Minutes de la table-ronde 1 : Points de vue et enjeux du vieillissement

Les défis du vieillissement
Une approche plurielle
Points de vue et enjeux
du vieillissement
Table ronde 1
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Les intervenants
Points de vue et enjeux
du vieillissement
Table ronde 1
Pr Sandrine Andrieu
Professeur de santé publique - CHU Toulouse,
directrice de l’UMR 1027, unité mixte de recherche
Inserm-Université de Toulouse, responsable de
l’équipe « Vieillissement et maladie d’Alzheimer »
Pr Isabelle Durand-Zaleski
Recherche clinique santé publique,
Hôpital Henri-Mondor - Créteil
Bernadette Devictor
Présidente du CISS
(collectif inter-associatif sur la santé) Rhône-Alpes
Jean-Philippe Vinquant
Secrétaire général du Haut Conseil
pour l’avenir de l’Assurance maladie
Denis Jacquat
Député de la Moselle, co-président du groupe d’études
sur la longévité de l’Assemblée nationale
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Sandrine Andrieu
« Lintérêt de notre équipe pour cette problématique est ancien. Le vieillissement soulève deux enjeux : la
pvention des pathologies les à l’avance en âge et la prise en charge des personnes âes dépendantes.
Il est important de faire savoir que la prévention apporte des bénéces, même si elle débute à un
âge avancé, au-delà de 70 ans. Mais un des freins à la réussite des mesures de prévention est
l’accès aux populations les plus à risque.
Par ailleurs, de nombreuses pistes de prévention sont disponibles mais doivent être valies grâce à
des études devant nécier de la plus grande rigueur scientique : or les longues périodes de suivi
cessaires à la validation des actions de prévention posent des probmes méthodologiques.
En matre de prise en charge enn, celle assumée par la famille mérite beaucoup d’attention, car les
aidants potentiels pourraient être de moins en moins nombreux du fait des évolutions démographiques.
La prévisible pénurie d’aidants pourrait être aggravée par l’évolution socioculturelle : si les aidants sont
majoritairement aujourd’hui des femmes qui n’ont jamais travaillé, prendre en charge les personnes
âgées ne sera pas forcément la norme pour la génération suivante. »
Isabelle Durand-Zaleski
« Selon les épidémiologistes, le vieillissement correspond à l’âge où l’on dépasse l’espérance de vie de
la cohorte aujourd’hui 80 ans, une dénition qui fait l’économie des notions problématiques de seuils.
Le rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie permet de recadrer utilement le débat.
D’abord, on a tort de plorer le ct des soins des personnes âgées, alors que c’est précisément
notre investissement dans le sysme de soins et de prévention qui fait que nous avons des personnes
âgées, et la 3ème espérance de vie au monde. C’est un succès pour le système de soins.
Se dégage aussi de ce rapport le fait que ce n’est pas l’âge qui cause l’augmentation de la
dépense de santé. Simplement, on est malade de plus en plus tard. Il n’est donc pas justié
de changer le mode de solidarité de l’Assurance maladie, qui s’exerce entre malades et non
malades et non pas entre jeunes et vieux. La dépense de santé est stable, quel que soit l’âge,
même après 65 ans, et ne croît que dans les 6 mois qui précèdent le décès. C’est la gravité du
mal qui entraîne l’augmentation des coûts. »
Bernadette Devictor
« Il est urgent de changer le regard porté sur les personnes âgées. A 65 ans, on a tout de même 20 ans
d’espérance de vie, et lâge ne fait pas perdre la capacité à raisonner et à cider de son sort. Trop souvent
les médecins annoncent le diagnostic d’abord à l’entourage et non au principal inressé : la personne
âe doit être considérée comme une personne autonome ; sa capacité de décision doit être reconnue.
Un autre problème réside dans la très mauvaise connaissance du vieillissement de la part des
médecins. Ceux-ci vieillissent avec leurs patients, et ce long compagnonnage les amène à
s’installer dans une forme d’acceptation. Souvent ce sont les médecins remplaçants qui amènent
un changement. Il faut chercher le moyen de briser cette routine du compagnonnage. »
Denis Jacquat
« Mon rôle est d’informer mes collègues sur le vieillissement et la longévité, pour permettre une
meilleure anticipation. Il y a ainsi depuis longtemps des journées parlementaires sur la longévité
et un groupe d’études s’y attache désormais. A ce rôle d’information, correspond un travail
extrêmement important d’écoute sur le terrain, s’expriment les doléances et difcultés de la
population comme des professionnels.
La longévité est un phénomène extraordinaire, inéluctable, avec des conséquences sociales et
sanitaires. Il faut que les gens vieillissent le mieux possible, ils le souhaitent, avec les ressources
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adéquates. Raison pour laquelle, lors du débat sur les retraites, je voulais qu’on
xe d’abord le niveau des pensions, pour savoir ensuite jusqu’où pourraient aller
les gens en ce qui concerne le reste à payer. »
Michel Field
« Autres sujets : les problèmes qui se poseront demain concernant la garde
à domicile, l’articulation des professionnels de santé et du secteur social,
nécessaire mais délicate à mettre en œuvre, et la prévention. »
Sandrine Andrieu
« La prise en charge optimale pend de la personne, de son environnement. La
plupart des personnes âgées prérent être prises en charge à domicile, et le sont à
80% par leur famille, mais c’est parfois impossible. Une prise en charge à domicile,
notamment en cas de troubles cognitifs, ne peut passer que par la famille, or la
nération aidante qui arrive a encore des enfants à charge et déjà des aînés.
Quoi qu’il en soit, sur le plan de la prévention, nous avons besoin des résultats
des études multi-domaines qui ont été lancées. Car la prévention permettrait
d’importantes économies en retardant les pathologies liées au vieillissement. »
Michel Field
« Pourrait-on revenir sur cette articulation entre les acteurs du sanitaire et ceux
du social… Cela ne va pas sans mal ni sans tensions… »
Isabelle Durand-Zaleski
« En effet, le Haut Conseil l’a souligné. Une étude menée il y a 20 ans à Mondor
sur la durée de séjour montrait que son prédicteur le plus able n’était pas la
pathologie mais l’attitude de la famille…
On peut penser que le système français pose problème, du fait de la coupure
entre Assurance maladie et Etat, mais la situation est la même dans les pays qui
ne connaissent pas cette dichotomie, ni le paiement à l’acte. Les collègues anglais
évoquent des difcultés qu’ils décrivent en termes de frontières, de territoires…
Même avec une organisation régionale plus structurée, se maintiennent des
différences de culture, de valeurs, de traditions, qui rendent difcile de raisonner
dans un système uide uniant sanitaire et social. C’est une source d’inefcacité,
de dysfonctionnements et de pertes d’argent. »
Bernadette Devictor
« 80% des personnes âgées vivent à domicile. Parfois elles ont moins besoin de
prise en charge que d’accompagnement, et les aidants ont ici un rôle essentiel.
Il faut aider les aidants, égarés dans un système complexe, truffé d’acronymes, avec
des interlocuteurs qui changent sans cesse : l’ensemble du dispositif doit gagner en
lisibilité et en efcacité.
Par ailleurs, c’est à tort que l’on parle d’aidant « naturel », car cela n’a rien de si
naturel. La socdoit être consciente de l’importance de l’apport des aidants, de ce
que cela engage pour eux en termes de qualité de vie et même d’esrance de vie. »
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