59 VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS Depuis le début des années 1960, les pays développés connaissent un phénomène de vieillissement. Celui-ci n’est pas sans conséquences sur les économies et les sociétés de ces pays. Certaines de ces répercussions sont préoccupantes, mais il faut les relativiser. DÉFINITION ET ORIGINES DU VIEILLISSEMENT Le vieillissement désigne l’augmentation du poids des personnes âgées dans l’ensemble de la population. q Définition Les contours de ce groupe des « personnes du troisième – voire du quatrième – âge » sont flous : il correspond aux personnes de plus de 65 ans, ou à celles de 60 ans et plus, voire de 55 ans pour le troisième âge et à celles de plus de 80 ans pour le quatrième âge. Si la fixation d’un seuil pour définir la vieillesse semble relever de l’arbitraire, c’est que le groupe des personnes âgées est constitué des inactifs. Or l’âge de la mise à la retraite n’est pas fixe et ne s’opère pas de manière uniforme, et la « génération du temps libre » est très hétérogène dans ses niveaux de vie et dans ses comportements. Quel que soit le seuil retenu, les pays développés subissent ce vieillissement. Ainsi, dans l’Europe à 15, les plus de 60 ans représentent en 2002 22,1 % de la population contre 15,5 % en 1960. En France, ces personnes représentent 20,7 % de la population totale en 2006 contre 16,7 % en 1960. q Les origines du vieillissement Elles s’expliquent d’abord par l’allongement de l’espérance de vie. Ce vieillissement « par le haut » de la pyramide des âges est imputable aux progrès de la médecine et à ceux réalisés en matière d’hygiène et de prévention des maladies. Il est aussi lié au progrès des techniques améliorant la qualité et la conservation des aliments, à la transformation des pratiques nutritives et au développement du système de protection sociale. En même temps, la baisse de la fécondité au milieu des années 1960 (voir fiche 58), combinée à la réduction de l’immigration au cours des années 1970, pèse sur le bas de la pyramide, car elle limite la croissance du nombre de jeunes. LES CONSÉQUENCES DU VIEILLISSEMENT q Des conséquences inquiétantes Le vieillissement entraîne une augmentation des dépenses de santé, qui déséquilibrent les comptes de la branche maladie de la Sécurité sociale. Mais c’est surtout dans le domaine du financement des retraites que le vieillissement pose problème. En effet, l’augmentation du nombre de retraités est aujourd’hui plus forte que celle du nombre d’actifs occupés. Or, dans le système de retraites par répartition, les pensions de retraite sont financées par un prélèvement sur les revenus des actifs occupés. Dans la mesure où les 134 enfants du baby-boom arriveront à l’âge de la retraite à partir de 2005, alors même que les générations qui entreront sur le marché du travail seront peu nombreuses, la charge des inactifs qui pèsera sur les actifs occupés sera forte. En France, la réforme des retraites engagée en 2003, prévoit essentiellement un allongement progressif de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein. Elle prévoit aussi l’introduction d’un système de retraite par capitalisation sous la forme d’un plan épargne retraite. La plupart des pays européens ont adopté, avant la France, des mesures du même type. Mais avec une entrée plus tardive sur le marché du travail et une augmentation de la précarité de l’emploi, allonger la durée de cotisation aboutit à reculer à un âge avancé le départ à la retraite; à moins que ne soit sérieusement amputé le revenu des futurs retraités qui cesseront leur activité à 60 ans. Enfin, le vieillissement risque d’amoindrir le dynamisme économique, social et culturel du pays. Les personnes âgées ont généralement une moindre mobilité géographique et une plus faible productivité liée à l’affaiblissement de leur vitalité et de leur capacité à s’adapter aux innovations. Par ailleurs, leur propension à consommer est moins forte que celle des actifs. En effet, si la situation financière des personnes âgées s’est améliorée depuis les vingt dernières années, notamment grâce au patrimoine qu’elles ont pu se constituer, il reste que l’essentiel de leurs ressources est constitué de transferts sociaux, en particulier des retraites, et que celles-ci sont, en moyenne, inférieures de près de 20 % au salaire mensuel moyen net. À moyen terme, il pourrait en résulter une contraction de la demande globale, donc un ralentissement de la production. q Des effets à nuancer Les revenus du troisième âge jouent cependant un rôle économique important. Ayant satisfait une bonne partie de leurs besoins matériels, notamment en équipement immobilier et mobilier, certaines personnes âgées disposent d’un potentiel d’épargne qui participe au financement des investissements. Par ailleurs, une grande partie des dépenses des plus de 65 ans est consacrée à la vie domestique, à la santé et aux loisirs, dépenses stimulant la croissance économique et source de nombreuses créations d’emplois. Enfin, les personnes âgées constituent la mémoire vivante de notre société et participent activement à la vie sociale au sein de la famille ou des associations. TAUX DE DÉPENDANCE DES PERSONNES ÂGÉES (%) Cet indicateur est le ratio entre le nombre total de personnes âgées ayant atteint un âge auquel elles sont généralement économiquement inactives (65 ans et plus) et le nombre de personnes en âge de travailler (de 15 à 64 ans). NB : les chiffres indiqués pour les années 2005 à 2050 sont prévisionnels. 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 UE (25 pays) 22,1 23,4 24,9 26,3 28,9 32,1 35,7 40,3 44,8 48,5 51,0 52,8 UE (15 pays) 23,0 24,3 25,9 27,5 30,1 32,8 36,3 41,2 46,3 50,0 52,0 53,2 France 23,0 24,6 25,3 25,9 29,5 33,2 36,9 40,7 44,1 46,9 47,2 47,9 Source : Eurostat. 135