GROUPES ABÉLIENS FINIS
Chapitre 3
Table des matières
1. Groupes monogènes, groupes cycliques ........................ 1
2. Morphismes de groupes cycliques .............................. 4
3. Sous-groupes d’un groupe cyclique ............................ 5
4. Groupes d’ordre premier ...................................... 8
5. Décomposition cyclique des groupes abéliens finis . . . . . . . . . . . . 9
Pour tout entier n > 0, on notera Znl’ensemble Z/nZ={¯
0, . . . , n 1}.
1. Groupes monogènes, groupes cycliques
Nous rappelons ici la notion de groupe monogène définie au chapitre
1. Un groupe Gengendré par un élément aGest appelé groupe mo-
nogène, on écrit
G=hai={ak;kZ}, o(a) = n
En notation additive, on écrit
G=hai={ka ;kZ}
Il existe des groupes monogènes infinis, tels que Zet des groupes mono-
gènes finis.
c
Septembre 2015, Khalid Koufany
2CHAPITRE 3
Définition 1.1. — On dit qu’un groupe Gest cyclique lorsqu’il est
monogène et fini. Tout élément ade Gtel que G=haiest appelé un
générateur de G. On a donc, si |G|=n,
G={e, a, a2, . . . , an1}.
En notation additive, on écrit
G={0, a, 2a, . . . , (n1)a}.
Proposition 1.2. — Si Gest un groupe monogène et si fest un mor-
phisme de groupes de Gdans un autre groupe G0, alors f(G)est monogène
Démonstration. En effet, si G=haiavec aG, alors f(G) = hf(a)i,
puisque fest un morphisme de groupes.
Pour tout entier n > 0, le groupe additif Znest cyclique.. En ef-
fet, (Z,+) et monogène engendré par 1. Le morphisme (projection ca-
nonique) π:ZZnest surjectif, donc Znest monogène, engendré
par π(1) = ¯
1. Comme le groupe Znest fini d’ordre n, il est cyclique
Un={1, ξ, . . . , ξn1}.
Exemples 1.3. — 1. Pour tout entier n > 0, le groupe additif Zn
est cyclique. En effet, (Z,+) et monogène engendré par 1. Le mor-
phisme (projection canonique) π:ZZnest surjectif, donc Zn
est monogène, engendré par π(1) = ¯
1. Comme le groupe Znest fini
d’ordre n, il est cyclique.
2. Le groupe multiplicatif Un={zC;zn= 1}des racines nièmes
de l’unité dans C, est groupe cyclique d’ordre nengendré par par
ζ=e2
n. En effet, considérons le morphisme de groupes π(Z,+)
(C×,×)tel que π(k) = e2ikπ/n. Son image π(Z) = Unest un groupe
cyclique d’ordre n, engendré par π(1) = e2/n.
Proposition 1.4. — Si G=haiest un groupe cyclique d’ordre n, alors
(kZet ak=e)knZ
et nest le plus petit entier strictement positif tel que an=e.
Démonstration. — En effet, l’element aest dordre n(voir Proposition
9.1 du chapitre 1).
Pour n2, on note ϕ(n)le cardinal de l’ensemble des entiers ktels
que 1kn1et pgcd(k, n)=1(c-à-d. net kpremiers entre eux).
On convient que ϕ(1) = 1. La fonction ϕ:NNainsi définie est
LICENCE DE MATHÉMATIQUES, S5 3
appelée la fonction d’Euler ou caractéristique d’Euler.
Les propriétés de la fonction d’Euler sont étudiées dans l’exercice 16 de
la feuille 3.
Proposition 1.5. — Soient Gun groupe cyclique d’ordre net aGun
générateur de G.
a) Pour tout kZ, l’ordre de akGest o(ak) = n
pgcd(n,k). En parti-
culier, akest un générateur de Gsi et seulement si pgcd(n, k) = 1.
b) Il existe ϕ(n)générateurs distincts dans G.
Démonstration. Soit kZ. Posons d= pgcd(n, k)N. Alors n=
dn0et k=dk0avec pgcd(n0, k0) = 1. Pour tout mN, on a (ak)m=
eakm =en|km n0|k0mn0|m. Ainsi n0est le
plus petit entier non nul tel que (ak)n0=eet par suite n0=o(ak).
Exemple 1.6. (a) Le groupe additif Znest cyclique d’ordre net en-
gendré par ¯
1. Ses générateurs sont de la forme ¯
k=k¯
1avec 0kn1
et kn= 1.
(b) le groupe multiplicatif Unest cyclique d’ordre net engendré par
ξ=e2/n. Ses générateurs sont de la forme ξkavec 0kn1et
kn= 1.
(c) Soit aU30. Alors il existe un entier ktel que 0k29 tel que
a=ξkavec ξ=e2iπ/30 =e/15.
o(a) = 6 30
pgcd(k,30) = 6
5
pgcd(k,30) = 1
pgcd(k, 30) = 5
k= 5,25
On en déduit qu’il y a deux élément d’ordre 6 qui sont ξ5=eiπ/3et
ξ25 =e5/3.
Lemme 1.7. Soient Gun groupe cyclique d’ordre n. Alors Gest iso-
morphe au groupe Z/nZ. En particulier, Gest ablien.
Démonstration. — Soit aGun générateur de G. L’homomrphisme
fa:k7→ akde Zdans Gest surjectif car hai=G. Son noyau est nZ
nest l’ordre o(a)de a. Par factorisation, on en déduit un isomorphisme
fa:¯
k7→ akde Z/nZsur G.
4CHAPITRE 3
2. Morphismes de groupes cycliques
Proposition 2.1. — Soient Gun groupe cyclique et aGun généra-
teur de G.
1. Soit fun homomorphisme surjectif de Gsur un autre groupe G0.
Alors G0est cyclique, a0=f(a)engendre G0et |G0|divise |G|. En
particulier, tout groupe quotient de Gest cyclique.
2. Soit G0un groupe cyclique tel que |G0|divise |G|. Soit a0G0. Il
existe un unique homomorphisme fde Gdans G0tel que f(a) = a0.
Pour que fsoit surjectif, il faut et il suffit que a0soit un générateur
de G0.
Démonstration. 1. Puisque fest surjectif, pour tout yG0il existe
xGtel que f(x) = y. Or il existe k,0kn1tel que x=ak, et
donc y=f(ak) = f(a)ket par suite f(a)engendre G0. De plus, comme
fest surjectif, G0est isomorphe à G/Ker(f)et donc |G0|divise |G|.
2. Posons |G|=net |G0|=n0. D’après le théorème de Lagrange,
m:= o(a0)divise n0. Or n0divise n, donc nZmZ. Considérons
l’homomorphisme canonique g:k7→ a0kde Zsur ha0i. Son noyau est
mZ. Par (restriction à Z/nZde la) factorisation, il existe un homomor-
phisme ¯gde Z/nZsur ha0itel que ¯g(¯
k) = a0kpour tout ¯
kZ/nZ.
Soit fal’isomorphisme de Z/nZsur Gdonné par le Lemme 1.7. Alors
f= ¯gf1
aHom(G, G0)est tel que f(a) = ¯g(f1
a(a)) = ¯g(¯
1) = a0. Il
est unique car la donnée de f(a) = a0détermine f(ak) = a0kpour tout
kZ. Pour que fsoit surjective, il faut et il suffit que a0engendre G0
car Im(f) = Im(g) = ha0i.
Corollaire 2.2. Deux groupes cycliques Get G0sont isomorphes si
et seulement s’ils ont le même ordre. Supposons cette condition vérifiée.
Soit aGun générateur de G. Alors l’application θ:f7→ f(a)est une
bijection de l’ensemble Isom(G, G0)des isomorphismes de Gdans G0,
sur l’ensemble des générateurs de G0.
Démonstration. Si Get Gsont isomorphes, alors ils ont le même ordre.
Réciproquement, s’il Get G0ont le même cardinal, alors d’après le lemme
1.7, ils sont isomorphes.
Si mest un entier et si Gest un groupe, alors on note fml’application
de Gdans Gdonnée par fm:x7→ xm.
LICENCE DE MATHÉMATIQUES, S5 5
Lemme 2.3. Soit Gun groupe cyclique d’ordre n. Le groupe Aut(G)
est d’ordre ϕ(n)et ses éléments sont les applications fkavec kun entier
0kn1premier avec n.
Démonstration. Soit aGun générateur de G. D’après le corollaire ?,
les automorphismes de Gsont déterminer par le choix d’un générateur a0
de G. Or d’après le corollaire 2.2 les générateurs de Gsont de la forme
akavec 0kn1et kn= 1. On a donc ϕ(n)automorphismes.
Comme les applications fksont des automorphismes (car Gétant cyclique
est abélien) et qu’ils sont au nombre de ϕ(n)on déduit qu’ils forment le
groupe Aut(G). Ils sont donc au nombre de |Z×
n|=ϕ(n).
Remarque 2.4. En notation additive, les éléments de Aut(G)sont
les applications fk:GGtelles que fk(x) = kx.
Examinons le cas du groupe additif Zn. Ce groupe est cyclique d’ordre
nengendré par ¯
1. Les automorphismes de Znsont les multiplications
fk: ¯x7→ k¯x=¯
k¯xpar les éléments ¯
kinversible dans l’anneau (Zn,+,×)
(car kn= 1), c’est-à-dire les éléments ¯
kZ×
n.
3. Sous-groupes d’un groupe cyclique
Proposition 3.1. — Soient Gun groupe cyclique d’ordre net aun gé-
nérateur de G. Tout sous-groupe de Gest cyclique et pour tout diviseur
dde n, il existe un unique sous-groupe Hdde Gd’ordre d. En posant
δ=n/d, ce sous-groupe est caractérisé par
Hd=Ker(fd) = {xG:xd=e}
=Im(fδ) = {yG:xG, yδ=x}
=haδi
Démonstration. Comme Gest abélien, pour tout kN,fk:x7→ xk
est un endomorphisme de G. Soit dun diviseur de net posons δ=n/d.
Pour tout xG, on a (xd)δ= (xδ)d=xn=eet donc Im(fd)Ker(fδ)
et Im(fδ)Ker(fd). Or o(aδ) = det o(ad) = δ, donc haδiest un
sous-groupe d’ordre det hadiest un sous-groupe d’ordre δde G. On a
Im(fd) = {(ak)d: 0 kn1}={(ad)k: 0 kn1}=hadi.
De même Im(fδ) = haδi. Ainsi |Im(fd)|=δet |Im(fδ)|=d. Or d’après
le théorème de Lagrange, |Im(fd)|=|G|
|Ker(fd)|, donc |Ker(fd)|=d. De
même |Ker(fδ)|=δ. Les inclusions précédentes sont donc des égalités
puisque les cardinaux des deux membres sont égaux. Nous avons donc
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