Focus
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Etats et (dés)équilibre macroéconomique
• Des pays vivent au-dessus de leurs moyens, d'autres en-dessous.
• Le système financier assure les flux de capitaux entre ces différents pays.
• Sa sophistication et certaines pratiques douteuses provoquent des effets pervers pour
l'ensemble de l'économie.
Tout a commencé par les excédents et déficits commerciaux. Un pays est en excédent
s'il exporte plus qu'il n'importe, c'est-à-dire quand il produit plus qu'il ne consomme. Il est
en déficit dans le cas inverse, c'est-à-dire s'il dépense plus pour importer des biens qu'il ne
gagne en vendant sa propre production.
Les excédents et déficits persistants (tout excédent est forcément compensé par des déficits
dans une autre partie du monde) engendrent un déséquilibre structurel mondial.
Les pays créditeurs, soit ceux qui connaissent des excédents commerciaux (Allemagne,
Chine, Japon…), prêtent sur les marchés financiers internationaux l'argent qui résulte de la
différence entre leurs exportations et leurs importations.
De leur côté, les pays débiteurs, qui souffrent de déficits commerciaux (Grèce, Etats-Unis),
empruntent cet argent sur les marchés financiers pour financer leurs importations.
Avec ces emprunts, la dette privée, c'est-à-dire la dette des ménages et des entreprises,
augmente. En effet, l'argent proposé par les pays créditeurs à des taux d'intérêt intéressants
est emprunté par les ménages et les entreprises qui souhaitent consommer plus qu'ils ne
produisent sont une cible évidente, via les banques et les institutions financières.
Il y a cependant un grain de sable dans le mécanisme : les emprunts qui ne peuvent
être remboursés (bad loans en anglais). Ces dernières années, les banques ont beaucoup
prêté aux ménages et au secteur de l'immobilier. Avec la hausse du chômage, cela a mal
tourné puisque ces derniers n'ont plus été capables de rembourser leurs emprunts. Or si
une banque ne recouvre pas l'argent qu'elle a prêté, il lui est difficile de faire face à ses
obligations vis-à-vis des épargnants ou des autres banques. C'est toute la chaîne financière
qui est touchée.
Le meilleur exemple est fourni par les crédits immobiliers à risques, plus connus sous
le vocable anglais de subprimes. Ils ont été accordés à des emprunteurs qui n'auraient
pu les rembourser que si les prix de l'immobilier avaient continué à augmenter et que les
taux d'intérêt étaient restés bas. Ce qui n'a pas été le cas. Les emprunteurs n'ont pas pu
rembourser leurs dettes et les banques ont souffert de pertes colossales. Ca a été le dé-
clencheur de la crise.
Les déficits budgétaires apparaissent quand un Etat a dépensé plus (systèmes de san-
té, retraites, infrastructures…) que ce qu'il a gagné (impôts, taxes diverses…). Les excé-
dents budgétaires résultent du cas contraire. Les gouvernements ayant volé au secours
des banques, et leurs recettes ayant diminué du fait de la récession, les déficits budgétaires
se sont creusés de façon dramatique.
En conséquence, la dette publique, c'est-à-dire le montant total que l'Etat doit à ses cré-
diteurs (la somme des déficits budgétaires en somme), s'est également creusée dans de
nombreux pays. Les gouvernements doivent donc contracter des emprunts.
Pour ce faire, ils vendent des obligations d'Etat, ou obligations souveraines. Ils s'en-
gagent à rembourser les acheteurs de ces obligations du montant de leur investissement
majoré d'un taux d'intérêt.
Plus l'emprunteur - l'Etat - est considéré « à risque », plus le taux d'intérêt augmente. Plus
un Etat est en difficulté, plus sa dette publique lui coûte cher, ce qui ne l'aide pas à se relever.