Introduction aux finances publiques SE 2007 Version du 15 avril 2008 4
1. La position optimale est définie par les conditions d'optimalité de Pareto: l'optimum
économique se définit par l'égalité entre les taux marginaux de transformation (TMT)
et de substitution (TMS) et cela dans les trois marchés, des produits, des facteurs de
production et des capitaux. Prenant comme exemple le marché des produits, les deux
taux s'expliquent de la façon suivante:
-
taux marginal de substitution
: il s'agit de la quantité supplémentaire d'un bien
qu'un agent accepte d'acquérir en sacrifiant une unité d'un autre bien lorsque les
prix relatifs varient;
-
taux marginal de transformation:
il s'agit de la quantité supplémentaire d'un bien
qu'un agent peut techniquement acquérir ou produire en sacrifiant une unité de
l'autre bien.
2. Chaque prélèvement fiscal comporte automatiquement une perte de revenu de la part
des agents économiques qui doivent s'acquitter du paiement de l'impôt (pas
nécessairement de la part du contribuable formel – voir le chapitre 10 sur la
translation de l’impôt). Le prélèvement fiscal entraîne donc forcément un effet de
revenu. Comme l'indique le diagramme, un impôt qui entraîne uniquement un tel effet
est neutre par rapport à l'allocation des ressources. La flèche en tirets signifie
néanmoins qu'il engendre une charge fiscale excédentaire (section 9.3.).
3. Il est usuel de dire que le critère de neutralité de l'impôt permet de préciser les
conditions d'une affectation optimale des ressources malgré l'intervention fiscale du
secteur public. La neutralité serait donc un critère essentiel qu'un impôt devrait
satisfaire. Cette vision doit forcément être atténuée. Comme il sera démontré dans la
sous-section 9.3.2 l'emploi d'impôts non neutres (et donc jugés à priori négatifs) est
souhaitable lorsqu'il s'agit d'intégrer des effets externes dans le but de corriger
l'allocation des ressources.
Pour être neutre, un impôt ne doit pas modifier les conditions d'équilibre atteintes sur
les trois marchés. Une violation de ces conditions se produit lorsque l'introduction d'un
impôt entraîne un effet de substitution. C'est par exemple le cas d'un impôt sur la
consommation qui frappe deux biens de manière différente (à des taux différents).
4. Autant un impôt neutre qu'un impôt entraînant des distorsions engendrent une charge
fiscale pour l'économie. Celle-ci se définit comme la différence entre la charge totale
qu'un impôt occasionne pour l'économie et la mesure monétaire de l'impôt. On part
de l'idée que la mesure monétaire de l'impôt n'est pas une "charge" pour l'économie
parce qu'elle est exactement compensée par l'utilité que les agents économiques
retirent des dépenses collectives, financées via le budget de l'Etat par l'impôt prélevé.
Par contre, en modifiant les choix des agents économiques, l’impôt occasionne une
charge sur l’économie hors budget de l’État.