Sandrine Andrieu
« L’intérêt de notre équipe pour cette problématique est ancien. Le vieillissement soulève deux enjeux : la
prévention des pathologies liées à l’avance en âge et la prise en charge des personnes âgées dépendantes.
Il est important de faire savoir que la prévention apporte des bénéces, même si elle débute à un
âge avancé, au-delà de 70 ans. Mais un des freins à la réussite des mesures de prévention est
l’accès aux populations les plus à risque.
Par ailleurs, de nombreuses pistes de prévention sont disponibles mais doivent être validées grâce à
des études devant bénécier de la plus grande rigueur scientique : or les longues périodes de suivi
nécessaires à la validation des actions de prévention posent des problèmes méthodologiques.
En matière de prise en charge enn, celle assumée par la famille mérite beaucoup d’attention, car les
aidants potentiels pourraient être de moins en moins nombreux du fait des évolutions démographiques.
La prévisible pénurie d’aidants pourrait être aggravée par l’évolution socioculturelle : si les aidants sont
majoritairement aujourd’hui des femmes qui n’ont jamais travaillé, prendre en charge les personnes
âgées ne sera pas forcément la norme pour la génération suivante. »
Isabelle Durand-Zaleski
« Selon les épidémiologistes, le vieillissement correspond à l’âge où l’on dépasse l’espérance de vie de
la cohorte – aujourd’hui 80 ans, une dénition qui fait l’économie des notions problématiques de seuils.
Le rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie permet de recadrer utilement le débat.
D’abord, on a tort de déplorer le coût des soins des personnes âgées, alors que c’est précisément
notre investissement dans le système de soins et de prévention qui fait que nous avons des personnes
âgées, et la 3ème espérance de vie au monde. C’est un succès pour le système de soins.
Se dégage aussi de ce rapport le fait que ce n’est pas l’âge qui cause l’augmentation de la
dépense de santé. Simplement, on est malade de plus en plus tard. Il n’est donc pas justié
de changer le mode de solidarité de l’Assurance maladie, qui s’exerce entre malades et non
malades et non pas entre jeunes et vieux. La dépense de santé est stable, quel que soit l’âge,
même après 65 ans, et ne croît que dans les 6 mois qui précèdent le décès. C’est la gravité du
mal qui entraîne l’augmentation des coûts. »
Bernadette Devictor
« Il est urgent de changer le regard porté sur les personnes âgées. A 65 ans, on a tout de même 20 ans
d’espérance de vie, et l’âge ne fait pas perdre la capacité à raisonner et à décider de son sort. Trop souvent
les médecins annoncent le diagnostic d’abord à l’entourage et non au principal intéressé : la personne
âgée doit être considérée comme une personne autonome ; sa capacité de décision doit être reconnue.
Un autre problème réside dans la très mauvaise connaissance du vieillissement de la part des
médecins. Ceux-ci vieillissent avec leurs patients, et ce long compagnonnage les amène à
s’installer dans une forme d’acceptation. Souvent ce sont les médecins remplaçants qui amènent
un changement. Il faut chercher le moyen de briser cette routine du compagnonnage. »
Denis Jacquat
« Mon rôle est d’informer mes collègues sur le vieillissement et la longévité, pour permettre une
meilleure anticipation. Il y a ainsi depuis longtemps des journées parlementaires sur la longévité
et un groupe d’études s’y attache désormais. A ce rôle d’information, correspond un travail
extrêmement important d’écoute sur le terrain, où s’expriment les doléances et difcultés de la
population comme des professionnels.
La longévité est un phénomène extraordinaire, inéluctable, avec des conséquences sociales et
sanitaires. Il faut que les gens vieillissent le mieux possible, où ils le souhaitent, avec les ressources
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