L’origine antique des fables Qu’est-ce qu’une fable ? Une fable est un court récit écrit en prose ou en vers possédant une morale et ayant la particularité de mettre en scène des animaux. Chat gardant des oies, Egypte, vers -1120 D’où vient-elle ? La fable existe depuis la nuit des temps et existait déjà bien avant l’invention de l’écriture. Elle se transmettait oralement. La plus ancienne fable retrouvée date de plus de 2000 ans avant notre ère. On attribue l’invention de la fable à Esope qui fut le premier à signer ses œuvres. Quelques fabulistes connus : Esope : On ne connaît pas grand-chose sur sa vie. Il était d’origine grecque. Né vers 620 av. J.-C., il est mort à Delphes vers 564 av. J.-C. Il fut esclave selon l 'historien grec Hérodote. Buste censé représenter Esope Phèdre : Il était d’origine latine. Né vers 14 av. J.-C. sous le nom de Caius Lulius Phaedrus, il est est mort vers 50 apr. J.-C. Jean De La Fontaine : il est né le 8 juillet 1621 à ChâteauThierry en France, et est mort le 13 avril 1695 à 73 ans, à Paris. Il s’est beaucoup inspiré des œuvres d’Esope et Phèdre. Statue de J.DLF actuellement au Louvres Le Corbeau et le renard à travers les âges : La fable « Le corbeau et le renard » a été d'abord écrite par Esope, fut ensuite traduite en latin par Phèdre. Des siècles plus tard Jean De La Fontaine la reprit en Français. Esope Phèdre Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : « Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. » Cette fable est une leçon pour les sots. Quiconque prend plaisir aux flatteries trompeuses Se voit bientôt puni d'un honteux repentir. D'un fromage volé au bord d'une fenêtre Le corbeau sur son arbre allait faire un repas ; Le renard l'aperçut et lui fit ce discours : « De quel éclat, corbeau, resplendit ton plumage ! Quel minois gracieux et quelle belle allure ! La voix en plus, et tu serais roi des oiseaux. » Le stupide animal, voulant montrer sa voix, Fit de son bec tomber le fromage ; aussitôt Goupil rusé le prit entre ses dents avides. Lors du corbeau soupire, abusée, la sottise. Cela montre combien l'esprit a de puissance : Le courage toujours le cède à la sagesse. J. De La Fontaine Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. " A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. " Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. Illustration de Grandville, 1838-1840 Héloïse et Margaux, 4èmeC