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FR Service de presse
Direction des médias
Directeur - Porte-parole : Jaume DUCH GUILLOT
Reference No.: 20100414FCS72750
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Petit lexique de la crise financière
La crise économique et financière a commencé avec la chute de la banque d'inves-
tissement Lehman Brothers en 2008. Depuis, subprimes, CDS, obligations d'Etat et
taux d'intérêt se sont invités dans le vocabulaire des médias. Sans que beaucoup de
monde ne comprenne pour autant ce que cela signifie. Ce petit lexique a pour but de
vous aider à vous y retrouver.
Quels sont les mécanismes sous-jacents à la crise ? Qu'est-ce que le refinancement de la
dette ou les contrats d'échanges sur défaut liés aux obligations souveraines ? Alors que les
termes économiques ont fait leur apparition dans les médias et dans les conversations, peu
de monde sait précisément de quoi il retourne.
Voici un petit lexique qui se propose d'expliquer, en des termes simples, le mécanisme qui
a conduit à la crise financière majeure que nous connaissons aujourd'hui.
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Etats et (dés)équilibre macroéconomique
Des pays vivent au-dessus de leurs moyens, d'autres en-dessous.
Le système financier assure les flux de capitaux entre ces différents pays.
Sa sophistication et certaines pratiques douteuses provoquent des effets pervers pour
l'ensemble de l'économie.
Tout a commencé par les excédents et déficits commerciaux. Un pays est en excédent
s'il exporte plus qu'il n'importe, c'est-à-dire quand il produit plus qu'il ne consomme. Il est
en déficit dans le cas inverse, c'est-à-dire s'il dépense plus pour importer des biens qu'il ne
gagne en vendant sa propre production.
Les excédents et déficits persistants (tout excédent est forcément compensé par des déficits
dans une autre partie du monde) engendrent un déséquilibre structurel mondial.
Les pays créditeurs, soit ceux qui connaissent des excédents commerciaux (Allemagne,
Chine, Japon…), prêtent sur les marchés financiers internationaux l'argent qui résulte de la
différence entre leurs exportations et leurs importations.
De leur côté, les pays débiteurs, qui souffrent de déficits commerciaux (Grèce, Etats-Unis),
empruntent cet argent sur les marchés financiers pour financer leurs importations.
Avec ces emprunts, la dette privée, c'est-à-dire la dette des ménages et des entreprises,
augmente. En effet, l'argent proposé par les pays créditeurs à des taux d'intérêt intéressants
est emprunté par les ménages et les entreprises qui souhaitent consommer plus qu'ils ne
produisent sont une cible évidente, via les banques et les institutions financières.
Il y a cependant un grain de sable dans le mécanisme : les emprunts qui ne peuvent
être remboursés (bad loans en anglais). Ces dernières années, les banques ont beaucoup
prêté aux ménages et au secteur de l'immobilier. Avec la hausse du chômage, cela a mal
tourné puisque ces derniers n'ont plus été capables de rembourser leurs emprunts. Or si
une banque ne recouvre pas l'argent qu'elle a prêté, il lui est difficile de faire face à ses
obligations vis-à-vis des épargnants ou des autres banques. C'est toute la chaîne financière
qui est touchée.
Le meilleur exemple est fourni par les crédits immobiliers à risques, plus connus sous
le vocable anglais de subprimes. Ils ont été accordés à des emprunteurs qui n'auraient
pu les rembourser que si les prix de l'immobilier avaient continué à augmenter et que les
taux d'intérêt étaient restés bas. Ce qui n'a pas été le cas. Les emprunteurs n'ont pas pu
rembourser leurs dettes et les banques ont souffert de pertes colossales. Ca a été le dé-
clencheur de la crise.
Les déficits budgétaires apparaissent quand un Etat a dépensé plus (systèmes de san-
té, retraites, infrastructures…) que ce qu'il a gagné (impôts, taxes diverses…). Les excé-
dents budgétaires résultent du cas contraire. Les gouvernements ayant volé au secours
des banques, et leurs recettes ayant diminué du fait de la récession, les déficits budgétaires
se sont creusés de façon dramatique.
En conséquence, la dette publique, c'est-à-dire le montant total que l'Etat doit à ses cré-
diteurs (la somme des déficits budgétaires en somme), s'est également creusée dans de
nombreux pays. Les gouvernements doivent donc contracter des emprunts.
Pour ce faire, ils vendent des obligations d'Etat, ou obligations souveraines. Ils s'en-
gagent à rembourser les acheteurs de ces obligations du montant de leur investissement
majoré d'un taux d'intérêt.
Plus l'emprunteur - l'Etat - est considéré « à risque », plus le taux d'intérêt augmente. Plus
un Etat est en difficulté, plus sa dette publique lui coûte cher, ce qui ne l'aide pas à se relever.
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L'écart de crédit ou spread de crédit mesure la différence entre le taux d'intérêt d'obliga-
tions quelconques et celui des obligations des pays les plus sûrs (l'Allemagne pour la zone
euro, par exemple). Il se mesure en points de base, 100 points de base équivalent à 1 %.
Si l'écart de crédit d'un pays de la zone euro est de 350 points de base et que le taux des
obligations allemandes s'établit à 3 %, alors le taux dans ce pays sera de 6,5 %. Si l'écart
augmente, cela signifie que les obligations d'Etat sont devenues plus risquées.
Le refinancement de la dette consiste à émettre de nouvelles obligations pour rembourser
les investisseurs dont les anciennes obligations arrivent à échéance. C'est ce qui est fait en
permanence dans le monde entier.
Les contrats d'échanges sur défaut liés aux obligations souveraines (Credit default
swap, CDS en anglais) sont des assurances qui permettent aux investisseurs de se prému-
nir contre le non-remboursement d'une obligation. Si un Etat manque à ses engagements,
le détenteur d'un CDS se verra remboursé par l'institution qui lui a vendu cette assurance
(banques, fonds spéculatifs…).
Le problème vient des CDS « simples » (naked CDS) : il est possible d'acheter des CDS
sans posséder d'obligations d'Etat. Les investisseurs parient ainsi sur la défaillance d'un
Etat. Plus le risque de défaillance est élevé, plus le CDS afférent prend de la valeur. Plus
il prend de la valeur et plus le taux d'intérêt augmente pour l'Etat qui souhaite emprunter.
D'où un cercle vicieux. L'Union européenne réfléchit à l'interdiction de telles pratiques.
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Institutions de crédit et circuits financiers
Les flux de capitaux sont gérés par les institutions financières.
Elles tentent de se servir au maximum au passage - mais prennent un certain nombre
de risques.
Leur rôle central dans l'économie oblige les gouvernements à les aider si elles
connaissent des difficultés majeures, alors même qu'elles les ont provoquées.
Comme vu dans la précédente section, certains pays gagnent plus d'argent avec leurs ex-
portations qu'ils n'en dépensent avec leurs importations : ils peuvent donc prêter des fonds.
C'est la même chose pour les entreprises et les particuliers : ceux qui gagnent plus qu'ils
ne consomment peuvent prêter. C'est que les intermédiaires financiers interviennent.
Ils font transiter l'argent des bailleurs aux emprunteurs en prenant un bénéfice au passage.
Les intermédiaires financiers les plus connus sont les banques, dont les fondateurs consti-
tuent le capital ou fonds propres en injectant leur propre argent. Ils en deviennent ainsi
les actionnaires. Ensuite, l'activité d'une banque est assez simple : elle rémunère les épar-
gnants (ce qu'on appelle son passif) à un certain taux d'intérêt et prête ensuite cet argent à
d'autres particuliers ou entreprises (ce qu'on appelle ses actifs) à un taux supérieur. Pour
100 € déposés, elle paiera par exemple 3 à l'épargnant (3 %) mais touchera 5 € (soit 5 %)
de la part de ceux qui auront désiré emprunter ces 100 €. Elle gagnera ainsi 2 dans l'affaire.
Cela fonctionne ainsi si tout va bien. Imaginons maintenant une crise économique. Les
entreprises et les ménages peuvent être dans l'impossibilité de rembourser leurs dettes.
Notre banque est dans le pétrin : elle doit toujours autant à ceux qui lui ont déposé leur
épargne, mais cet argent, prêté à d'autres acteurs, ne sera pas remboursé en intégralité !
Une panique bancaire peut s'ensuivre si les déposants perdent confiance dans la banque.
Si vous avez peur que la banque ne puisse bientôt plus vous rendre votre argent, vous vous
y précipitez pour retirer vos économies.
Si beaucoup de monde suit cet exemple, la banque peut se trouver à court de liquidités.
Elle n'a plus en caisse l'argent que les déposants lui réclament, elle doit donc fermer le
temps qu'elle soit remboursée des prêts qu'elle a consenti.
Cela peut arriver à n'importe quelle banque et cela ne signifie pas qu'elle est insolvable.
Ce dernier cas intervient quand beaucoup de prêts ne peuvent être remboursés et que le
montant de ce que la banque doit à ses créditeurs dépasse les prêts qu'elle a consentis.
Même en vendant tous ses actifs, la banque ne pourrait alors faire face à ses obligations.
Quand un emprunt ne peut être remboursé, la banque subit des pertes et ses actifs perdent
de la valeur. Ces pertes sont cependant habituelles si elles ne sont pas trop élevées.
La banque doit juste s'assurer qu'elle possède assez de fonds propres pour payer ses
dettes. Rappelez-vous, c'est l'argent que les fondateurs de la banque (ses actionnaires) ont
mis sur la table. Il sert à absorber les pertes éventuelles. Les fonds propres sont essentiels
pour éviter les paniques bancaires car ils donnent confiance aux épargnants dans la capa-
cité de la banque à les rembourser.
Le ratio de solvabilité d'une banque mesure le rapport entre les fonds propres et les actifs.
S'il est de 8 %, cela signifie que la banque devra posséder 8 pour être autorisée à en
prêter 100. Si elle ne récupère que 92 sur les prêts, elle pourra donc absorber la perte.
Plus le ratio de solvabilité est élevé et plus les épargnants peuvent être tranquilles.
L'effet de levier se rapporte, à l'inverse, au rapport entre la dette et les fonds propres.
Soyons concrets. Vous avez 50 (vos fonds propres) que vous souhaitez miser sur un
cheval dont vous êtes sûr de la victoire, ce qui vous rapporterait 100 €. Un bel investissement
qui vous permet de doubler votre mise ! Mais attendez : pourquoi ne pas plutôt emprunter
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50 à un ami et miser les 100 € en votre possession ? Avec un effet de levier de 1 (un euro
de dette pour un euro de fonds propres), vous pouvez ainsi gagner 200 €. Une fois votre
ami remboursé, il vous reste 150 € - vous aurez triplé votre mise !
Le mécanisme est séducteur mais dangereux. Si vous perdez votre pari, vous vous retrou-
vez sans argent et avec une dette de 50 €. L'effet levier augmente tant les profits que les
pertes.
***
De manière générale, toutes les institutions financières fonctionnent de la même ma-
nière, que ce soit les banques, les fonds de pensions ou les fonds d'investissements
alternatifs (hedge funds).
Tout d'abord, leurs propriétaires doivent apporter des fonds propres pour absorber des
pertes éventuelles. Ensuite l'institution emprunte de l'argent auprès des épargnants, des
banques d'investissement etc. Elle investit cet argent dans divers produits financiers (prêts,
actions, obligations d'Etat ou produits dérivés) en essayant d'en tirer un profit. L'effet de
levier est utilisé pour essayer d'avoir un meilleur retour sur investissement.
Quand les prêts ne sont pas remboursés, que les bourses plongent et que les obligations
d'Etat risquent aussi de faire défaut, les pertes dépassent de loin ce que les institutions
financières et les institutions de régulation des marchés imaginaient. Les fonds propres ne
sont pas suffisants pour assurer la pérennité des banques, la panique se répand. Le crédit
étant l'âme de l'économie et les marchés financiers son support, les gouvernements sont
obligés de sauver les institutions financières avec l'argent du contribuable.
Pour éviter de tels abus, le Parlement européen réfléchit à une régulation plus stricte
des marchés financiers.
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