
Working Papers
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Assurance, réassurance : une autre contribution au développement p. 2/50
Introduction
Gérard de La MARTINIÈRE – Président de la Fédération Française des Sociétés d’Assurances
L’assurance joue un rôle de premier plan souvent mal perçu
Les activités d’assurance pratiquées quotidiennement jouent un rôle économique majeur, tant au niveau des
particuliers qu’au niveau des nations. Ce rôle est souvent bien compris et assimilé au sein des pays dits
développés, mais il est souvent mal perçu dans les pays émergents. Dans ces pays, des conditions économiques,
politiques et juridiques difficiles peuvent restreindre l’accès à l’assurance et en minimiser, en conséquence, le
poids. Pourtant, l’assurance peut agir efficacement dans les pays émergents et contribuer à leur développement.
Mais le champ d’action de l’assurance est limité car elle ne peut agir efficacement que dans la couverture de
certains risques : c’est la problématique de l’assurabilité.
Si le rôle de l’assurance est clairement identifié par certains – les
Rapports sur le développement dans le monde,
rédigés par les économistes de la Banque mondiale, le rappellent régulièrement –, il n’en reste pas moins que la
demande d’assurance s’inscrit fortement dans le contexte local (PIB, niveau de vie…) et que l’on ne peut
envisager le rôle de l’assurance de la même façon dans les pays dits développés que dans les pays émergents,
voire dans les pays les moins avancés.
Une surface financière et des marchés de capitaux réduits brident aussi l’offre d’assurance. Dès lors, une offre en
provenance de l’extérieur (soit en
cross-border
, soit par l’implantation locale de sociétés étrangères) contribue
efficacement au développement des marchés d’assurance et, ainsi, à l’amélioration de la situation des agents
économiques.
L’assurance : produit de luxe ou de première nécessité ?
Traditionnellement, les économistes distinguent les produits dits de « première nécessité » des produits dits de
« luxe » ou « supérieurs » dont la consommation croît plus rapidement que le PIB. L’assurance est-elle un produit
supérieur si l’on considère que, à l’échelle de la planète, 90 % des cotisations sont payées par les populations
européenne, japonaise et d’Amérique du nord ? L’assurance peut encore être considérée comme un « véritable »
produit supérieur sous un autre aspect : sa sophistication. Elle manie, en effet, l’économie, les mathématiques,
les statistiques, la sociologie, le droit, etc. Dans ce contexte, les assureurs ont voulu intensifier la personnalisation
du contact avec le client et élaborer des produits toujours plus particularisés Mais l’individualisation de la relation
ne saurait masquer la dimension collective de l’assurance matérialisée par la mutualisation.
Par ailleurs, l’assurance est-elle un produit supérieur lorsqu’elle couvre les risques de la maladie – laquelle prive
les individus de revenu – ou de l’insécurité matérielle liée aux chocs économiques, aux catastrophes naturelles, à
l’invalidité ?
Pour les produits de première nécessité, la demande crée en quelque sorte l’offre, alors que, pour le produit
supérieur, la demande est largement induite par l’offre. S’il existe bien une demande d’assurance sous des formes
particulières dans les pays émergents, l’éducation des consommateurs en la matière est primordiale et revient,
pour partie, aux sociétés d’assurances. Dans les pays en développement, dont les populations peuvent adopter
une certaine méfiance à l’égard de leurs institutions formelles, voire ignorer purement et simplement les
mécanismes de l’assurance, ces réticences d’ordre sociologique peuvent limiter substantiellement la pénétration
de l’assurance. L’assurance n’est donc pas un simple bien supérieur. Elle fait intrinsèquement partie de
l’amélioration du bien-être et encourage les investissements dans le capital humain et dans des activités à risque
plus profitables, incitant par là même le développement économique. Par ailleurs, l’assurance contribue
efficacement au développement économique des pays émergents par le biais de la croissance. Il existe, en effet,
un lien étroit entre assurance et croissance.
D’une part, l’assurance favorise la croissance en mutualisant les risques liés à l’activité économique dans son
ensemble, en réduisant l’incertitude des agents économiques, et en canalisant un financement long et stable.
D’autre part, la croissance nourrit l’assurance en augmentant « mécaniquement » son volume – nous savons qu’il
existe un lien entre le niveau de l’activité d’un pays et le volume des cotisations d’assurance, même si leurs taux
de croissance peuvent être différents – et en favorisant l’innovation pour répondre à des situations de plus en
plus complexes.
L’assurance accompagne aussi les évolutions de la société et prend le relais de l’État quand il se désengage pour
des raisons d’efficacité et, parfois aussi, de solvabilité. L’assurance est là également pour apporter des solutions
nouvelles à des risques collectifs nouveaux : le principe de précaution, les risques sanitaires, Internet...