204 Pelvi-périnéologie
dans la cloison recto-vaginale qu’il dédouble en
cheminant entre les muscles releveurs de l’anus.
Sa progression est arrêtée par le noyau fibreux
central du périnée. La hernie ne peut alors que se
diriger vers l’avant, refoulant la paroi postérieure
du vagin dont elle se coiffe, réalisant une colpocèle
postérieure quasi totale, limitée en arrière par un
sillon ne dépassant pas 2 cm au-dessus de la four-
chette vulvaire. Le collet est représenté par les
deux ligaments utéro-sacrés et le sac par la portion
du cul-de-sac de Douglas sous-jacent approfondie.
L’élytrocèle pédiculée : elle est constituée par
la descente d’une portion située immédiatement
en avant et au-dessus du point déclive du cul-de-
sac de Douglas : la fossette de Meigs, zone de
faiblesse. Il en résulte une colpocèle postérieure
haute, limitée en arrière par un profond sillon.
Dans ce type de hernie, le collet est situé au-
dessus du point d’amarrage recto-vaginal sur la
face antérieure du Douglas ; le sac est un véri-
table diverticule péritonéal.
L’élytrocèle sessile : elle se développe à partir
du type précédent par distension du collet. La
colpocèle postérieure est totale et ce type est dif-
ficile à distinguer du dolicho-Douglas.
Étiopathogénie
On évoque classiquement dans la genèse des ély-
trocèles l’association de facteurs congénitaux et
de facteurs acquis.
Les facteurs congénitaux : la hernie provien-
drait d’une profondeur anormale du cul-de-sac
de Douglas par défaut d’accolement des feuillets
antérieur et postérieur du péritoine pelvien.
Les facteurs acquis sont les plus importants.
La genèse des élytrocèles serait la conséquence
des altérations acquises des structures ligamen-
taires et musculaires du pelvis qui peuvent avoir
plusieurs origines souvent imbriquées.
Le traumatisme obstétrical : on admet le rôle
favorisant des accouchements difficiles, de la
multiparité, des manœuvres d’extraction instru-
mentales et des déchirures obstétricales. L’ac-
couchement est traumatisant à la fois pour le sys-
tème de soutènement et pour le système de
suspension des organes pelvi-périnéaux.
Les facteurs chirurgicaux : on retrouve très
souvent dans les antécédents chirurgicaux de ces
patientes une cure de rétroversion utérine, de pro-
lapsus, ou une hystérectomie partielle ou totale,
une ventropexie utérine (46 %), intervention de
Pestalozza, pexies antérieures des ligaments
ronds (intervention de Doleris), opération de
Manchester. Ces interventions tendent à créer une
antéversion fixée de l’utérus et ont comme consé-
quence d’entraîner une béance anormale du cul-
de-sac de Douglas, ainsi qu’une distension sup-
plémentaire des ligaments utérosacrés. La
statique pelvienne va se trouver modifiée en
raison de la nouvelle position utérine. Il y aura un
éloignement entre le cap anal et le cap vaginal,
favorisant, sous l’effet de la poussée abdominale,
l’élytrocèle.
L’hystérectomie par la disparition du point
central de l’utérus qui était le point le plus fixe va
entraîner l’effacement du cap vaginal.
Au total
Le traumatisme obstétrical lèse chez certaines
femmes les systèmes d’amarrage et de soutien
des organes pelviens ou va aboutir à une béance
anormale du cul-de-sac de Douglas avec absence
de contact génito-rectal à l’effort, permettant à la
pesanteur et à la pression intra-abdominale d’ap-
puyer sur le point faible de la paroi antérieure du
cul-de-sac de Douglas, la fossette de Meigs.
Il en résulte une hernie véritable dont le collet
est la fossette de Meigs, et le sac un diverticule
du cul-de-sac de Douglas refoulant la partie
supérieure de la paroi postérieure du vagin.
Cette élytrocèle, d’abord pédiculée, respectant
les deux tiers inférieurs de la paroi postérieure
du vagin, pourra ensuite devenir sessile par dis-
tension de la partie inférieure du collet vers la
zone de réflexion recto-vaginale du péritoine du
cul-de-sac de Douglas et extension du sac, en
avant du fascia recto-vaginal. Toute élytrocèle
est une hernie de pulsion à différencier du pro-
lapsus du cul-de-sac de Douglas, qui est un glis-
sement accompagnant les volumineux prolapsus
pelviens.
Les lésions associées
Elles sont principalement de trois ordres :
– les prolapsus. L’association élytrocèle et pro-
lapsus est très fréquente dans notre série 66 % ;
– la rétroversion utérine. L’utérus rétroversé
efface le cul-de-sac en l’habitant. Il reçoit la