Dimension relationnelle du soin en réadaptation Utopie ou réalité ? Bien souvent, c’est moins de soins techniques que d’attention que le patient a le plus besoin. Or, le soin relationnel se révèle mal identifié par l’équipe pluridisciplinaire. L oin d’être toujours tenu pour essentiel, l’aspect relationnel a été délégué en médecine hospitalière aux paramédicaux, infirmières et aides-soignantes, et, en l’occurrence, à l’équipe de réadaptation. Grâce à la variété et à la richesse des acteurs qui la composent, seule une équipe pluridisciplinaire peut répondre aux exigences d’une dimension où tous les éléments sont en interaction. Si la relation humaine est nécessaire pour exister, une étude menée en 1994 aux Hospices civils de Lyon démontre cependant “la difficulté que les infirmières rencontrent à nommer et à transcrire les problèmes relationnels et éducatifs”. Définition du soin relationnel Le dictionnaire Robert définit la relation comme “tout ce qui dans l’activité d’un être vivant, implique une interdépendance, une interaction avec son milieu”, l’aide étant l’“action d’intervenir en faveur d’une personne en joignant ses efforts au sien”. On voit bien que, dans ce genre de relation, il y a échange, la relation d’aide consistant en une interaction particulière entre deux personnes : le thérapeute et le patient. Chacune contribue à la recherche et à la satisfaction de ce besoin d’aide présent chez le patient. Ainsi, au cours d’une rencontre, plusieurs processus doivent être mis en œuvre. L’un est associé à la prise de conscience de soi – l’identité –, un autre concerne la communication entre deux personnes, enfin un troisième processus concerne la qualité de la relation humaine. De l’avis même des patients, le soin relationnel améliore la santé. La confiance ressort comme le fac- teur le plus important, suivie de l’écoute et de la parole. Aux yeux des patients, le soin relationnel apporte avant tout une aide morale. Il permet de les reconnaître dans leur dignité d’homme : ce ne sont plus des numéros, ils sont pris en compte, pris au sérieux, respectés et sécurisés individuellement. Cette reconnaissance les aide à supporter, à mieux accepter la maladie et les encourage à persévérer. Mais cet accompagnement ne saurait être qu’individuel, tant il est vrai que le tout vaut mieux que la somme des parties. On a pu comparer l’équipe de soins à un “bouquet de ressources”, image poétique qui montre la richesse et la variété des personnels de réadaptation, tous issus du même vase, mais porteurs de couleurs et de parfums différents. Chaque professionnel de santé doit non seulement œuvrer pour le bien du patient, mais aussi accepter que sa compétence soit partagée au service du soin. Bertrand Dupré Cadre supérieur de santé, ergothérapeute, Un plaisir partagé Selon une majorité de thérapeutes, le soin relationnel est aussi un moment privilégié. Il leur apporte, comme aux patients, une aide morale. Du reste, la plupart d’entre eux regrettent de ne pas avoir assez de temps à consacrer à cette relation qui, pour eux, fait bel et bien partie de leur pratique professionnelle. En plus de ses acquis théoriques ou techniques, le soignant doit avoir des aptitudes humaines dont les caractéristiques essentielles sont la qualité de leurs rapports aux autres. Pour ce faire, il doit être équilibré et bien dans sa peau. “Le prendre soin est une attitude fondamentalement réciproque ; cette radicale réciprocité est sensible dans les relations électives comme l’amitié et l’amour. Elle apparaît aussi dans les relations professionnelles, du moins sous forme restreinte : nul ne peut prendre soin de l’autre sans prendre soin de soi-même.” Le soin relationnel... c’est l’affaire de tous Une des clés de voûte de la prise en charge de la personne handicapée, d’après M.-J. Véga, est l’accompagnement dans le temps. direction des affaires générales, siège AP-HP POUR E N S AV O I R P L U S ... ❏ Malherbe JF. La réciprocité dans les relations d’aide. Perspective soignante septembre 2000 ; 8. ❏ Les ressentis des patients hospitalisés et leurs enjeux. Perspective soignante avril 1999 ; 4 : 26-7. Qu’est-ce que l’ergothérapie ? L’ergothérapie est une profession paramédicale codifiée dans le livre IV du Code de la santé publique. L’ergothérapeute rééduque, réadapte et conseille des personnes en situation de handicap. Il exerce sa profession sur prescription médicale, au sein d’une équipe interdisciplinaire, et apporte des compétences spécifiques en ce qui concerne l’impact des déficits sur les rôles sociaux et les habitudes de vie d’un individu à l’intérieur de son environnement. C’est dans le cadre d’une relation thérapeutique et par l’intermédiaire d’activités nouvelles ou adaptées, mais significatives, à la personne que l’ergothérapeute intervient. L’ergothérapeute se situe au carrefour des sciences médicales, humaines, sociales et technologiques. Son approche thérapeutique tournée vers l’homme dans sa globalité en fait son originalité. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 44 - mars 2003 15