
Méthodologie et analyse
Le pharmacien est chargé de réaliser cette analyse.
L’objectif de ce retour d’expérience est de comprendre les mécanismes constitutifs de l’événement et éviter que cela ne se reproduise dans l’avenir.
Une analyse de risque a postériori est donc réalisée.
La méthode ALARM, recommandée par la Haute Autorité de Santé, est retenue.
●Les facteurs contributifs discutés en équipe :
Facteurs liés aux patients :
La patiente n’a aucun antécédent médical et chirurgical, hormis l’intervention dont elle a bénéficié pour sa fracture de hanche.
Mme B. n’avait aucun traitement antérieur, elle avait pour habitude de se soigner avec des médicaments homéopathiques.
Le traitement indiqué à la sortie du service chirurgical était un traitement anticoagulant, des bas de contention et des antalgiques de palier à la demande.
Il n’y a aucun problème relationnel entre soignant-soigné. La malade est en climat de confiance, puisque « tout s’est très bien passé jusqu’à maintenant ». Elle se laisse porter par les
événements, et constate que l’évolution de sa fracture est très satisfaisante.
Facteurs liés aux tâches à accomplir :
La procédure d’admission des patients dans la structure SSR est écrite, et décrit les étapes de prise en charge à respecter.
Les transferts entre les 2 établissements sont réguliers, et les 2 équipes médicales se connaissent bien pour travailler ensemble depuis plusieurs années.
L’absence d’indications transfusionnelles immédiates est requise, car le secteur SSR n’a pas la souplesse financière pour réaliser cet acte de soins en routine.
Le mode dégradé utilisé dans cette situation est exceptionnel car les patients sont accueillis généralement en début d’après midi, dès qu’un départ est planifié (les malades quittent la
structure habituellement le matin).
L’entrée du début d’après midi permet un accueil médical, avec la réalisation d’une observation clinique et la rédaction des prescriptions médicales, et notamment les traitements.
Ces traitements, initiés par le médecin rééducateur sur le DPI, sont ensuite validés par le pharmacien, et c’est la pharmacie qui prépare les piluliers pour la semaine et qui les transfère
au service d’accueil.
Cette procédure habituelle, et organisée n’a pu être déroulée du fait de l’arrivée retardée de la malade : plus de médecin sur place pour confirmer les traitements, plus de personnel de
pharmacie pour la validation pharmaceutique et la préparation des traitements.
Facteurs liés à l’individu (professionnel impliqué) :
L’infirmière, qui a réalisé le dossier papier transitoire (mode dégradé prévu par la procédure en l’absence de DPI), était une infirmière intérimaire, qui faisait son deuxième
remplacement dans la structure. Elle n’était donc pas au fait des procédures et habitudes de la structure. Ce manque de connaissances organisationnelles et de retours d’expérience a
nuit à son efficacité.
De plus, cette professionnelle travaille habituellement en cours séjour en secteur de médecine, et est donc moins rompue aux prises en charge des malades en moyen séjour ou de
chirurgie.
Facteurs liés à l’équipe :
L’arrivée retardée de la malade est une pratique exceptionnelle : elle a été acceptée par le service de rééducation, car les patients annoncés par le biais du logiciel TRAJECTOIRE ont
le tableau clinique décrit. Un climat de confiance est installé en les équipes.
L’infirmière avait bien été avertie de l’heure de l’arrivée de la malade, et une explication sur le mode dégradé lui avait bien été dispensée, mais son manque de retour d’expérience a
visiblement été préjudiciable.
Le dossier, qui accompagnait Mme B., était sous format papier et manuscrit par le praticien du service d’orthopédie. Ce jour là dans ce secteur, on a déploré l’absence de secrétaire
médicale (absente pour maladie). L’absence de DPI dans cet établissement n’a pas permis une impression des pièces constitutives du dossier. Habituellement, c’est la secrétaire qui
dactylographie un résumé des observations médicales et l’ordonnance avec les traitements de sortie. Devant cette absence de ressources, c’est le médecin qui a rédigé de manière
manuscrite ces documents.
La lecture de ces documents était difficile, et l’erreur de déchiffrage a été estimée comme possible après une analyse collective. On peut également noter qu’un traitement de
Célestène* n’a pas de cohérence avec la situation de la patiente.
Enfin, on retient également que l’infirmière aurait pu solliciter l’aide du cadre de garde, car celui-ci était présent sur la structure.
Facteurs liés à l’environnement de travail :
La procédure en lien avec le circuit du médicament est rédigée, accessible à tous.
Son dernier audit, datant de moins de 2 mois, a montré un respect des règles préconisées : tous les indicateurs observés étaient en dessus de 95% de conformités.
Le mode dégradé est prévu, écrit dans les critères organisationnels du service. L’indicateur de suivi, traçant le nombre de patients pris en charge en dehors des procédures est de 8
patients pour l’année 2012, 6 pour l’année 2013 et 9 pour l’année 2014. Et c’est la première fois que l’on a pu observer un incident.
Les effectifs étaient en cohérence avec les organisations de travail validées au niveau institutionnel : 2 IDE étaient présentes pour 40 patients hospitalisés.
L’IDE de la structure n’a pas été sollicitée pas sa collègue intérimaire.
Facteurs liés à l’organisation et au management :