieures.