L’HEDROCELE UN TROUBLE DE LA STATIQUE PELVIENNE MECONNU F. Tempremant°, N. Laurent°, M Lernout°, JF. Quinton*, JP Lucot*, C. Rubod*, M. Cosson*, E. Poncelet° ° Imagerie de la Femme, Hôpital Jeanne de Flandre, CHRU Lille * CERINS, Hôpital Jeanne de Flandre, CHRU Lille Objectifs ¾ Définir l’hédrocèle ¾ Décrire et illustrer la sémiologie en IRM ¾ Confronter les constatations IRM aux signes fonctionnels digestifs et à l'examen clinique Introduction • Les troubles de la statique pelvienne sont fréquents à partir de la péri-ménopause • 16% des femmes en période péri-ménopausique ont un trouble de la statique cliniquement* • 1 femme sur 9 aura un traitement chirurgical d’un trouble de la statique pelvienne* • Les troubles de la statique pelvienne ont déjà fait l’objet d’études antérieures mais une entité reste méconnue : l’hédrocèle *Yang A, Mostwin JL, Rosenshein NB, Zerhouni EA. Pelvic floor descent in women: dynamic evaluation with fast MR imaging and cinematic display. Radiology 1991; 179:25–33. Maglinte DDT, Kelvin FM, Fitzgerald K, Hale DS, Benson JT. Association of compartment defects in pelvic floor dysfunction. AJR Am J Roentgenol 1999; 172:439–444. Définition • Hédrocèle = hernie du culcul-de de--sac de Douglas entraînant un effet de masse au niveau de la paroi antérieure du rectum pouvant s’engager dans le canal anal voire s’extérioriser par l’anus (contenu : graisse, intestin grèle ou sigmoïde = entérocèle ou sigmoïdocèle) (En grec : hédros=anus ; kèle=hernie) • L’hédrocèle et à différencier de l’élytrocèle : hernie du cul de sac de Douglas disséquant la cloison recto-vaginale entraînant un effet de masse sur le vagin • L’hédrocèle et l’élytrocèle font parties des péritonéocèles Anatomie du cul de sac de Douglas ¾ Le cul de sac de Douglas correspond à la partie déclive de la cavité péritonéale ¾ Il est constitué par le péritoine de la face antérieure du rectum qui chemine vers le sommet du cul de sac vaginal postérieur* sur environ 2 cm Le péritoine va ensuite se réfléchir sur la face postérieure de l’utérus *A ce niveau on rencontre parfois une fossette vestigiale ; la fossette de MEIGS, qui correspond à une zone de faiblesse au niveau de l'insertion des faisceaux moyens et inférieurs des ligaments utéro-sacrés, respectivement sur le vagin et sur le péritoine Anatomie du cul de sac de Douglas ¾ Il est délimité latéralement par les replis péritoneaux que constitue la saillie des ligaments utéro-sacrés (u.s) u.s Netter ¾ Les ligaments utéro-sacrés forment les branches d'un fer à cheval dont la concavité embrasse la saillie du rectum u.s Anatomie du cul de sac de Douglas Cul de sac de Douglas Ces mêmes replis vont diviser le cul de sac de Douglas en deux étages : un étage supérieur spacieux occupé par le colon sigmoïde et le grêle, et un étage inférieur réduit à un diverticule : l'arrière fond du Douglas Péritonéocèle de type Hédrocèle avec entérocèle On ne voit jamais l'intestin s'insinuer dans ce récessus à l'état normal Toute ouverture de l'arrière fond du Douglas doit être considérée comme pathologique = péritonéocèle Technique IRM Préparation : Opacification rétrograde du rectum et du sigmoide par injection intra-rectale de 250cc de gel d’échographie + opacification vaginale (50cc de gel) Intérêt de prévenir les patientes par les cliniciens en consultation et par les radiologues avant l’examen Information et motivation de la patiente : Il faut rassurer la patiente (examen fréquent, rapide, protection…), lui expliquer qu’il faut évacuer le gel d’échographie pour que l’examen soit utile et interprétable +++ (efficacité de la poussée et visualisation du canal anal) La vessie doit être idéalement en semi réplétion (plutôt vide que trop pleine) Différencier les poussées progressives et les poussées maximales d’emblée Installation de l’antenne de surface, jambes semi-fléchies Une personne communique avec la patiente pendant l’examen pour la motiver et lui expliquer le déroulement des séquences +++ Technique IRM ¾ Etude morphologique : dans les trois plans type TSE T2 ¾ Etude dynamique : Séquences rapides type écho de gradient T2 (BFFE/BTFE Philips, 2D FIESTA G.E, TRUE FISP Siemens ) 1) Monocoupe épaisse (6 mm) sagittale médiane, en mode vidéo : 1 coupe toutes les secondes pendant 80 secondes à renouveler 1 fois au minimum : 4 poussées progressives successives de 20 secondes (fatigabilité+++) 2) Monocoupe épaisse coronale, dans l’axe du rectum, en mode vidéo 4 poussées progressives successives, de 20 secondes chacune (fatigabilité+++) 3) Multicoupes dans les 3 plans de l’espace en poussée maximale (20 secondes par séquence) Arrêt de l’examen après avoir vérifié que les anomalies cliniques ont bien été mises en évidence sur les séquences réalisées +++ Aspects IRM 2 aspects peuvent être rencontrés : • Hédrocèle (avec ou sans entérocèle) • Hédrocèle associée à une élytrocèle (avec ou sans entérocèle) Aspects IRM sagittal Hédrocèle avec entérocèle (effet de Hédrocèle extériorisée par l’anus (contenu graisseux uniquement) masse sur la paroi rectale antérieure et non pas sur la paroi vaginale postérieure) coronal sagittal en avant : élytrocèle en arrière : hédrocèle Péritonéocèle à base large avec entérocèle : effet de masse sur le rectum (hédrocèle) et le vagin (élytrocèle) axial Proposition de « grading IRM » de l’Hédrocèle • Grade I : péritonéocèle avec effet de masse sur la paroi rectale antérieure sans atteinte du canal anal • Grade II : engagement de la péritonéocèle dans le canal anal sans le dépasser • Grade III : extériorisation de l’hédrocèle par l’anus Hédrocèle de grade I avec entérocèle A noter l’absence d’effet de masse de la péritonéocèle sur la paroi vaginale postérieure (examen clinique normal) +++ Hédrocèle de grade III L’hédrocèle s’extériorise par l’anus (contenu graisseux) Étude Étude • Etude rétrospective • 8 patientes présentant une hédrocèle en IRM découverte au cours d'une exploration d'un trouble de la statique pelvienne – Age moyen : 62,5 ans (de 54 à 72 ans) – Antécédents • • • • • Chirurgie pelvienne 8/8 (dont 6/8 chirurgie de prolapsus) Hystérectomie 7/8 Colposuspension Burch 2/8 Myorraphie des élévateurs 2/8 Autres interventions 5/8 Étude Signes fonctionnels SIGNES FONCTIONNELS FRÉQUENCE Pesanteur 8/8 Dyschésie 8/8 Constipation 7/8 Sensation de corps étranger dans le 6/8 rectum ou anus Vidange rectale incomplète 6/8 « Boule » dans le vagin 3/8 * Incontinence anale 2/8 *(autres troubles de la statique expliquant ce signe fonctionnel : 1 patiente avec une élytrocèle, 1 patiente avec une cystocèle, 1 patiente avec une rectocèle) 5 hédrocèles sans élytrocèle (4 avec entérocèle) 3 hédrocèles avec élytrocèle (3/3 avec entérocèle) Étude Résultats • Aucune hédrocèle diagnostiquée cliniquement • 4 défécographies : hédrocèle diagnostiquée 3 fois • Troubles statiques associés: – Cystocèle 4/8 – Rectocèle antérieure 3/8 – Prolapsus rectal muqueux 2/8 • “Grading IRM” – 7 grades I (7/7 avec entérocèle) – 1 grade III (sans entérocèle) Cas clinique Discussion : Illustration par un cas clinique • Patiente de 65 ans • Antécédents : – Accouchements X3 voie basse, forceps au 2ième – Chirurgies : • 1988 première chirurgie de prolapsus par voie vaginale avec intervention selon Manchester et cure d’incontinence urinaire d’effort par la technique de Marchall Marchetti • 1988 cure d’élytrocèle par myorraphie des élévateurs • 1991 cure de prolapsus avec hystérectomie subtotale, suspension sous vésicale par fronde autologue de type Goebbel Stockel et réfection de paroi par une prothèse de Dacron • Clinique : – Dysurie avec miction en 2 temps – Pesanteur, dyschésie et constipation – Cystocèle extériorisée à l’examen clinique • IRM pré-opératoire Cas clinique Descente du fond vaginal et déroulement de la paroi vaginale postérieure En rapport avec une volumineuse élytrocèle avec entérocèle de grade III extériorisée L’entérocèle vient buter contre la myorraphie des élévateurs de l’anus et entraîne un effet de masse sur le rectum = hédrocèle intra rectale avec entérocèle Cas clinique Prise en charge thérapeutique • Traitement chirurgical réalisé : – Cure d’élythrocèle récidivante par mise en place d’une prothèse pré-rectale par voie transpérinéale • IRM post-opératoire Cas clinique Le fond vaginal est relativement fixe en rapport avec la mise en place de la prothèse postérieure dans la cloison recto-vaginale On ne met plus en évidence d’élytrocèle Persistance d’une hédrocèle avec entérocèle ne venant pas s’engager dans le canal anal Discussion En post-opératoire la patiente présentait les signes cliniques suivant : – Pesanteur pelvienne – Dyschésie – Constipation Æ La persistance de l’hédrocèle associée à l’entérocèle pourrait expliquer la symptomatologie de la patiente ¾ Après re-discussion en réunion de concertation pluri-disciplinaire, il a été décidé d’associer associer chez ces patientes une Douglassectomie à la chirurgie du compartiment postérieure afin de traiter cette hédrocèle persistante Conclusion • L'IRM de statique pelvienne permet de visualiser les hédrocèles, trouble de la statique méconnu, probablement en raison de la difficulté à le mettre en évidence à l'examen clinique (absence de colpocèle) alors que les patientes semblent présenter une symptomatologie digestive dans notre série (8/8) • Une meilleure connaissance de ce trouble de la statique pelvienne pourrait probablement permettre d'adapter la prise en charge thérapeutique des patientes • La réalisation de Douglassectomie est à évaluer dans ce type de trouble de la statique pelvienne