SOMMAIRE
Messier, François, doctorat (Ph.D.) en science politique, Université d’Ottawa,
septembre 2012, Politique et guerre chez Raymond Aron, Professeur Gilles Labelle
« La guerre est simplement la poursuite de la politique par d’autres
moyens » : c’est la formule la plus célèbre de Clausewitz. Veut-elle dire que la
guerre est un instrument du politique, un de ses moyens, comme le soutiennent
certains ? Ou plutôt, comme le soutiennent d’autres, veut-elle dire que la guerre
doit, par nécessité, être soumise au politique afin d’en contenir les débordements ?
La réponse tient, c’est l’hypothèse principale qui se situe au cœur de ce travail, dans
la conception aronienne du politique qui unit une forme de réalisme politique (les
rapports entre les hommes et les sociétés sont fondés sur les conflits d’intérêts et
d’idées, sur la puissance et la force) et une forme d’idéalisme à consonance
kantienne (par-delà la puissance et la force, la raison demeure une fin ou un idéal
régulateur qui demeure à l’horizon de la coexistence des êtres humains). Si, pour
Aron, la guerre est inévitable, elle n’abolit pas –sauf les cas où elle devient « totale »
– le politique car, selon lui, elle n’occupe pas tout l’espace.
Le primat du politique est donc réaffirmé même en situation de guerre. Mais
plutôt qu’une véritable « continuation » de la politique par la guerre, faisant de celle-
ci un instrument de celui-là, il faudrait envisager ici une autre manière d’affirmer ce
primat, fondé sur une sorte de « lien de nécessité » : l’inévitable phénomène qu’est
la guerre ne peut être laissé à lui-même, il doit nécessairement être encadré par le