MAPAR 2001142
Souvent, dans la pratique actuelle, la prise en charge d’un patient devant bénéficier
d’une anesthésie, générale ou locorégionale, débute au moment de la consultation d’anes-
thésie, se poursuit par la visite pré-anesthésique et l’anesthésie proprement dite, le patient
ne pouvant quitter la salle de réveil que si certaines conditions sont remplies.
La prise en charge postopératoire du patient est souvent moins bien définie et est
mal évaluée.
Les arguments en faveur d’une consultation après une ALR peuvent être déclinés
autour de trois axes : Information - Evaluation - Prévention.
Le compte-rendu du déroulement de l’anesthésie se fait le plus souvent très précoce-
ment après l’anesthésie et de manière orale et succincte. La consultation post-anesthésique
pourrait être l’occasion de la remise d’un compte-rendu écrit d’anesthésie prenant en
compte les éléments post-interventionnels. Si l’édition de ce dernier est actuellement
réalisée par certaines équipes, cette pratique reste néanmoins peu développée et la
teneur du compte-rendu est souvent mal définie.
La consultation post-anesthésique peut permettre une détection, une analyse et une
meilleure gestion des complications. Si l’étude de la littérature sur les complications
anesthésiques suggère que la majorité de ces dernières surviennent au cours de la
période «opératoire» (salle d’opération et salle de réveil), il convient de dissocier la
notion de survenue de la complication avec la détection de cette dernière. Ainsi, la
fréquence de survenue (perçue comme élevée) des complications peropératoires est en
partie liée au biais que l’«on ne mesure que ce que l’on recherche». Cette probléma-
tique se pose de manière différente selon la nature de l’anesthésie et le type de
complications envisagés. Ainsi, elle se pose de manière plus importante pour la détec-
tion des complications neurologiques, en particulier lorsqu’elles sont associées à l’ALR
en raison de l’analgésie postopératoire prolongée (la complication n’apparaissant que
dans le service d’hospitalisation).
Dans l’analyse des cas cliniques rapportés par SOS ALR, un certain nombre de
complications sont détectées par le chirurgien qui a opéré le patient ou par un anes-
thé
siste qui revoit le patient pour une autre intervention. Ainsi, il existe une
sous
-évaluation des incidents associés à un probable défaut de gestion de ces complica-
tions. La situation en obstétrique est intéressante car l’ALR y est fortement représentée
et les complications neurologiques après accouchement sont fréquentes (indépendam-
ment de l’ALR). La question de la responsabilité de l’analgésie péridurale dans la
survenue d’une lombalgie ou d’une radiculalgie est donc souvent posée. On peut se
demander si l’absence relative de «l’anesthésie» dans la période après l’accouchement
ne représente pas un facteur négatif dans l’évaluation et la gestion de ces complications
neurologiques. Par ailleurs, cette absence représente un facteur négatif pour la spéciali-
té (l’absent ayant toujours tort) cependant, il faut se garder de se focaliser sur la question
de l’imputation d’une complication à l’anesthésie ou à l’intervention car cette approche
poussée à l’extrême est probablement réductrice et ne contribue pas à une bonne maî-
trise du risque dans son ensemble.
A côté de ces accidents ou complications, la consultation post-anesthésique peut
être l’occasion d’identifier des évènements mineurs sans conséquence pouvant, par
exemple, remettre en cause le choix de la technique pratiquée ou d’identifier des dys-
fonctionnements systémiques, c’est-à-dire impliquant l’organisation générale des soins.
Enfin, l’information sur le déroulement de l’anesthésie et l’identification des inci-
dents ont un impact en terme de prévention pour les éventuelles futures anesthésies
réalisées dans un autre établissement, à condition que cette information soit complète
et écrite et que l’étiologie d’une éventuelle complication soit recherchée.